Domaine Rocstone, Alltsigh, Écosse

Ils sont interrompus dans leur discussion par Lareless... La mère de son meilleur pote s'interpose et les fait taire... mais c'est très temporaire. Une fois dans la cuisine, ils sont à nouveau seuls, enfin... Avec Judith et Walter... Mais ce n'était certainement pas eux qui allaient les empêcher de continuer où ils en étaient... Gus avait disparu... C'était plutôt inquiétant en soi... Mais pour l'instant, c'était d'la folie de vouloir sortir du Domaine. Ils étaient en sécurité maintenant... Il n'était ni d'accord avec Léandre, ni avec Solean. Edith, lui-même et Morayeel, ainsi que les adultes de l'endroit, ne la retenaient que pour son bien...

- Il lui a pas vraiment demandé son avis non plus. Il a encore transplanné sans qu'on y puisse quoique ce soit . Et on a même pas pu y aller ! J'aime pas quand il se tire avec Léandre sans nous ! On est Nous ! Pas question qu'il mette Léandre en danger toute seule !

Saturnin, toujours assis près de sa compagne se contente de dévisager Solean d'un regard noir. Comment peut-il même avoir du respect pour le gars qui passe son temps à leur arracher Léandre ? Il a ses bons côtés comme le disent tous les autres, mais il a bien plus de mauvais côtés que de bons...

- Si t'as peur, Solean, t'as qu'à ne pas venir, mais je VEUX ET J'EXIGE D'AVOIR LE CHOIX DE ME FOUTRE DANS LA MERDE AVEC LÉANDRE SI J'EN AI ENVIE !!

...Chaque fois qu'Halewyn leur avait arraché la Mort, Saturnin avait pensé exactement ça... S'il avait envie de se foutre dans les embrouilles avec elle, c'était son choix à lui, personne n'avait à redire ou à décider ça pour eux. Ils étaient quatre... Ils devaient être quatre. C'est Chausiku qui lui avait dit... Et il s'en souvenait parfaitement.

- Maman et papa ont donné la permission pour ce show là ! Et pis maman dirait qu'on a bien fait d'aider Morayeel à foutre une raclée à Xoramen. Et à TA place, Lareless, je serais du même avis que maman !

Le jeune homme aux côtés d'Edith reste étrangement silencieux, probablement par frustration ou plutôt parce que la charmante blonde lui enlève carrément les mots de la bouche. Glissant sa chaise plus près de celle d'Edith, Saturnin lève les yeux vers Morayeel qui se redresse, visiblement prêt à partir. La Guerre enserre discrètement la taille de sa belle mais garde ses yeux encore sombres des évènements de cette nuit fixés sur la Malédiction... Il retourne aux États-Unis ? Saturnin se renfrogne... Il ne sait pas par où commencer les questions. Morayeel ne doit pas partir sans leur avoir répondu...

- Tu vas pas partir comme ça, si ?

Demande t-il, visiblement concerné par son départ si soudain alors qu'il y a des explications à fournir...

Elle plisse les yeux e défie Solean du regard.

- J'avais accepté, puisque j'ai suivi. Et pis si faut supplier de se mettre dans la merde pour rester avec Léandre, tu ne t'es pas manifesté fort fort. Ouais, c'est ça. Bel esprit d'équipe. Demander ! Pleutre !
- Edith !

Elle se renfrogne et ignora la suite de Solean. Elle poussa même l'audace à détourner le regard. Elle avait le droit de dire ce qu'elle pense. Elle avait même le droit de le dire quand elle le voulait.

- Tu vas pas partir comme ça, si ?
- OH NON, PAS QUESTION!

Il s'attendait peut-être que Léandre tente de le retenir. Mais il ne s'attendait pas à ce que Saturnin lui reproche de vouloir partir. Il eut un bref regard vers Saturnin, une sorte de stupéfaction reconnaissante. Rapidement, il se retrouve assis sur la chaise de Léandre et elle le retient même, l'écrasant sur sa chaise. Elle n'aurait pas été obligée d'aller jusque là. Il se tire en vitesse avec elle, pas sans elle.

- T’AS MÊME PAS IDÉE À QUEL POINT TU M’AS MISE DANS LA MERDE, ALORS MAINTENANT TU VAS RESTER ICI, AVEC MOI, ET TU VAS FAIRE FACE! JE T’INTERDIS DE ME LAISSER TOUTE SEULE ENCORE UNE FOIS!

Plus grand chose autour de Léandre n'existait vraiment. Une vague certitude qu'ils ne sont pas seuls. Morayeel avait beau dégager une aura beaucoup trop magique, c'était pourtant Léandre qui dominait la situation. Et il n'en n'était pas le moindrement du monde troublé.

- WALTER, DITES-LUI QU’IL PEUT RESTER, JE LE VEUX.

On avait informé Walter de certaines choses. C'est pour cette raison qu'il était prêt à outrepasser et minimiser certaines des actions posées. Et puis, il sentait que quelque chose de grandiose se passait. Même les phénomènes destructeurs ont quelque chose de grandiose. Et puis Judith eut un sourire entendu. Les fées ne craignaient que la fin du monde.

- Il peut rester.

Et Walter céda toute la place à Léandre.

- IL FAUT QUE TU ME DISES CE QUI S’EST PASSÉ. LA DERNIÈRE DES SORENZES EST MORTE, MAIS XORAMEN VIVAIT… ET PUIS ON A EUT L’IMPRESSION QUE T’AVAIS ÉTÉ DÉCHIRÉ EN DEUX? ET CETTE PLUIE, QU’EST-CE QUE C’ÉTAIT?

Il n'en savait franchement trop rien. Il avait certaines hypothèses, mais il n'avait pas de réponses à tout. Il ne dit pas un mot, laissant Léandre poursuivre. Ce qui lui donnait un temps pour y réfléchir.

- WALTER, MON COUSIN, GUS, A DEVINÉ QUE MORAYEEL ET XORAMEN S’AFFRONTAIENT CE SOIR… IL A ESSAYÉ DE ME DISSUADER DE SUIVRE HALEWYN LÀ BAS, ALLÉGUANT QUE ÇA NUIRAIT À MA RÉPUTATION…

Ah, ça, par contre, il en savait la réponse.

- J’AI PEUR…
- T'a pas de raison Léandre. Nous sommes là, nous!

Morayeel ne se retourna pas vers Solean. Mais il le contredit en parti.

- Bien sûr que nous sommes-là. Oh que oui, qu'il s'incluait dans le Nous de Solean. Il ne la laisserait plus toute seule. Du moins plus toute seule sans lui. Mais ça ne signifie pas qu'elle n'a pas de raisons d'avoir peur, précise-t-il d'un ton neutre.Nous aurons tous peur, mais nous ne serons pas seuls. Il secoue la tête. Peu importe que tu ait été présente là-bas ce soir, aussitôt que ça se saura que j'ai gagné, ta réputation en prendra un coup. Il a une brève hésitation. Je suis le p'tit gars vivant de Manhattan et je n'ai pas l'intention de te laisser tomber, Léandre.

Pas la peine que tout le monde sache que ce sera l'Apocalypse. Ils le sauront bien assez tôt. Il poursuit donc sur les questions posées précédemment par Léandre, pour éviter qu'on pose des questions.

- Xoramen est venue me chercher. Visiblement, elle n'a pas eu la patience d'attendre et nous tuer tous les deux. Ne vient-il pas de dire qu'il attendait de mourir ? Ça y ressemble, non ? Elle a du profiter du moment ou vous n'étiez pas ici pour passer à l'action. Je crois savoir comment elle est entrée ici. Elle a utilisé Harkaitz. Elle faisait la même chose avec Nigel, ça n'a donc rien de surprenant. Et puis monsieur Rocstone nous a éjecté du Domaine. C'était la seule chose à faire, dit-il d'un ton qui marque qu'il savait très bien à quoi s'en tenir. Ensuite le reste est un peu flou, comme si ça c,était passé tout le temps au ralenti, mais tellement lentement, que ça été trop long pour que je me souvienne. Un peu vague. On s'est tapé dessus, on a tenté de se tuer mutuellement. Elle a bien failli y arriver. Mais je ne sais pas trop ce qui s'est passé elle s'est... intéressé à autre chose. Je n'ai pas vraiment saisit le pourquoi. Il fixe Léandre, sans ciller. Quand elle t'as saisit, je ne croyais pas avoir la force de me relever. Mais je me suis dit que c'était oeil pour oeil, dent pour dent. Et J'ai vu Halewyn. Et je l'ai tué. Et je ne sais pas ce qui s'est passé. Il semble qu'elle ait choisit de tout sacrifier pour Halewyn. Et une Sorrenze ne se sacrifie jamais. Je ne pensais pas qu'elle le ferait pour Halewyn. Pour Elthiriel, j'aurais compris... elle avait mis sa vie sur celle d'Elthiriel... mais sur Halewyn, j'ai du mal à le croire.

Il hoche la tête avant de poursuivre.

- La pluie, c'était une manière comme une autre de transmettre les pouvoirs.

Rien de plus, rien de moins. Il hausse les épaules. Oui, il sait qu'il y a eu une déchirure. Mais il ne sait pas encore qu'est-ce que c'est exactement.

- Je crois bien que j'y ai laissé quelque chose. J'ai perdu quelque chose, mais je ne sais pas encore ce que c'est. Par contre, je sais ce que j'y ai gagné. Enfin, en partie.

Il se tait et demeure pensif quelques secondes, avant de reprendre.

- Je savais que la Sorrenze était morte, j'ai tous ses pouvoirs... mais je ne savais pas que Xoramen avait survécut... c'est vrai ?

Il est tard, peut-être 1 ou 2 heure du matin. En fait, il est peut-être tôt. Tout dépend si on a dormi ou non. Dans le cas de Morayeel, la négation est probablement la bonne réponse. C'est difficile de dormir quand on sent le poids de la fin du monde sur nos épaules. Surtout quand on sait qu'on doit le faire, parce que ne pas le faire serait bien pire.

Il descend l'escalier sans bruit. Pas parce qu'il craint faire du bruit, mais sans en faire plus que nécessaire. Il a envie d'un thé. Il s'est réfugié au Domaine depuis à peine trois semaines qu'il sait que peu importe l'heure où il pénètre dans la cuisine, Berthe est là. Il doute parfois de son humanité. Mais en même temps, elle ne fait jamais rien de trop. Il n'a jamais vraiment jamais réussit à cerner ce qu'elle est. D'un autre côté, elle n'a peut-être rien d'autre qu'une bonne oreille pour détecter ceux qui osent pénétrer dans sa cuisine la nuit.

Et en descendant le grand escalier, il sait que Berthe sera déjà dans la cuisine et que son thé sera prêt. C'est quand même surprenant de la savoir si attentive... s'est presque même terrifiant.

Ce qui est chiant avec les visions, c'est qu'il n'y a pas de narrations à savoir si ce qui se passe est présent, passé, ou futur. Du moins, il croit d'abord à un vision. Mais les visions sont habituellement bien définissable. Ça, ça lui semble vicieux, pervers. Et puis lors d'une vision, les déplacements sont psychique... pas physique. Il est maintenant pourtant bel et bien devant l'étendue grise du Domaine, émeraude le jour. Et il pleut, il fait froid. Il remarque aussi les arbustes piétinés, ou du moins vachement secoués. Mais les émotions vives ne lui appartiennent plus. Il recule jusqu'à l'intérieur du manoir et referme la porte.

Bon sang, c'était quoi ça ? Et c'était qui elle ? Il ne la connaît pas. Mais il se doute de son origine. Qu'est-ce que ça veut dire ? Ce sont des menaces ? Ça lui en a tout l'air. Une menace dans le genre qu'ils l'ont vu ou qu'ils savent quelque chose. Mais qui et sur qui et quoi ?

Au-dessus d'une tasse de thé, il réfléchira mieux.

Il est au Domaine Rocstone. On ne se méfie jamais assez au domaine Rocstone. Le Domaine est imprenable, non ? Et il y a toujours des choses étranges, anormale. Le Domaine en lui-même est anormal. Il a toujours eu cette sensation d'être épié. Mais depuis toujours. Morayeel se sent épié depuis qu'il est tout petit. Mais il ne sait pas par quoi.

Pourtant, en ce moment, quelque chose l'agace. Il ne sait pas quoi, mais quelque chose le dérange. C'est peut-être l'absence de Berthe... elle est toujours là d'habitude.

- Berthe ?

À tout hasard. Elle dort peut-être profondément. Pas de réponse. Elle n'est peut-être pas là. Il se prépare donc lui-même un thé. C'est un sorcier après tout. Ce n'est pas très long. Tranquillement, il remonte vers sa chambre. Il a une fichue impression de déjà ressenti. Il se fige dans le bas de l'escalier. En fait, non, ce n'est pas la même chose, mais c'est le même genre de malaise que lorsque Xoramen a rôdé dans la manoir. Ce n'est pas lui qui ressent ce malaise. C'est le manoir. Tranquillement, sans se presser, mais silencieusement et assurément, il parcours sommairement le rez-de-chaussé. Il fait disparaître les portes, pour ne pas faire de bruit. Il inspecte.

Rien qui ne mérite une attention particulière au rez-de-chaussé. Il grimpe donc à l'étage et s'étonne de ne rien entendre. Mais vraiment rien entendre. Il hallucine peut-être tout ça, mais il commence à réellement ressentir un inconfort malsain. Et puis, spwiift ! Son pied glisse dans une flaque d'eau. Il se rattrape tant bien que mal. Bon sang, sous la fenêtre. Il a bien failli se péter la gueule. Il l'a échappé de justesse.

C'était un mauvais rêve tellement réel. Le même effet. L'impression d'incompréhension de ce qui se déroule tellement tout ça semble irréel. Mais bon, la meilleure chose à faire quand on rêve est de continuer d'avancer. L'immobilité risque d'être nettement plus angoissante. Surtout quand il fait noir. La magie était omniprésente et pas le genre de magie joyeuse et bénéfique.

Il se retrouva soudainement ailleurs. Méfiant, craintif, il l'était, mais Morayeel avait si souvent eu des rêves, des cauchemars, des visions qu'il arrivait à relativement contrôler sa terreur. C'était nécessairement un rêve, parce qu'on ne passe pas d'un endroit à un autre comme ça. Bon, il était certes sorcier, mais ça ne se passait pas comme ça les déplacements sorciers. C'était une plaine. Dévastée, pleines de vieux cadavres aux os blanchit. Il se dit que ce genre de paysage aurait plut à son père. Et à sa mère.

Et au centre de cette plaine, il vit quelque chose qui le fit tressaillir. Non, pas dans la glace. Il a toujours été de glace. Il a toujours été glacial. Il a toujours été la glace.

Non.

Rêve ou pas, il obligea son corps à se mettre en mouvement, mais brusquement, tout disparut autour de lui et il se prit les pieds, probablement dans ses propres pieds et il s'étala dans le couloir. La douleur le saisit et malgré qu'il se sente toujours dans son rêve, dans son cauchemars, il n'eut qu'une pensée.

Léandre.

Chancelant, forçant son corps à avancer, il marcha vers la chambre de Léandre et ouvrit la porte à la volée et mis un pied dans la chambre. Le lit de Léandre était défait et il s'y rua. Enfin, c'était son idée de la faire, mais à mi-chemin, il se senti s'enfoncer dans... dans le tapis de la chambre de Léandre. il cala jusqu'aux chevilles en un seul pas. Son premier réflexe fut de tenter de se déprendre, mais il eut la lucidité d'au moins cesser de bouger les jambes. Il n'arriverait à rien.

Il se sentit soudainement plus réveillé. Mais maintenant, c'était un peu trop tard.