Le Studio, Centre Ville de Londres, Angleterre

Il s'est couché tard, il a bossé dur et longtemps dans les bureaux de sa p'tite entreprise et quand il est rentré, il n'a fait ni un ni deux et s'est couché tout d'suite. Après tout, avec Samuelle chez lui pendant quelques jours, il a pris du retard dans le traitement de ses dossiers et dans la préparation de ce que ses clients demandent... Il est levé depuis à peu près une demi-heure et quand Halewyn entre avec délicatesse et tact, c'est à un Sebastian déjà parfaitement furax qu'il a affaire... Enfin, il ne peut pas le voir mais il sent qu'il y a quelque chose de tendu dans l'air... Qui n'a rien à voir avec le calme plat qu'il présente normalement... Il est doublement agité quand il se remet maladroitement de l'explosion en s'accrochant au bout de comptoir derrière lequel il s'est accroupi quand les miettes de la porte s'arrêtent de pleuvoir dans une bonne partie du studio...

- Ma porte !! Putain !

S'exclame t-il en contournant l'îlot pour se précipiter vers ce qui reste de la porte. Qui c'est le con !? C'est vraiment pas le jour pour venir lui chercher des noises là... Sans vraiment se détendre, il lève les yeux au plafond en réalisant qui vient lui rendre une si charmante visite...

- Et si tu frappais, comme tout le monde ?!

Aboie t-il en retournant derrière son comptoir et de grimper dessus pour fouiller les armoires, semblant réaliser quelque chose, il en redescend et se met à fouiller dans les placards du bas...

- J'ai réussi à fabriquer une sorte de sérum... Sous forme de gouttes pour les yeux, qui devrait rétablir ta vue d'ici deux trois jours... À condition d'en mettre deux gouttes dans chaque oeil à toutes les heures...

Explique t-il en se redressant, posant sur l'îlot une petite boîte à compartiments qu'il ouvre et dans laquelle il fouille un moment, se ravise pour fouiller dans les tiroirs de l'îlot... puis retourne dans la boîte pour en sortir une petite bouteille remplie d'un liquide sombre... d'un noir verdâtre.

- Navré pour la couleur...

Soupire t-il en la posant sur le comptoir... Puis refermant la boîte, essayant de reprendre le dessus sur ses nerfs... Puis il plisse le nez, réalisant qu'il a parlé de couleur à un mec dont il va justement soigner la cécité...

- Ah mince. Navré aussi pour la remarque...

S'excuse le lycan en passant une main dans ses cheveux. Sebastian n'est jamais nerveux en temps normal... Jamais. Mais cette fois, y a forcément quelque chose qui cloche...

- Et t'offre rien à boire à ton associé ?

Levant les yeux vers l'assassin, le lycan se renfrogne, les deux mains appuyées contre le bord du comptoir... Il avait rien... Rien qui ne se préparait pas à base d'eau...

- Les nouvelles de ton commerce, de ton flot ? T'es une vrai mémère toi. Si j'te connaissais pas, je dirais que t'attends quelqu'un et que t'aimerais que je me casse...
- Mais j'attends des gens aussi. Des gens pour qui j'ai des commandes en r'tard, des gens pour qui j'devais me mettre au boulot c'matin, pour rattraper c'qui me manque, seulement, y a un ingrédient capital qui a disparu et d'après c'que j'ai pu voir d'puis une demi-heure, ben on en trouve plus nulle-part au pays !!

Aboya t-il en passant une main dans ses cheveux à nouveau, nerveux. C'était pas un p'tit truc... C'était pas une plante, ni un truc tout con...

- De l'eau, Halewyn... De l'eau. Y a plus une goutte d'eau en Angleterre qui soit encore utilisable.

Expliqua Sebastian en pinçant ensuite les lèvres pour éviter de s'emporter.

- J'suis descendu pour aller en chercher dans un dépanneur ou dans une épicerie quelconque mais y sont vidés. Y a plus rien. Y ont été dévalisés... Toute l'eau potable ou non a été prise... Tout c'qui coule des robinets est rouge... Et visqueux. C'est dégueulasse j'te dis. Dégueulasse !

S'exclama t-il, beaucoup plus paniqué pour ses clients qui n'auront pas ce qu'ils ont demandé que pour le fait qu'ils ne pourront rien boire pendant Dieu seul sait combien de temps...

- Et j'suis sensé foutre quoi moi avec ça ? J'peux pas faire un seul filtre ni une seule potion moi si j'ai pas d'eau !

Continua t-il alors que sa voix s'éloignait alors qu'il se tournait pour remplir un verre de l'eau du robinet... Enfin, c'était pas de l'eau... L'odeur qui s'en dégageait, c'était pas QUE de l'eau... C'était manifestement pas du sang non plus. Le lycan s'approcha de l'assassin d'un pas raide et lui tendit le verre.

- Je sais pas c'que c'est, c'est pas du sang, en tout cas ça en a pas l'odeur, mais c'est pas d'l'eau non plus et j'ai BESOIN d'eau.

Fit-il en s'arrêtant un instant, essayant de se calmer... L'odeur du liquide lui rappelait étrangement quelque chose... Mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus... Mais ça avait beau être n'importe quoi, ça n'avait plus rien de l'eau mis a part son état liquide et il avait pas besoin d'ce truc là...

Il écoute vaguement la conversation de Halewyn, il n'est pas vraiment en état... Et en plus il a plus d'porte pour se protéger de ses junkies furax qui voudront leur dose. C'était vraiment pas un bon jour aujourd'hui... Qu'est-c'qui se passait exactement...? Non seulement ça mais en plus, quand il était passé au centre-ville plus tôt pour trouver de l'eau, il y avait deux ...personnes... Qui gueulaient qu'il fallait se méfier des évènements à venir. Que la fin d'l'homme était proche... Seulement, y avaient pas l'air d'être des clodos. Y avait quelque chose de sérieux à propos d'ces gugus... Quelque chose de profondément inquiétant. D'habitude, les cons qui s'promènent avec une affiche annonçant la fin du monde autour du cou, c'est des vieux croulants qui quêtent au coin des rues pour s'acheter un café ou une dose...

Quand l'assassin s'énerve, Sebastian sursaute, une main sur la poitrine. Il est déjà assez nerveux comme ça sans avoir besoin de l'autre qui vient crier chez lui... Et Derick qui est pas là. Où il est passé celui-là... Il aurait vachement eu besoin d'lui aujourd'hui...

- Ok... Changement de programme. T'es capable de me trouver la composition de ça ?

Le lycan reprend le verre des mains de l'assassin et se le fiche sous le nez... Ça a quelque chose de familier... C'est pas du sang, mais c'est pas inconnu ce truc...

- ...Sans problème.
- Pour tes clients, j'peux flanquer Emma et ses clebs à ta porte si tu veux et t'as une méchante bonne raison pour prendre des vacances et t'occuper un peu de toi je crois.
- Si j'm'y étais mis avant j'en s'rais pas là... Arg... Oui, oui... Emma... Emma d'vant la porte que j'ai plus, oui...

Grommela Sebastian en posant le verre sur le comptoir... Il suivit l'assassin des yeux qui se relevait... En oubliant visiblement son médoc'...

- Ton truc, tu l'as testé avant ? Parce que si ça fait comme ton polynectar et que je me ramasse avec des yeux de scarabée, ça sera pas mieux.
- Ah mince, et moi qui croyait que tu m'faisais confiance.

Fit le loup-garou en attrapant la fiole et s'approchant pour la ficher dans la main de l'assassin...

- Et pis... si t'as des yeux de scarabée... Au moins tu verras, c'est pas ça qu'tu veux ?

Continua t-il, sérieux comme un pape...

- Si j'me ramasse avec des yeux de scarabée,j'me les arrache et j'te les fait bouffer.
- T'es jamais content.

Lança le lycan en levant les yeux au plafond, à la blague... Il contourna comptoir pour rejoindre l'assassin quand finalement se présenta la charmante druidesse blonde... Il l'aimait bien celle-là. Une très belle jeune femme avec quelques addictions à ses diverses inventions et un amour pour les bêtes... Il savait très bien qu'elle et lui s'entendaient bien surtout pour la part animale en lui... Mais le dealer se ravisa dans ses déclarations pour Emma en constatant la présence d'un très très très gros chat près d'elle... Les yeux s'arrondissant, Sebastian recula d'un pas, dévisageant la grosse bête blanche d'un oeil inquiet...

- Euh...

...Il avait pas vu Halewyn l'appeler... Comment ça se fait qu'elle était déjà là ?

- Lo Sebas' J'ai pensé faire sortir le Tigre, il est d'accord. Je crois qu'il te fallait quelque chose de plus musclé que les chiens, ca te va ?
- Ben ça me va, tant qu'tu m'laisses pas tout seul avec, oui...

Bafouilla le lycan dont le regard passa du félin à la druidesse pour retourner a la bête... Puis remonter vers Emma... Retour au gros chat, escale sur la métisse... La mé... Dévisageant Samuelle, Sebastian n'a pourtant pas le réflexe d'aller vers elle, le tigre étant un p'tit peu trop près...

- ARGL!! Derick n’est pas là ??
- Ben dis donc, tu t'es battue avec quoi pour avoir cette tête là ?

Fit Sebastian en la suivant des yeux alors qu'elle reculait pour se buter contre Halewyn...

- Mais qu’est-ce que c’est que ça, c’est un tigre !!!
- Ouais c'est ce qu'Emma a la gentillesse de me refiler pour veiller sur l'entrée d'mon appart'... J'ai pris du r'tard dans mes trucs parce qu'y a plus d'eau potable et tu vois l'tableau... J'ai des clients qui doivent se pointer et j'ai rien à leur donner et en plus grâce à Halewyn j'ai plus d'porte... T'as pas l'air bien, tu veux pas une tasse de thé ?

Expliqua t-il avant de changer de sujet, continuant de l'observer avec une petite grimace... marquant d'un coup d'oeil chaque petite éraflure sur sa peau.

À peine Samuelle est-elle entrée et Sebastian a t-il posé sa question qu'une tête se profile dans l'encadrement de la porte, un chat aux oreilles ornées de pinceaux se glissant à l'intérieur au même moment...

- ...Putain y a plus d'porte.

Constate le jeune homme avant de remarquer le tigre blanc, Emma, Samuelle et Halewyn... Levant les yeux vers les visiteurs, il hausse un sourcil...

- Comme je disais t'es sorcier. Refait là et renforcit la donc ! Imagine si ca avait été ton junkee qui se pointait ?
- Comme si j'en avais qu'un qui risquait d'se pointer aujourd'hui...

Soupira Sebastian avant de remarquer la présence de son fils dans l'encadrement de la porte... Puis la chatte qui se faufile à l'intérieur, manifestement sans avoir remarqué le tigre...

- Y’a pas d’eau potable et tu m’offres du thé? Non merci…
- ...Ah mince.

Fit-il en pinçant les lèvres. Il y avait trop d'monde chez lui, ça le déstabilisait... Enfin, c'est pas qu'il avait peur du monde... C'était surtout que tout arrivait en même temps, de l'eau potable au retard dans ses "prescriptions"...

- T’ondule de la toiture Emma ? Un tigre à Londre ? C’est pas un zoo ici, c’est un appartement !
- J'en s'rais pas aussi sûr que toi Sam...

Grommela Derick en enjambant les restes de la porte...

- Et puis il va manger Pitouch…

...À ce moment exact, la chatte dont il était question s'immobilisa, un grondement sinistre s'échappant de ses petits poumons, de sa gorge, ses pupilles se dilatant jusqu'à rendre ses yeux, déjà trop gros pour sa tête, entièrement noirs, comme deux grands trous... Elle se rendait compte de la présence indésirable d'un félin qui faisait au moins 20 fois sa taille... Les poils se hérissant sur tout son corps, elle cracha, montrant les crocs à l'immense fauve... Les griffes sorties, elle tenta vainement de paraître plus grosse que lui, arquant le dos, continuant de grogner comme elle n'avait jamais grogner. Derick fronça les sourcils, se rendant compte à cet instant qu'il y avait un foutu fauve dans la pièce... Un tigre !! Qu'est-ce qu'un TIGRE foutait chez eux ?! C'était de quoi foutre la crise cardiaque à sa pauvre chatte... Si Pitouch' supportait très bien les chiens d'Emma, celui-là, elle ne l'appréciait manifestement pas du tout. Les oreilles en arrière, elle avait l'air d'une sorte de gremelin maléfique qui aurait pris la foudre...

Et parce qu'un chat étant un chat aurait probablement reculé et aurait fini par se calmer devant la tranquillité du fauve, la chatte ci présente n'en étant pas vraiment une, s'énervait de plus en plus, un fauve... Sur le territoire de ses Maîtres... Elle ne réfléchit pas... Se jetant sur le tigre avec la férocité d'une lionne, c'est à une tornade de griffes que le fauve eut affaire... À l'aveuglette, battant des pattes, Pitouch' s'élança sur la grosse bête... Crachant et grondant furieusement... Derick, les yeux ronds comme des assiettes, n'attendit pas la réaction d'Emma avant de se précipiter vers sa chatte. Elle allait s'faire tuer !

- Pitouch' !! Laisse-le !!

Finalement, c'était peut-être plutôt Pitouch' qui allait manger le tigre... Sebastian observa la scène avec une grimace... Puis leva les yeux sur Sam avant de lui sourire, essayant d'ignorer le vacarme félin... S'avançant d'un pas, il tendit la main à la métisse...

- Viens, on va aller voir c'qu'on peut faire avec ces vilaines blessures.

Lui proposa t-il le plus sincèrement du monde.

Quelle scène ! Si Samuelle hurle et se débat quand Halewyn la pelote allègrement et lui passe sa langue dans le cou, Sebastian n'a envie de dire qu'une chose "Bien fait pour toi !". Il n'est pas méchant... Sebastian Shaw n'est pas réputé pour être méchant... Il est reconnu pour bien des choses, mais pas pour ça. Seulement, en ce moment, la seule expression qui lui vient au visage, c'est un petit sourire mauvais... Lui ? Vicieux ? Si on compare... S'enrouler dans les bras de celui-là était de loin plus risqué que d'avoir pris la main tendue du lycan...

- Parfaitement raison, je suis qu'un vicieux... Allez, j't'amène te faire écharder. Shaw, si y a un truc, dit le a Emma, elle sait où me joindre.
- Très bien.

Fait-il sagement en le remerciant d'un signe de tête. Pas un mouvement pour aider Samuelle à lui échapper. Il ne fait que sourire... Le genre de sourire qui ne nécessite pas de mots pour être compris. "T'aurais du prendre ta chance quand j'te l'ai offert." hurle ce beau sourire orné de pattes d'oie au coin des yeux.

- J’te parlais pas à toi, lâche-moi immmm...!

!

- Ça lui apprendra à pas prendre la main quand on lui tend.

Sebastian hoche ensuite la tête puis se retourne pour vérifier l'état de son fils... Si Pitouch' n'a rien, Derick lui, est couvert d'égratignures... De petites égratignures bien minces, horriblement douloureuses, qui chauffent pas tout d'suite... Mais ça ne tardera pas... Et ça va enfler. Ça va être magnifique...

- ...J'vais aller désinfecter ça.
- Bonne idée.

Fit le lycan en suivant des yeux le jeune homme qui s'éloigna d'un pas vif vers la salle de bains, le paternel restant là, croisant les bras et offrant un sourire magnifiquement blanc à Emma... +1 pour Sebastian Shaw...

Sebastian se défonçait depuis un jour ou deux. Pour éliminer la douleur. Seulement, à la quantité qu'il prenait et la souffrance qui ne s'engourdissait jamais, le junkie achevait de... de s'achever finalement. Il avait bossé comme un forcené, comme il le faisait toujours, seulement, là, ça semblait avoir pris le dessus. Derick avait vu son paternel sous bien des substances et dans bien des états... Seulement là, c'était pas ordinaire. Il était fiévreux, engourdi mais souffrant, il était nauséeux et son teint, qui d'habitude était pétant de santé, était verdâtre... Son regard injecté de sang et creux dans son crâne.

Avachi sur un divan bleu au milieu de la partie salon du studio, devant la télé, le lycan cuvait sa dernière dose sous les yeux inquiets de son fils. Derick n'y comprenait rien... Son père se gavait de drogues pour éviter la lycanthropie, pour rester éveillé, pour engourdir la douleur, mais rien de tout ça ne faisait d'effet ce soir. Comme si tout était inutile... Lui remplissant à nouveau sa tasse d'un thé aromatisé à la camomille et de divers petites herbes légères, calmantes, Derick s'inquiète pour son paternel...

Sortant d’un dépanneur avec un gros café, son fils lui tenant le bras pour éviter qu’il tremble trop et se l’envoie partout dans la gueule, Sebastian avait l’impression qu’il allait mourir… Son heure était peut-être venue ? Les quantités de substances qu’il avait prises avaient peut-être raison de lui. Son regard habituellement marron, rougi par les veines éclatées et l’iris devenu écarlate, le Junkie se croyait franchement à l’agonie… À ce point là, prendre un café ne pourrait pas empirer les choses… Et Sebastian détestait les hôpitaux et les médecins. Bien que Derick l’eut talonné depuis deux jours pour l’y emmener, le lycan refusait… Refuserait encore et toujours. Pas question qu’un sarrau blanc le touche. Il crèverait seul comme un homme, un point c’est tout. Inquiet, son fils veillait sur lui… Les larmes aux yeux, s’imaginant réellement qu’il en était à sa fin, Derick sentit son cœur rater un bond quand le contenant du café lui resta dans les mains et que son père sembla abandonner la boisson.

Tournant les yeux vers son paternel, il sentit sa gorge se serrer alors que ce dernier semblait pris de légers spasmes et que des craquements de plus en plus sinistres provenaient de lui… À cet instant, le jeune homme se redressa, laissant tomber le café sur le trottoir. Il était encore tôt, il y avait peu de gens dans la rue, mais tout de même assez pour que l’instant où Sebastian s’écroula à genoux ne passe pas inaperçu. La respiration rapide, haletant comme s’il était à l’agonie, la bête commença à prendre forme… Les muscles roulant sous la chair qui se couvrait de fourrure à une vitesse fulgurante, la forme des bras et des jambes qui changeait, la gueule et les crocs poussant sur les traits presque morts de Sebastian, lui arrachant ses dernières parcelles d’humanité dans une hurlement puissant qui glaçait le sang… En ville, on lui répondit à trois ou quatre endroits… Des hurlements s’élevaient…

Des loups. Une meute entière, des dizaines, anonymes, s’arrachant les poumons à s’appeler dans une chasse urbaine et diurne. Jamais on avait vu ça… Derick recula de quelques pas… Son père… Il ne l’avait jamais vu comme ça… Jamais à la lumière du jour. Un animal de deux mètres et demi de haut, d’un noir obsidienne, offrant comme la pierre un reflet rougeâtre, son regard sanglant, d’un rouge clair et sanglant. Claquant des mâchoires, l’animal s’élança dans la foule, les vêtements que portaient l’homme, déchirés, laissés en lambeaux a l’endroit où il se tenait… Abandonnant derrière son fils, abasourdi, incapable de réagir à ça… En plein jour… Qu’est-ce qu’il allait faire ? Paniqué, il se mit à trembler, la pression le relâchant mais la peur l’emprisonnant… Derick, pour la première fois de son existence, était parfaitement et entièrement désemparé…

Les Shaw ont toujours été très familiaux. Ils sont une grosse et grande famille et ils ont toujours été très unis. La mort de Nigel a été tragique, mais ça ne les empêche pas de se serrer les coudes. Et maintenant, l'heure est grave. C'est Ilda (75 ans) qui a lancé le premier appel à l'aide de la famille Shaw. Ilda, c'est l'épouse d'Arnold P. Shaw, troisième ainé du premier lit des Shaw. Il a fêté son soixante dix septième anniversaire de naissance trois jours seulement avant la mort de Nigel. Ilda, donc, a appelé Monsieur Shaw (103 ans) pour le prévenir que son fils faisait l'imbécile en plein jour. Quand Edward A. Shaw a constaté, il a alerté les troupes Shaw. Et l'information s'est diffusée comme la flamme sur une traînée de poudre.

Constat ?

8 Shaw à retrouver parmi ces lycans fou furieux en liberté.

Arnold P. Shaw (77 ans) et deux de ses fils (53 et 42 ans), une de ses filles (38 ans) et son petit fils (16 ans)
Carmine S. Shaw (58 ans) et sa petite fille (12 ans)
Sebastian J. Shaw (55 ans)

Heureusement que les Shaw sont nombreux. Pas moins d'une cinquantaine de personne sur un pied de guerre contre ceux qui oserait froisser le pelage des leurs.



L'aîné du second lit Shaw et sa fille eux, ont reçu en premier l'appel de Derick. Enfin, Ry a reçu l'appel paniqué de son cousin. Ensuite, elle a rejoint son père après 18 essaie puisqu'il venait tout juste de raccrocher d'un conférence à 9 avec une fraction de ses frères et soeurs. Ils n'ont pas tergiversé longtemps. 40 minutes plus tard, ils étaient à Londres et Ry tentait de rejoindre son cousin, tirant sur la manche de Derek, question qu'il ne traîne pas en chemin.

- Bordel ! T'es où ? Y'a aucun mouvement chez toi !

Il l'avait suivi.. Parce que Derek était un peu le Tinker Bell de Paris Hilton pour Ryleigh. Une fille parfaitement charmante, certes, mais contrôlante ! Enfin bon, il pouvait pas lui en vouloir, c'était pour sa vie quoi. Pour la garder sauve. Parce qu'à Manhattan, tout seul, il s'en sortirait jamais... Toutes les créatures en auraient après lui parce qu'il était un peu le seul vivant... Et s'il ne savait "rien faire" bah... Ils allaient probablement le bouffer ou se débarrasser de lui d'une manière quelconque, donc la solution, se coller à Ryleigh... Et elle semblait grandement l'apprécier. D'ailleurs malgré le fait qu'il avait plein de trucs contre elle, comme le fait qu'elle le gardait là et ne l'aidait pas à s'enfuir, il commençait à bien l'aimer malgré tout...

Alors qu'elle le tirait par la manche, il la suivait sagement, en silence. Il était né à Londres mais n'y était plus venu souvent depuis que sa carrière de chanteur avait pris sont envol à l'étranger, surtout aux États-Unis... Mais depuis quelques semaines, il n'était plus grand chose sinon le chien de poche de Ryleigh et un amuse-gueule intouchable pour les Vampires...

Il avait appelé sa cousine en pleine panique. Il lui avait vaguement bafouillé que Sebastian s'était transformé en pleine ville, en plein jour, devant tout l'monde, comme un gros con et qu'il arrivait pas à le retrouver. Qu'avec tout ça, l'Inquisition allait s'en mêler et probablement l'abattre parce qu'ils étaient profondément cons et qu'avec l'émotion, Derick commençait à dire n'importe quoi. Lui qui en avait besoin de gros pour le choquer, fallait vraiment que ce soit majeur pour l'entendre paniquer comme ça... Que ce soit majeur ou que ça concerne son père... Les deux ensemble, c'était carrément catastrophique, voir pire encore.

- Bordel ! T'es où ? Y'a aucun mouvement chez toi !

Son MDS en main (Miroir à Double-Sens. Parce qu'on est jeunes et branchés), Derick essaie de se situer et d'indiquer à sa cousine l'endroit précis où il se trouve... Vivement qu'elle et Rowan se pointent... Puis finalement, quand il leva la tête et se tourna vers le bout de la rue, il put y apercevoir sa colorée Ryleigh qui se pointait avec... Avec... C'était pas le copain de Maelya ça ?

- C'est horrible !

S'exclama le jeune homme en passant les mains dans ses cheveux, Pitouch' levant la tête du capuchon de son propriétaire pour voir qui s'était pointé... Puis elle se recoucha aussitôt en silence tandis que Derick s'emportait visiblement.

- Y vont l'buter ! Faut qu'on l'trouve et qu'on l'enferme avant qu'il tue quelqu'un ou pire, le contraire !

Couina t-il en essayant de s'arrêter cinq minutes pour souffler... Derick dans cet état était loin d'être à son naturel... Et ce n'était pas agréable à voir du tout. Le jeune homme inspira doucement et s'enfila une clope rapidement entre les lèvres, l'allumant maladroitement et tirant dessus comme si il y avait de l'oxygène pur dedans...

- Ça va, ça va, on va pas le laissé se faire tuer !

Oh ça, Derick le sait au plus profond de lui-même... Les Shaw, ça se tient. Et Sebastian n'est pas le seul lycan de la famille. Il y en a un tas à retracer et il sait très bien aussi qu'il devrait garder son sang froid, mais c'est hors de son contrôle. Pinçant entre ses doigts le filtre de sa cigarette, le jeune homme tente de se calmer. Son père. Son père c'est sa vie quoi... Il a beau être complètement déjanté, un pur junkie complètement incontrôlable, Derick a grandit avec lui et n'a jamais pu le laisser seul bien longtemps. Sebastian s'est toujours parfaitement occupé de lui malgré ses écarts de conduite et le laisser se faire buter c'était pas dans ses plans...

- Toute la famille est au courant. Arnold, John, Wilhem, Stacy et Jared, puis Carmine et Missy. Et Seb. On s'est divisés et on cherche. Papa veut appeler les Épouvanteurs. J'lui ai référé celui de Manhattan.
- Les Épouvanteurs ?

Demanda Derick, un peu confus. Qu'est-c'que c'était qu'ça des Épouvanteurs ? Enfin, si son grand-père avait décidé de contacter ces gens là, ça devait pas être des meurtriers...

- Bon, il est parti par où ?
- C'est lequel le premier endroit qui lui viendrait en tête s'il s'agit de viande rouge ?
- Bah à vue d'nez, en ville comme ça, trouver d'la viande c'est pas c'qui a de plus compliqué.

Fit Derick en tripotant la baguette qui se cachait dans sa manche.

- Il a du suivre son pif... Je sais qu'y a une animalerie quelque part sur la rue Perkins, au Stop, à droite... Peut-être qu'il s'y est arrêté...

Expliqua t-il en pointant le coin de rue en question.

- J'ai pas osé y aller tout seul, qui sait c'qu'y pourrait m'faire si j'approche.

Grommela Derick en sortant sa baguette de sa manche d'un geste tremblant, essayant de rassembler tout son sang froid, se renfrognant sévèrement.

Derrière Ryleigh, le jeune homme cherche de quelle manière il pourrait bien se rendre utile. Il y connaît rien en loup-garous, déjà il était même pas certain de savoir si ça existait pour vrai... Voir Londre aussi désert, c'était quelque chose de profondément paniquant. Regardant autour de lui, il se décide finalement à ouvrir la bouche.

- Non mais vous allez sérieusement vous lancer a la poursuite d'un monstre, comme ça, sans armes ?

Demanda t-il, refusant visiblement d'avancer si on ne lui répondait pas. Il tenait à sa vie aussi...

- Le loup-garou, c'est mon père.

Siffla sèchement Derick en lançant un regard mauvais à son euh... clone...

- Ouais j'veux bien mais il risque de nous bouffer tout rond s'il nous voit arriver, famille ou pas, non...?

Se contentant d'un silence pesant de reproches et d'envies d'assassinat, les traits de Derick se durcissent et il se tait, risquant de lui balancer un Aveda si jamais il ouvre la bouche.