Dans la taverne de Porky

Une taverne comme toutes les tavernes du monde.

Il est tard, nous sommes en plein milieu de la nuit. A part les quelques saoulons incontournables de tout les bars du monde, ils sont seuls. On s'attend à quoi d'un mardi à mercredi?

Le lourd manteau au tabouret, Halewyn sirote un verre d'eau tandis qu'une bonne bieraubeurre est devant Léandre. Nous passerons le combat de volonté qu'il y a eu, Mais Hale a un avantage flagrant. Il vit majoritairement la nuit, donc il est plus alerte.

Donc, une fois tout le monde habillé et prêt, et par tout le monde, j'entends Léandre et lui, il l'a amenée ici pour lui offfrir sa première bière. Il est temps qu'elle se déniaise un peu.

Alors... Pourquoi tu es pas restée là-bas?

Demande t'il en triturant son verre d'eau, apparamment relax.

Vraiment pas très alerte.

« Pourquoi je ne suis pas restée là bas? C’est toi qui m’a tiré du lit… Oh! Ouais… L’autre là bas. » Léandre haussa les épaules évasivement. Parce qu’elle était fâchée. Parce qu’il n’y avait pas de place. Parce que c’était pas le moment. Parce que c’était dangereux pour eux. Parce qu'elle s'était sentie mal, de trop… Non… C’est bien plus simple que ça… Rrrrha, il allait être trop content le salaud. « Parce que c’était pas chez moi… »

Elle tripotait la bouteille de bière au beurre. « J’crois pas que maman serait d’accord tu sais… » fit elle en montrant encore une fois à quel point elle sous-estimait la belle fripouille qu’était Samuelle.

Ton chez toi a explosé voilà 5 ans.

Répond il, pragmatique. Parfois il peut être adorablement con. Ca doit être l'âge.

C'est peut-être l'heure qui la rend insolente... C'est peut-être aussi la génétique...

Léandre tourna très lentement la tête, lui jetant un regard assassin. « Eh ben alors j’crois que tu t’es trompé d’adresse en me ramenant, im-bé-ci-le. »

Il l’avait mérité celle-là…

Une gorgée d'eau...

J'pensais t'avais dit ca pour le faire chier. En fais j'tais certain que tu resterais là bas. Tu y serais en meilleure sécurité. Avec ton sang.

Se pourrait il qu'il se soucie réellement d'elle? En aurait elle doutée?

L’adolescente se redressa sur son tabouret.

Pas très alerte et susceptible.

« T’es en train de me dire que tu m’as emmené là bas en pensant te débarrasser de moi?? » fit-elle en le regardant par en dessous, horrifiée. « Et bien je comprends mieux que tu ne te sois pas fait prier d’avantage! » Elle prit une gorgée de la bièraubeurre pour faire passer ça et s'étrangla avec.

J'ai fais ce qui m'a semblé le mieux pour toi. Je t'ai laissé le choix. Les 6 sont pas un environnement idéals à cotoyer, ils en sont tous conscients.

Dit Hale avec un stoïcisme désarmant. Il y a un sous entendu, une genre de question du style j'aimerais que tu comprenne.

« Et bien il semble que j’ai fait mon choix, non? Pourquoi tu reviens là dessus? T’es pas d’accord? » Un ton narquois. Ils n’étaient pas toujours d’accord. Ils avaient tous deux gagné et perdu des batailles. « Et si c’est pas un bon environnement pour moi, c’était il y a 5ans qu’il fallait y penser… Maintenant c’est trop tard, le mal est fait. » Elle lui piqua son verre d’eau et se rinça la bouche. Léandre ne serait jamais une buveuse d’après cette première expérience. Elle se retourna ensuite complètement face à lui et lui tendit son verre : « Alors qu’est-ce que tu vas faire maintenant? »

Waip, le mal est fait, j'ai fait de toi ce que j'ai fait avec Elthiriel.

Dit il, grognon.

J'aurais pas dû, t'es pas née pour ca.

« C’est impossible. Je ne suis pas Elthiriel. » fit-elle avec un pragmatisme désarmant. « Je suis la fille de Samuelle et j’ai grandit dans les bras d’Oncle Paul. En outre, moi, j’ai jamais frappé une enfant de 9ans à coup de pelle dans la figure parce qu’elle avait effleuré mon frère. »

Quand même… On pouvait difficilement confondre l’une et l’autre. Elle n’allait pas devoir lui faire un dessin quand même? « Je ne serai jamais ce qu’est Elthiriel. » Elle faillit ajouter je ne suis pas ta fille mais en cet instant précis, elle ignorait totalement ce que ça aurait voulu dire. Elle avait tenu le rôle pendant 5ans après tout. « Alors qu’est-ce que tu vas faire maintenant? » Répéta-t-elle sur un ton de défi. Elle avait besoin de savoir, là, maintenant. Elle avait besoin qu'il le lui dise et en ceci en particulier, elle n'était pas Elthiriel.

Allez, fais ton choix toi aussi...

C’est impossible. Je ne suis pas Elthiriel. » fit-elle avec un pragmatisme désarmant. « Je suis la fille de Samuelle et j’ai grandit dans les bras d’Oncle Paul. En outre, moi, j’ai jamais frappé une enfant de 9ans à coup de pelle dans la figure parce qu’elle avait effleuré mon frère. »

Waip, on voit ce que ca l'a donné. Pour Elthiriel, il a un mince sourire fier. Comme à chaque fois qu'un parle de sa gosse.

Je ne serai jamais ce qu’est Elthiriel.

T'es appelée à autre chose. remarque que savoir se défendre est pas une tare. Je sais que t'es reliée à la mort, mais je sais pas comment.

Alors qu’est-ce que tu vas faire maintenant?

Il hausse les épaules.

Continuer sur ma lancée. Ta décidé de rester... Ca fait de toi ma fille adoptive en quelque sorte quoique je ne remplacerai jamais un père.

Sauf si tu veux que je le remplace. Le sous entendu est explicite. L'offre est implicie sans en être déplacée dans cette taverne obscure. Que des faits dit d'une voix neutre. Il pourrait aussi bien réciter une recette de jell-o.

« Attention, si tu persiste à m’appeler La mort, je t’appellerai Mon prince… » menaça-t-elle sourdement. Elle n’en tirera pas plus et elle le sait… Non mais quel salaud… Ça n’a pas peur d’assassiner des gens de sang froid, mais c’est trop pleutre pour lui dire qu’il veut qu’elle reste. ARGL!!

Léandre descendit de son tabouret. Et marcha pesamment vers la sortie.

« Ramène-moi à la maison, ta fille adoptive a sommeil… » fit-elle en étouffant un bâillement.

Une fois dehors, elle se retourna dans le noir pour lui faire face.

« Tu sais pourquoi maman aime César depuis tant d’année? Parce que mon père est quand même spécial, faut l’admettre… J’ai demandé à Oncle Paul… Il m’a dit que l’amour était une faiblesse… Tu serais d’accord avec ça je paris. Que c’était une reddition. » suggéra-t-elle. « Une reddition qui demande du courage et apporte la puissance. » Et Vlan, dans les dents…

Attention, si tu persiste à m’appeler La mort, je t’appellerai Mon prince…

Il grimace. Dégueulasse comme menace.

Le prince des ténèbres.

Ironise t'il à Mort.

Ramène-moi à la maison, ta fille adoptive a sommeil…

Tu devrais réellement penser à être capable de passer une nuit blanche une fois de temps en temps.

Dit il en lui emboitant le pas. L'air frais de ce début Juin lui est comme une caresse. Il lève le nez pour inspirer l'air pur. Il aime la nuit.

Tu sais pourquoi maman aime César depuis tant d’année? Parce que mon père est quand même spécial, faut l’admettre… J’ai demandé à Oncle Paul… Il m’a dit que l’amour était une faiblesse… Tu serais d’accord avec ça je paris. Que c’était une reddition. Une reddition qui demande du courage et apporte la puissance.

Arrête de circonlocutionner et viens en aux faits.

Dit Hale, d'un ton rogue. Il sait où elle veut en venir et comment ose t'elle seulement penser qu'il n'a jamais aimé? Qu'il ne sait pas c'est quoi l'amour?

Ah ouais? C’est comme ça?

« Admet que tu veux que je reste avec toi. »

Pourquoi, disons que ca serait vrai, que j'admettrais un truc pareil?

Les mains dans les manches, il avance, ne laissant cependant pas tomber sa vigilance naturelle. Quand il a Léandre avec lui, il est toujours archi prudent.

Parce que j'ai pas besoin de ta charité Halewyn et que si tu ne me dis pas que tu veux que je reste, je m'en irai. Et parce que c'est la vérité.

Il se renfrogne Ah non...

T'es pas à la rue et ca nous ferais vraiment plaisir que tu reste...

Moment de silence.

Ca me plairait bien, mais répète ca, peu importe à qui et je changerai d'idée, pigé?

Ben quoi? Il a une réputation de sans coeur à tenir. Il s'immobilise soudainement, relève le nez. Meurtrière trouve sa place en un éclair dans sa paume droite.

Ca sent le Daee... Se tromperait il?

Le sourire qu’elle a, récompense mille fois l’effort… Ça transparaît sur sa figure caramel de façon tellement évidente que c’en est indécent. Il fallait si peu de chose.

:rodeur:

Un parfum de poussière… Un fort parfum de poussière dissimulé par celui des arbres en fleur. Léandre sent la poussière, la sciure, le feu et la liberté… Mais elle ne sent pas tant la poussière.

« Il le pense vraiment tu sais… » fit une voix dans le noir. Une voix qui s’adressait à elle dans un slang tout Canadien. Une voix chaude, profonde et calme. « Seulement vous avez mal choisi, Coeurd’Acier, celle-ci ne vous est pas destinée. Elle ne pourra pas remplacer vos enfants perdus… » Prédit l'homme en noir, instillant un lent poison dans le coeur de l'assassin.

C'est pas difficile entrer dans la tête de l'assassin. Le plus difficile c'est de ne pas s'y perdre et de survivre à l'expérience. Les legilimens du magenmagot (tous morts) ET Xoramen, Donoline et Daee pourraient vous en passer un papier.

Au moment même où il sent sa raison s'effriter comme un jeu de carte, il coupe le lien avec les 6 . Ils seraient poussés à s'entretuer. Le legilimens a un écho d'une foule, mais trop brève pour en comprendre le sens.

Il secoue la tête en tout sens, avant de fixer des prunelles aussi noires que celles de Léandre dans celles du Daee. Une voix grondante, qui n'a rien à voir avec la voix abyssale de Phoenix Noir, mais tout aussi effrayante, parce qu'extraite du plus profond de sa folie.

Mes enfants sont pas perdus, ils sont assez forts pour suivre leur voies propre.

Voilà! Voilà la confiance de Halewyn Coeurd'Acier Sampiero en sa progéniture. Ils ont survécus près de 19 ans, ils sont forts.

Un grondement de bête sauvage, dément, s'élève dans l'air cristallin de la nuit.

:rodeur:

Ce sont des Chroniqueurs… Ils savent des choses…

Halewyn a tué l’un des leur sur leur propre territoire. C’était hier. Léandre avait faillit mourir… Sont-ils si près d’eux? Le problème avec le danger c’est qu’à force de le côtoyer, on peine à le reconnaître.

« De bien courtes routes… » Il parle lentement, comme s’il avait tout son temps. « Êtes vous certain du sort de vos enfants Halewyn? » D’un geste sec, un objet familier vient se ficher dans le sol, entre eux. Plus vrai que nature, la lance sacré d’Elemiah à laquelle ont à attaché un soyeux foulard de soie rouge. « Et depuis quand êtes vous sans nouvelles de votre fils Morayeel? »

Les Chroniqueur savent des choses et Rôdeur sait qu’Halewyn porte un mangecoeur en son cœur. Le désespoir est une puissante vague de fond qui vous emporte et vous laisse échoué et sans force. Lentement, le doute sape sa résistance. La larve funeste s’éveille…



« Morayeel?!? » Par réflexe Léandre porta la main à sa médaille. Ils étaient séparés mais elle le sentait toujours présent dans son esprit. Il avait dit qu’il ne la laisserait pas seule.

Léandre a côtoyé la mort de plusieurs façon depuis 5ans. Elle est insensible aux odeurs telle qu’Halewyn et Elthiriel les perçoivent mais elle ressent la mort. Elle sent la mort graviter autour des phœnixs et avec le temps elle a développé une étrange intuition : Elle sait toujours quand ils ont tué. La mort est toute proche ce soir…

Doucement, la métisse recule derrière Halewyn alors qu’une grande angoisse lui étreint le cœur.

Quoi?

Il rouvre le canal vers Elthiriel, mais ca sonne occupé. Aucun numéro au numéro composé. En fait, très occupée avec Darrin, elle a comme fermé son côté.

Si elle savait ce qui arrive à son père à cet instant précis, elle s'en mordrait les doigts. Il y a un truc qui explose dans son coeur, la patate a quelques ratées. Mais Halewyn passe ca sur le compte de l'émotion. Il s'est bien senti vieillir. Ca doit être ca, une crise d'angine. Pourtant c'est pas le moment.

Pendant que son esprit glisse plus profondément au fur et à mesure que ses prunelles remontent le long de cette damnée lance d'argent à l'étendard de soie sanglante, il se sent perdre tout sens commun. Léandre qui recule, peut voir Silencieuse étinceler d'une goutte de sang rouge derrière lui. Il prépare son attaque, mais toute une.

La dernière phrase sensé qu'il dit est.

Toute ta famille va crever. T'aura pas ma 3e.

Gagner du temps pour concentrer ses énergies. Et cette putain de douleur...

« Halewyn? » murmura-t-elle d’une voix pressante. « Halewyn, il y a deux morts ici… » fit la petite sorcière d’une voix blanche. Il y a deux morts et l'une d'elle est la mienne...

:rodeur:

« Moi et ma famille? Mais elle est de ma famille, Halewyn… Elle est de mon sang. » Le légiliment assaille sans arrêt l’esprit de l’assassin. « Tu es seul et abandonné. Qu’un étranger pour elle… Comme tu l’as été pour les Chimériens. Les Daee n’ont fait que récupérer l’instrument des Sorrenze; un bon toutou lié par l’amour. Parce que l’amour est la plus efficace et la plus cruelle de toutes les chaînes. » Il a entendu leur conversation. Indiscrétion. Il a admit qu’il l’aimait. « Le seul intérêt de nos grandes familles de sorciers auxquelles tu n’appartiens pas, c’est la préservation de nos magies ancestrales. Tu as échoué et elles ont perdu la Chimère. Tu as échoué et nous aurons la mère et l’enfant. » Sa voix avait un rythme chantant, envoûtant… Rôdeur est un asservis qui connaît bien les ficelles de la vieille magie. Il en use comme un artiste.

Une chance que la majorité des gens dorment . Sinon il y aurait eu beaucoup de blessés. Déjà que une chance que la majorité des gens ne dormaient pas dans le coin,mais des boutiques, il restera pas grand chose.

Et pourtant, c'est un duel des plus singulier qui se déroule. Deux anciennes, deux antiques magies qui s'affrontent. Ce n'est pas un combat où il y a des étincelles et des flammes, mais c'est à coup de trucs indéfinissables, plus sournois. Le combat se déroule sans un cri, sans un bruit, comme dans une bulle impassibilisée. Les gens se demanderont longtemps ce qui s'est passé.

Une seule personne sera capable de consigner avec justesse le souvenir dans une pierre témoin. Léandre Daee. C'est une de ces situations où la réalité est 1000 fois plus folle que la fiction.

Malgré son état, malgré sa douleur (qui fait qu'il ne l'a pas attaqué physiquement) Rôdeur peut apprécier, et s'inquiéter, de la maitrise de la Magie du sang. De la maitrise de Hale sur ce qui est accordé à son coeur. Et que même s'ile st en train de crever sur pied, il livre un combat féroce, impitoyable. Muelle aurait pu le jurer. Halewyn ne se bat comme cela que pour les siens. Est ce alors si étonnant qu'il crève pour protéger Léandre?

Rôdeur peut remercier le ciel que l'assassin ait un mangecoeur en lui. La bestiole fait un bond impressionnant dans sa poitrine, écrasant les ventricules au passage. Avec un grondement sauvage, Halewyn hoquète soudain. Du sang perle de sa bouche, effet de son sortilège inachevé. Avec une grâce digne seulement des plus grand assassin, il tombe au sol dans un froissement de cuir rouge, essayant jusqu'à la dernière seconde de tuer ce connard.

Mais sa vision s'obscurcit et ne devient qu'un noir total. Un noir total encadré du rouge de son coeur qui est en train d'exploser. Du fond de son inconscience, tétanisé par la douleur, l'assassin serre la mâchoire à s'en péter les molaires.

Meurtrière choit aux pieds de Léandre, la lame étincelante de l'éclat de l'hémoglobine de l'assassin.

Le mangecoeur se nourrit du désespoir d’Halewyn avec avidité. Toutes ces années, malgré les pertes que l’assassin avait enduré, la croissance de la fée avait été mise en échec par la présence constante de Léandre à ses côtés : Un cœur jeune, chaud et confiant qui bat, opiniâtre, et fait palpiter la flamme de la vie. Parce que l’espoir persistait. Bonfire of trust.

Mais la fée achève sa funeste mutation. Bientôt ses couleurs auront acquis leurs nuances, bientôt elle sera prête à prendre son essor.



Machinalement, Léandre ramassa la lame. Le sang tâcha ses doigts caramels alors que sa main se refermait sur meurtrière. Halewyn lui avait appris de nombreuses choses pendant 5ans… Tenir une lame et s’en servir. Il lui avait montré quoi faire et elle s’était pliée aux leçons mais au fond d’elle-même, elle n’avait jamais pu l’accepter.

Meurtrière pesait lourdement dans sa main…

Halewyn et les phœnix étaient là pour la protéger. Le cas de conscience n’aurait jamais du se présenter.

:rodeur:

Rôdeur ne lui en refusa pas le droit de défendre sa vie. Elle n’était plus d’âge à être emportée comme Hurleur l’avait fait jadis. En outre, on n’utilise pas le rapport de force sur ceux que l’on souhaite établir comme des alliés. Légiliment, il effleura son esprit et y lu le chaos.

- Tu n’as pas besoin de ça, je ne te veux aucun mal… fit l’asservi d’une voix douce, apaisante.
- Il aurait voulu que je vous tue…
- En es-tu capable?
- Je ne sais pas…
- Le souhaites-tu?
- Je ne sais pas…

Rôdeur lu le dilemme et la peur ravager son esprit.



Léandre baissa les yeux sur le corps inerte d’Halewyn, tombé entre eux. Elle souffrait, son innocence mise à mal. Parce qu’il n’y a que les méchants qui tue des gens. Rôdeur était un membre de sa famille. Halewyn disait que tout était toujours une question de sang. Rôdeur était du même sang qu’elle et il venait de s’en prendre à un homme qu’elle aimait bien qu’il ne partageait pas son sang. Et elle hésitait à le défendre? Elle hésitait à se défendre elle-même?

Hemingway disait qu’on apprend la fourberie par l’exemple. Sa mère était la peur incarnée. Son tuteur un assassin. Son oncle? Dieu seul sait ce qu’il était vraiment… Et si c’était eux les méchants?

:rodeur:

- Je comprend ton trouble. N’ai pas peur de le trahir, tu ne lui dois rien… C’est un assassin payé par ta mère pour te protéger. Rien de plus qu’un assassin.
- C’est faux! Il m’aime! Il m’a chanté des chansons, il m’a tenu dans ses bras… argua-t-elle avec ferveur.
- Tu crois qu’un tel homme est capable d’aimer? Et tu l’aimes en retour? Questionna Rôdeur d’un ton qui sous-entendait clairement sa naïveté. Elle y croit mais je la ferai douter, pensa-t-il, rendu confiant après avoir terrassé l’esprit de son protecteur. « Même ses enfants te l’ont abandonné. C’est une épave malade dont j’ai facilement eu raison. Il est rongé de vieille magie…[/color]



Léandre porta vivement la main à son cou, serrant la médaille entre ses doigts. Il avait dit qu’il ne la laisserait pas toute seule. La mort n’existe pas par elle-même. C’est elle qui fait que les 4 existent, mais elle n’existe pas sans eux.

Seule, isolée, abandonnée.

:rodeur:

- Allons, je suis magnanime, je te propose un compromis : je le laisserai pour mort si tu viens avec moi sans faire d’histoire, ainsi il vivra. Et d’un geste ample, il tendit son bras vers elle, comme s’il l’invitait à venir s’y blottir.




Léandre sens deux morts distinctes présentes, dont l’une est la sienne…

- Sil ne meurt pas, il reviendra pour moi… averti-t-elle en enjambant le corps pour se rapprocher.
- C’est peu probable qu’il revienne. Même alors il devra combattre et tuer un nombre considérable des nôtres pour récupérer ses droits sur toi. Parce que nous t’aimerons… Tous réuni. Coeurd’acier a perdu l’avantage.
- Et si je vous tue maintenant? J’épargnerai bon nombre des vôtres… j'épargnerai ma famille, mon sang.

:rodeur:

Elle sait compter et elle compte comme Samuelle réalisa-t-il. Elle est vive, mais elle n’a pas la volonté des assassins. Trop frêle malgré sa taille… La force de sa mère lui fait cruellement défaut.

- Qu’est-ce qui te fait croire que tu peux réussir? Je viens de tuer ton protecteur : Un puissant sorcier.

Elle connait sa faiblesse et elle ne se croit pas capable de tuer. Elle sait qu’elle est différente d’eux.



Les mots de son oncle lui revinrent à l’esprit. Ceux qu’elle avait cité à Halewyn un instant plus tôt.

Le sang d’Halewyn tâchait sa main. Il y avait sa mort à elle. Sa mort au bout de ses doigts. Et il y avait la mort de cet homme, devina-t-elle.

- Parce que l’amour est une faiblesse, une reddition qui demande du courage et apporte la puissance.

:rodeur:

Scrutant son esprit, le geste de Léandre lui échappa. Rôdeur comprit le sens de sa phrase une seconde trop tard. Meurtrière lui sectionna la jugulaire et la trachée. Son sang gargouillait entre ses doigts, alors qu’il s’étouffait avec celui-ci. Le monde se teinta de rouge et il perdit conscience.

L’âme de Rôdeur s’éleva bientôt de la dépouille. Désorientée, elle flotta un bon moment sur place jusqu’à ce que Léandre en saisisse l’étincelle et l’empoche.

Léandre s'effondra, mortellement touchée...

Il avait promit à Samuelle qu'il serait là, à la fin. Il s'était promis à lui-même qu'il ne lai laisserait pas mourir toute seule. Il sait comment il doit mourir, mais durant toutes ces années, la crainte de passer tout droit, de ne pas l'entendre, de ne pas la sentir lui fait peur. Mais en y repensant, plus tard, il se dit qu'il n'aurait pas pu l'ignorer.

Il est arrivé juste à temps. Peut-être même un peu avant. Juste à temps pour voir le geste meurtrier de Léandre. Juste à temps pour voir l'autre s'écrouler, projetant une pluie de gouttelettes vermeil.

Morayeel a choisit ce qu'il a voulu être. Et il est ce qu'il veut être. Il s'approche. Lentement. Il a le temps. Encore un peu de temps. Il ne dit pas un mot. Il n'y a rien à dire. Rien pour l'instant.

- C'est comme ça que tu dois mourir, Léandre, dit-il, doucement, sans tout de même être rassurant. Il s'assoit près d'elle et la tire vers lui, délicatement. Il l'enserre dans ses bras, protecteur. Sa main ganté de blanc... ou de noir, difficile à dire, lui caresse délicatement la joue. Ne te perds pas, Léandre. Je suis tout près, chuchote-t-il, à sa seule intention.

Meurtrière, en tant que tel, pourrait être considérée comme une entitée distincte. La lame a tellement tué et retué qu'elle en garde une soif de sang permanente. Sur la lame noire et droite, toute simple, le sang d'Halewyn semble bouillonner, avoir une vie propre.

Venger son maître... La poignée de l'arme est étrangement chaude dans les mains de Léandre. Un bruit de fond, un chant ténu se fait entendre aux oreilles de Léandre. Un sortilège puissant se met en branle, dernière volonté d'une âme agonisante, le coeur rongé par une saloperie. Le corp agonisant , mais la volonté intacte. Ils vont lui faire la peau à cet enfoiré. Elle et Elle, la lame et la gamine.

Tout au long de la tirade de Rôdeur, Léandre a pu sentir ses perceptions s'affiner, écouter les deux coeurs battre, celui, calme et fort de Rôdeur, celui désordonné et douloureux de l'assassin. Ce n'est que des sensations qui se noient dans la masse de son dilemme. Elle a le choix. Elle a toujours eu le choix. Il ne l'a jamais attaché quoi que quiquonque en dise.

Le sang d’Halewyn tache sa main. Lui apportant un murmure, un étrange réconfort, lui entrant par les pores de la peau, se mêlant au sien. Ne t'inquiète pas, semble t'il lui dire, une mort en vaut une autre et tu es capable de te défendre. Je te l'ai montré.

- Parce que l’amour est une faiblesse, une reddition qui demande du courage et apporte la puissance.

Le sang de Rôdeur coule à flot, aspergant le dallage, la figure de la petite Daee. L'immergeant, malgré elle dans la magie du sang de Hale, en ayant un peu, une infime part du sang de l'assassin dans son corp, elle devient momentanément mage du sang. Avec la puissance des réserves de Sang d'Halewyn. Personne n'est prêt à ca. On ne devient pas mage du sang, on le naît. Encore là, si elle avait laissé ca comme ca, Léandre aurait survécu.

Ce qui finit de sceller son destin, c'est lorsqu'elle ramasse son premier Sang, l'Essence de Rôdeur. Si elle empoche son âme, le sang du Daee court subitement dans ses veines.

C'est un déchainement. La puissance de la magie d'Halewyn s'éveille soudain, embrase ses veines. Ce n'est pas désagréable au premier abord. Léandre peut avoir une conscience aigüe des sons, du bruissement lorsque le Daee tombe au sol, des grincements de douleur des dents d'Halewyn. Elle peut entendre le Choeur des gens qu'Halewyn a tué. Il y en a plusieurs centaines, si ce n'est pas un millier. Un chant parfait, même avec la petite note discordante en son sein. Survolant les chanteurs, elle peut y voir une masse de cheveux plumeux, des yeux dorés comme le soleil. Sa mère.

Ca doit expliquer bien des choses...

Le Chant l'emplit totalement, ouvrant ses perceptions. Ils doivent tuer. Ils sont nés pour ca. Par vie tombée, il peut y en avoir des centaines de sauvées. Un Equilibre pervers qu'ils doivent maintenir en faisant le sale boulot dont personne ne veut.

Levant les yeux, elle voit défiler Milles Morts. Les morts que Halewyn a perpétré. De son premier (un enfant qui lui a piqué un bonbon, il avait 5 ans) au dernier Daee. S'impriment dans le cortex cérébral de la métisse en une fraction de sonde. Des horreurs, il en a commis. Le Sang ne s'en cache pas. Le Sang ne trahis pas. Etendant ses perceptions, elle peut aller toucher les enfants, Lawrence et Aurèle, Paul, César, Muelle, Elle peut aussi toucher Elthiriel, Halewyn, les 7, Nigel, Xoramen. Les possibilités sont infinies et effrayantes. Elle peut leur parler si elle veut, s'insinuer dans leur esprit. Elle peut tuer par leur biais, les utiliser comme elle en a envie.

La jeune femme a aussi une compréhension maintenant complète des sortilèges que Hale emploie ordinairement. Des plus puissants au plus anodin. Comprend pourquoi il n'utilise sa magie que peu. Sa force est sa faiblesse. La magie du sang est puissante, archi-puissante. S'en est quasiment contre nature. Doit elle s'étonner qu'il n'y en ait que deux? Ce sont des concepts abstraits pour quiconque ne sait pas. Mais, pendant cette fraction d'éternité, elle sait. Le sang lie tout les êtres vivants.

Morayeel...

Morayeel?

C'est comme ça que tu dois mourir, Léandre dit-il, doucement, sans tout de même être rassurant. Il s'assoit près d'elle et la tire vers lui, délicatement. Il l'enserre dans ses bras, protecteur. Sa main ganté de blanc... ou de noir, difficile à dire, lui caresse délicatement la joue. Ne te perds pas, Léandre. Je suis tout près

C'est alors qu'elle comprend pourquoi Les mages du Sang ne tuent pas leur famille. C'est alors qu'elle subit les foudres du Sang. La chaleur du pouvoir se transforme en venin. Un venin qui se change en acide, lui ronge tout le corp de l'intérieur.

Paul a une douleur fugace a son vieux coeur.
Les jumeaux se réveillent en hurlant à mort, terrifiés
César a la même douleur que Paul.
Muelle peut sentir une flambée de violence monter en elle, puis une détresse inexplicable.
Les 7 Se réveillent, subissant les affres d'Halewyn/Léandre La double douleur les cloue au lit
Le bébé de Lame et Cavalcade hurle à fendre l'âme.
Halewyn en a déjà bien assez à gérer niveau douleur personnelle.
Xoramen peut sentir un frisson à la surface du miroir. La scarification à son cou se met à saigner abondamment.
Elthiriel se sent subitement déstabilisée, emmenée hors de son corp. Se retrouve en Léandre. D'abord étonnée, elle sent la Daee se servir d'elle involontairement comme une sangsue use d'un hôte. Sur une ultime malédiction, La Phoenix coupe le contact.
Morayeel se sent virtuellement mourir avec sa douce et son père.

Le sang remonte par sa gorge, le sang de Rôdeur qu'elle a assimilé. Elle est en train de se noyer dedans, en vomissant une bonne partie sur les vêtements de Morayeel. Rongé par le pouvoir courroucé, indompté, le pêtit coeur tendre arrête de battre, elle s'affale comme un tas de chiffons dans les bras de Morayeel.

Il se félicite d'avoir choisit la nécromancie. Chaque fois qu'on tire un mort de... l'autre côté, c'est mourir un peu. Il connaît la sensation. Il ne s'inquiète donc pas pour lui. Ni pour Halewyn, d'ailleurs. C'est pas comme ça qu'il doit mourir. Morayeel a une confiance aveugle en ses certitudes. De toute façon, il ne peut pas s'occuper des deux. C'est son père, mais le choix de Morayeel est déjà fait.

Aussitôt que Léandre lui bave un flot de sang, il la change de position, pour qu'au moins, elle ne s'étouffe pas. Il la sent devenir plus lourde dans ses bras. C'est fou ce qu'elle a grandit...

Morayeel sait comment tout le monde doit mourir, il le sait au moindre contact. Malheureusement, pour que ça ne se produise pas, il doit tout inventer à mesure. Morayeel n'est pas un Mage du Sang. C'est un Mage de la Mort... hum... un apprenti Mage de la Mort. Il est loin d'en connaître toutes les ficelles. Il n'a que 20 ans...

Il ne peut pas la laisser mourir... il avait promit qu'il serait là quand elle allait mourir. Mais étrangement, il n'avait jamais cru qu'elle allait mourir vraiment. Probablement une lacune dans sa manière de voir les choses.

Ce qui lui confirme que Léandre ne doit pas mourir, c'est lorsque les spectres, qui le suivent sans cesse, les chimériens, s'agglutinent autour de Léandre et se font absorber. Il les sent disparaître. Ils la suivent. Elle ne doit pas mourir.

Morayeel a le choix. C'est l'éducation qu'il a eu. Tout le monde a le choix. Aux autres de contrer les choix des autres. Que quelqu'un vienne contrer celui qu'il vient de faire. Il met l'humanité entière, morte ou vivante, à témoins.





Il est à New-York... dans son cercueil... parce que ça le fait marrer. Il ne dort pas. Les morts ne dorment pas. Et encore moins une liches. L'inquisition a encore balancé quelques bombes incendiaires dans la ville. Il doit se régénérer.

New-York est morte. Avant, elle était vivante, maintenant, il n'y a que des morts. Et les témoins savent à quel point les morts sont nombreux. Ils n'ont besoin de rien. Sauf de rester mort et ici. Et tout va bien de ce côté.

Ou presque. Non, quelque chose cloche. Il se lève. son bras déchiqueté pend mollement. C'est vraiment génial de ne pas sentir la douleur. On se rend compte qu'il nous manque un bras quand on se rend compte qu'on ne peut plus s'en servir. Mwahaharf !

Mais c'est pas le moment de rire... il a un mauvais pressentiment. Une sensation d'instabilité. Il parcourt les couloirs sinueux des catacombes, sans se fatiguer. Il n'est jamais fatigué. Il rencontrer Byron.

- Je te cherchais, Byron.
- La Reine Noire nous quitte... nous qui voulions la suivre.
- Ah, alors c'est ça... ils la suivent ?
- L'Appel de la Mort est puissant... irrésistible... je le sens dans toutes les fibres mortes de mon corps.
- J'ai pas envie d'y retourner... je viens d'arriver.
- La Reine Noire n'y va pas de son pleine gré...
- Je sais qui Elle est. Je sais aussi comment la trouver. Mais je ne peux pas sortir d'ici.
- Tu peux. Morayeel te donnera tes propres limites.

Le perroquet décharné grince un ricanement et agite ses moignons parsemés de plumes dans un état lamentables. Contre toute attente, il vole.




Morayeel les sent s'approcher. Les morts du coin sont attirés par Léandre. Des fantômes, pour la plupart... un zombie approche pourtant. L'air hagard, il doit être mort depuis longtemps...

Les tentatives pour tirer Léandre de là sont lamentable. Belen s'est matérialisée, mais ses souvenirs de guérisseuse sont vagues. Morayeel se dit, avec de plus en plus de certitudes qu'il devra traverser s'il veut la ramener.

- Alors c'est elle la mort ?
- Qu'est-ce que tu fous ici, River ?
- Je suis mort. La Mort m'attire, que crois-tu ?
- Comment tu l'as retrouvé ?
- C'est toi que j'ai cherché.
- Comment tu pouvais savoir que je serais là ?
- Moi. J'ai le droit de sortir maintenant.
- Elle ne doit pas mourir. Sinon nous allons tous y retourner.
- Et un nécromancien avec aucun mort à ramener, c'est moche.
- C'est pas pour ça que je veux la garder ici.
- Vous avez tuer Halewyn ?
- Il était comme ça quand j'suis arriver. River... c'est pas comme ça qu'il meurt.
- Dommage, dit River en reposant son pied sur le sol. Il aurait bien aimé lui écrabouiller le crâne. Il ricane. Et il sort son énorme couteau de chasse. Alors gardons cette gamine avec nous.

River s'agenouille près de Léandre et Morayeel et entreprend de graver un cercle autour d'eux dans le sol. La Mort restera chez les vivants... avec les morts... vivants...