Le repaire de Garland

Faut toujours tout expliquer avec Cesar. Il est comme ça. Faut justifier, surtout quand on parle de faire quelque chose à sa place.

- Oh ce ne sera pas la première nuit blanche que Léandre me fait passer… Elle ou sa mère…

Il ne réponds pas mais pense à ces nuits où il n'a pas dormi ou pleuré parce qu'elles lui manquaient horriblement. Lui aussi a passé des longues nuits sans sommeil par leur faute. Il aurait tant aimé une vie de famille ...Une vraie.

- Ce sont les petits enfants d’un Djinn, ne l’oubliez pas César. Leur vie brûle et se consume comme une flamme… Ils sont ardents. Ça s’est mal passé cette fois mais ça ne veut pas dire que ce sera toujours ainsi. Léandre est d’un commerce beaucoup plus facile que sa mère.
- ...J'en suis pas aussi sûr que toi.

...À force de vivre avec les aller-retours de Samuelle, il en était venu à trouver ses imprévisibilités prévisibles... Suffisait de faire en conséquences de tout ce qui pouvait se passer. De se préparer à toute éventualité ou de penser à ce qui pouvait arriver de plus probable puis s'imaginer le contraire. Ce contraire étant ce que Samuelle fait le plus souvent. Le contraire de ce qu'on s'imagine. Ou exactement ce qu'on croit. Bref, il connaissait assez bien sa Muelle, contrairement à Léandre... Léandre était maintenant plus imprévisible que sa mère selon lui...

- C’est votre fille et Halewyn n’y changera jamais rien. Elle reviendra toujours vers vous. Ce qu’elle partage avec lui, avec vous, ou avec moi, n’a rien en commun.
- ...Elle ne partage rien encore avec moi...
- Vous le réalisez bien n’est-ce pas ? Vous ne serez jamais pour elle ce que vous serez pour eux…
- Je sais. C'est ce qui m'a refroidi quand je l'ai serrée dans mes bras tout à l'heure... De savoir que je ne serai jamais grand chose pour elle que celui qui lui a demandé c'que sa nounou fiche de ses journées.

Il lève les yeux au plafond, bafouillant un "Non mais quel imbécile je fais..." tandis que les bols sont posés devant eux, Aurèle s'exclamant en parfaite synchronisation avec son frère, couvrant l'auto-insulte de leur père. Lawrence écrase joyeusement les bleuets dans son bol, colorant le gruau d'une jolie teinte mauve avec sa cuillère, créant un tourbillon beige et mauve bleuté dans le contenant, il sourit, tout fier de son oeuvre, il lève la tête vers Cesar.

- Look papa ! I did art !
- Ouah, ben dis donc toi, tu nous fera de jolies choses avec de la peinture ! S'exclame t-il, se forçant à sortir de son état de détresse. Les mots sont bien placés, les images ont cessé de se confondre et de se mélanger. Ça va mieux... Il ne va pas beaucoup mieux, mais assez pour avoir fait passer la psychose qui se préparait.
- I want peinture ! Hein 'Rel ? You want to peinture toi too ?

Paul et les enfants se partageaient deux chaises… Parce qu’Aurèle ne quittait guère son frère… Même pour quelques cm.

- It’s a très special essence… fit le vieil homme d’une voix douce. She’s faite for s’accorder to little hands!

Paul leur sourit de ce sourire bienveillant qu’il avait toujours pour eux mais ses yeux sont exceptionnellement attentifs. La magie est forte chez les Daee. Samuelle était une sorcière particulièrement puissante. Les premières manifestations de la magie s’étaient faites dès 3ans… Mais il y avait les circonstances de leur naissance. Ça et leur père. César était malade. Malade mais la magie ne l’avait pas négligé pour autant et ce même s’il y avait des Cracmols dans sa famille.

Avec insistance il tend la baguette aux enfants. Ils vivent chez Garland et sont parfaitement aux fait de la magie, de ses moyens, de ses outils, de ses manifestations. Aurèle s’en saisie et Paul tendit toute son empathie vers elle.

Il ne se passa rien. Pas le moindre frémissement de magie. Même les moldus ont au moins une étincelle de magie. C’est ce qui pousse leur cœur en avant… Mais Aurèle était complètement inerte. Le poirier savant ne mentait pas.

- Oncle paul? It does’t work?
- No mon poussin…

Elle offrit la baguette à son frère.

- Et when est-ce that it will work?
- I don’t know ma chérie… Bientôt je suppose…

- Oncle paul ? It does’t work ?
- No mon poussin…

Lawrence prends la baguette... De son côté non plus il ne se passe strictement rien... Ils avaient 5 ans. 5 ans et pas une once de magie ne se développait chez eux.

- Et when est-ce that it will work ?
- I don’t know ma chérie… Bientôt je suppose…
- Is it supposed to brille Oncle Paul ?

Demande t-il en agitant l'objet du bout du bras, grimaçant à l'effort. Il joue avec un moment, cherchant à en faire sortir quelque chose... peut-être s'attend t-il à ce que la baguette se mette à vibrer ? Ou à étinceler ? Peut-être même à couler ? Il l'examine sous tous les angles possibles. Cesar était parti depuis quelques heures... Faire sa ronde.

- Est-ce qu'on est supposed to do quelque chose with it ? Papa does light with la sienne sometimes... When will we apprendre to faire ça ?

Ajoute t-il en regardant le bout de bois inutile avec une moue déconfite.

« Yes, créer… Tu aimerais bien ça hein? » Dit le vieil homme en lui ébouriffant les cheveux. « But tu must wait que the magic se manifeste… »

Attendre… Les enfants sont en mesure de comprendre… Comprendre que peut-être que la magie ne viendrait pas. Parce que si on sait les effets de la magie sauvage sur les enfants à naître, on ignorera celui d’un tel blast de magie tant que les petits ne seront pas grand.

« Do you remember de l’histoire of your grande sœur? That one que je told you après that she’s come avec le Boogieman? » Aurèle hocha frénétiquement de la tête. Elle parlait toujours moins que son frère. « Your maman nous a tous sauvé but it’s possible que the magic qui vous était impartie was burn at this moment là… »

Il n’y avait pas de meilleure manière de le dire… La magie sauvage vient de la force d’âme d’une personne… Samuelle n’avait pas pu différencier la sienne de celle des enfants. Tout y était passé…

- Yes, créer… Tu aimerais bien ça hein ?
- Oui...
- But tu must wait que the magic se manifeste…

Déçu, Lawrence pose la baguette sur ses cuisses, la regardant comme s'il espérait qu'elle réagisse...

- Do you remember de l’histoire of your grande sœur ? That one que je told you après that she’s come avec le Boogieman ? Your maman nous a tous sauvé but it’s possible que the magic qui vous était impartie was burn at this moment là…
- ...Alors if she did... we'll never apprendre to do de la lumière...?

Demande t-il doucement... Il pleut à l'extérieur depuis peu. Un vrai orage viens d'éclater... Mais les petits n'ont pas peur. Oncle Paul et Garland sont là. Papa reviendra bientôt... Le temps est mauvais et il déteste avoir les plumes mouillées...

- The ciel makes light... Je vais do so aussi un jour...

Dit-il en pointant la baguette vers la lumière que les éclairs projettent contre les murs par toutes les ouvertures existantes dans le repaire... Puis un coup de tonnerre résonne contre les murs et Lawrence donne un coup de baguette au même moment sur sa cuisse avec un sourire calme.

- I'll create bruit aussi with ma baguette... And de l'eau...

Ajoute t-il, tout excité qu'il arrivera peut-être à faire ça si Oncle Paul à raison et qu'il faut encore attendre... Il espère que ce ne sera pas trop long...



...Au bout de quelques heures... Beaucoup plus longues et mouillées que d'habitude, parce que l'orage gronde toujours à l'extérieur et que le pluie n'a pas encore ralentit, Le Papa fait une entrée pas très fameuse, un soupir épuisé, il sourit, un sourire déçu, il s'agenouille, attendant que les jumeaux viennent lui faire un câlin... Il en a franchement besoin... Lawrence de son perchoir, à genoux sur sa chaise devant oncle Paul reste un peu surpris devant l'état de son père mais n'a malgré tout aucune hésitation à se jeter dans ses bras. Il n'avait pas remarqué que c'était plus long que d'habitude parce qu'il s'amusait à faire semblant avec la baguette... Ça a fait passer le temps bien plus vite... Paul lui a dû s'en être rendu compte...

L'état de Cesar est discutable. Il est trempé, blessé, couvert de coupures qui ressemblent à s'y méprendre aux griffures d'un chat, noirci, les plumes roussies, il est moins sale parce que la pluie l'a nettoyé mais sa chemise est grise, ouverte, il n'a plus d'imperméable ni de ceinture et il est très pâle... Il a également perdu ses lunettes... Attrapant les jumeaux, parce que Lawrence ne quitte jamais sa soeur et qu'il l'a emmenée avec lui vers leur père, Cesar les serre dans ses bras, enfouissant son nez dans les cheveux de sa fille, il ferme les yeux... rassuré de pouvoir encore les enlacer... De se rendre compte qu'il n'est pas mort dans le processus...

...Il ne dit pas un mot...

Et Paul non plus ne dit pas un mot…

Il était passé 16h, Garland arpentait déjà la frontière. Il avait quitté sa tanière sans attendre de relever César. Réprobateur devant le manque de sérieux du jeune homme.

Paul s’éclaircit la gorge… « César? Auriez-vous fait une terrible bêtise? » se renseigna-t-il...

- César ? Auriez-vous fait une terrible bêtise ?

Cesar lève la tête doucement...

- Je crois, oui.

Réponds t-il en passant une main dans les cheveux de Lawrence... Si on considère que fissurer la frontière entre le monde des hommes et l'Enfer pour aller chercher un démon qui a accompagné sa fille pendant toute son enfance ...Alors oui. C'était une bêtise monumentale. Il se redresse lentement... Le petit garçon qui tenait sa main retire brusquement la sienne de l'étreinte et lève les yeux vers son père.

- You're bleeding papa...

Bafouille t-il en regardant le mince filet couler le long du poignet de Cesar jusque dans sa main... Puis regardant la sienne dont la paume est souillée du liquide rouge.

- Je vais bring you a pansement ! Viens Aurèle !

Lance t-il en se précipitant vers la salle de bains où se cachent ses Band-Aid a thème Disney.

D’un frémissement de baguette, le vieil homme créé une bulle de silence autour d’eux puis croise lentement ses bras sur sa poitrine. « Je vous écoute… »

- Je vous écoute…

Il sait bien que ce ne sont pas des félicitations qu'il recevra. Silencieux un instant, il semble pensif... Puis portant les doigts à certaines égratignures plus douloureuses que d'autres, comme un tic nerveux ou qu'il cherchait à s'occuper l'esprit...

- Léandre est Morte.

Dit-il sur un ton bouillonnant d'émotion contenue. Comme s'il n'avait retenu que ça de son périple dans les entrailles de la terre, il inspire lentement...

- Elle est devenue la Mort comme Samuelle est la Destruction.

Ajoute t-il sans réellement comprendre la portée de la situation.

- Hemingway à dit que quelqu'un a changé ce qu'elle devait devenir... Elle ne sera pas la Vie comme elle aurait du. Elle n'est plus ce qu'elle a été. Il n'a pas voulu me suivre pour elle.

Continue l'ex-journaliste en mentionnant... Qu'il a parlé à Hemingway, du même coup confirmant ce qu'il a fait... Tout ce qui lui importe pour l'instant, c'est que Léandre n'est plus. C'est La Mort maintenant. Le langage du corps de Cesar parle énormément. Il est manifestement accablé...

Les yeux du métisse s’arrondirent.

Paul porta la main à son vieux cœur. C’était donc ce qu’il avait ressenti… Puis il jura. En français. Il jura et même César comprit la teneur de ses propos. « Quelqu’un a changé son destin? Je me doute bien de qui il s’agit… Saleté de Chimérien… » Il en avait eu l'intuition la nuit où elle avait rapporté la boule de cristal. Ce n'était pas un cadeau pour une petite fille. Il avait voulu prévenir Samuelle mais elle était pour lui d'une indulgence coupable.

« Vous avez traversé la frontière, c’est cela?? » Oh pas besoin d’attendre la confirmation. Paul se jeta sur son manteau et appela les enfants. « Aurèle, Laurence! Vite! Nous sortons!! » Puis à César : « Nous avons peut-être une chance d’y être avant Garland, allez! »

Et en un tour de main né d’une longue habitude, les enfants furent rapidement habillé et entrainé dehors… Paul ne demanda rien à César… il connaissait son chemin… Tenant un enfant par la main, il expliqua le refus de son chat : « Hemingway ne peut enfreindre certaines règles que si on l’y aide… Les pierres percées protègent et révèlent lorsqu’on regarde au travers mais elles peuvent également dissimuler un démon aux yeux même de son ordre. Il ne pouvait vous suivre sans une pierre, peu importe le désir qu’il aurait eu de le faire. Léandre doit aller le chercher elle-même. » Paul écarta un buisson, souleva Aurèle pour lui faire passer un ruisseau au sec. « Elle n’est pas un veilleur, mais elle est née de ce côté là de la frontière… Elle en est citoyenne par défaut. »

Garland tapait du pied sur le sol de la cuisine. Son sabot, sur la terre battue, rendait un son mat… Il avait attendu que Paul soit parti faire sa patrouille… Paul faisait toujours la patrouille de nuit. Surtout parce que Paul intercèderait certainement en sa faveur. Puis les enfants faisaient leur nuit à cet âge…

Garland avait fermé les yeux sur les petites escapades de l’humain… Ce n’est pas à ce sujet qu’il désire le surprendre.

Le faune bu une gorgée de son thé froid, jeta un dernier regard aux parchemins qui reposaient sur la table près de lui. Le code de conduite de la garde d’honneur…

L’horloge sonna lugubrement dans la demeure de Garland: Dong... dong... dong...

Il est tard... Enfin, tôt... Tout dépends l'heure qu'on se couche ou se lève habituellement... Ça tourne autour des trois heures du matin. O'connor est sensiblement étourdi par son niveau d'alcoolémie. Après tout, il ne rajeunit pas mais Kaitz lui, sans avoir rajeuni physiquement, s'en donne à coeur joie dans ses 17 années d'existence. Il reprends ce qu'il a oublié et entraine un peu son meilleur ami dans l'histoire. Cesar vit un peu une seconde jeunesse... Étourdi, il passe la porte lourdement, retire ses Converses rouges et titube jusqu'aux chambres... Le seul truc, c'est qu'il y a quelqu'un dans la cuisine...

Et ce quelqu'un le regarde... S'avançant vers une chaise, constatant l'air grave du faune, Cesar l'observe un instant, clignant des yeux longuement derrière ses lunettes de rechange... Une paire démodée à grosses montures noires, très très nerd... très dépassé. Malgré son âge, il fait jeune, ses ailes sont cachées, invisibles et il porte un t-shirt violet, un foulard blanc et un jeans cigarette.

- Est-c'qu'il y a un problème Garland...?

Demande t-il en tentant de son mieux de parler clairement, intelligiblement...Comme s'il n'était pas sorti pour l'amusement mais pour euh... quelque chose de plus... "noble". Après tout... Il se doutait que tout le monde savait qu'il s'absentait la nuit, mais peut-être pas au point de l'attendre là... Les mains sur le bord de la table, il tambourine doucement des doigts sur le bois, grattant légèrement des ongles, il est un peu nerveux. Il attends la réaction du faune à son égard et jette un oeil aux parchemins sur la table, des questions plein les yeux.

« Oui… Il y a effectivement un problème et je désirais vous en parler seul à seul… » Le faune le regardait par en dessous, jugeant si césar était trop aviné pour comprendre les aboutissants de la conversation qu’il projetait. « Vous êtes membre de la garde d’honneur César… Vous avez prêté serment… Vous savez ce que nous gardons… Vous avez patrouillé la frontière avec moi depuis 5ans alors que je fournissais un abri à vos enfants. » Le faune croisa ses jambes d’une façon très humaine, lissant sur ses genoux les plis de sa jupe. « J’adore les jumeaux… » assura-t-il… Et c’était vrai… « J’avais confiance en vous… Vous, le compagnon de Samuelle… Mais j’aurais du savoir que vous ne respecteriez pas plus qu’elle les règles auxquelles vous aviez adhéré. » De la déception… Un jugement calme et plat. « Vous avez fracassé la pierre de garde et avez visité l’autre côté en profitant de la libre citoyenneté que votre statu vous accorde. Puis, quelqu’un vous a aidé à masquer votre forfait… »

- Oui… Il y a effectivement un problème et je désirais vous en parler seul à seul…

Cesar s'installe confortablement, l'oreille attentive au Faune, il s'assoit sur une chaise... Il n'a pas l'air trop affecté, juste assez pour manquer un peu d'inhibition... D'un signe de tête, il acquiesce aux affirmations par rapport au serment qu'il a prêté pour être membre de la Garde d'Honneur... Ainsi qu'a l'amour qu'il porte aux jumeaux... Où veut-il en venir par ces mots...?... Puis il aboutit finalement...

- J’avais confiance en vous… Vous, le compagnon de Samuelle… Mais j’aurais du savoir que vous ne respecteriez pas plus qu’elle les règles auxquelles vous aviez adhéré.

Se redressant doucement, Cesar inspire profondément sans cacher la soudaine nervosité qui le tenaille...

- Vous avez fracassé la pierre de garde et avez visité l’autre côté en profitant de la libre citoyenneté que votre statu vous accorde. Puis, quelqu’un vous a aidé à masquer votre forfait…
- ...Si vous avez quelqu'un à qui montrer la porte pour cette... bêtise, c'est moi. Personne d'autre.

Affirme franchement l'homme ailé, l'oeil grave, l'air sérieux comme quelqu'un qui a l'habitude de se justifier ... Rien ne sert de mentir de toute façon.

- J'y suis allé seul... En suis revenu seul... Pour rien en plus. On m'a aidé pour les enfants... Parce qu'ils ont besoin d'un refuge... On a que réparé la gaffe qui pourrait mettre les jumeaux en danger. C'est ma faute. Que ma faute.

Dit-il d'un trait... Il n'y serait pas arrivé... N'aurait pas réussi à mentir là dessus... C'est trop grave pour que ce soit possible... Garland sait... Et il savait bien qu'il s'en rendrait compte tôt ou tard...

« César… Vous saviez que nous nous en rendrions compte… » Le ton chagrin du faune… Parce qu’ils avait œuvré ensemble à une tâche, comptant l’un sur l’autre, se secondant dans les difficultés : les orages et la neige humide de l’hiver, la varicelle et les coliques… « Pourquoi avoir fait cela? »

- César… Vous saviez que nous nous en rendrions compte…
- ...Évidement que je le savais...

Souffle t-il, avec l'air d'un adolescent qu'on réprime pour être rentré à plus d'heure...

- Pourquoi avoir fait cela ?
- ...Pour Léandre.

Dit-il sur un ton sec... Levant les yeux vers Garland, une once de défiance dans le regard... Tu vas faire quoi biquette ? Me mettre à la porte avec mes marmots et Paul ?... Il hoche la tête lentement... Définitivement, la deuxième jeunesse ça lui fait pas... Il a l'impression de se prendre pour ce qu'il n'est plus... sûrement l'alcool. Croisant les bras devant lui, il soupire longuement.

- J'ai voulu faire un cadeau à Léandre. J'ai échoué... Comme d'habitude.

Ajoute t-il sur une note sombre.

« Je m’étais porté garant de vous… de vous et de Paul Daee… » Même le vieux métisse avait tenu parole, lui qui avait fracassé la pierre le premier, mais César avait faillit. Garland glissa un parchemin vers lui : « Vous êtes membre de la Garde d’honneur… Vous avez le droit de vous expliquer… Plusieurs parmi nous n’ont pas toujours été ce qu’ils sont maintenant. Présentez-vous au conseil et justifier vos actes afin de montrer que vous n’êtes pas dépourvu de tout honneur. » Le faune lui offrait l’opportunité de sauver sa peau. « Je prendrai soin de vos petits avec Paul en attendant votre retour… »

Garland n'était pas un mou... Seulement il connaissait bien l'homme et celui-ci n'envisageait pas la gravité des gestes qu'il avait posé. Le faune aurait pu lui en faire une démonstration éloquente mais son insouciance, laissée intacte, lui servirait mieux que n'importe quelle défense auprès des membres de l'ordre.

Le parchemin était un puissant portoloin.

- Je m’étais porté garant de vous… de vous et de Paul Daee…
- Sachez Garland qu'il est déja surprenant qu'en cinq ans, je ne l'avais pas encore fait.

Dit-il en baissant les yeux vers le parchemin qui traverse la table.

- Vous êtes membre de la Garde d’honneur… Vous avez le droit de vous expliquer… Plusieurs parmi nous n’ont pas toujours été ce qu’ils sont maintenant. Présentez-vous au conseil et justifiez vos actes afin de montrer que vous n’êtes pas dépourvu de tout honneur. Je prendrai soin de vos petits avec Paul en attendant votre retour…

Cesar observe le parchemin sans bouger, hésitant... Si Garland ne lui a pas donné d'explications quant à l'endroit où il doit se rendre, c'est qu'il ira d'une manière ou d'une autre sans indications... et en ayant déjà eu affaire à la chaise il y a cinq ans, il se doute de ce qui pourrait possiblement arriver quand il posera les doigts sur l'objet qui gît doucement sur la table devant lui... En silence, il inspire doucement... L'alcool et les Portoloins ne font pas bon ménage. Le Papa décroise les bras et ferme les yeux... La volonté de devenir quelqu'un pour sa fille était-elle une raison suffisante ? Est-ce que ça justifierais vraiment ses actes ? Cesar ne réalise que très rarement la portée de ce qu'il fait... Cette fois n'y fais pas exception. Il n'a rien ramené de la Frontière... Il n'y est qu'allé, passé, s'est blessé, mais n'a rien rapporté à la surface...

Tout va bien se passer...

Tu seras sous peu de retour pour les jumeaux Zar, rassure toi, Paul et Samuelle ont ramené un démon, plusieurs fois le même, pourquoi toi qui n'y a que mis les pieds aurait-il du mal à s'en sortir ? Un bref hochement de tête et il s'empare du parchemin... Il avait une confiance aveugle en Paul et Garland pour s'occuper des enfants, ils sauraient leur expliquer. Dans un immense claquement du vent contre les murs du Repaire, l'ex-journaliste a quitté sa place sans s'être levé. Il n'est plus là et la poussière qui s'est soulevée du sol dans la bourrasque retombe doucement. Il n'apprendra jamais... Cesar est la maladresse incarnée... Peut-être cette gaffe ci aura t-elle été de trop.

:fureteur: :craquelesos: :semetempete:

- On risque pas de se faire tuer?
- Pas plus que d’habitude… fit Sème-Tempête de son ton habituel. Caustique, ironique, désillusionné…

Craque-les-os se renfrogna… Sème-Tempête eut un sourire, content de sa réponse et surtout de sa façon de jouer sur l’humeur de son cousin. Devant les deux asservis se tenait Fureteur dans la nuit.

Au-delà de la frontière…

Un brillant feu de joie flambe dans l’enclave, projetant sur la forêt sa lumière orangée. Des tisons dansent joyeusement dans la chaleur au-dessus des flammes. Le silence de la nuit n’est troublé que par le chuintement des braises, les craquement occasionnel des bûche et des voix d’enfants.

- Il est avec nous?

Fureteur hocha silencieusement de la tête.

- Il va la trahir?
- Elle l’a trahi la première…
- Et Volesprit?
- Il fait partie du pacte…
- Je ne le vois pas…
- Il va venir…

Les trois hommes se tiennent sous l’arche marquant l’entrée du domaine du faune.

- Je n’aime pas ça… On est trop près de la frontière…
- Rien à craindre du démon… Boiteux lui a réglé son compte…
- On s’en prend néanmoins à Volesprit…
- Qui se trouve sans cadet…
- Nous aussi nous sommes sans cadet…

Fureteur eut un geste d’impatience…



Paul Daee transplanna devant eux...

:fureteur:

- Oh…

Le vieil homme se fige devant les trois silhouettes qui lui barre le chemin. Craque-les-os et Sème-tempête firent un pas de côté pour le laisser passer. Fureteur resta en place, les yeux fixés sur Garland et les jumeaux.

- Je ne croyais pas qu’il était si tard… fit le vieil homme en venant se placer côte à côte avec Fureteur.
- La mort s’est incarnée hier… La prophétie se réalise.
- Vous en prendrez soin?
- Grand soin. Ils sont de notre famille…
- Samuelle l’est aussi.
- Aussi nous en a-t-il coûté de la tuer.

Garland vint à leur rencontre sous l’arche de pierre, les bras chargés des 2 enfants. Les traits du faune plongés dans l’ombre était impossible à lire alors qu’il leur livrait les jumeaux. Paul eut un reniflement méprisant et plaida une dernière fois pour le sort de l’humanité.

- Chaque geste que vous avez posé pour nous libérer de la prophétie nous en a rapproché. Chaque effort que vous avez fait pour la contrer a eut son rebond. C’est vous qui faites tourner la roue de la machine infernale. Les ailes de la prophétie ne peuvent séparer le faux du vrai, le bon grain de l'ivraie, et le blé mûr de l'herbe. Léandre n’est qu’une petite fille! Si vous arrêtiez un instant, vous réaliseriez avant le bout du gué que c’est vous qui la changez!!
- J’ai été une lame, lui confia le faune sur un ton de confidence, j’ai été une étoile filante dans la nuit, j’ai été dans un autre univers où les heures étaient différentes, pas pareilles, sans résultats. Je sais, poursuivit-il d’un ton solennel en déposant Aurèle d’abord dans les bras de Fureteur, où s’en sont allées les années, qui, du diable, a fendu le pied, je peux te montrer, des sirènes, à ouïr le murmure ou comment, de l’envie, ignorer la morsure, car j’ai trouvé quel vent pousse un cœur honnête en avant… Je connais le savoir du ciel appris par les centaure, j’ai vu la lune dans les profondeurs de la mer et j’ai entendu hurler les loups garou la nuit dernière. Je connais la réponse à toutes les énigmes, sauf une, et dans votre monde, c’est un homme mort qui garde le passage en posant des questions… déclara Garland avec un sublime à propos. Il avait la certitude qu'il s'agissait de Léandre. Lawrence suivit le même chemin que sa sœur. Les Alfs noirs de l’abîme se sont multipliés sur les dernières générations…
- Par ma faute sans doute… Il y a moi, le premier, qui ait été changé… Puis il y a eut Jinx et ses enfants… Sa fille que j’ai volé. Et maintenant Léandre… Ça va de plus en plus vite… Qui est le fou, quel est le vent, qui fait sous son levant, tourner l’Afrique en chine?
- Paul, vous pouvez vous ranger à leurs côtés pour veiller sur les enfants…, proposa le faune. Personne ne vous blâmera. Votre bataille ne sert à rien, elle est scellée par un sort absurde!
- Qui passe et j'ai l'éternité, fit-il d’une voix lancinante.

Mais avant qu’il n’ait pu esquisser un geste, Craque-les-os et Sème-Tempête le maitrisèrent. Sans le démon pour lui prêter sa force, sans le djin pour puiser dans ses pouvoirs, Paul Daee ne disposait plus, pour se défendre, que de ses talents personnels. Ses neveux l'entrainèrent facilement dans une vrille.