Le repaire de Garland

C’est l’hiver dans la forêt interdite. Le sol est gelé, facilitant les déplacements. Un peu de neige a su se frayer un chemin entre les cimes les moins denses, pour s’accumuler au sol.

Au cœur de la forêt interdite, là où nul sentier ne mène, dans l’enchevêtrement de branche des saisons passées et des racines anciennes, se cache l’arche marquant l’entrée d’un domaine… Usé par l’âge, la pierre détaille les traits d’un bouc aux cornes retournées. Les caractères qui l’encadrent sont illisibles. Au-delà de cette arche, un verglas de tempête a emprisonné toute chose d’une couche de glace… L’atmosphère est sombre et silencieuse, et pourtant, de quelque part dans cette enclave, parvient une fumée à l’odeur capiteuse de bois brûlé.

Derrière le premier sapin de l’enclave, était dissimulé la caverne de Garland. Un bloc erratique, posé sur la terre meuble. Le faune passa devant, refermant la porte derrière lui, dans un escalier de terre aux marches effritées qui menait à une salle en catacombe, creusée dans la terre et traversée de racines tordues. Une longue table mal écarie et encombrée, bordée de plusieurs tabourets, occupait la plus grande part de l’espace.

L’ensemble était confortable, une lumière joyeuse brillant sur l’ensemble, bien qu’il soit impossible d’en discerner la source..

:fureteur:

Fureteur s’immobilisa tout près de la frontière. Elle n’était pas visible, mais il devinait qu’elle était là, sous les feuilles sèches et la neige. D’un large pas, il la franchie. Il ne se passa rien… Le froid mordant porté par l’humidité s’insinuait sous ses vêtements, rampant sur sa peau pour lui donner la chair de poule… Un vent opiniâtre secouait les résineux sous lesquels il cherchait à s’abriter, par rafale, faisant tomber des paquets de neige collante. Fureteur prenait son temps.

Dans l’enclave, la fumée bleu s’accumulait, ne semblant pas dérangée par le moindre souffle. Au-delà de l’arche, un profond silence régnait, paisible… Un peu comme s'il y avait là un micro-climat... La porte du Faune était close et le pas de la porte était encombré d’un ammoncellement de meubles brisés. On reconnaissait une chaise, une caisse contenant de la vaisselle en morceau, un pichet d’étain tout cabossé, fendu de haut en bas.

Rôdeur le rejoignit silencieusement. « C’est ici? » Fureteur hocha tranquilement de la tête.

Il a le tournis...Il a mal au coeur, les mains crispées sur le dossier de la chaise, il est largement échevelé...Quoi que ça ne change pas grand chose à l'habitude. Miraculeusement, ses lunettes ont tenu... Les remettant droites, il réprime un haut le corps puis s'avance doucement, observant le paysage...

Il connaît cet endroit, si ?... Oui. C'est vaguement familier. Enfin, cette impression de danger. L'impression que normalement, il n'aurait pas le droit d'être là. Il reste un instant immobile, hésitant, incertain...Une arche de pierre, un bouc, des gravures illisibles...Où est-il atterrit ? Il se doute que c'est ici qu'il devait arriver...Son nom n'était pas sur la chaise pour rien. Et c'était bel et bien un porte au loin. Quelque pas vers l'intérieur de l'arche, admirant la beauté des bois en ce temps ci de l'année, il est un peu inquiet...

Qu'est-ce qui se passe ?... Des sapins, l'entrée d'une grotte... Cesar s'y enfonce. Il ne sait pas à quoi il a affaire mais il...frappe ? Non...Non on ne peut pas frapper à l'entrée d'une caverne voyons...Ah...Ben y'a une porte. Sans détermination, hésitant, il frappe doucement sur la cloison, timidement. Il ne veut pas déranger. Il se doute qu'il y a quelqu'un, bien sûr. Mais qui...? Qui l'attends ? Paul avait dit qu'il l'attendrait à la Brocante, ce n'était pas le cas, est-ce que ce sera lui qui l'attendra ici aussi ?

Un torchon sur l’épaule et une casserole pleine d’eau bouillante dans une main, un faune ouvre la porte. Outre une curieuse jupette imprimée bleu, il portait une sorte de justaucorps fait de plusieurs pièces de tissus disparates reliées entre elles. Une barbe soyeuse lui mangeait le menton, ses cornes étaient effilées et soigneusement polies. Il posa sa main libre sur sa hanches et claironna : « Et alors? »

Une voix l’intronisa du fond de la grotte : « Laisse-le entrer… C’est le papa… »

La grotte n’est pas si sombre… En plein jour, comme c’est le cas, la lumière du soleil filtre par plaque de verre aménagée dans le plafond. Un rayon de soleil tombait dans ce qui tenait lieu de cuisine. Étincelant de bonne nouvelle, d’éclat de rire, de joie qui transcende et nous éblouie. Paul attendait un invité ce matin, mais les enfants n’attendent pas, c’est bien connu.

Le vieil homme se félicitait d’avantage tous les jours d’avoir volé Samuelle. Deux chaises hautes, côte à côte, l’une très usagée et l’autre toute récente. Laurence et Aurèle dévorent leur purée tel des affamés. De gros bébés joufflus, soignés avec cette attention dont on relevait encore les marques sur Léandre près de 10 ans plus tard, l’attention que portait Paul Daee aux siens. « Approchez César, nous n’aurons pas trop d’une autre paire de main… »

- Et alors?

Clignant des yeux un moment, il regarde le faune un instant, comme s'il n'y croyait pas. Puis il se rappelle qu'il est un sorcier, il a déjà été en contact fréquent avec des...créatures dans le genre de Garland, il a simplement perdu l'habitude, il sort de sa rêverie pour visiter les lieux d'un coup d'œil. Les rayons du soleil, il a l'impression de rêver. C'est si beau... Il a franchement envie de se pincer. Et il n'a vu que le décor, pas tous les occupants...La voix de Paul le sort à nouveau de ses pensées.

- Laisse-le entrer… C’est le papa…

Son cœur bondit, il passe devant le faune sans y prendre garde. Après tout, il avait franchement autre chose à l'esprit. Il est nerveux, il a un peu peur, les enfants ...? Houlà. C'est tout nouveau et à vrai dire, c'était de plonger dans la nouveauté. Il est trop tard pour reculer... De toute façon, il ne peut tout simplement pas. Se le refuse. Fuir ? Non. Ce n'était pas une solution au point où il en était... Il avance, puis s'arrête, incapable de bouger. Levant les mains pour couvrir sa bouche partiellement, il admire...

Il n'y a pas d'autre mot. Deux !?...Des... Jumeaux. Il n'y croit pas. Les yeux mouillés, il repousse ses lunettes dans ses cheveux d'un geste maladroit en s'avançant à peine, des larmes discrètes se frayant un chemin dans sa barbe volontairement négligée. Les deux petits bébés au visage joufflu agitent les mains et empoignent à peu près tout ce qui passe à portée. Le teint légèrement plus foncé, les cheveux sombres et les yeux profondément verts...Ils sont nécessairement le parfait mélange des traits de leurs parents.

- Approchez César, nous n’aurons pas trop d’une autre paire de main…

Un peu désemparé, il s'avance en passant un avant bras rapide sur ses yeux, un reniflement juteux, il sourit, ému et fier de si beaux bébés... Il a même du mal à croire qu'il a eu un rôle à jouer sur de si jolis enfants... Puis il rosit légèrement, passant un pouce tremblant sur la joue rebondie et sale de purée d'Aurèle, nettoyant rapidement les dégâts tout en lui caressant le visage affectueusement, il recule ensuite, croisant les yeux de la toute petite fille, il se sent royalement incompétent dans le domaine...

- ...Comment...Comment s'appellent-ils ?

Bafouille t-il timidement en essayant de retrouver ses moyens... Une main tremblante se tend vers Lawrence qui lui attrape l'index et éclate d'un rire joyeux, montrant joyeusement dans un sourire ses gencives roses...Faisant fleurir un grand sourire que Cesar illumine de toutes ses dents.

Garland renversa de l’eau au passage, rouspétant dans son dos avec mauvaise humeur.

« Votre garçon s’appèle Lawrence. J’ai insisté pour une orthographe anglaise à cause de vous. Votre fille s’appèle Aurèle. » Une voix remarqua derrière lui : « Au moins ceux-ci sont nés du bon côté de la frontière… » Paul lui flanqua le bol de purée dans les mains. « À tour de rôle, ne lambinez pas… » fit-il en lui cédant sa place.

Paul avait l’air effectivement fatigué. Il avait l’âge d’être un grand-père occasionnel, pas celui d’élever des nourrissons.

« Cela peut attendre, Garland, laissons le respirer un peu… » Mais le faune avait une tout autre idée en tête, apparemment. « La dernière fois que j’ai attendu un peu, eut égard au très jeune âge de la personne, encore une fois une personne de votre famille, dois-je le rappeler, la dite personne a fracassé le seuil… Un acte prémédité et tout à fait réfléchit. Vous avez dit que ceux-ci ne me causerait pas de problème alors j’insiste, immédiatement. »

« Tu deviens aussi acariâtre qu'une vieille fille, mon ami. »Le vieux rendit les armes avec lassitude. « César, puis-je attirer votre attention sur notre hôte? »

- Votre garçon s’appelle Lawrence. J’ai insisté pour une orthographe anglaise à cause de vous.
- Merci, dit-il avec un sourire dans la voix... Cesar ne parle pas un mot français. Faudra vraiment qu'il apprenne.
- Votre fille s’appelle Aurèle.
- Au moins ceux-ci sont nés du bon côté de la frontière…

...Frontière ?... Cesar tourne la tête vers le faune un instant. C'est parce qu'ils sont nés en Angleterre et non au Canada qu'il dit ça ou il y a une autre raison derrière tout ça ? Puis, le bol dans les mains, il prends une profonde inspiration, acquiesçant quand Paul lui donne les... "instructions". Il s'y met, parce qu'il commence à avoir de l'âge...Cesar aurait l'âge pour être grand-père lui aussi... Bon un jeune grand-père, mais il aurait pu. Paul est fatigué et l'écrivain le sait bien. La cuillère dans la main, il sourit, haha ! Il arrive à la tenir tout seul ! C'est son tour d'aider quelqu'un à manger ! Envoyant l'objet vers la bouche de son fils, il sourit quand celui-ci attrape la cuillère à grands coups de gencives, les bras loin de la cuillère comme s'il ne voulait pas se salir.

Adorable. Les ailes de Cesar prennent... beaucoup de place dans la pièce. Un peu comme un paravent entre lui, les enfants, et les deux autres occupants de la pièce. Il est dans un autre monde... Il n'entend pas une bonne partie de ce qui se dit. En fait, il entend, mais il n'écoute pas. Il regarde Lawrence et Aurèle, pas très fier de lui de ne pas avoir deviné qu'ils étaient une fille et un garçon. Ils se ressemblent tellement... Il remarque également que Samuelle semble prendre un malin plaisir à rendre ambigu le sexe des petits par leur prénom... Puis pensant au nom... Ce seront des D. Gilpin eux aussi...? Sans doute... L'écart entre eux et Léandre... Léandre. Où est Léandre...?

- Tu deviens aussi acariâtre qu'une vieille fille, mon ami. César, puis-je attirer votre attention sur notre hôte ?

Cesar se retourne à moitié, les yeux plissés, et c'est un peu hasard que ça soit arrivé au moment ou Paul lui demandait.

- Est-ce que ce serait trop indiscret de demander où est Léandre...?

Quoi...? C'est sa fille aussi, non ?...Puis le sens de la question de Paul lui reviens en tête, il pose les yeux sur le faune avec un sourire un peu mal à l'aise.

- Euh... Oui, excusez moi, ce n'est pas très poli de ma part d'être entré comme ça chez vous sans même vous dire bonjour en plus.

Dit-il en sursautant quand Aurèle gazouille en tendant les bras ...Elle a faim elle aussi voyons ! O'connor à déjà le tournis... Ce s'ra pas facile... Oh que non.

« César, j’ai plusieurs nouvelles terribles à vous apprendre… La brocante est condamnée pour un temps. Le grand-père de vos petits enfants, Georges Jinx Daee, a trouvé la mort. Votre fille aînée se trouve sous la garde d’un grand ami de Samuelle et de moi, sous la garde d’Halewyn Coeurd’Acier. Hemingway est mort également, assassiné. » Et paul se tue un instant, laissant le temps à César d’assimiler l’information. Mais Garland le pressait… « Vous n’avez pas fini, Paul… »

« Cet homme n'a jamais eu toute sa tête, soyez patient... »

- César, j’ai plusieurs nouvelles terribles à vous apprendre…

Silencieux, il reste complètement immobile. Trente million de scénarios tous plus absurdes les uns que les autres... Quoique absurde dans le cas d'un monde comme celui dans lequel ils vivent... C'est difficile à cerner. Disons plutôt, plausibles, mais peu probables...

- La brocante est condamnée pour un temps. Le grand-père de vos petits enfants, Georges Jinx Daee, a trouvé la mort.

...Le père de Sam était mort ?... Qui avait pu tuer un homme qu'on décrivait aussi puissant ? Il était un Djinn...? Non ? Il écoute, il ne dit rien. Il a l'impression d'être dans un rêve flou, comme si rien n'était vrai, mais il reste attentif... Tendant un bras pour nourrir la petite fille qui engloutit le contenu de la cuillère.

- Votre fille aînée se trouve sous la garde d’un grand ami de Samuelle et de moi, sous la garde d’Halewyn Coeurd’Acier. Hemingway est mort également, assassiné.

...Le chat est mort, c'est une bien mauvais nouvelle pour Léandre, Paul et Samuelle, Cesar s'en fiche, c'était un démon et il n'avait aucune confiance en cette bête. Mais c'était bien pire de savoir que sa grande fille était entre les pattes d'un assassin... Pourquoi n'avait-elle pas confié leur fille au vrai père ? Il aurait tellement aimé l'avoir avec lui... Une si adorable petite fille... Comment Samuelle avait-elle pu accorder une si grande confiance en un homme encore plus instable que lui ?...Encore plus vil, encore plus tordu ?...Il se renfrogne, visiblement, quelque chose n'allait pas... Il soupire... Un soupir de colère refoulée.

- Vous n’avez pas fini, Paul…

Parce qu'il y avait encore autre chose...?

- Cet homme n'a jamais eu toute sa tête, soyez patient...
- Ma médication est régulière, merci. Vous pouvez continuer.

Dit-il sur un ton indéfinissable. On ne sait pas trop s'il est insulté, en colère ou déçu... Ça ressemble à un mélange des trois... Mais il se tait. Il sait que ce n'est ni l'endroit, ni le moment pour faire une crise. Il n'est pas Donoline. Il a un minimum de contrôle. Une gestion surprenante de ses sentiments en ce moment. On peut lire sur son visage comme dans un livre ouvert mais il ne démontre rien dans ses gestes, il reste délicat et continue d'un geste absent, grattant le fond du bol de purée pour terminer le repas des petits.

- Je ne sais pas par où commencer…
- Commencez par le début… par les chroniqueurs… Racontez-lui tout…

Paul réfléchit un instant, tournant autour de César et des enfants comme un Fauve.

- Je ne vous prends pas pour un fou, César. Pas pour cette sorte de fou. Mais si je vous raconte tout, vous resterez à jamais prisonnier de mes secrets.
- Il est déjà enchaîné par l’amour. L’amour est la plus solide de toutes les chaînes et s’il doit être fou, il est fou d’eux.

Paul fit volte-face, se décidant finalement.

- L’amour est la plus cruelle de toutes les entraves… Je suis désolé César, puissiez-vous nous pardonner…

Le vieil homme dira une chaise près de César et des gamins, s’y assit à califourchon et confessa la noirceur de ses crimes en commençant par Ernest Hemingway.

Il était chroniqueur quelque part au USA. Il avait rencontré un homme étonnant, un poète, avec qui il s’était lié d’amitié. Cet homme qui n’était pas un homme, était l’objet de sa chronique. Un démon…

C’est grâce aux conseils de ce démon que Paul Daee prit le contrôle d’un alf de l’abîme ; un Djin des déserts arctiques, Georges Jinx Daee.

- Parlez-lui des asservis, des veilleurs, de la garde d’honneur… Je l’exige s’il doit vivre sous mon toit…

Les veilleurs forment la Garde d’Honneur. C’est eux qui surveille la mince frontière entre notre réalité et les enfers, frontière autrefois scellée par un seuil de pierre. La magie des pierres est une magie sauvage exclusive aux Daees. C’est pourquoi il y a toujours eu des Daee dans la Garde d’Honneur. Pas n’importe quel Daee, les asservis, la caste supérieur au sein de leur famille, les sorciers les plus puissants… Et Paul renia ses serments pour fracasser la pierre de seuil et libérer Ernest Hemingway…

- Et ce n’est pas le pire… le pire est qu’après que nous ayons réparé les dégâts, renvoyé le démon en enfer et colmater la frontière, Samuelle a récidivé !

Seul, puissant mais isolé, Paul avait trouvé son âme sœur en l’un des enfants de son cousin. Une gamine incontrôlable qu’il vampirisait sans vergogne pour obtenir d’elle tout ce qu’il voulait. Il la vola au Djin sans peur de représailles et pour rendre tout retour impossible, il fini de dévoyer l’enfant en lui offrant un pouvoir plus grand encore que le sien : L’appel du Windigo auquel son âme s’accordait si bien.

- Samuelle avait connu Ernest et il s’était tissé entre eux une grande sympathie. C’est à lui qu’elle dédia sa toute première pierre personnelle. Une pierre très puissante, percée d’un trou en son centre, une pierre qui révèle et protège. Elle n’accepta jamais son départ. Lors de son examen aux ASPICS, elle fit diversion et retourna le chercher pour le cacher dans la peau d’un chat.
- Elle m’a bluffé… Elle a triché ! Elle n’en a fait qu’à sa tête !
- J’ignore si c’est à partir de ce moment là que la famille réalisa la puissance de Samuelle, mais je le crois pour ma part.

Les tentatives d’intégrations désespérées. Les contraintes et les épreuves de force. Elle ne leur céda en rien jusqu’à ce que Pierre Daee, son frère aîné lui demanda la faveur d’un fidélitas, mettant toute sa confiance en elle. Mais ce que tous ignorait, c’est que Jinx ayant des comptes à rendre à la Chiméra, avait déjà donné son aval pour le sacrifice. Samuelle fut assassinée par un membre de l’ordre du phoenix, désignée pour cible par les Sorrenzes.

- Et Samuelle mourru…
- À ce moment là il était temps de tout arrêter…
- Ernest… C’est Ernest qui lui donna l’idée. Les démons en savent un rayon sur le royaume des morts, les portes et les cerbères. Et Samuelle su se montrer plus forte que le Syndicat fantomatique.
- Elle a triché ! Elle s’est rendu coupable d’un tel crime que même les âmes en peine ne voulurent plus d’elle. Cracha Garland en débarbouillant les gamins.

C’est juste après son retour qu’elle a eut Léandre…

- Cette enfant n’est pas née de ce côté-ci de la frontière !! Vous comprenez de que je veux dire ??

Paul ferma les yeux, exaspéré…

- Léandre était un puissant levier pour les Chimériens ET les Daees. Pour cacher sa naissance… Elle est née un 21 avril, par une claire et rayonnante journée de printemps…
- Ce qui ne signifie pas que les forces des ténèbres ne sont pas à l’œuvre !
- Elle devait cacher sa naissance…
- Elle est née de l’autre côté de la frontière ! Samuelle a retraversé la pierre du seuil des enfers !
- Et j’ai élevé Léandre comme si elle avait été ma fille pendant que Samuelle se pavanait au nez des Chimériens, restant au plus près de leur assassin attitré Halewyn Coeurd’Acier.

Mais Halewyn se révéla être plus qu’un assassin… Et la présence de toute sorte de facteur fit en sorte que l’étau des Daees se resserra. Ils apprirent qu’elle était vivante. Ils apprirent qu’elle avait une fille. Ils ignoraient qu’il y avait les jumeaux.

- Et ils sont débarqués à la brocante. Ils ont tué l’enveloppe corporelle d’Ernest, le renvoyant en enfer. Ils s’en sont prit à nous mais Samuelle n’a pas cédé. Elle a confié Léandre à Halewyn et s’est servi de sa magie.
- Elle n’aurait jamais du !
- La magie sauvage vient de soi… Les enfants ont reçu une tellement décharge de magie sauvage que je suis reconnaissant aux juges qu’il ne leur ait pas poussé un troisième œil…
- Tsss… On en ignorera encore longtemps les conséquences. C’était dangereux ! Tout ceci n’est que folie ! Et vous m’avez entrainé avec vous là dedans ! La Garde d’Honneur est supposer se dédier à une cause ! Certainement pas à celle de ceux qui l’ont trahi de toute les manières possibles !
- C’est vrai. Mais eux… Et lui… Ils sont fiables… Faites de César un veilleur et il vous servira bien…
- Lui ? un veilleur ?

...Samuelle est une tricheuse.

Il l'avait découvert à Poudlard et le savait depuis si longtemps... Il avait même déjoué l'une d'entre elles. Évidement elle était loin d'être aussi grandiose que celles qu'elle a pu faire tout au long de sa vie, de sa mort... et de sa vie à nouveau... Quelque part, la savoir si brillante, si forte, si prévoyante mais tout aussi impulsive et entêtée, ça le fait sourire... Il n'en est qu'encore plus amoureux si c'est possible. Fou d'elle... Fou d'eux... Un vrai fou.

Ernest ?... Sale bête. C'est confirmé. Il ne s'imaginait pas que les Daee avaient une histoire si particulière. Enfin, oui, mais il n'aurait jamais cru qu'il en serait mis au courant un jour. Sam était revenue d'entre les morts en trichant, elle avait le pouvoir d'appeler le Windigo... Qu'est-ce que c'était ça... Le Windigo...? Elle avait menti, triché, trahi... Samuelle était loin d'être une personne qu'on se permettrait de trouver merveilleuse... Elle avait floué un Veilleur pour ramener un démon... Et quelque part, il était tellement impressionné qu'un mince sourire s'était frayé un chemin sur ses lèvres...

...Elle a utilisé une forme de magie indomptable. La magie sauvage... Malgré les enfants... Il n'y connait rien, mais elle avait pris un risque calculé, il avait confiance en elle et il croyait sincèrement qu'elle savait qu'ils n'auraient rien. Garland semble en désaccord avec tout ce que la belle métisse avait fait, Cesar lui, à une aveugle confiance en sa Douce... Il croit qu'elle sait ce qu'elle fait... Maintenant qu'il connait l'histoire, qu'il sait... Il n'a plus peur... Paul est un puissant traitre mais si Samuelle lui fait confiance, lui aussi. Il avait si bien élevé sa nièce... Sa petite nièce... Les jumeaux étaient si bien soignés qu'il ne pouvait pas faire autrement que d'accorder son entière confiance... Il n'avait pas de raison d'avoir peur. Si ça avait été le cas, il serait mort depuis belle lurette.

Il aurait pu avoir des doutes, des questions... Mais il ne trouvait pas les mots pour les poser. Il avait même peur que Paul se mette à sourire et lui dise: "Je plaisante..."

...Mais ça ne venait pas...La dernière phrase de Paul le prends par surprise.

- C’est vrai. Mais eux… Et lui… Ils sont fiables… Faites de César un veilleur et il vous servira bien…
- Lui ? un veilleur ?
- Moi ?

Il ne savait pas quoi répondre à ça... Un Veilleur ?... La Garde d'honneur ...? Lui qui dédiait une telle confiance à Samuelle arriverait-il à faire ça ?... Comment... Comment pourrait-il faire ça...? Les Veilleurs se dédient à une cause, à veiller comme le dit leur nom, sur la frontière... Comment oserait-il barrer la route à Samuelle, ou Léandre, ou même les jumeaux éventuellement, même à Paul, si l'un d'eux se décidait à en franchir la barrière ? À refaire ce qui a été fait ? Il grimace, manifestement hésitant.

- ...Qu'est-ce qui vous fait croire que c'est une bonne idée...? C'est vous même qui dites que je n'ai pas toute ma tête.

Dit-il. Peut-être y aurait-il de bons arguments ? Parce que lui n'en voyait pas, honnêtement.

- Je crois que vous allez très bien vous adapter à ce genre de réalité. Sourit Paul. Vous m’avez cru lorsque je vous ai présenté Ernest, n’est-ce pas? Évidemment…
- Qu’il soit capable d’y croire sans prendre ses jambes à son cou n’en fait pas un Candidat. Le faune sorti Lawrence de sa chaise pour le planter dans les bras de son père. C’est une responsabilité très importante. Un veilleur doit avoir des aptitudes. Il doit être patient, scrupuleux, engagé. Un membre de la Garde d’Honneur doit être… fit-il avant que Paul ne lui coupe la parole.
- C’est un écrivain, Garland, et un bon.
- Oui? Le faune nettoya le plateau d’Aurèle.
- Samuelle en témoignera, il est incapable de se tenir à l’écart…

Le faune interrompit son frottage et dévisagea Paul comme s’il était l’incarnation du diable.
- C’est un doux dingue, mais pas assez fou pour inventer ce que je viens de lui raconter par le menu détail.
- Mais… Garland dévisagea les 2 hommes, tour à tour, comme s’il hésitait à en croire ses oreilles, comme s’il cherchait à déterminer si César était complice…
- Oui, exactement… Je crains que vous ne soyez forcé de le garder ici, avec moi et les enfants… Indéfiniment… Paul souriait. Un sourire matois. César! Considérez-vous donc comme l’otage de notre ami! Les enfants seront ses pupilles…
- Vous ne pouvez pas faire ça!
- Je l’ai fait!
- Vous ne pouvez pas faire ça!!!
- Mais je l’ai fait.

- Je crois que vous allez très bien vous adapter à ce genre de réalité.
- Je suppose..., réponds t-il hésitant.
- Vous m’avez cru lorsque je vous ai présenté Ernest, n’est-ce pas ? Évidemment…

...Il n'y réponds pas mais rougit. Il y avait cru et il avait bien fait, mais la façon dont Paul l'abordait, il avait l'impression qu'il se moquait.

- Qu’il soit capable d’y croire sans prendre ses jambes à son cou n’en fait pas un Candidat.

Le petit est déposé dans ses bras et il l'attrape maladroitement, un peu nerveux. C'est la première fois depuis la naissance de Solean qu'il a un bébé dans les bras... Et avant ça, l'arrivée de ses soeurs, Estelle et Stella. Cette fois c'était différent...C'était le sien, son fils. Avec un sourire serein, il le regarde...puis la petite main de Lawrence lui arrache ses lunettes pour jouer avec...Cesar le laisse faire, il n'y a rien de dangereux avec un objet pareil... Mais ça l'a empêché de suivre la conversation... Quand il lève les yeux vers le Faune et l'oncle Paul, il décèle la panique dans les yeux de la créature, il dévisage le vieillard comme s'il était horrifié, se redressant, il cherche à comprendre...

- C’est un doux dingue, mais pas assez fou pour inventer ce que je viens de lui raconter par le menu détail.
- Mais…

...Cesar avait saisi une allusion à son métier et à son acharnement un peu plus tôt... Le Faune les dévisage tous les deux et O'connor ne peut pas démentir les dires du vieillard... Il était effectivement très "collant"... et il avait également quelques... capacités en écriture.

- Oui, exactement… Je crains que vous ne soyez forcé de le garder ici, avec moi et les enfants… Indéfiniment…

...Oh mais c'est...

- César! Considérez-vous donc comme l’otage de notre ami ! Les enfants seront ses pupilles…

Du chantage.

- Vous ne pouvez pas faire ça!
- Je l’ai fait!
- Vous ne pouvez pas faire ça!!!
- Mais je l’ai fait.

O'connor devait être content ou...? Et Kaitz ?...Et Less ?...Ils avaient besoin eux aussi, les otages ne pouvaient pas sortir, si ? Il lève la main, tenant Lawrence solidement de l'autre...Il semblerais qu'il commence à prendre le rythme, le petit solidement calé dans le bras, l'écrivain lève la voix timidement.

- Les otages ne peuvent pas sortir... Je peux demander une permission spéciale ?

Demande t-il avec toute l'innocence du monde dans le ton.

- Je pourrai aller rendre visite aux Rocstone...? Harkaitz et Lareless ont besoin de moi eux aussi...

Essaie t-il d'expliquer en essayant de trouver les mots sans dire qu'il ne serait pas présent pour les jumeaux, parce qu'il ne veut pas ça...

- Ou alors qu'ils viennent me voir... Mon meilleur ami est dans un état dans lequel je dois l'épauler, c'est un devoir. Je ne négligerai pas les enfants pour autant mais... Je...

Il se tait, visiblement incapable de formuler sa question, sa demande. Peut-être n'était-ce pas envisageable vu la quantité de responsabilités qui lui pesaient sur les épaules. Silencieux, il à l'air de réfléchir, absent, perdu dans ses pensées...Puis il lève les yeux, cherchant un appui ou une réponse à la question qu'il a difficilement construite. Elle n'est pas très claire mais il se demande s'ils ont bien compris ce qu'il voulait dire...

« Je crains qu’aucun de nous deux ne vous laisserons repartir d’ici avant que nous ayons l’assurance que vous saurez donner le change, César. » trancha Paul de ce ton calme et doux qu’il avait toujours. Doucereux… Aussi traître qu’un poison asymptomatique.

« Vos amis ignorent tout des gamins. Ils ignorent tout de Samuelle. Harkaitz Rocstone est le plus grand inconscient que la terre ait jamais porté… Ils ne doivent pas savoir. »

- Je crains qu’aucun de nous deux ne vous laisserons repartir d’ici avant que nous ayons l’assurance que vous saurez donner le change, César.
- Vos amis ignorent tout des gamins. Ils ignorent tout de Samuelle. Harkaitz Rocstone est le plus grand inconscient que la terre ait jamais porté… Ils ne doivent pas savoir.

...Cesar est un inconscient lui aussi... Il trouvera le moyen d'épauler Harkaitz d'une manière ou d'une autre. Il ne peut pas l'abandonner dans un moment pareil... Il trouveras une façon. Silencieux, il se renfrogne, un peu boudeur. Il n'avait pas l'habitude d'être retenu, qu'on ai une laisse, une chaîne pour le garder au même endroit. Il avait toujours été où il voulait, quand il en avait envie. Ça chamboulait toutes ses habitudes et il faudra un moment avant qu'il ne prennent en compte les véritables responsabilités qui le gardent là... Mais la forêt Interdite est en Écosse, tout comme le Manoir Rocstone...

C'est à portée, c'est si facile. Il aura beaucoup à apprendre sur le travail d'un père... Son fils gazouillant sur les genoux en jouant avec les lunettes de Cesar, celui-ci se redresse, tenant le bébé par les flancs, assis sur ses cuisses, le dos contre son papa.

- Pourquoi personne n'a confiance en personne ? Harkaitz, Lareless, moi-même et Samuelle avons du vécu ensemble, comment peut-elle accorder sa confiance à un assassin notoire et pas à ses amis proches ? Harkaitz est un con, pas un pur imbécile. Les Rocstone sont dignes de confiance.

Répond t-il en plissant les yeux...Mais il ne rajoute rien après ça, visiblement frustré par la situation...Et manifestement, c'est cette confiance en Coeurd'acier qui le chicote.

- Mais? Il est jaloux ma parole…
- Comme c’est mignon… nota le faune en prenant Aurèle dans ses bras.
- Un secret partagé n’est plus un secret, César, il devient une confidence.
- Walter Rocstone sait… Enfin, il sait pour Léandre… Bien qu’il a toujours fait semblant de l’ignorer…
- Walter est un homme bien.
- Walter est un homme qui connaît les enjeux…
- Voyez-vous, César, les amis, tout comme les amoureux, malgré tous leurs bons sentiments, ne sont pas à l’abri des erreurs. César, avez-vous connu un homme, un très grand ami de Samuelle, l’époux de Lareless Mainella, Lucius Seluj?
- Paul! Vous ne pouvez pas lui raconter ça!
- Il est mort.
- Lui, n’est pas mort!! S’excita le faune en pétinant le sol de ses sabots.
- Il doit comprendre la question de la confiance. Il doit comprendre pourquoi elle ne l'a pas épousé. Il doit comprendre pourquoi elle se repose sur Halewyn Coeurd'acier... Halewyn est plus qu'un assassin.

- Mais ? Il est jaloux ma parole…
- Comme c’est mignon…

Un coup d'oeil outré par dessus l'arcade de ses sourcils alors qu'il s'était penché pour regarder faire Lawrence. Il reste silencieux quand ils parlent de Walter... Parce que Oncle Walt sait tout mais ne le dit pas. Oncle Walt c'est l'eau qui dort. Une rivière qui coule lentement mais qui s'agite et qui gronde de sa force silencieuse quand on en met trop.

- Voyez-vous, César, les amis, tout comme les amoureux, malgré tous leurs bons sentiments, ne sont pas à l’abri des erreurs. César, avez-vous connu un homme, un très grand ami de Samuelle, l’époux de Lareless Mainella, Lucius Seluj ?
- Paul! Vous ne pouvez pas lui raconter ça!
- Il est mort.
- Lui, n’est pas mort!!
- J'ai été absent de leur vies pendant un moment... Un bon moment. Il y a un certain nombre de choses que j'ignore...

Il croise les mains sur le ventre du petit assis sur lui qui porte à sa bouche les branches de lunettes ainsi que les verres, il le laisse faire.

- Il doit comprendre la question de la confiance. Il doit comprendre pourquoi elle ne l'a pas épousé. Il doit comprendre pourquoi elle se repose sur Halewyn Coeurd'acier... Halewyn est plus qu'un assassin.
- Plus qu'un ami aussi, j'imagine...

Soupire t-il. Il est déçu... Il ne comprends pas... Samuelle n'a jamais fourni d'explications ni sur le rejet des fiançailles , ni sur Coeurd'acier... La rumeur qui courrait à l'Inquisition sur elle et Halewyn était-elle réellement fondée ? Il n'en savait rien, il connaissait maintenant l'histoire des Daee, les tricheries de Samuelle...Mais elle n'en avait jamais parlé elle-même. Et lui dans tout ça ? Il était amoureux fou d'elle, il pouvait laisser passer n'importe quoi pour sa belle métisse, mais ça ne veut pas dire que ça ne l'accroche pas au passage, que ça ne lui fait pas de mal. Il laisse tout passer, mais chaque chose lui arrache un morceau, le blesse au passage. Cesar est usé, recousu, il a mal et il souffre, mais il se tait. Il se tait parce qu'il n'est pas du genre à se plaindre, parce qu'il l'aime trop. Ses sentiments qui le torturent le tuent. Mais Elemiah l'a tué quand il est parti, Cesar ne se considère plus comme grand chose depuis qu'il est seul dans son corps.... Un mort-vivant...Avec des sentiments.

Une poupée recousue, rembourrée avec un peu de tout ce qui a pu lui apporter de l'aide avec les années...Qui a pu le rassurer.

« Le seul qui fut plus qu’un ami, ne demeura en fin de compte, qu’un grand ami, parce que vous existiez et qu’elle vous a choisi. Lucius a ensuite rencontré et épousé Lareless, la meilleure ennemie de Samuelle. » Conta Paul avec un tact indéniable. « Seulement il est mort pour Samuelle et ça, Lareless l’ignore encore. Il était un auror membre de l’ordre du phoenix et il savait qu’on allait assassiner Samuelle. Il a voulu la protéger et il a périt. »

Paul ramassa sa petite nièce… Parce que la place des petites filles, selon Paul Daee, c’est dans les bras de quelqu’un, surtout les siens. « Elle vous a rejeté au plus fort du danger, afin que vous ne soyez pas tenté de sacrifier votre vie pour la sauver. Elle ne vous a pas épousé pour garder son indépendance, pour continuer de faire face seule. » « Elle a triché… C’est une tricheuse… » « C’est également pour cette raison quelle a confié Léandre à Halewyn. Parce qu’il a librement accepté de prendre le risque. Et que lui, elle accepterait de le voir mourir. »

Paul avait toujours aimé l’assassin. « Vous méjuger l’assassin. Il est capable de bonté, de sympathie, de courage. » « Et il est surtout capable de choses dont Samuelle est incapable. » « Léandre est en sécurité avec lui… » « Il serait néfaste qu’une enfant née de l’autre côté de la frontière, vive si près du seuil… » insinua le faune. « Elle pourrait être attirée… »

- Le seul qui fut plus qu’un ami, ne demeura en fin de compte, qu’un grand ami, parce que vous existiez et qu’elle vous a choisi. Lucius a ensuite rencontré et épousé Lareless, la meilleure ennemie de Samuelle. Seulement il est mort pour Samuelle et ça, Lareless l’ignore encore. Il était un auror membre de l’ordre du phoenix et il savait qu’on allait assassiner Samuelle. Il a voulu la protéger et il a périt.

...Ça expliquait bien des choses... Sûrement un peu pourquoi elles étaient meilleures ennemies d'ailleurs. Elle avait déjà perdu quelqu'un et refusait de perdre Cesar à son tour... Il a bien assez souvent dit que sa vie lui appartenait, qu'elle pouvait en faire ce qu'elle voulait et elle avait toujours obstinément refusé. C'était plus clair maintenant...

- Elle vous a rejeté au plus fort du danger, afin que vous ne soyez pas tenté de sacrifier votre vie pour la sauver. Elle ne vous a pas épousé pour garder son indépendance, pour continuer de faire face seule.

Il hoche la tête silencieusement. Parce qu'il a compris. C'est parfaitement clair...

- Elle a triché… C’est une tricheuse… C’est également pour cette raison quelle a confié Léandre à Halewyn. Parce qu’il a librement accepté de prendre le risque. Et que lui, elle accepterait de le voir mourir.

...Il aurait lui aussi accepté librement de prendre ce même risque. Seulement lui n'aurait peut-être pas été aussi apte à la protéger longtemps. Il n'aurait pas survécu... Il n'aurait pas pu prendre soin des jumeaux, Samuelle lui en aurait voulu même après sa mort et personne n'aurait jamais été en paix... Étrangement, il se sentait un peu plus tranquille bien que savoir sa fille entre les mains d'un assassin qui est bien plus qu'un assassin mais un arracheur de vie malgré tout le rendait un peu amer. Un peu...nerveux. Il ne pensait qu'a Léandre... Depuis l'hôpital il avait cinq personnes qui tournaient dans sa tête... Enfin, 4 puisqu'il ignorait qu'il s'agirait de jumeaux... Le nouveau bébé à venir, Léandre, Samuelle et Harkaitz...Bien d'autres choses et d'autres gens mais c'était si secondaire...

- Vous méjuger l’assassin. Il est capable de bonté, de sympathie, de courage.
- J'ose supposer que c'est normal de méjuger quelqu'un qui est reconnu comme un assassin notoire, évadé d'Azkaban et qui n'a jamais été rattrapé.

Soupire t-il, exaspéré que tout le monde semble admirer cet homme qui pourtant, a passé tant de temps dans les cellules de la prison sorcière et qui n'a pas été enfermé par erreur mais pour des crimes qu'il a réellement commis, il a même tué les juges du Magenmagot à l'époque... Il ne dit rien, mais continuera de "méjuger" Halewyn tant qu'on ne lui aura pas prouvé qu'il a de quoi le respecter sans que ce soit du respect dû à la peur...

- Et il est surtout capable de choses dont Samuelle est incapable.
- Léandre est en sécurité avec lui…

Il avait du mal à y croire... En fait, non. Il n'y croyait pas. Enfin, si, mais il s'agissait d'un putain d'assassin et pour lui, ce n'était pas encore démenti. Il avait encore peur quand il le croisait, Coeud'acier l'effrayait terriblement...

- Il serait néfaste qu’une enfant née de l’autre côté de la frontière, vive si près du seuil… Elle pourrait être attirée…
- Si vous le dites...

Dit-il d'un ton absent alors qu'il tente de reprendre possession de ses lunettes... Faisant du même coup éclater Lawrence en sanglots parce qu'il lui arrache son jouet. Mal à l'aise et pris au dépourvu, il lui rend et tente de le calmer de toutes les manières possibles...Sans trop savoir ce qu'il fait, parce que César à tout du nouveau papa qui ne sait mais alors là, pas du tout comment s'y prendre... Ça a ça de bon. Il ne pense plus à Coeurd'acier pendant ce temps là...

C’est Garland qui fournit la toute dernière réponse… Celle où César s’insurge encore qu’on fasse si facilement confiance à Halewyn. Au moment où Paul est parti changer Aurèle… « Vous l’aimez vraiment n’est-ce pas, pour ne pas voir qui elle est ? Ils se comprennent parfaitement. Samuelle est de la même race qu’Halewyn. Mais Samuelle est perfide et douée. Elle ne s’est pas fait prendre. » Le faune fixait sur l’homme ses yeux sombre. « Elle triche. »

« Allez, venez avec moi, je vais vous montrer comment faire... »

~ 5 Années plus tard... ~



Il est tôt... Très tôt. Cesar a été absent toute la nuit et viens à peine de se pointer, se vêt de son pyjama habituel pour acter une sortie du lit... Évidement c'est un succès relatif, il sait bien que Garland et Paul savent qu'il s'absente à tout va, le soir, la nuit... Il n'abandonne pas les enfants, mais profite du peu de temps qu'il a pour Kaitz... Il est un peu plus régulièrement présent depuis les dernières années. Les jumeaux ont grandi, il peut se permettre de les laisser tout seuls un peu plus longtemps, et c'est moins risqué de se faire prendre parce qu'il est Veilleur maintenant... Il fait sa ronde l'après-midi, s'occupe des jumeaux puis s'absente le soir... Pas tous les jours, évidement... Il n'a pas eu vent de ce qui se passe en Angleterre dernièrement. Donoline est bien loin dans son esprit et il à bien autre chose à faire et à penser que les plans de son ennemi de toujours...

Il n'a pas dormi, encore... Mais c'est un ex-journaliste, un auteur. Les écrivains ont souvent tendance à nécessiter moins de sommeil que la normale des gens. Une question d'habitude. Il est cerné jusqu'aux genoux, il a vieilli Cesar. Il à les cheveux et les yeux fatigués, grisonnant, les rides commencent à prendre une place définitive sur son visage et bien qu'il a l'air en forme, ses plumes sont défraichies et tout mis à part son moral laisse paraître qu'il est épuisé. Cette vie le fatigue mais il ne peux pas faire autrement. S'affairant dans les armoires, il est vite rejoint par la compagnie habituelle... Il est entré sans faire de bruit mais sans doute a t-il croisé sur le chemin sans même s'en rendre compte Paul, qui doit être déjà debout à cette heure...



Il est déjà réveillé depuis près d'une heure. Il sait que papa n'était pas là cette nuit. Il l'a vu partir. Il l'a toujours vu partir. Papa serait un espion assez médiocre. Ça le fait rire. Lawrence à l'habitude maintenant. Il n'a pas peur parce qu'il sait qu'au matin, il sera là. Et puis il y a Oncle Paul et Garland pour veiller sur lui et sa soeur. Il ne s'en fait pas. Quand il entends les pas de Cesar, il se redresse dans ses draps et s'en défait, réveille Aurèle au passage avec un résonnant:

- C'est le matin !!

...Qui d'ailleurs n'est pas destiné qu'a elle. Glissant de son lit, les cheveux en bataille, il à le physique de son père au même âge... Lui aussi il sera grand un jour, peut-être un peu plus massif, il a de bonnes épaules. Se pointant dans la cuisine, il se précipite aux fourneaux alors que Cesar y est, préparant du gruau pour tout le monde... parce que tout le monde aime le gruau... Sauf qu'y'a pas de sucre du pays ici... Faut faire avec ce qu'on a ! S'accrochant au pantalon de flanelle de son père, il tire un peu pour se faire remarquer...

- Papa, je suis là !

Une main rassurante se pose sur sa tête.

- Bon matin, tu as bien dormi ?
- Oui ! Ça fait comme ça de temps que je suis réveillé !

Lance t-il en montrant fièrement à son père sa main ouverte... Ça ne représente rien, mais pour Lawrence, ça veut dire beaucoup !

- Quand je t'ai entendu j'ai fait "AH !" et je suis venu tout de suite parce que j'ai très faim !
- T'as très faim ?
- Très très beaucoup !
- Ah tant que ça ?
- Oui oui !
- Ça veut dire assez pour mettre des fruits dans ton gruau ça ?
- OUI !

S'exclame le petit en sautillant, tirant sur le pantalon de son père pour le presser avec un sourire ravissant parfait calque de celui de son père... Contrairement à Léandre, il aura peut-être, en grandissant, un physique plus imposant...

Aurèle, réveillée par son frère, se jette en bas du lit et cours à sa suite. Pas un mot, pas un cris. Aurèle n’a pas besoin de faire du tapage, son frère le fait à sa place… Et avec son frère, on est jamais en reste. C’est en passant à la cuisine qu’elle fût capturée au vol et soulevée de terre. Oncle Paul rentre de sa patrouille… « hiiiiii ! »




« Paul, pose cette gamine par terre, elle a des jambes pour marcher tu sais… » fit le faune en nouant son écharpe. « Elle marchera bien assez quand elle sera plus grande… » rétorqua le vieil homme en prenant place à table, Aurèle chevauchant son genou. « Alors César, il vient ce gruau ? La frontière est calme, Garland, même les animaux l’évite… Tout est calme… » Garland tira sur sa veste pour ajuster sa mise. « Évidemment que tout est calme, Samuelle est au Canada… » fit-il laissant entendre que la seule véritable menace ne pouvait vraiment venir que d’elle.

Garland caressa la tête plumeuse des enfants au passage et sorti tranquillement faire sa ronde.

Pile poil où il voulait atterrir. Un sourire satisfait sur sa sale gueule, Halewyn regarde autour de lui, passant sans étonnement visible sur le faune pour se fixer sur le quatuor.

Jvous emmène de la visite. Paul, vous allez pourrir la ptite comme sa mère pis sa soeur.

Un petit claquement de manteau, il s'assied, fort décontracté, un sourire sur sa sale gueule, un sourire fort satisfait à vrai dire. Il laisse Léandre à ses retrouvailles, mais, oreille tendue, il n'en manque pas une miette. Il s'attends à vrai dire à des représailles. Personne ne lui a dit qu'il pouvait le faire, mais personne n'a dit qu'il n'avait pas le droit non plus.

- Hiiiiii !
- Paul, pose cette gamine par terre, elle a des jambes pour marcher tu sais…
- Elle marchera bien assez quand elle sera plus grande… Alors César, il vient ce gruau ?
- Ça arrive, ça arrive..., dit-il dans un bâillement interminable...
- La frontière est calme, Garland, même les animaux l’évite… Tout est calme…
- Évidemment que tout est calme, Samuelle est au Canada…

Silencieux, Cesar continue de remplir les bols doucement, sans faire de dégâts parce qu'il a l'habitude depuis le temps...Malgré que Lawrence ne cesse de lui poser question après question... Après question. Le tout sagement répondu avec un petit sourire fatigué. Le Faune sort donc, c'est son tour de faire sa ronde. C'est le matin après tout. Celle de Cesar, c'est l'après-midi... Il s'amuse avec Lawrence... En presque Français... parce que le petit parle relativement bien la langue, mais le père lui, est encore en phase d'apprentissage... Les enfants parlent un peu des deux... C'est difficile à suivre pour quelqu'un qui ne parle que l'anglais ou quelqu'un que le français...

Puis alors qu'il se dirige vers la table avec trois bols dans les mains, Lawrence portant fièrement le sien, il s'arrêtent tous les deux très brusquement alors que ...Samuelle...? Et Coeurd'acier...?... Se pointent entre eux et la table. Son coeur s'arrête presque et Lawrence en échappe son bol avant de se précipiter derrière son père, essayant de se cacher derrière les plumes de ses ailes... Il ne rencontre pas souvent de nouvelles personnes le petit... Et franchement, cette apparition là le fait paniquer... Les bottes d'Halewyn et les espadrilles de Léandre sont couverts de gruau fruité... Cesar fait le tour de la table dans l'autre sens, posant brusquement les bols sur la table, il rejoint Paul à l'autre bout, Lawrence le suivant de très près, le tout presque dans un même mouvement, il agrippe son fils qui s'accroche à son cou et se serre contre lui en silence...

...Ce... N'est pas Samuelle.

- J'vous emmène de la visite. Paul, vous allez pourrir la ptite comme sa mère pis sa sœur.

...Pour être honnête... Cesar n'a jamais eu et n'aura jamais confiance en Coeurd'acier.

Ah le con… Il aurait pu éviter son ptit sourire fendant… Mais c’est Hale. Elle a apprit à la connaître en 5ans et il a des qualités et des défauts… Un chat avec de la crème sur les moustaches. Il est fier de son coup le salaud. Si elle n’avait pas été aussi décontenancée, elle aurait roulé des yeux.

Décontenancée parce qu’il y a deux enfants identiques. Et son père… César avec ses ailes blanches… Ben… Il vient pas la prendre dans ses bras? Qu’est-ce qu’il fout là? C’est elle!!! Elle est là!!!

« Papa? » Difficile de dire auquel des trois hommes elle s’adresse…



Paul bondit sur ses pieds et planta Aurèle dans les bras d’Halewyn pour se jeter sur Léandre lui couvrant la figure de baiser. « Léandre!!! Ma petite fille!!! » Il la souleva de terre, la prenant à plein bras, oh, juste quelques pouces. « Tu es tellement grande! Laisse-moi te regarder! » Il la reposa par terre, lui prit le visage à deux mains et succomba à l’émotion, pleurant de joie. « Ma petite fille! » Il la plaqua sur son cœur, la berçant tendrement comme si elle avait encore 10ans. L’amour que Paul Daee portait aux siens… C’est franchement étouffé par l’émotion que la voix du vieil asthmatique leur parvient ensuite. « Merci Halewyn, merci de tout cœur… César! C’est Léandre!!! »



Aurèle était moins craintive que son frère. Elle vivait avec le solide contentement de ceux qui se savent en sécurité peu importe ce qui arrivera. Elle dévisage l’assassin de ses yeux verts, esquisse un petit sourire… Celle-là aussi porte la génétique de sa mère : peau caramel, cheveux noirs et plumeux… Tous les métisses se ressemblent, mais elle a les yeux verts de son père, les mêmes yeux que son jumeau.