Brocante Daee, 1783 Old Bailey, Hull, Canada

- Tenez !

...Visiblement il n'est plus le bienvenu...

- Voici la poudre de cheminette… Pardonnez-moi de vous expulser de cette façon, mais je dois m’occuper de ma petite famille…
- J'peux rester pour vous aider ?...J'aimerais que la fille de Muelle n'ai pas peur de moi. S'il vous plait...

Demande t-il, implorant, le journaliste le regarde droit dans les yeux...Il sait. Il ne s'en doute pas. Il SAIT...Et il ne se cache pas de ce qu'il a fait. Pour affirmer si ouvertement qu'il sait qu'il s'agit de la descendance de Sam, c'est comme s'il avouait à tout vent qu'il venait de fouiller dans la tête de Paul. Silencieux, il s'avance d'un pas...

- Je ne veux pas l'effrayer, je n'ai jamais voulu ça... C'est Lui qui a fait ça...

Dit-il l'air absent...

Il est vraiment fou… Paul se figea, fixant Le Papa… il tourna la tête juste un peu, comme si le regarder de biais allait changer la perspective, changer ce qu’il venait d’entendre. « Hemingway se charge déjà de la calmer… La zoothérapie… » s’empressa-t-il de spécifier.

César peu sentir grandir la colère du vieil asthmatique. Oh, il devine l’intrusion… Légilimencie… Colère tempérée par une seule chose : Léandre. La main qui le poussait vers la cheminée le retient maintenant. Une main large, des doigts puissant, une poigne surprenante. « Lui? Et vous? Qu’est-ce qui s’est passé? » gronda le vieux métisse entre ses dents, singulièrement inquiétant tout à coup.

- Hemingway se charge déjà de la calmer… La zoothérapie…

Il n'était pas très sûr si on pouvait appeler ça de la Zoothérapie quand la partie Zoo est représentée par un Démon... Il n'avait rien caché de ce qu'il avait fait. Avait laissé Paul en déduire. Silencieux un moment, il se rend compte qu'il est retenu, et non plus repoussé.

- Lui ? Et vous ? Qu’est-ce qui s’est passé ?
- Pour ce que j'en sais, dit César, un peu intimidé par ce que Paul dégage. Évitant de le confronter du regard, il se tourne vers le vieil homme pour lui faire face. Je ne sais pas grand chose sur Lui...Il m'a habité longtemps, et c'est Sa faute si Léandre...Et même Sam...me considèrent comme dangereux..., Puis il jette un coup d'oeil vers l'escalier. Il est parti maintenant, mais Il a laissé sa trace.

Il désigne ce qui se dresse dans son dos...et la mince cicatrice qui le divise sur toute la longueur de chaque membre.

- Il a laissé des traces sur mon corps mais aussi dans la tête de quelques enfants, et mon image est désormais associée au danger dans leurs têtes...C'est affreux, soupire t-il en levant les yeux au plafond.

La question claque avec autorité : « Et Sam est au courant de ce qui est arrivé? Non hein? Évidemment… » Pas de doute, c’est Paul la personne responsable de Léandre, le pourvoyeur. « Qu’est-ce qui s’est passé? Quelle marque a-t-il laissé sur l’esprit de ma Léandre? Quel mal lui a été fait? » Paul retient difficilement sa colère…

- Et Sam est au courant de ce qui est arrivé ? Non hein ? Évidemment…
- N-non..., bafouille t-il.
- Qu’est-ce qui s’est passé ? Quelle marque a-t-il laissé sur l’esprit de ma Léandre ? Quel mal lui a été fait ?
- Je...Je ne sais pas...J'ai...Enfin Il a fait du mal à Elthiriel...Et depuis, elle m'évite...Je ne sais pas ce qu'il a pu lui faire d'autre. Il y a tellement de choses que je ne sais pas...Je n'étais pas conscient. Quand j'ai été blessé par exemple...Je crois avoir un vague souvenir d'avoir vu des enfants sur les lieux quand c'est arrivé... Je ne sais plus, soupire le journaliste, visiblement paniqué de sa propre confusion. Il ne sait même pas ce qu'il lui a fait.

« Vous ignorez quel mal lui a été fait mais vous soupçonner qu’il a pu lui en faire? Et vous rôder autour d’elle malgré tout? Mais quel genre d’irresponsable êtes vous? » Il avait une gamine de près de 11ans et un autre en route… Il avait reproché à Samuelle de ne pas lui avoir fait suffisamment de place dans sa vie. Elle avait argué qu’il restait aucunement près à faire face à cette responsabilité. Que son inconscience les mettrait en dangers, eux, mais aussi lui-même. « Bon sang votre folie n’excuse pas tout! Cessez de vous cacher derrière elle! Allez, rentrez chez vous, je m’occuperai seul de calmer ses peurs. Je l’ai toujours fait! » Fit-il en pointant ostensiblement la cheminée.

Paul est en colère... Très mécontent... Ça fait l'effet d'avoir 4 ans et de se faire gronder par un adulte qui sous-entend sa déception.

- Vous ignorez quel mal lui a été fait mais vous soupçonnez qu’il a pu lui en faire ? Et vous rôdez autour d’elle malgré tout ? Mais quel genre d’irresponsable êtes vous ?

Un silence plane. Pourquoi cette impression d'avoir rajeuni de 35 ans tout à coup ?...Il reste muet. Il n'a jamais rien eu d'autre sous la main que sa propre vie et il n'avait même pas su la stabiliser, la diriger. Il était curieux, il voulait toujours savoir, mais il n'avait jamais la moindre idée de quoi faire une fois qu'il savait...Et étrangement, les mots lui manquaient pour se défendre...Un peu comme s'il n'osait pas contredire ce que Paul insinuait. Jusqu'à maintenant, chaque fois qu'il avait croisé Léandre, ça avait été un hasard. Une coïncidence...Toujours au mauvais endroit, au mauvais moment. Irresponsable ? Il aurait pu ne pas l'être si tout s'était passé en sa faveur...

- Bon sang votre folie n’excuse pas tout ! Cessez de vous cacher derrière elle ! Allez, rentrez chez vous, je m’occuperai seul de calmer ses peurs. Je l’ai toujours fait !

Une brève hésitation...Il aurait voulu défendre son point. Il n'était pas si irresponsable...Mais il n'allait pas s'empêcher de vivre non plus. Il était parti au Manoir Rocstone pour éviter de la croiser à nouveau. Il se serait cloîtré s'il avait pu mais on lui avait dit que ça aurait été plus dangereux encore de le laisser seul...Et maintenant on l'accusait d'être irresponsable...Il aurait du l'enfermer ?...Enfin il était trop tard maintenant. Se fier à son instinct ?...Alors il aurait vraiment dû faire ce qu'il pensait au lieu de suivre les conseils des autres ?...Il est confus...Et en plus...Il ne sait pas où aller. Doit-il rester seul ? Elemiah n'est plus là...Il n'y a plus de mal à se retrouver avec des gens...Il devrait aussi recommencer ses médicaments parce qu'il n'en pouvait plus d'entendre tous ces cris qu'il devait analyser pour retrouver les vraies voix de celles dans sa tête...

Il se sentait tellement seul tout à coup...Immobile devant la cheminée, il ne sait pas où aller...Le seul endroit rassurant qu'il avait en tête présentement, c'était le Manoir Rocstone...Mais devait-il ?...Comme une statue de marbre, il reste immobile, l'air de réfléchir...Puis il arrache une poignée de poudre dans le contenant...Pensée purement égoïste. C'est là qu'il se sentirait le mieux.

- Manoir Rocstone.

Dit-il sur un ton sombre...Puis il disparaît dans une grande gerbe de flammes vertes.

Léandre était assise sur son lit ravagé, Hemingway pressé contre sa poitrine, ronronnant comme tout un orage. Paul vint s’asseoir derrière elle et posant sa tête sur son épaule, il la ceintura solidement de ses bras. En silence… Parce que Paul, par son empathie, n’avait besoin que de peu de mot.

« Ils m’ont fait porter une chemise de nuit rose… » confia Léandre. « C’est une chose terrible, en effet… » « Et elle avait de la dentelle qui gratte… » « Oui, la dentelle gratte… »

Léandre fondit en larme, mouillant la fourrure d’Ernest, racontant dans un discour décousu la somme de tout ce qui était arrivé. Parce que Léandre n’a jamais été confronté à la mort, aux ravage du temps, à la violence faite aux enfants, jamais livrée à elle même, confiée à des inconnus.

Sa petite nièce est décentrée par rapport à elle-même… Léandre commence à distinguer une nouvelle nuance dans le monde qui l’entoure. Ni noir ni blanc, a new color to paint the world. Nuance subtile, quelque part en elle, quelque chose prend vie une rumeur inaudible, encore immature. Influencée, changeante.

Il n’y a rien que Paul puisse faire… Le monde l’a heurté de plein fouet et elle n’a pu que se relever pour courir se mettre à l’abri dans ses bras. « Tu vas rester avec moi cette semaine… Tu vas rester avec moi aussi longtemps que ça prendra… » chuchota-t-il contre son oreille en lui caressant les cheveux. « On jouera à la bataille navale... Allez, mets ta chemise de nuit… Du bon coton blanc sans dentelle ! » proposa-t-il en souriant.

« A7, J2, K11 et … H3! » Paul examina sa feuille de papier quadrillé… « À l’eau! » Il traça des cercles dans les cases au crayon de plomb et réfléchit quelques seconde avant de choisir sa tactique. « B4, C4, D4, E4 » Deux étages séparaient le rez de chaussé et le grenier... Pourtant Paul pouvait facilement imaginer l’expression de sa petite nièce. L’empathie est une chose merveilleuse. « Touché! … G6, B1, F10, I9 » Paul souleva sa tasse de thé, les yeux rivés à la feuille.

Hemingway sommeillait quelque part sur une marche d’escalier entre le premier et le deuxième.

Pur mépris de l'intimité des Daee. Ou presque.

Un grand Noir se pointe à la brocante, hors des heures d,ouvertures. Il cogne à la porte avant de glisser un billet dans la boite aux lettres.

Turner cherche Daee.

Pas de signature. Il y a besoin d'en avoir une? Sans rien dire d'autre, le colosse passe son chemin.

Ils ont d'abord portoloiné à l'appartement de xoramen. Puis Elz a transplanné, avec Morayeel, jusqu'à un point précis. Et tous les deux regardent maintenant la devanture de la brocante.

- T'aurais pu au moins me laissé me changer.
- J'ai l'air mieux ?
- Non.
- C'pas ma faute si le orange te va pas.
- Allez, rentre qu'on en finisse. Et elle le pousse à l'intérieur.
- Je sais comment tu vas mourir.
- Rien à foutre. Ta gueule. Avance.
- ...

Et elle pousse Morayeel à l'intérieur. La clochette se fait entendre et Elzykor se met aussitôt à vampiriser les lieux, question de se familiariser avec l'environnement.

- Léandre ?
- C'est la gamine, ça ? C'est pas celle qui était avec le gamin des Rocstone et sa bande ?
- Ouais.
- Tu me fais venir jusqu'ici pour venir voir ta copine ?
- Pas ma copine, grogne-t-il.

« À l’eau ! B5 C5 D5 E5... » Ce n'est pas vraiment une boutique d'antiquaire conventionnel. Bric à brac de collectionneur, pèle mêle, avec de petits sentiers entre les amoncellements d'objet. Les Daee n'ont jamais été fort sur l'ordre strict. Oui, Daee, c'était inscrit en lettres d’or peintes sur la vitre de la porte. La lumière de la rue pénètre difficilement l’étroite vitrine encrassée de poussière, elle jette un éclairage paresseux sur les lieux. Ça sent la magie. La vieille magie… Il y a une somme colossale de magie, d’énergie, amassée ici. Irréprochable, ordonnée, soignée… et gardée… Quelque chose qui l’empêche d’en profiter.

Une voix claire et assourdie provenant du plafond, annonce en français: « Coulé... » Du fond de la boutique, un tintement de mauvais augure, quelqu'un qui s'étouffe parce qu'il a avalé de travers. La tasse de Paul heurta sa soucoupe.

Comme des ongles sur un tableau noir. Vampirisation maladroite, elle prend tout sans distinction, Wide open, aussi malvenue qu’un chien qui vous lèche les orteils au travers de vos sandales. Paul fixa sur la sorcière un regard dur, ouvertement réprobateur. « C’est très mal élevé ce que vous faites là… Personne ne vous a appris les bonnes manières ? » Il semble ignorer totalement l’adolescent alors qu’Elzykor se fait rudement remettre à sa place. Comme si on avait jeté un filet sur elle, l’empêchant de vampiriser.

« J6 I4 A7 F12... »

Quelque part dans l'escalier, Hemingway se leva et monta au grenier avertir sa maitresse que la discrétion était de mise.

- C’est très mal élevé ce que vous faites là… Personne ne vous a appris les bonnes manières ?

Elle sut tout de suite que quelque chose cloche. On la bloquait. Mais c'est pas son genre de se laisser démonter.

- Non, répond-t-elle avec une franchise mesquine.

Morayeel, pendant ce temps, puisque personne s'en occupe, cherche la sortie, ou plutôt l'entrée vers une autre partie de la brocante.

- Léandre !

La lumière entre dans le grenier par une étroite fenêtre en losange. Elle révèle des piles de livres et de feuille éparse reliée entre elle par d’étrange grafitis. Des calculs, sur le plancher, les murs, le plafond biseauté, partout, au feutre noir, à la cire.

Au milieu de ce capharnaüm, une pile de vieux matelas avec un amoncellement de couverture ravagée et trônant dessus, assise en indien et grugeant un crayon entre ses dents, une métisse. Léandre revêtue d’une vieille chemise de son oncle qui lui descend jusqu’aux genoux, ses cheveux plumeux en broussaille, fixe une feuille de papier quadrillé grand format. Elle est concentrée…

Hemingway surgit de la trappe, fonça sur sa maitresse et bondissant sur le lit en froissant la feuille allégrement il vint chercher son regard de ses yeux vert. Ils se comprirent. Léandre hocha de la tête et tendit l’oreille attentivement, entendant la voix de son oncle et…

Léandre ?

Incertaine elle se lève et va s’agenouiller au seuil de la trappe, se penchant au dessus de l’ouverture. Elle écoute encore… Le chat l’y rejoignit, la frôlant, protecteur.



Paul relâcha légèrement l’étreinte psychique avec laquelle il l’avait isolé. Juste assez pour s’apercevoir que nullement repentante, la jeune femme ne cherchait qu’à passer outre la limite qu’il lui imposait. Paul raffermit sa prise tout en tendant son empathie vers elle pour cerner sa personnalité. Il lui adressa une unique question : « Qui êtes-vous ? »

Personne ne s'occupe de lui, c'est évident. Donc Morayeel s'enfonce un peu plus dans la place. Il cherche Léandre. Il doit trouver Léandre.




Elle renifle. Il a diminuer la protection, mais visiblement, il a pas aimé sa réponse. Elle revient en force. Elz n'insiste pas. Elle vampirisait pour la forme. Par habitude quand elle arrive dans un nouvel endroit. La presque intégralité des gens s'en rendent pas compte. Très peu de sorciers y arrivent. Ceux qui s'en rendent compte sont très fort. Elz ne veut pas lui faire peur.

- Je suis que le transport pour le gamin, je repartirai aussitôt, répond-t-elle, aussi sèche qu'à son habitude.

Elle farfouille les objets, sans vraiment s'occuper du monsieur, puis elle ajoute, presque innocement, sur un ton presque de conversation, trop innocent pour ne pas être louche. En plus, elle a visiblement l'habillement de l'évadée.

- Vous êtes parents avec Samuelle ?

Le rez de chaussé est séparé en trois pièce, Morayeel en a rapidement fait le tour : une cuisinette minuscule, un atelier pourvu d’une cheminée, et la boutique. Sauf qu’il y a un escalier ! Un escalier qui grimpe vers le haut. Des marches usées en leur centre. Et le vieux s’est déplacé pour se tenir pile devant, bloquant l’accès.

Paul n’ignore pas l’adolescent. Il le surveille du coin de l’œil. Seulement il en a plein les bras avec la jeune femme… Et puis tant que l’autre fouine en bas, pas de problème… On est mal élevé ou on ne l’est pas… Il tique quand même lorsque l’anglaise parle de Sam. Il fait un pas en avant. « La famille Daee est une très grande et très ancienne famille. L’une de mes nièces porte ce nom… »



Ils parlent de sa mère… Maman ? On ne parlait jamais de maman. Jamais devant elle…

Rien nul part. Soit elle est pas là, soit elle est ailleurs. Il doit savoir où elle est. C'est nécessaire. La seule autre issue, à part la porte de la boutique, c'est l'escalier. Mais le monsieur, sans doute oncle Paul, se tient devant.

Et il se dirige résolument vers l'escalier et de plante devant l'homme.

- Où est Léandre ?




Elle regardait un truc, avec attention, ou du moins en feignant être parfaitement concentrée sur le truc.

- Votre nièce ? Vous êtes Oncle Paul ?

Elle ne sourit pas. Elzykor ne sourit presque jamais. Mais le regard en coin qu'elle décoche à Paul est de plus explicite. Elzykor en sait beaucoup et elle trouve la situation comme étant un heureux hasard.

Le vieil homme se sent envahi, inquiet. Qui sont ces gens? « Quel est votre nom? » C'était une question directe cette fois. « Je suis Paul Daee... Brocanteur... Vous connaissez ma nièce Samuelle? » Sam n'emmenait jamais personne ici, c'était son refuge. Personne sauf Halewyn et César. Mais la femme ne connaissait pas l'adresse, n'est-ce pas? Léandre, il avait appelé Léandre...

Ils y étaient.

Ces étrangers connaissait Léandre, savait ou la trouver, qu'elle était une Daee et probablement de qui elle était la fille. Le gamin pâle aux cheveux blanc. Paul se tourna vers lui, lui dédiant toute son attention. « Tu es Morayeel Sampiero... » Chimerien. « Le filleul de Samuelle... » Chimerien. « Le fils d'Halewyn Coeurd'acier. » Chimerien. « C'est toi qui a offert la boule de cristal à Léandre ce noël. » Chimerien. « Et son contenu... » Chimerien. Paul ferma lentement les yeux. S'il avait eut 30ans de moins, il aurait commenté par: Eh meeeerde... Voilà d'où venait la fuite. Que lui voulait-il encore? La boule de cristal, ce n'était pas un cadeau de son âge, pas plus que son contenu. On ne faisait jamais confiance à des Chimériens mais Paul est prit entre 2 feux... La jeune femme l'inquiète tout autant que l'adolescent. Hemingway est avec elle. « En haut, au grenier. »

Il attend patiemment que Paul eut terminé d'énumérer ce qu'il est, en partie. Il est patient parce c'est Oncle Paul. Il se contente d'hocher la tête à chaque affirmation. Puis aussitôt que Paul lui dit où Léandre est, il s'y rend, sans dire un mot.

Il travers le second étage, cherchant le grenier. Les yeux au plafond, il tombe sur l'ouverture. Le cristal fait focus. Elle est là.

- Léandre. Et il grimpe l'escalier et rejoint Léandre. Un bref coup d'oeil au chat, il l'ignore. T'es là. dit-il, comme pour s'en assurer. Ça va ?




Elz farfouille toujours. Elle a suivit l'échange entre Paul et Morayeel et elle devine que ce p'tit salaud de Morayeel n'avait visiblement pas perdu cette putain de pierre que Cora cherchait. Malin, le gamin.

- Wais, j'connais Sam. Elle ricane, méchamment.  Et elle va être furieuse si elle apprend que j'suis venue ici. Elle repose ce qu'elle tenait, puis s'avance vers Paul Daee. Sans un sourire, parce que Elz ne sourit que très rarement, elle lui tend la main. Folayann. Elzykor Folayann. Ravie de connaître LE Oncle Paul. Ravie ? Ça parait pas. Du moins pas dans son air. Elle renifle.

Hemingway feula et cracha au moment où Morayeel passa la tête par l’ouverture de la trappe. Un chat. Un bon chat dirait Paul. « Morayeel. » À son nom elle répond par le sien. À l’affirmation suivante, elle questionna: « Qu’est-ce que tu fais ici ? J’vais me faire disputer !! » Les règles de maman. Maman ne serait pas contente. Mais curieusement Léandre est contente…

C’est la raison exacte pour laquelle elle fondit en larme. « Nooooon, je suis morte de peur ! » sanglota-t-elle. Elle eut un geste, comme pour se jeter dans ses bras. C’était la bonne chose à faire. Paul en aurait convenu. Mais c’était Morayeel. Léandre suspendit son geste et rafla plutôt le chat. Ce qui était encore mieux, l’aurait félicité Paul.



« Elzykor Folayann » répéta-t-il après elle en souriant largement, lui. Il fixa le regard un bref instant sur la main tendue avant d’y glisser la sienne, méfiant, sur ses gardes. « Vous connaissez bien Samuelle, effectivement. » nota-t-il… Il sait très bien qui elle est mais refuse de le montrer. « Vous vampirisez depuis longtemps ? » sussura-t-il d’un ton sucré…

Il n'a même pas le temps de répondre. Tout se passe si rapidement et il n'a pas le temps de réfléchir. D'habitude, tout est déjà réfléchit quand il bouge. Et puis elle fond en larme. Si y a quelque chose qui pouvait le déstabiliser, c,est bien que Léandre fonde en larme. Durant une seconde, il croit presque qu'elle va se jeter dans ses bras... mais elle attrape le chat.

Le cristal détaille Léandre.

- Personne va te disputer... moi, peut-être j'me ferai disputer, mais c'est pas grave. De quoi t'as peur ? Dis-moi. Je laisserai personne te faire peur...




Elle répond à la question, directe.

- Depuis aussi loin que j'me souvienne. D'ailleurs, si vous pouviez me lâcher, j'aurais moins l'impression que vous avez des choses à cacher.

Regard dur, agacé, peut-être. Elz n'aime pas être restreinte. Elle fixe Paul de son regard acajou, sans ciller, sans un sourire.

« Oh vous savez, je suis un Daee, moi… Je me méfie des gens sans manière... » répondit-il du tac au tac. Il avait élevé Samuelle, c’était quand même quelque chose… « Apprenez, jeune fille, que ça ne se fait pas vampiriser les gens chez eux ainsi. C'est la seule raison pour laquelle je vous ai restreinte. » Il inclina la tête de côté, l’observant par en dessous. « Peut-être direz vous que j’exagère, mais je suis peu enclin à vous laisser la bride sur le cou, Miss Folayann. » LA Elzykor Folayann? Pas à moins de mille lieux d’ici! « Si vous me faites la promesse de ne pas recommencer, je vous libèrerai de mon étreinte psychique… » Sur ce terrain là, il pouvait parfaitement la contrôler. « Je ne cache rien que vous n’ayez déjà découvert. À savoir que j’offre un refuge à certains membres de ma famille. » Il ne précisa en rien le lien. Il changea de sujet sans transition : « Lequel de vos parents étaient Vampire psy? » Il grimaça... Un peu raide pour un homme doué d'une telle empathie... « Je vous offre le thé? »



Elle a eut peur pour son père, elle a eut peur de César. Elle a eut peur de Phoenix et d’Elemiah. Elle a eut peur de la Chimère. Elle a eut peur pour Elthiriel. Elle a eut peur d’Elthiriel. Elle a eut peur pour Elthiriel encore et encore. Elle a eut peur pour César, pour la gitane. Elle a eut peur d’Halewyn. Elle a eut très très peur de son père. Elle a eut peur de lui un instant, mais pas suffisamment pour s’en souvenir toute sa peur tournée vers Halewyn. Elle a eut peur de tous les autres. Et elle a rit. Se rire de la peur… Un tel pouvoir… Sa mère le lui a apprit dès son plus jeune âge, parce que sa mère est la peur incarnée.

Mais ni son éducation, ni sa personnalité ne l’avait préparée à faire face à l’analyse ultérieur des fait : Elle n’a pas eut peur d’elle-même. Elle n’a pas eut peur de la mort qu’elle sentait toute proche.

Et maintenant elle a peur. Si peur qu’elle est restée sourde à toutes les tentatives de réconfort de son oncle. Muette à toutes les cajoleries d’Ernest. Quelque part en elle, quelque chose a prit vie; la mort, une rumeur inaudible, encore immature. Léandre était la petite fille d’un djin, cœur ardent, indomptable, flamme vive qui se consume, se transformant lentement en la chaleur d’une forge puissante, dormante, constante. Léandre se meurt et c’est de plus en plus évident.

Elle laissa Ernest retomber sur le sol et se voila la figure dans les mains, essuyant ses larmes maladroitement. « J’ai peur de moi, je me fais peur… » Et elle ne rit pas du tout.

Elle est peu encline à obéir parce qu'on lui demande, même si c'est gentiment. Surtout parce qu'elle s'amuse à contrarier les gens. Mais celui-là, il la contrariait plus qu'elle ne pouvait le contrarier.

- Si vous me faites la promesse de ne pas recommencer, je vous libèrerai de mon étreinte psychique…

Elzykor Folayann faire une promesse ? Certainement pas. Mais Elz est lucide.

- Vous êtes le premier qui l'affirme en si peu de temps. Je vampirise tout le temps, informe-t-elle, comme une évidence. Bof, le thé... mais si vous avez du café, par contre, je prendrais bien. En fait, tout dépendra du temps que mettra le gamin. Elle jette un coup d'oeil vers l'endroit où a disparu Morayeel. Elle a dit que c'était mon père qui l'était. J'l'ai pas connu, j'm,en fiche.

Et c'est pas mal vrai en plus.




- J’ai peur de moi, je me fais peur…

Il dévisage Léandre, quelques secondes. Pourquoi elle aurait peur d'elle ? Bon, elle est la Mort et alors ? Pouvait-on vraiment avoir peur de soi ? Il constate avec un étonnement certain que la réponse lui semble évidente. Oui.

Oui, on peut avoir peur de soi.

- Léandre... quoi ? Non, il allait quand même pas lui dire de ne pas avoir peur... À deux, on a moins peur, souffle-t-il.

Malheureusement pour lui, il n'était pas deux. Il était tout seul. Heureusement, ou malheureusement pour elle, il veut être l'autre du deux. Il a dit à Samuelle qu'il serait là. C'était pas vraiment une promesse à Samuelle. C'était une promesse à lui-même. Il avait amorcée la tombée de Léandre, il serait au fond pour l'attraper. Il ne l'avait promis à personne, sauf à lui-même.

Il y a quelque chose de désespéré dans cette gamine qui s’essuie les joues du revers de la main. Les yeux rougis, les cils alourdit par les larmes. Tout un tableau.

Il n’a pas vraiment le temps de la voir franchir le pas qui les séparent. Léandre s’est jeté sur lui et le ceinture de ses bras, l’oreille collé contre sa poitrine. Elle ne le touche pas, pas du tout, pas physiquement, mais il peut sentir sa tiédeur au travers de son tshirt. Parce que Léandre a encore la capacité de le toucher, elle, avec ses milles morts, alors qu’il s’était forgé une carapace d’indifférence devant toutes les autres. Une étreinte à lui rompre les os. Visiblement c’était la bonne réponse. Une réponse non calculée. « Ne me laisse pas toute seule… » fit sa voix assourdie...

Il avait passé plusieurs jours dans une cellule, à barbouiller les murs en presque transe. Il n'avait bu que quelques tasse de thé... Morayeel se demandait même comment il tenait debout. Sincèrement. La puissante étreinte de Léandre le lui confirme. Il en a le souffle coupé quelques secondes. Mais il ne cherche pas à la déserrer.

Et puis, il voit la légère brume se lever autour de lui. C'est jamais une bonne nouvelle. Il ne peut pas rester... pas longtemps.

Il en a volé des choses, à Scotland Yard. Enfin, il a reprit ce que Nigel leur a prit. Vol ou non, il s'en balance. Il fouille dans sa poche, des poches pleines d'objets. Il en tire un médaillon, celui de Zorehira et le passe autour du cou de Léandre.

- Tu ne me verra pas, peut-être pas, mais je ne te laisserai pas toute seule. Je serai tout près.