3492 des Remparts app B, Québec,Canada

Les deux hommes lui indique une chaise à la table de la cuisine et pendant que Paul fait chauffer de l’eau pour le café, Philippe vient s’appuyer au comptoir, les bras croisés, le manteau sur le dos comme s’il n’était que de passage. Il la dévisage ouvertement évaluateur. « Pas de sucre, pas de lait, ça s’appelle ‘noir’ » souligne-t-il.

Le dos tourné, Paul compte les cuillérées de café… Il ne comprend pas pourquoi elle a tant appuyé sur le ‘oncle’. Le vieil homme connait bien Halewyn. La belle gitane chimérienne aussi. Il est bien informé au sujet de Morayeel parce que le gamin est la clef de tous les dangers mais Elthiriel reste une énigme.

Par égard? Par égard pour Halewyn? Elle se donne la peine de répondre seulement par égard pour Halewyn? Depuis quand sont-ils en mauvais terme? « Des questions? Tu as des questions? » Ouvert… Toujours très ouvert. Il laisse à philippe le soin de terminer et vient s’assoir à table avec elle… « Et ma petite nièce? Comment va-t-elle? »

hj: suis revenue de calgary, à toronto jusquà mercredi...

Pas de sucre, pas de lait, ça s’appelle ‘noir’

J'ai déjà assez donné dans le 'noir', je préfère dire sans lait ni sucre, merci de ta prévenance Philippe.

Lui rétorque t'elle avec un sourire malin. Elle appuis son menton pointu dans la paume de sa main et dévisage ouvertement le métisse. Philippe.

Des questions? Tu as des questions?

Si, qui n'en a pas?

Elle prends la tasse de café et y trempe délicatement le bord des lèvres avant de reposer la tasse. Trop chaud.

Et ma petite nièce? Comment va-t-elle?

L'oeil gris le toise ouvertement. Un jeu de savoir qui en dira le plus à l'autre? Pourtant.

Pourquoi tu ne va pas lui rendre visite? Ca t'éclairerait pas mal plus que tout ce que je pourrais te dire. J'ai entendu murmurer entre les branches qu'elle avait à voir avec une prophétie Daee, rapport avec l'Apocalypse. Je le tiens d'un des tiens.

La jeune femme soutient le vieux regard sans broncher, le menton retourné dans la paume.

Le Padre a pas fait encore le lien parce qu'il a comme beaucoup de chose à planifier, je ne t'apprends rien, vous le suivez de près depuis fort longtemps et encore plus depuis que vous la lui avez refilée. Ce qui me perturbe, moi, c'est que River m'a annoncé la même chose. Et tu comprendra qu'il y a différentes choses qui me rendent infiniment nerveuse. Je ne suis pas du style à m'inquiéter, alors je crois qu'avoir l'heure juste à ce sujet serait souhaitable. Que pense tu du raisonnement, oncle?

« Paul… Je m’appelle Paul. Je ne suis pas ton oncle. » Une très importante mise au point… « Qui donc a pu te conter cette fable? » s’étonne Philippe.

Paul ne joue pas au chat et à la souris… Il ne joue à aucun jeu. Il n’a jamais joué. Ce n’est pas un jeu. Ça ne l’a jamais été.

Ce n’est pas lui qu’elle est venue voir… Alors pourquoi se montre-t-elle si revêche? « Léandre n’est pas le sujet de cette prophétie… Elle y ressemble comme sa mère avant elle mais c’est une petite fille tout à fait humaine. Il n’y aura pas d’apocalypse… Ceux qui disent le contraire sont dans l’erreur. Léandre n’a que des capacités, pas de pouvoir. Et si je te demande à toi de ses nouvelles c’est parce que je pensais que tu saurais m’en donner… » Le vieil homme sourit malgré sa déception : « C’est un peu comme si elle était ma fille, après tout… » « C’est lui qui l’a élevé… Paul adore les petites filles… » Complètement gâté de chaleur humaine; une petite fille dont ont avait prit soin et ça paraissait… Comme les deux autres…

Le lien? De quel lien parle-t-elle? « River? Allons bon, que reproches-tu à River? En quoi t’inquiète-t-il? Il te rend nerveuse? »



Une vieille porte de bois qui demande à être légèrement forcée pour livrer passage... Des pas dans l'escalier... Pierre Daee atteint le palier de l'appartement en essuyant ses lunettes... Attiré par une conversation qu'il ne comprend pas, il entre dans la cuisine, à gauche et s'immobilise sur le seuil.

Son expression est équivoque... Un mélange d'étonnement et d'empathie...

Beaucoup plus collet monté que Philippe, il renchausse ses lunettes... « Elthiriel? »

Paul… Je m’appelle Paul. Je ne suis pas ton oncle.

Une très importante mise au point… Mais qu'elle ne relève pas.

Qui donc a pu te conter cette fable?

Elle hausse les épaules. Philippe sait qu'elle ne dévoilera pas ses sources.

Léandre n’est pas le sujet de cette prophétie… Elle y ressemble comme sa mère avant elle mais c’est une petite fille tout à fait humaine. Il n’y aura pas d’apocalypse… Ceux qui disent le contraire sont dans l’erreur. Léandre n’a que des capacités, pas de pouvoir. Et si je te demande à toi de ses nouvelles c’est parce que je pensais que tu saurais m’en donner…

C’est un peu comme si elle était ma fille, après tout…

C’est lui qui l’a élevé… Paul adore les petites filles…

Elthiriel retient la remarque qui passe près de lui traverser les lèvres. Ceux qui aiment les petites filles à ce point, ca s'appelle des pédophiles.

Va demander a Morayeel, c'est lui qui la cotoie le plus, ou Walter, j't'apprends rien, c'est de notoriété publique.

River? Allons bon, que reproches-tu à River? En quoi t’inquiète-t-il? Il te rend nerveuse?

La jeune femme fait signe au vieux de s'approcher. Et lui résume de par le détail ce qu'ils ont appris sur l'apocalypse. Mais sans citer de nom. Ce n,est pas grand chose, des informations fragmentaires. Mais assez pour susciter une inquiétude légitime.

De quoi les Daees ont il eu si peur pour la condamner à mort? Ce qui m'amène à la grosse question que mon père a trop confiance en vous pour soulever. La Lance qui est en vore posession entre autre Faudrait que ca soit discuté entre vous deux, entre autre chose. Le vent tourne et il sent le sang...

Elthiriel?

Elle tourne subitement la tête vers Pierre, le véritable but de sa visite.

Bonsoir Pierre. Je voulais te parler absolument... En privé si possible. Philippe a bien dit que tu était occupé, mais j'y tenais, donc me voici.

Non… Ceux qui aiment les enfants à ce point sont les parents d’un djinn… Les pédophiles c’est ceux de la race de silence… Les enfants sont pour le moment beaucoup trop jeune pour être sevré de chaleur humaine… Si en vieillissant chacun recouvre son cœur de laine, il n’est jamais froid. Autant en profiter.

« La notoriété publique d’angleterre n’est pas la notoriété publique de cette région du monde… En outre, il ne m’est pas possible de me déplacer actuellement. Si Halewyn désire me parler, il trouvera bien comment me contacter… Il n’a qu’à se rendre à la brocante, comme il l’a toujours fait… Je ne lui ai jamais fermé ma porte. »

C’est Pierre qui répond à sa question suivante…

« C’est ma faute si Samuelle a été assassinée… Parce que je lui ai confié un grand savoir, mon héritage… » Jamais l’aîné et le cadet ne partage leur héritage. « C’était une bêtise. Georges a senti qu’il perdait le contrôle, il a eut peur que Samuelle, une cadette bénéficiant du pouvoir, ne se serve de ce que je lui avait confié… » Il se tira une chaise entre Paul et la jeune fille. « C’était une folie… Samuelle est humaine même si elle n’aime pas qu’on le lui rappelle… » Il soupira profondément, heureux que Philippe s’abstienne de ses commentaires habituels. « Je t’écoute… »

Parce que la dernière fois elle a tenté de le faire rôtir à la broche… Un proche passé… Et parce que les Daees sont des gens familiers mais tous indépendant.

hj: que tu me répète que ton personnage me résume une autre conversation, ca me dit RIEN de ce quelle SAIT et de ce quelle a COMPRIS. J'peux pas te donner des détails quand j'ignore ceux qui te manque! Y'en a pas plus là, j'ai tout dit! tout!!! j'vois pas ce qui peut te manquer!!! fak arrete de me dire que t'as des questions sans les poser!!!

hj: jte les ai posé els maudites questions mais tu les a pas comprise... tsé, ca va dans els deux sens. Je t'ai fait le résumé aussi de ce que je savais. Je peux pas faire un texte cohérent avec des infos fragmementaire. Elle lui a clairement demandé ce qu'il pensait de leur situation actuelle. Il a le droit de pas comrpendre. Jvous els ai demandé a maintes reprises les infos. Faque mes pjs n'ont pas assez d'infos pour faire des questions claires et concises comme vous les aimez. Faudra faire avec un peu ou m'en donner que je puisse avancer et que ca leur éclaire leur lanterne.

Je répète. Vu que Paul était devant moi, j'en ai profité pour qu'il s'interroge lui aussi comme quoi ca sera plus facile faire entrer Hale et Paul en relation PLUS TARD, quand ca sera adéquat. Mais c a Pierre que JE voulais parler.



Elle a un bref coup d'oeil a Philippe et Paul. Semble hésiter, en fait, elle hésite carrément.

Heu... j'aimerais en privé s'il te plait. Ca concerne pas Pierre Jean Jacques... EN fait Pierre si, mais pas Jean Jacques.

Blague t'elle. L'assassin semble gêné, oui c'est ca. Ca doit être mauditement important. Et humiliant pour elle. Et elle a dit s'il te plait??????

Les prunelles grises se reportent sur Oncle Paul. Elthiriel glisse discrètement sous sa tasse son numéro de cellulaire.

« Bien… Eh bien je te présente mon oncle, Paul, et mon frère Philippe… » Philippe s’inclina légèrement, narquois. « Ni Jean, ni Jacques… » Fermement, il ajouta : « Nous sommes en privé… »

Paul ramasse le bout de papier glissé sous sa tasse… Un numéro de cellulaire… C’est tellement facile pirater un cellulaire… L’enfance de l’art… Et les hiboux alors ? Il serait temps d’expliquer à cette enfant que Greenpeace n’a pas longtemps toléré l’abattage de nos amis les rapaces…

La bouche se ferme, la mâchoire devient carre tandis qu'elle, si elle était moldue, se causerait quelques milliers de dollars de frais de dentiste pour cause de dents fêlées lors de séances de serrage de mâchoires intensives. Je le sais j'ai testé.

Mais bon, là n'est pas l'intérêt. Manifestement, elle rassemble son orgueil et sa dignité.

Je voulais te demander pardon.

Lâche t'elle finalement entre les mâchoires crispées, regardant droit devant elle. Ni a gauche, ni a droite. Ni Paul, ni Pierre, ni Philippe.

Personne ne se moqua de sa démarche… L’orgueil et la dignité sont bien peu de chose quand on dresse la chronique de l’histoire. Il y eut un silence, rompu par Pierre : « Il y a une différence entre excuser et pardonner… » commença-t-il d’une voix calme avant d’être interrompu par Philippe. « L’histoire se moque des excuses et des pardons, ça n’a jamais rien arrangé… Et lui… » fit-il avec une haine âpre et intolérable, « … en est le meilleur exemple qui soit… » « Philippe! » Le plus jeune des trois hommes se tue… Il y eut un autre silence… Personne ne quitta la pièce… « Aucun être sensible ne pourrait refuser d’excuser tes actes mais… » « La véritable question est de savoir ce que tu demandes de pardonner… » fit Paul en se levant. Il fit signe à Philippe de sortir avec lui et bien que l’homme soit chez lui, il sortit avec le vieillard.

A la diatribe haineuse de Philippe, la jeune femme lui retourne un regard étrange, indéchiffrable et inhumain. Sans rien dire. Elle attend... longuement encore, faisant preuve d,une retenue, d'une maitrise et d'une, oui, on peut dire maturité, qu'on ne lui connaissait pas.

La porte se referme doucement. Et elle parle enfin, toujours sans le regarder, le rouge de la honte aux joues.

Mais quoi?

« La véritable question est de savoir ce que tu demandes de pardonner… » répète-t-il avec douceur...

Ce que je t'ai fait... J'avais peur... J'ai toujours peur en fait... Mais c'était pas une raison pour foncer dans le tas.

Répond elle avec beaucoup d'effort. Elle ferme les yeux et inspire profondément

« Tu n’as pas l’air d’avoir vraiment conscience de ce que tu as fait… Ni ce que tu ressent… » Il l’observait attentivement. « Comme si tu avais réagit instinctivement en te laissant guidé par autre chose que ta raison… Enfin, tu es excusée… » ajouta-t-il avec un geste agacé… Il se leva de table. Il était fatigué, peu enclin à écouté les états d'âme dramatique de cette adolescente. « Senec disait dans ses œuvres que seul les actes d’une personne apportent une réponse loyale… J’ai eu une dure journée… Que me veux-tu d’autre? »

Elle descend de sa chaise, non satisfaite, mais sachant que c'est tout ce qu'elle tirera de lui.

T'sais, ta pas besoin de passer par quatre chemin pour dire non j'te pardonne pas. Et c'est vraiment ce que tu crois que j'ai quelque chose à te quêter?

Piquée au vif. Agir autrement serait suspect.

Pas que je me demande pas ce que vous foutez avec la lance d'Elemiah et que ca me pend au dessus de la tête comme L'épée de Damoclès, mais je ne te ferai pas le plaisir de l'affront en te demandant quoi que ce soit. J'étais juste venue dire ca, pardon. Maintenant fais en ce que tu veux... Je ne m'humilierai pas davantage si c'est pour subir une psychanalyse à deux balles.

Dit elle, s'arrêtant néammoins à coté de lui et lui faisant la bise avant de partir. Le contact des lèvres de la belle sur la joue de Pierre est glaciale. Puis, elle fait le mouvement vers la porte.

Si un café ca te tente, call moi.

La bise? Qu’est-ce que c’est que ça? Ils vivent dans une ville française mais ce sont des métisses… (Et c’est bien connu que c’est comme ça qu’on attrape la scarlatine) Pierre broncha lorsque la jeune femme voulu lui faire la bise… Surpris, et rendu nerveux par sa proximité, il tourna la tête. Ses lèvres se posèrent sur les siennes… L’homme eut un mouvement de recul brusque et maladroit…

Et directement au sortir de la cuisine, la phœnix tombe sur Philippe… Il n’est jamais bien loin, celui-là… Avant même qu’elle ait eut le temps de s’étonner, il lui ouvre la porte et lui désigne l’escalier, l’air trop heureux de la voir partir… « Ça nous a fait plaisir de vous revoir mademoiselle… » fit-il avec des manières impeccables. Il était chez lui se rappela-t-elle… « Bon vent, bonne route… »

J'espère vous revoir en une meilleure occasion Philippe.

Lui répond t'elle, lui renvoyant le vous, avec un superbe sourire. Qui peut bien savoir ce qui lui trotte dans la tête à cet instant précis. Elle avait une excuse à faire, c'est fait. Et si Pierre n'a pas envie de lui pardonner ou de lui faire causette, au moins n'a t'elle pas perdu complètement son après midi. Sans avoir accompli son dessein, elle a pu au moins ouvrir une porte. Le reste est un marathon, faut savoir doser pour arriver au bout.

L'oeil gris se teinte d'un vert malsain tandis qu'elle marche dans les rues de Québec, la jeune femme fait un croche, se glisse dans une cours intérieure pour qu'on perde sa trace.

De la vaisselle tintait à la cuisine et l’horloge n’avait pas encore sonné 5h. Paul sortit du lit en veillant à ne pas réveiller les jumeaux et les borda étroitement avec l’épais amoncellement de couverture. Ernest lui manquait les matins comme celui-ci. Il endossa sa robe de chambre et traversa nu pied l’appartement. Philippe dormait dans un fauteuil de la bibliothèque, la tête renversée, la bouche grande ouverte. Contre sa cuisse, dépassait encore le goulot d’une bouteille d’alcool largement entamée.

- Samuelle! Chuchota le vieil homme. Il est tôt…
- Oh? J’avais fini mes petites affaires…

Elle s’installa à table, armée d’une fourchette et de 2 assiettes.

- Qu’est-ce que c’est?
- Du saumon!
- Du saumon? Du saumon sous les braises! Tu es allée à la pêche? S’étonna-t-il en se tirant un siège devant une si belle gourmandise.
- Non je l’ai chipé à quelqu’un qui l’avait abandonné…
- Abandonné?
- En fuyant dans les bois?
- Je vois…

L’enveloppe d’écorce déchirée, elle repoussa la peau, détacha la tête, partagea les filets.

- Comment…
- Ça n’a pas d’importance, n’est-ce pas? Ils sont mort… lui coupa-t-elle la parole. Cloete, a prit position depuis des mois, Florence se laissait gouverner par la peur parce qu’il s’agissait de moi et Joël l’aurait suivit…
- Joël est influençable…
- Était…
- D’accord.

À la fourchette, en silence, Samuelle décolla les arrêtes et préleva le chair, pour la réduire en flocons dans la deuxième assiette. Un festin pour les enfants…

- Comment s’est comporté ton ami?
- Il a répondu à mon appel…
- Mais?
- En assimilant le sang d’Halewyn… Je ne suis pas certaine d’avoir encore l’exclusivité de son attention…
- Halewyn ne ferait jamais ça…
- Il ne ferait jamais quoi? Oh tu veux dire aller à l’encontre de ma volonté?
- Il a fait ça pour ton bien…
- On m’a assassiné pour mon bien aussi tu sais…
- Je suis allé le voir avec les enfants…
- Pourquoi?
- Pour l’avertir de tes sentiments et les minimiser en lui parlant des miens…
- Pfff
- Oui, et quand tu auras admis que s’imposer par la force est effectivement la seule manière de négocier avec toi, tu pourras peut-être lui pardonner ce qu’il a fait…
- Il m’a humilié!
- Une toute petite humiliation… C’est bon pour l’égo… Ce qui m’inquiète, moi, c’est qu’il a prétendu qu’il avait le pouvoir de te soumettre par son sang…

La belle métisse releva les yeux de sa besogne… Samuelle craignait toutes contraintes. Les chaînes et les entraves… Le joug et la servitude. Halewyn pouvait-il vraiment devenir menaçant pour obtenir ce qu’il désirait?

- Je pourrais le tuer... Enfin, s'il n'essaie pas de se servir de sa baguette, évidemment... Une pointe de rancoeur... Paul l'ignora superbement.
- Le contraire est aussi vrai. Tu as réfléchit au fait qu'il ne peut plus te faire le moindre mal? Ce serait l'équivalent de frapper son sang...

Samuelle réfléchit quelques secondes à cette logique intéressante.

- Je préfère ne pas tester les limites de son sang à mes dépends... Et de toute manière, je n'ai pas l'intention de recroiser ma route avec la sienne. fit-elle, hautaine, en se levant de table pour mettre le poisson au frigo.
- Il a aussi dit que des vampires te harcelaient…
- T’es un vampire, toi aussi, Paul…
- Et tu deviens sinistre...
- C'est le sang d'Halewyn...

Le vieil homme et sa nièce se sourirent…

Au milieu de la nuit…

Des bruits dans l’escalier… Comme si une personne ivre y trébuchait ou peut-être comme si on y traînait une personne ivre. Une bordée de juron assourdis résonna au travers de la porte du palier.

Paul croisa pierre en traversant le petit salon. Les deux hommes échangèrent un regard et Pierre s’arma d’une baguette coincée entre les pages d’un livre. Les deux hommes étaient relativement désarmés sans magie ancestrale. Ils s’encadrèrent autour de la porte et s’apprêtèrent à réagir lorsqu’elle s’ouvrit sur des cousins. Pierre jura.

- Je suis bien d’accord avec toi…

Adolf entra, portant Léane, talonné par Philippe qui le harcelait de sa baguette.

- On les a surprit au Manoir des Rocstones…
- Chez les Rocstones???
- C’est un refuge!
- Ça ne les a pas arrêté…
- Les Rocstones sont au courant?
- Je ne crois pas… Sam est restée là bas pour évaluer la situation…
- Elle va mentir?
- Certainement.
- Pour eux?!?
- Pourquoi pas? Elle a conclu un pacte avec Luc et Crispin!
- Ta gueule toi. Nous on a pas conclu de pacte…

Paul s’interposa malgré la gravité de la situation…

- Du calme Philippe! Il n’est rien arrivé…
- Ça aurait pu! Ils ont faillit noyer Morayeel dans un tapis coulant!
- On n’avait pas le choix! C’est sa source!
- Morayeel Sampiero n’est la source de personne! Ce n’est pas un Daee!
- Et plus important encore, Léandre n’est pas celle dont parle la prophétie…

Le silence se fit entre les 3 hommes. Parce que ce dernier argument n’était pas sans faille… Un doute subsistait. Perdu dans leurs réflexions, ils se calmèrent. Pierre préleva Léane et l’étendit dans un fauteuil du petit salon.

- Réfléchis Adolf, seul un être d’une malfaisance inouïe serait assez déterminé dans son dessein et insoucieux du coût pour lancer l’apocalypse. Songe aux moldus et aux grands génocides historiques… Ils ont sacrifié des populations entières… Au regard de l’apocalypse, c’est rien du tout et pourtant l’histoire se souvient d’eux comme des monstres! Tu imagines Léandre être cette personne?
- C’est la fille de Samuelle!
- Ce n’était pas Samuelle non plus…
- Elle n’est pas née de ce côté-ci de la frontière!
- Cela n’en fait pas un démon…
- Jinx s’est trompé. Les Chimériens aussi… admit Pierre pour la toute première fois. Mais à force d’intervenir, vous allez changer le cours de l’histoire…
- Elle va vraiment mentir pour nous?
- Elle va tricher… Walter Rocstone l’a toujours laissé tricher…

- Qu’est-ce que tu as fait à cette pauvre gamine?
- Je lui ai balancé un sortilège de pétrification…
- Pétrifi… Répéta Pierre en s’interrompant.
- Samuelle m’a cédé du pouvoir… se justifia son frère subitement sur la défensive. Je ne le lui ai pas demandé!
- Tous les aînés d’un cadet peuvent puiser à la source… C’est un vestige de leur héritage… Pour avoir été, en leur temps, des cadets.
- Je sais! le coupa sèchement l’aîné des enfants de Georges Jinx Daee.

La tension devint palpable dans le petit appartement des remparts. Les deux frères s’affrontèrent du regard, alors qu’Adolf cherchait à se faire aussi petit que possible. Les querelles familiales de cette branche de la famille était passée à l’histoire mais un chroniqueur est toujours maître de l’histoire qu’il relate. Philippe avait toujours passé pour un homme particulièrement ouvert et flexible… Paul les vampirisa délicatement, désamorçant leur colère.

- Alors remets-la sur pied, prend les mesures nécessaires et raccompagne-la… Cracha finalement le métisse.

Il bouscula alors Adolf vers la sortie laissant Philippe seul avec Léane et Paul.

- Sa jalousie lui passera…
- Tu crois? Fit il sur un ton qui montrait clairement qu’il n’en croyait pas un mot. Le métisse enleva son veston et se mit à l’aise, tirant sa chemise de son pantalon, se mettant pied nu.
- Il m’a déjà étonné bien d’avantage… fit le vieil homme en prenant le chemin de la chambre des jumeaux.
- Paul, il y a une chose que je n’ai pas dite… Il plaqua ses mains sur les joues de sa cousine, lui soulevant les paupières. Lemony se trouvait là aussi… Sous sa forme asservie…
- Lemony?
- Je ne suis pas certain que Samuelle en ait eu conscience…

Paul revint sur ses pas, se penchant au dessus de l’épaule de son neveu.

- Elle t’a laissé assez de pouvoir pour neutraliser le sortilège?
- Tout juste…

Philippe se concentra, rassemblant en lui toute la magie qu’il trouva, et délicatement il souffla sur le visage de Léane. La peau de la jeune femme perdit sa teinte grisâtre et retrouva sa souplesse… Elle resta cependant dans le brouillard, affaiblie.

- Pas tout à fait, je dirais…
- Bonsoir Léane lui sussura Philippe.

Aurèle et Laurence s’appliquait à faire leur devoir sur la petite table de la cuisine… Oncle Philippe, habituellement très permissif, les avait ramenés directement à la maison après l’école. Il semblait préoccupé…

Oncle Paul n’était pas là, aussi Philippe était-il resté avec eux, pelant des clémentines et distribuant les quartiers aux enfants à mesure qu’avançait leurs leçons. Il n’avait pas enlevé son manteau, comme s’il allait bientôt repartir. Oncle Philippe restait rarement à la maison bien que ce soit son logis. Aurèle mâchonnait distraitement son crayon, guettant le signal de son départ et c’est probablement son inattention qui lui laissa la longueur d’avance nécessaire pour ouvrir la porte qui donnait sur la ruelle…

« GARLAND!! » s’exclama-t-elle d’un timbre joyeux.

Le faune baissa les yeux sur la fillette et contient visiblement sa colère devant elle. Philippe et lui se foudroyèrent du regard alors qu’Aurèle sautillait entre eux, les bras tendu pour se faire prendre. La tension devint palpable. Le faune se força finalement à sourire et ramassa la gamine qu’il avait longtemps accueillit chez lui. Son sourire gagna en sincérité. « Ils ont grandi… » remarqua-t-il en repoussant des mèches de cheveux plumeux derrière les oreilles d’Aurèle… « Et ils ressemblent à leur mère… » « Mais toute leur personnalité tient d’avantage de leur père : doux et docile… » Le faune reposa Aurèle sur la chaise qui avait manifestement été son siège. « César O’connor est peut-être un doux mais il n’a été en rien docile… » Cracha-t-il, « Où se cache Paul Daee? » gronda-t-il en contenant visiblement sa rage… « L’ancienne garde d’honneur se réunie… »

Philippe accusa le choc… Discrètement il attira Garland au salon…
- La garde d’honneur? Écoutez Garland, Paul est absent mais il ne doit pas être loin… Il est peut-être allé faire une course… Il ne laisserait pas les gamins. L’assura-t-il… Et puis il ne peut pas fracasser la pierre, il est sans pouvoir depuis que Jinx est mort, il ne prendrait pas ce risque…
- Paul? Ce n’est pas Paul qui a fracassé la pierre... C’est Léandre…
- Comment Léandre a-t-elle pu connaître la frontière?
- Son père, César, a été membre de l’ordre. Il a trahit nos secrets pour elle.
- Léandre ne peut pas d’avantage fracasser la pierre! Les jumeaux sont ici!
- Léandre n’est pas née de ce côté-ci de la frontière… Elle a toute latitude de retourner sur son lieu de naissance… Et elle ira. Elle ira pour ramener ce démon dont vous vous êtes tous entiché!

À mesure que la voix du faune s’élevait, l’attitude de Philippe se fermait. Et au moment où le faune jetait cette dernière accusation, se trouvait devant lui un sorcier ferme et résolu. Philippe avait longtemps été cadet avant la naissance de sa sœur. On lui avait enseigné une attitude souple, accommodante et tolérante qui avait laissé sa marque sur l’homme qu’il était devenu. Le meurtre de sa sœur et les événements qui suivirent l’avait cependant changé.

- Le jour où elle sera capable de fracasser la pierre, j’aurai peur d’elle. Mais le jour où elle arrivera à le faire, elle aura peur aussi… Et j'aurai confiance en la peur...