3492 des Remparts app B, Québec,Canada

Aurèle s’éveilla la première…

Un brillant soleil traverse l’épaisse fenêtre. De l’extérieur, lui parvient des voix très assourdie, le bruit de la circulation… Elle s’assit dans le grand lit.

- Bonjour Aurèle…
- Hi…

Un homme s’affairait à nouer autour du poignet de son oncle endormit, un mince lacet de cuir.
- C’est joli n’est-ce pas ? J’en ai un pour chacun de vous… Et retroussant sa manche, il désigne le sien propre.
- What c’est ?
- Un bracelet qui nous lie tous comme la famille que nous allons devenir…
- Ma famille ?
- Je m’appèle Pierre. Je suis le frère aîné de ta maman. Ton oncle.

La façon de parler de l’homme lui est familière mais pas parfaitement compréhensible. Aurèle préfère de toute manière laisser son frère faire la conversation.

- Tends moi la main…

Aurèle s’exécuta.

- Oncle Paul, ton frère et toi, allez vivre avec moi en ville quelques temps. Tu vas voir, c’est une très belle cité ! Ancienne et pleine de trésors ! Avec dextérité, Pierre termine de nouer le lacet autour de son poignet. Voilà… Aimerais-tu déjeuner ?
- Lawrence ?
- Oh mais tu as raison ! Laurence ! J’oubliais presque ton petit frère.

Lawrence ouvre les yeux en entendant son nom... S'assoyant brusquement sur les draps, il se frotte les yeux un instant, réalisant juste à l'odeur qu'il n'est pas chez lui, parce que chaque endroit à son odeur particulière et cet endroit ci ne sent pas comme le repaire de Garland...

- Oh mais tu as raison ! Laurence ! J’oubliais presque ton petit frère.

Le petit garçon observe la situation en silence avant de s'approcher de sa soeur, protecteur, la tenant par l'épaule délicatement, il détaille l'homme qui se trouve près d'eux. Qu'est-ce qu'il veut ?... Oncle Paul est endormi... Pourquoi ils ne sont plus au repaire ? Dans son petit coeur, malgré la présence rassurante d'Oncle Paul, il espère que son père réapparaîtra... Garland leur a expliqué qu'il avait du partir... Mais qu'il reviendrait... Il lui manque quand même.

- Where on est ?

Demande Lawrence sur un ton nerveux.

- Pourquoi we are ici ? Why Oncle Paul dort while on est whith un inconnu ?

Bafouille t-il malgré qu'il sait très bien qu'ils ne seront jamais en danger tant qu'Oncle Paul est dans les parages, endormi ou pas.

Pierre posa un doigt en travers de ses lèvres. « Ssssh tu vas réveiller Oncle Paul! » Et il leur tendit chacun une main caramel. Aurèle se saisit de celle qui se trouve sous son nez avec enthousiasme. « Déjeuner! » Il pressa délicatement les doigts de la fillette entre les siens. Les jumeaux étaient un trésor dont il n’aurait jamais espéré avoir la garde. « Viens Laurence, laissons Paul récupérer, il a eut une dure nuit! »

Le vieil homme posa à cet instant une main délicate, chaude et douce sur l’épaule du garçon. « Go with Pierre, Lawrence, he’s notre hôte… » fit la voix de Paul, ensommeillé. Aurèle se laissait déjà entraîner vers la cuisine.

L’appartement est largement fenêtré. Les planchés de bois franc ont été si souvent sablé et vernis que les lattes sont devenues minces et craquantes sous leur pas. Les plafonds sont inhabituellement haut. C’est un appartement d’adulte, avec de larges et hautes bibliothèques. C’est aussi un appartement de Daee, jonché de pierres et de cailloux de toutes tailles. C’est surtout un appartement de sorcier austère où on n’imagine pas trouver une boite format géant de SugarCrisp…

« Vous aimez ça? » Aurèle, déjà à genoux sur une chaise, fixe la boite des yeux, indécise. « Papa always prepare gruau and fruits… » « Oh… je n’ai pas de gruau… » s’affligea leur oncle. « On va essayer les céréales et si vous n’aimez pas ça, on trouvera autre chose! » Toujours difficile à comprendre pour les deux enfants par parfaitement bilingue. Deux bols sont posés sur la table, assortis de cuillères et d’un litre de lait en carton… Pierre supervisait l’ajout du lait, lorsque la porte donnant sur la ruelle, dans la cuisine, livra passage à un second homme inconnu. Le premier ressemblait trait pour trait au deuxième.

« Aaaah voilà votre oncle Philippe… Philippe est le plus jeune frère de votre maman. » Manifestement, le métisse s’attendait à trouver les gamins là. Chose rare pour l’homme qu’il était, Phil leur offrit un sourire. « Salut les ptits! Alors tu es Aurèle… »fit-il en désignant Lawrence, « … et tu es Laurence! » fit-il en désignant Aurèle. Et familièrement, Philippe souleva Lawrence de sa chaise pour s’asseoir à sa place et le jucher sur son genou. « Des SugarCrisp! Ce sont mes préférées!! » Et il lui piqua sa cuillère.

Avec une moue déçue, Lawrence prends la cuillère posée près du bol devant lui. Paul l'a amplement rassuré mais ce n'est tout de même pas le gruau de papa et ça le déçoit. Ça fait un moment qu'ils n'y ont pas eu droit d'ailleurs. Ce que Léandre lui avait fait promettre quelques semaines, voir mois, plus tôt, n'était plus en fonction... Protéger papa ?... Veiller sur lui ? Comment s'il n'était plus à la maison depuis un moment ?

Presque debout sur sa chaise, ça lui change les idées de verser le lait dans le bol de sa soeur... Parce que Lawrence prend un soin maladif de sa jumelle. Il ne la couve pas, ne l'empêche pas de parler ni de bouger, seulement, elle semble apprécier sa manière d'agir et lui, adore s'occuper d'elle... C'est pourquoi il agit souvent devant elle sans qu'elle ne le demande... Après avoir passé aussi dans son bol, il pose la pinte sur la table avant d'être surpris par une nouvelle entrée.

- Aaaah voilà votre oncle Philippe… Philippe est le plus jeune frère de votre maman.

Levant les yeux, il lui répond d'un sourire.

- Salut les p'tits ! Alors tu es Aurèle…
- Hem...
- … et tu es Laurence !

Surpris d'être soulevé et reposé sur un genou, Lawrence prend appui sur la table et Philipe en profite pour lui dérober sa cuiller.

- Des Sugar Crisp ! Ce sont mes préférées !!
- Hey ! Ma spoon !

Lance t-il en essayant de la récupérer.

- J'ai hungry ! Give it back !

Fait-il en ricanant... Il aime quand on les mélange. Ça lui permet d'être, pendant un instant, la p'tite fille qu'on câline et qui fait du p'tit-galop sur les genoux d'un oncle... Il est loin d'être jaloux évidement, c'est pourquoi en récupérant l'objet, il grimace et claironne ;

- Hé bien Uncle Philip, I te présente Aurèle, my soeur, and I'm Lawrence.

Dit-il en enfournant une pleine bouchée de céréales sucrées... C'était foutrement sucré... Le genre de truc que papa bouffait le matin pour se redonner la pêche quand il avait l'air d'avoir passé la nuit dans une tempête et qu'il revenait tout étourdi mais quand même assez conscient pour leur parler et leur préparer leur gruau.

- I tastes pareil like Fruit Loops...

...Les marques commerciales... Ça goûte tout pareil... Décidément, il était triplement plus bavard que sa soeur.

« Oh-oh! Maman vous a choisi des noms bien particulier! » s’amusa philippe en serrant affectueusement son neveu contre lui. C’était des noms ambigus… Ils leur allaient parfaitement.

Aurèle cherche Pierre des yeux… Parce que Lawrence est sur les genoux de son oncle et qu’elle est toujours sur sa chaise… Ce n’est pas normal… C’est toujours elle qu’on prend en premier. Philippe lutte avec Lawrence pour chaque bouchée de céréale… Il se passe vraiment quelque chose… Elle ne comprend pas quoi mais… Pierre, derrière sa chaise, soulève ses cheveux fins dans une caresse, examinant leur texture plumeuse. Une expression mystérieuse flotte sur ses traits. Aurèle le dévisage, la cuillère toujours levée, sans toucher aux céréales. Pierre se pencha pour se mettre à sa hauteur. « Tu ne manges pas? Il faut manger pour avoir de l’énergie et apprendre… Il y a de l’école tout à l’heure! » « École? » « School! Vous avez 5ans et il y a près d’ici une très belle école moldus où vous allez apprendre des tas de trucs utiles! Nous y sommes tous allés à vôtre âge! Philippe, moi, votre maman! » « Pas longtemps en ce qui concerne votre maman… » ricana Phil. « Mais il faudra faire très attention à ne pas utiliser de magie et à ne dire à personne que nous sommes des sorciers! C'est un secret! »

- Oh-oh ! Maman vous a choisi des noms bien particulier !
- Ah bon ?

Réponds le garçon en essayant de garder sa cuillère... Luttant un moment contre son oncle pour la garder, il ricane et s'amuse ferme... Mais lui aussi a bien remarqué que normalement c'était toujours elle qui était la première dans les bras de quelqu'un... Il ne peut pas s'empêcher de trouver ça bizarre.

- Tu ne manges pas ? Il faut manger pour avoir de l’énergie et apprendre… Il y a de l’école tout à l’heure !
- École ?
- École ?

Répondent les jumeaux d'une même voix.

- School ! Vous avez 5ans et il y a près d’ici une très belle école moldus où vous allez apprendre des tas de trucs utiles ! Nous y sommes tous allés à vôtre âge ! Philippe, moi, votre maman !
- Pas longtemps en ce qui concerne votre maman…
- Mais il faudra faire très attention à ne pas utiliser de magie et à ne dire à personne que nous sommes des sorciers ! C'est un secret !
- ...Why ?

Demande t-il en souriant a Aurèle, l'encourageant a manger un peu elle aussi.

- It's not that bad Rel'.

Fait-il en se rendant compte que sa cuiller a encore disparu... C'est reparti pour une lutte a la récupération d'ustensile.

Les mois ont passé…

L’appartement s’est transformé. Il y règne un étrange désordre… Les livres de la bibliothèque sont mal classés, souvent empilé sur leur couverture… Le vestibule est un fouillis de manteau, botte de pluie, gougoune, chaussure, mitaine foulard imperméable et parapluie… On peine à ouvrir la porte... « Alors, tu viens? » fit Aurèle en cassant son français. Le tapis du corridor est ravalé… Le bord de la fenêtre est occupé par une collection de verre en styromousse où germe des haricots… « Oncle Philippe va nous attendre!! » La fillette tire sur ses collants avec l’énergie du désespoir pour les remonter… Ça semble drôlement inconfortable… Grimpant sur le calorifère, elle jette un œil dans la rue. « Hurry! Il est déjà là!! » le presse-t-elle en faisant une petite entorse à son français.

Et sitôt rejointe par son frère, Aurèle pousse la porte et dévale les escaliers pour subitement rebrousser chemin… « Les boites à lunch! » Des deux mains, elle repoussa son frère pour le faire remonter… « Oncle Pierre les a posé sur la table avant de partir… »

Et quelques minutes plus tard…

Philippe, sur le trottoir, ouvre les bras aux gamins. Phil est le plus empathique aux gamins : Plus expansif, moins réservé et réfléchit que Pierre. « Et bien? Qu’est-ce qui vous a prit tout ce temps?? On est très en retard! » leur reprocha-t-il… Il tendit une main à chaque enfant. Matin et soir, Philippe les accompagnait sur le chemin de l'école. « Vous vous êtes brossé les dents ce matin? »

- Alors, tu viens ?
- H'ui'ui !

S'exclama Lawrence du fond du couloir, le chandail à moitié mis, une chaussette dans une main, un bout de toast au beurre de cacahuète dans la bouche, mâchonnant précautionneusement pour ne pas faire tomber son précieux déjeuner sur le plancher... Levant maladroitement son pied pour enfiler son bas, sautillant sur sa chaussette déjà mise, il dégringola maladroitement sur le parquet, termina de s'habiller assis par terre, remettant le bout de pain dans sa bouche, son attention fut attirée par une araignée qui rampait sur le cadre d'une porte...

- Oncle Philippe va nous attendre !!

Pendant qu'Aurèle tirait sur ses bas-collants et grimpait sur le calorifère, son frère tentait de nourrir l'araignée avec un peu de la garniture de sa toast... La bestiole plutôt coopérative grimpa dans la mixture collante et s'y coinça les pattes... Une belle grosse araignée qui lui faisait toute la première phalange de l'index ! Il en était fier de sa nouvelle copine...

- Hurry! Il est déjà là !!
- Quoi !? Déjà ?

S'exclama Lawrence qui réalisa qu'ils étaient drôlement en retard ! Ils allaient se faire chicaner s'ils traînaient trop ! Arrivant au bord de la porte, il enfila ses espadrilles de sport noires qui allument dans le talon et dévala l'escalier à la suite de sa soeur qui s'arrêta brusquement... Le garçon freina avec une synchronisation parfaite et évita donc la collision...

- Les boites à lunch !
- Zut.

Fit-il en se retournant, vite poussé dans le dos par sa jumelle qui tenait à ce qu'ils se dépêchent....

- Oncle Pierre les a posé sur la table avant de partir…
- J'y vais ! Reste là !

S'écria t-il, la fin de son point d'exclamation coupé par la porte qui se refermait à moitié sur sa voix... Quelques minutes plus tard, ils étaient en bas, sac au dos et boîte à lunch en main... La toast avait terminé sa courte vie au fond de l'estomac du petit et l'araignée était toujours sur son doigt, collée dans la petite léchée de beurre d'arachide qu'il trimbalait sur son index, tout content d'avoir une copine... Bien qu'elle était prisonnière.. faudrait la décoincer... Mais pas tout de suite...

- Et bien ? Qu’est-ce qui vous a prit tout ce temps ?? On est très en retard !

Lawrence avait l'habitude de traîner... Il était toujours désespérément lambin... Son attention attirée ici et là par une nouvelle idée ou une bestiole... Ou même rien du tout mais que ça l'inspirait pour une raison ou une autre... Il était un peu bizarre Lawrence... Mais c'était un garçon adorable et pointilleux...

- Vous vous êtes brossé les dents ce matin ?
- Non.

Ne mentit pas le garçon en attrapant pas la main tendue... caressant le gros abdomen de son araignée du bout des doigts...

« Non plus… » se solidarisa Aurèle en glissant sa main dans celle de son oncle… Alors ils marchèrent, remontant la pente dans les rues étroites des Remparts, cheminant vers l’école…

C’était une école Moldu… Oncle Pierre leur avait recommandé la discrétion. L’école n’était pas désagréable en soi mais… Un enseignant particulièrement âgé avait eut un étrange commentaire... Au sujet de leur nom de famille...

- Oncle Phil… Tu pourras entrer pour justifier notre retard?
- Et vous éviter la retenue?
- Oui…
- Je ne vois pas pourquoi… j’étais à l’heure, moi…
- Oui mais… Si on est en retenue ce soir, alors tu nous attendras encore une fois et on sera en retard pour la deuxième fois de la journée! Si tu justifie notre retard. On ne sera en retard que ce matin… plaida-t-elle…

Aurèle avait prit de l’assurance depuis ces quelques mois…

- Ça améliorerait effectivement votre moyenne…

Aurèle sourit à son Oncle. Ils avaient appris à le connaître, cet oncle caustique, et ils pouvaient deviner qu’en insistant un peu…

- Ce serait très très bon pour notre moyenne!
- Où as-tu donc appris à compter toi?
- Oncle Paul!
- Ah le scélérat! Et toi, tu ne dis rien??

Bien content que sa soeur réponde pareil que lui, Lawrence sourit de toutes ses dents... Il oubliait pas souvent quoi... A part les matins ou ils étaient drôlement plus pressés que d'habitude... Comme celui-ci... Puis l'araignée sur son doit commença à se déprendre et à marcher dans sa main... L'attention du garçon fut attirée par la bestiole qui laissait sa trainée de beurre de cacahuète derrière elle un peu partout sur sa main et il ne saisit pas la majeure partie de la conversation... À part qu'on y parlait de retenue, de retard et de moyenne... Puis il leva la tête de sa paume pour écouter au moins la fin...

- Ce serait très très bon pour notre moyenne!
- Où as-tu donc appris à compter toi ?
- Oncle Paul !
- Ah le scélérat! Et toi, tu ne dis rien ??
- On est quand même raisonnables ! Cette semaine, c'est la première fois que j'ai eu à terminer ma toast dans le couloir ! Et pis ça compte pas ! J'me faisais une amie en m'habillant, regarde !

Claironna Lawrence en tendant sa main, paume vers le ciel, montrant à son Oncle la grosse bestiole noire et brune qui trônait royalement en plein centre de la main du garçon.

- J'ai décidé de l'appeler Lamarre !

Ajouta t-il en transférant l'animal de main et suçotant son doigt sale, s'accroupissant sur le trottoir un court instant pour essayer d'éliminer le collant en frottant sa main dans le sable... Puis l'essuyant sur son jeans, l'araignée toujours au centre de son autre main, sagement immobile. Le petit se releva rapidement et trottina rapidement vers son oncle et sa soeur.

« Oh mais Lamarre est magnifique! » approuva le métisse. « Tu l’as trouvé dans l’appartement? Elle devait être drôlement perdue! Faudra lui trouver un bon foyer… » Bon joueur, l’adulte grimace à peine en voyant son neveu se sucer les doigts… Ces enfants ressemblait d’avantage chaque jour à leur parents… Aurèle attira son attention :

- Oncle Phil? Oncle Pierre dit toujours qu’on doit agir de façon responsable…
- Oui… hésita l’adulte sentant qu’il s’engageait sur un terrain glissant…
- On devrait trouver un foyer à Lamarre immédiatement… Avant qu’elle ne soit blessée ou perdue…
- Hum…

Ils étaient déjà très en retard… Et l’école à cet âge, ce n’est pas bien important, n’est-ce pas? On se portait tout aussi bien sans… Samuelle était la seule qui avait vraiment fréquenté les écoles moldus et avec le résultat qu’on connaît… Les 4 autres aussi y étaient allé, mais c’était une autre façon de trouver une voie éducative…

- Connaissez-vous l’école buissonnière? Questionna Philippe comme si c’était là un Quiz très important. En un tour de main, il fit grimper Lawrence sur son dos. Votre maman était la championne en titre de cette pratique… On pourrait peut-être vous initier… Il prit Aurèle par la main et amorça un demi tour hésitant. Mais je ne suis pas certain que votre oncle Paul apprécierait cette très ancienne pratique...

- Oncle Phil? Oncle Pierre dit toujours qu’on doit agir de façon responsable…

Ne sachant pas trop ou voulait en venir sa soeur, Lawrence attendit sagement la suite sans dire un mot.

- Oui…
- On devrait trouver un foyer à Lamarre immédiatement… Avant qu’elle ne soit blessée ou perdue…
- Hum…
- C'est vrai... On me laissera pas la garder en classe et tout le monde risque de l'écraser.

Ajouta le garçon en laissant promener la bestiole sur le dos de sa main, passant l'autre devant comme un escalier pour que l'animal suive le chemin devant elle. L'araignée était plutôt docile et ne semblait pas bien énervée... Elle marchait lentement, ses huit pattes s'agitant sur une belle rythmique régulière alors que le petit métisse la faisait marcher la tête en bas...

- Connaissez-vous l’école buissonnière ?
- Non, où c'est ?

Demanda naïvement le petit en levant les yeux vers son oncle qui se baissait pour le faire grimper sur son dos. Le garçon s'exécuta et s'accrocha aux épaules d'Oncle Phil tandis que ce dernier se relevait.

- Votre maman était la championne en titre de cette pratique… On pourrait peut-être vous initier…

...Ah non, c'est une pratique... pas un endroit... Curieux, Lawrence eut un sourire hésitant... C'était bien ça initier ou pas...? Il n'était pas tout à fait certain de la signification du mot... Mais ça avait pas l'air rassurant et en même temps, excitant. C'était nouveau et il savait pas à quoi s'attendre mais si maman en était championne, c'était sûrement pas quelque chose de bien mal, si...?

- Mais je ne suis pas certain que votre oncle Paul apprécierait cette très ancienne pratique...
- ...On fait du mal à quelqu'un quand on fait l'école missionnaire ?

Demanda le garçon en vérifiant que Lamarre était toujours là.

- Les enfants ne sont pas encore rentré?
- Phil les initie à l’école buissonnière.
- À l’école buissonnière… releva le vieil homme, dubitatif. Est-ce que c’est bien raisonnable?
- Phil prétend qu’on se doit d’éduquer les enfants au plus près de la manière dont Samuelle l’aurait fait…
- Samuelle a élevé Léandre avec une poigne de fer, tu sais…
-
Le vieil homme et son neveu se sourirent et Paul lui versa une tasse de thé.

- J’ai droit au thé maintenant? Releva Pierre finement. Samuelle essayait de contrer la prophétie lorsqu’elle a eut Léandre… Maintenant que tout ses efforts se sont révélés vain, on peut bien se permettre un peu de laxisme…
- Du laxisme…
- Si Samuelle avait voulu récupérer ses gamins, elle l’aurait fait depuis longtemps.
- Oui…
- Tu n’es pas étranger à cette situation, c’est ça?
- C’est bien possible.
- Ce qui me fascine le plus, à vrai dire, c’est qu’elle te fasse confiance à ce point.
- Ce doit être parce que moi je ne l’ai jamais trahie… Elle est ma nièce favorite…
- Je n’ai jamais voulu vraiment la trahir… je l’ai fait par ignorance. Je ne lui aurait pas fait de mal, tu sais… À Léandre… Pas le moindre…
- Toi sans doute pas, mais Jinx certainement.
- Jinx croyais que c’était de toi que parlait la prophétie…
- C’était de lui…
- Pourtant c’est toi qui a fracassé la pierre de garde et libéré le démon. C’est toi le membre de l’ordre!
- L’ordre a de nombreux membre, répondit Paul en veillant à taire le nom de César.
- J’ai longtemps cru moi-même qu’il s’agissait de Samuelle… La chiméra l’a assassiné…
- Samuelle contrôle un démon sauvage, le Windigo. Elle n’est pas lui. Elle est parfaitement humaine. Et c’est un membre de l’ordre du phoénix qui est passé à l’acte… Jali et Zoherira n’ont que donné l’ordre…
- Tout comme Léandre… Même si elle est née du mauvais côté de la frontière…
- Elle est humaine. Si fureteur l’avait assassiné, tout aurait avorté.
- Alors ou va-t-on? Qu’est-ce que fait Samuelle?
- Je l’ignore…
- Menteur…

Philippe, Lawrence dans les bras, remontait l’escalier menant à l’appartement. Aurèle montait derrière eux toujours un peu étonnée de n’être pas portée… Habituellement c’est elle qui était portée… Oncle Paul disait que c’était parce que les petites filles sentent meilleures que les petits garçons…

Soudainement son oncle s’immobilisa sur une marche. Alors qu’elle allait tirer sur son long manteau noir pour obtenir son attention, Phil se retourna de lui-même et leur fit signe de se taire tout en posant Lawrence près de sa sœur.

Le métisse colla son oreille à la porte et les invita à faire discrètement comme lui.

- … Et les asservis?
- Les asservis sont unis par le pouvoir qu’ils ont acquis autrefois… Ils pourront difficilement s’opposer à sa volonté. Ils sont asservis.
- Combien en reste-t-il?
- Je l’ignore aussi…
- Et la sombre sente qui mène à la boulaie?
- Seul Samuelle sait la trouver… Tu t’userais les doigts des jours entier sans jamais lui faire livrer passage…

Phil se décolla de la porte et dévisagea les gamins. Enthousiaste, ils leur fit signe de redescendre…

Une fois dans la rue : « Et si on allait s’acheter des bonbons avant de rentrer? »

Philippe souleva Lawrence pour l’assoir sur un vieux canon. Aurèle lui tendit les bras et il lui fit suivre le même chemin, la posant devant son frère. C’est seulement l’installation faite qu’il sortit le sac de bonbon de ses poches.

- Règle #1 de l’école buissonnière?
- Il faut des bonbons!

Philippe lui sourit et partagea une grosse tablette de nougat de chez madame GIGI en 3 parts.

- Les bonbons sont nécessaires, mais surtout, il ne faut pas se faire prendre…
- Mais oncle Phil, on va se faire prendre… L’école sait qu’on n’y est pas allé!
- Ce n’est pas de l’école qu’il ne faut pas se faire prendre, c’est de Pierre et Paul…
- C’est pour ça qu’on est parti sans laisser nos sacs à la maison?
- Voilà! Règle #3? Il leur distribua chacun une réglisse. Nous sommes complices et donc solidaires! Alors ce soir, n’allez pas vous vanter que vous n’avez pas été à l’école.

Philippe se montrait toujours plus jovial que Pierre. Plus porté à partager leurs jeux alors que Pierre les observait avec attention. Il enfourcha lui aussi le canon, derrière Lawrence et leur fit une leçon d’histoire rapide en leur contant la prise de la ville par les anglais. Il culmina son histoire par une détonation magique tout à fait crédible.

- Vous aimez l’histoire?
- Ouiiiii!!
- Aaaw braves gamins!

Et Philippe se prit une brassée de gamin, serrant Lawrence en sandwich entre lui et sa sœur. Il posa ensuite son menton sur l’épaule de son neveu et soupira : « L’histoire c’est très bien… Dans les livres comme à votre école, ils ne racontent pas cette histoire de la même manière que moi… Souvenez-vous que ce qu’on retient de l’histoire, c’est toujours ce qu’en raconte le conteur. Nous les Daees, avons un devoir de mémoire… »

L'école Buissonnière, finalement, c'était un truc vachement bien ! Il en apprenait beaucoup plus et plus vite qu'en classe. C'était drôlement plus instructif que les professeurs, ça, il tâcherait de s'en souvenir. Oncle Philipe les emmenait un peu partout en leur expliquant des tas de choses alors que les enseignants eux, restaient devant et lisaient des choses ennuyeuses pour leur faire rentrer toutes ces choses dans le crâne... Il n'aimait pas ça. Il ne se considérait pas fait pour écouter de la lecture à voix haute... Il préférait de loin les conteurs... Se faisant hisser sur un canon, dans le Vieux Québec, Lawrence s'installe derrière sa petite soeur...

- Règle #1 de l’école buissonnière ?
- Il faut des bonbons !

Le garçon hoche vivement la tête tandis qu'il pose les yeux sur la tablette de nougat dans les mains de son ongles, souriant.

- Les bonbons sont nécessaires, mais surtout, il ne faut pas se faire prendre…
- Mais oncle Phil, on va se faire prendre… L’école sait qu’on n’y est pas allé !
- Ce n’est pas de l’école qu’il ne faut pas se faire prendre, c’est de Pierre et Paul…
- C’est pour ça qu’on est parti sans laisser nos sacs à la maison ?
- Voilà! Règle #3 ? Il leur distribua chacun une réglisse. Nous sommes complices et donc solidaires ! Alors ce soir, n’allez pas vous vanter que vous n’avez pas été à l’école.
- Elle est où la règle numéro deux ?

Fit Lawrence en mâchonnant sa réglisse... Philipe leur apprenait plein de choses... De manière pas très conventionnelle et ça avait tendance à garder leur attention au bon endroit. Ils écoutèrent donc avec attention leur Oncle.

- Vous aimez l’histoire ?
- Ouiiiii!!
- Surtout quand c'est toi qui raconte Oncle Phil' !

Claironna Lawrence.

- Aaaw braves gamins !

Son oncle se hissa donc derrière eux, appuyant son menton sur son épaule, Lawrence scrutait pendant ce temps le paysage... C'était beau leur ville n'empêche... Il s'y était fait lui, au Québec... C'était autre chose que la forêt de Garland... Ils avaient le droit de se promener et d'aller à l'école... Même si c'était profondément nul, l'école...

- L’histoire c’est très bien… Dans les livres comme à votre école, ils ne racontent pas cette histoire de la même manière que moi… Souvenez-vous que ce qu’on retient de l’histoire, c’est toujours ce qu’en raconte le conteur. Nous les Daees, avons un devoir de mémoire…
- Ha bon ? Pourquoi on a un devoir de mémoire ?

Demanda le garçon en se tournant vers son Oncle.

Philipe tendit un poing devant la figure de son neveu : « Des bonbon, » il dressa un doigt. « Ne pas se faire prendre, » il déplia un autre doigt. « Et rester solidaire entre buissonneur… » Il déplia un dernier doigt. « Pierre ne trouvera rien de répréhensible à ma conduite, mais il se sentira obligé de désapprouver pour ne pas déplaire à Oncle Paul. »

Et vient la deuxième intervention de Lawrence.

- Nous nous souvenons pour ne pas répéter nos erreurs. Parce qu’il y a très très longtemps, notre famille ont fait des choses qui n’était pas correcte. Nous avons réparé nos erreurs, mais beaucoup de gens en ont souffert.
- On a fait ça??
- Oui…
- Les Daees?
- Les Daees… Nous ne devons rien oublier même si personne ne se souviens… C’est une façon de rendre hommage à ceux qui ont pâti de nos erreurs… D’expier nos fautes, de se racheter.
- Pourquoi personne ne se souviens?

Ça c’était une question délicate… Il s’attendait à se faire traiter de menteur à tout moment et à quelque part, ça lui importait. Les enfants de Samuelle étaient attachants et Philippe les aimait véritablement.

- Parce que c’est nous qui avons écrit l’histoire… Comme dans les livres que vous avez à l’école… Les moldus nous appellent des historiens… Nous, nous préférons des Chroniqueurs… Ainsi nous avons protégé notre nom en s’assurant qu’il n’y ait que nous qui se rappelle de notre responsabilité.
- Oncle philipe, pourquoi Lawrence et moi, on ne porte pas le nom de papa?

Une autre question délicate. Philippe regarda sa montre… Il en était à peu près rendu là ou il avait voulu en venir…

- Tu sais cette erreur que nous avons fait dans le passé? Elle nous a servit à acquérir un grand pouvoir magique. Ce pouvoir est associé à notre nom. Si vous aviez porté le nom de votre père, vous auriez peut-être été sorcier, mais vous n’auriez pas eut accès à notre magie ancestrale. Notre magie à nous est exclusive et sauvage. Et parce que Philippe dirigeait patiemment les questions, il ajouta : Il fallait que vous partagiez cette magie avec votre sœur Léandre afin qu’elle ne soit pas à la fois une ainée et une cadette tel qu’en parle la prophétie.

Aurèle avait curieusement l’impression que son oncle lui mettait les questions dans la bouche, cherchant à leur dire quelque chose… Depuis qu’ils habitaient dans l’appartement de leur oncles, ils avaient apprit à bien les connaitre… Pierre était franchement terrible. Philippe aussi mais seulement quand on y regardait par derrière. Soudainement elle fut convaincue que Philippe essai de les prévenir, de leur dire quelque chose de terrible et qu’il le leur suggèrait petit à petit, question par question. La prochaine question logique, c’était : Quelle prophétie?

Lawrence sentit une tension soudaine chez sa jumelle. Tension qui se traduisit par un picotement dans ses paumes à lui.

Le dos contre son oncle, Lawrence écoute, attentif. Il est rare que c'est Aurèle qui parle et lui qui écoute sagement. Seulement, c'est drôlement intéressant ce que raconte Oncle Philipe... Le pouvoir des Daee... La raison pour laquelle ils portent le nom de leur mère, pas celui de leur père... Un tas de choses qu'il avait pu considérer sans importance qui avait l'air d'en avoir beaucoup plus qu'il n'ai imaginé... Puis vint cette histoire de pouvoir...

- Tu sais cette erreur que nous avons fait dans le passé? Elle nous a servit à acquérir un grand pouvoir magique. Ce pouvoir est associé à notre nom. Si vous aviez porté le nom de votre père, vous auriez peut-être été sorcier, mais vous n’auriez pas eut accès à notre magie ancestrale.

Alors c'était ça...? C'était ça qu'ils arrivaient à faire ? Curieux, Lawrence baissa les yeux vers ses mains, celle qui contenait des jujubes et celle qui était vide...

- Notre magie à nous est exclusive et sauvage.

Il n'y avait qu'eux qui pouvaient faire ça ?

- Il fallait que vous partagiez cette magie avec votre sœur Léandre afin qu’elle ne soit pas à la fois une ainée et une cadette tel qu’en parle la prophétie.

Le picotement dans ses mains lui fit froncer les sourcils. Il n'y avait pas que ça d'ailleurs. Aurèle dégageait quelque chose. Quelque chose qu'il avait déjà ressenti auparavant. Si. Si c'était ça. Ce qu'il avait ressenti quand ils avaient ressoudé la pierre que papa avait brisée... Il fixait toujours ses mains... Puis avala les bonbons que contenait l'une d'elles et posa les doigts sur le canon, sentant le métal qui serait si facilement manipulable sous ses paumes...

- Quelle prophétie...?

Demanda Lawrence sans savoir que c'était cette question là qui devait suivre. Pourquoi Léandre, cette grande soeur dont il entendait parler mais qu'il n'avait vue qu'une fois, ne devait pas être la seule à porter leur nom ? Pourquoi ça avait l'air grave qu'elle soit l'ainée et la cadette à la fois ? Eux alors, ils étaient quoi ? Ils étaient nés en même temps. Ils étaient deux cadets ?

- Et pis, si on est des jumeaux, le cadet, c'est nous deux ?

Demanda t-il ensuite, ne comprenant toujours pas plus le rapport malgré tout.

« Il n’y a pas d’autre jumeaux dans la famille. Pas de jumeau cadet… Vous êtes uniques. Alors on ignore comment ça marche. Pierre aimerait savoir comment se partage le pouvoir entre vous… Il croit que celui de vous deux qui est né le dernier sera l’héritier du pouvoir de votre génération. Ses intentions sont ambitieuses. Si vous le savez, ne le lui dite pas. »
- Pourquoi Pierre désire tant le savoir? C’est mal?
- Ce n’est pas mal… Votre oncle Pierre protège la même chose que votre oncle Paul, ils ont le même but. Mais ils ne s’y prennent pas de la même manière. Ils sont tous deux sans magie… Paul parce que sa source, votre grand-père est décédé. Pierre et moi parce que Samuelle préfère garder sa magie pour elle. répondit l’adulte détournant habilement la conversation pour ne pas avoir à expliquer pourquoi Pierre désirait savoir qui était le cadet.
- Ils protègent quoi?
- Pierre protège notre famille, l’humanité… Moins l’humanité que notre famille. Il ne veut pas être tenu responsable si la prophétie se réalisait. Paul protège votre grande sœur d’elle-même.

C’était ça le plus important. Paul avait soigneusement gardé le contrôle sur Léandre jusqu’à ce que Jinx l’accule complètement. Alors il avait du renoncer à tout pouvoir et à la garde de sa petite-nièce. Halewyn avait prit la relève, une improbable nounou. Par l’exemple et l’expérience il lui enseignerait l’horreur de la mort, de la violence et des rapports de force. Le pouvoir n’est pas une liberté…

- C’est important que vous partagiez votre magie avec votre grande sœur. Vous savez comment elle se départage, n’est-ce pas?
- Oncle Paul dit que l’aîné hérite de tout… mais que c’est le cadet qui garde le pouvoir.
- Et tu sais ce que ça signifie?
- L’ainé hérite de la connaissance de la magie et de l’art de s’en servir mais il n’est rien sans son cadet… Le cadet possède la magie. Ceux qui naissent entre le cadet et l’aîné ont également la capacité d’user de la magie, mais leur art reste limité et ils doivent l’apprendre… Aurèle se retourna : Le cadet d’oncle Paul est décédé et c’est pour cette raison qu’il n’a plus aucun pouvoir…

Phil eut un ricanement sans illusion.

- Oncle Paul n’est pas sans pouvoir, il tire sa magie d’une autre source… Le timbre de sa voix était devenu plus sec, plus vif, ses mots plus tranchant. C’est comme votre maman qui préfère garder sa magie pour elle… Normalement le cadet n’use pas de son héritage de façon si égoïste… Ça ne lui servirait à rien de toute manière, il ne sait pas s’en servir… Mais votre maman est une personne… Il réfléchit longuement au terme qu’il allait utiliser. Spéciale… Elle a apprit d’avantage que Pierre n’a jamais hérité.

Philippe a été souvent lésé dans sa vie… Il était aigrit et amer bien avant leur naissance à eux.

« La prophétie raconte que l’erreur qu’on a faite par le passé… Ou plutôt les circonstances dans lesquelles nous avons commit cette erreur, vont se reproduire… C’est grave parce que si nous n’avons pas tiré de leçons de la dernière fois, ce grand malheur se reproduira… Votre sœur ainée, si elle avait également été une cadette avec le libre accès à sa magie, aurait pu en faire des choses terribles… »

Le picotement dans les paumes de Lawrence lui monta jusqu’au coude dans une flambée de magie potentielle.

« Notre famille y aurait encore une fois été associée. Personne ne veut ça, alors certaine grande personne qui porte notre nom, les Daee, forment un groupe de gardien; les asservis. Ils veillent à ce que les circonstances dont parle la prophétie ne soit jamais réunie. Votre maman, Oncle Paul, Pierre et moi nous en faisons tous partie! » Explique-t-il, rassurant, sans plus s’étendre sur ce que sont les asservis et les raisons pour lesquelles la prophétie se répète dans un grand cycle.

Lorsqu'il les ramena à l'appartement sur les remparts ce soir là, Aurèle passa devant Oncle Paul et évita les bras tendu pour s'y jeter.

- Qu’est-ce qu’elle a?
- Oh rien, je lui ai appris pourquoi elle devrait se méfier de vous deux…
- Idiot… fit sèchement Paul avant de rejoindre les gamins dans la chambre.

Dimanche après-midi…

Paul profite de cette journée de congé de la meilleure façon qui soit : assit dans un fauteuil de la bibliothèque, il lisait pour les jumeaux comme il l’avait fait auparavant pour Samuelle et aussi pour Léandre… Et puis des jumeaux ça s’équilibre tellement bien… Un de chaque côté!

Pierre s’active à la cuisine… Il prépare des biscuits avec très peu de succès mais beaucoup d’amour.

Les remparts sont tranquilles… Un bon refuge…

Sinistre dans son long manteau noir, Philippe attend le printemps assis sur le bord du trottoir. Il veille à sa manière un peu comme les gargouilles qui pendent aux toits du petit séminaire…

Scrish… Il s’allume, une de ces saletés de rouleuses façonnées à la main…

- J’espère que tu sais que t’es mort si tu fumes près de mes enfants?

Le métisse sursaute, s’étouffe avec la fumée de sa cigarette et se retourne à demi. Apeuré, il suit des yeux la jeune femme qui le frôle en venant s’asseoir tout contre lui. Il la détaille des pieds à la tête. C’est sa sœur.

Converse, jeans ultra moulante, ceinture blanche, un tshirt imprimé d’un loup, un veston de velours, les cheveux partagé en 2 tresses épaisses et coiffée d’une tuque à pompon.

- T’as l’air d’une adolescente… T’as l’air de ta fille… Merde t’as pas vieillit…
- Je suis morte, tu te rappèle? Vivre c’est vieillir…
Elle s’appropria sa cigarette.
- Alors t’es quoi si t’es pas vivante?
- Une tricheuse… annonça-t-elle avec une bonne humeur non feinte.
Philippe lui sourit. Il lui passa un bras autour des épaules.
- Tes enfants sont fantastiques, petite sœur… loua-t-il.
- Ouais! Tu te souviens de la devise de notre famille?
- Nous n’oublions rien…
Un long silence se fit, seulement troublé par le bruit assourdit de la circulation.
- Rien, répéta Samuelle…

Rien, grondèrent les pierres des édifices, érodées par une longue haine. Elle est morte. Elle n’aurait pas dû mourir… Nous n’oublions rien…

Des mots brusques, tranchant, prosaïque, dénudé de fioriture. Il souffla sur la rue étroite un vent froid et sévère, dissipant la chaleur du printemps. Samuelle semblait ancré dans la pierre, immobile.

- T’aimerais avoir un chat?

Il la laisse doucement glisser le long de sa poitrine musculeuse. Juste au cas ou elle aurait douté qu’il en profite, et lui fait un avertissement. « Les moldus sont maîtres dans cette cité. Reste discrète. »

Ils ont transplanné dans une cour intérieure, les pieds dans le vieux gravier enfoncé dans la terre battue, sombre et humide qui sent la pisse de chat, les murs sont tapissé de plante grimpante rongeant la pierre depuis 400ans. Philippe lui ouvre le chemin, passant sous une porte cochère. « Suis moi… » Il lui a ensuite fait traverser la ville au complet, à pied : Ça parle français tout autour, franchement européen et vieux. Et sans transition, il l’entraine dans un dédalle de rues étroites entourées de hauts immeubles. Les remparts.

Philippe se poste à un coin de rue d’un édifice qui ressemble étrangement à Poudlard. Il regarde sa montre… « Pile à l’heure… » 15h30, la sortie des classes… D’abord quelques gamins clairsemé, puis un ras de marré d’enfant en uniforme fuient l’école, vague après vague.

C’est alors que Philippe se transforme de façon ahurissante, toute expression dédaigneuse quittant ses traits. Il fléchit les genoux et ouvre les bras. De la foule de gamin, émerge deux petits métisses aux yeux verts qui se jettent dans ses bras. Il les accueille d’une véritable rafale de baiser : « Bonjours les chatons! » fit-il en français. Tous les métisses se ressemblent mais ceux-là sont certainement frère et soeur. « Vous avez été sage, cette fois, ou dois-je monter voir le directeur? » poursuit-il toujours en français, les tripotant apparemment au hasard, rectifiant leur mise, replaçant une mèche de cheveux duveteux, laçant un soulier… et en continuant à distribuer les baisers. « Sage comme des images! » fait la petite fille avant d’être soulevée de terre. Philippe la plante dans les bras d’Elthiriel. « Oooooh » « C’est Elthiriel Sampiero, une amie d’oncle Pierre… » Philippe se chargea de Lawrence. « Ils ne parlent pas anglais… » spécifia-t-il avant de se remettre en marche.

Aurèle posa deux petite main caramel sur les épaules de la jeune femme et la dévisagea de ses grands yeux verts. Tous les métisses se ressemblent… Mais la teinte très particulière de sa peau, plus dorée que hâlée, ses cheveux noirs tellement tellement fins, et surtout l’impression que cette enfant là a été soignée plus que de raison lui rappelle quelqu’un d’autre…

Elle se laisse prendre, se colle même contre lui, la lueur de la luxure allumée dans ses prunelles grises. Il a toujours été mignon Philippe, et son petit air fendant ajoute à son charme. Elle a toujours eu un faible pour lui. Et si Darrin n'avait pas conquérit le coeur de La Phoenix à coup de gun, et que cette fatidique nuit une vulgaire copie de la Lance ne s'était pas pointée, elle se serait essayée.

Et pourquoi pas maintenant? Ca la changerait. Elle se demande comment l'autre a pu se laisser mettre la corde au cou par le black.

Suivant son guide, elle ne se prive pas pour mater ces fesses. Ben quoi? Ca été tellement facile se débarasser de Darrin, c'est vrai qu'elle y a mit le paquet. Maintenant, étape numéro deux... Finir de foutre la vie de E. Luella Sampiero en ruine, pour pouvoir faire ce qu'elle veut par dessus. Have some fun. L'entité se tient tranquille parce que c'est important.

Tu sais si tu veux une invitation, t'a qu'à demander.

Dit elle d'un air intéressé. Tellement ironique. Et personne voit rien. Les mains dans les poches, elle regarde l'acceuil de Philippe aux deux autres. Si ca lui allume une lumière? Ca peut oui, et ca sonne une cloche quelque part. Mais Aurèle, lui, peut sentir quelque chose de sombre, noir, profondément pervers et malsain qui rampe sous cet épiderme. Quelque chose d'infiniment vieux. Et qui a Faim avec un F majuscule.

C’est Elthiriel Sampiero, une amie d’oncle Pierre… » Philippe se chargea de Lawrence. « Ils ne parlent pas anglais…

Moi je ne parle pas le francais, mais je le comprend.

Averti t'elle, reardant le gosse, un gosse qui lui arrive presque aux épaules. Il peut sentir qu'elle lui veut profondément du mal, pas un mal brûlant, mais unmal dévorant. Pas humain ce truc.

Tu sais, je crois qu'à la petite différence de taille il est mieux de marcher.... Je me prends les pieds dedans.

Philippe hausse un sourcil… Elle a bien changé, celle-là, depuis qu’elle avait voulu faire rôtir Pierre à la broche. Elle ne semblait même pas s’étonner des enfants… « Pause-la par terre alors... Qu’est-ce que tu veux? Ma permission? »

Aurèle se laisse glisser sur le trottoir et vint rapidement glisser sa menote dans la main de son oncle… Tout le long du chemin qui mène à l’appartement, elle jette des regards furtifs à la dame. Pas effrayée… Inquiète. Après quelques coins de rue, elle se retourne carrément et tend les bras à son oncle… Le réconfort de la chaleur humaine. Ceux là aussi sont les petits enfants du djiin. Machinalement, Philippe la ramasse… C’est donc ses arrières surveillées par les jumeaux que le métisse rentre chez lui.

Paul ouvrit la porte au devant d’eux, déchargeant Philippe des enfants en leur collant un baiser dans le cou au passage avant de les pauser dans l’escalier qui monte à l’appartement. « J’ai ramené de la visite… Elle désire parler à Pierre… » Il se retourne. « Elthiriel, tu peux entrer… » fit-il en lui livrant le passage ou tout juste l’espace pour se faufiler. Toujours ce petit sourire pervers… Il referme la porte derrière lui et lui fait signe de monter, devancée par le vieil homme.



Sitôt monté, Aurèle accroche son frère. « Elle ne nous aime pas, elle n’aime rien du tout!! » Elle regarde par dessus son épaule, voit Paul monter… « Quand elle m’a prise dans ses bras, j’ai eut l’impression qu’elle me voulait du mal… »



« Puis-je vous offrir un café, mademoiselle Sampiero? Quelles sont les nouvelles de la famille? »

Non elle n'aime pas personne et encore moins La Phoenix. Léger sourire destiné à donner des cauchemards aux enfants. Des plans qu'ils appellent le Boogieman à la rescousse. Parce que s'ils se sont doutés qu'il aimait les gosses, ils ont bien vu qu'elle déteste à peu près tout ce qui rampe ou marche SUR la terre. Il n'y a aucune chaleur en elle.

Mais qui écoute les enfants? Une lueur verte teinte brièvement les prunelles grises. Mais elle se tient tranquille, elle sait se tenir.

J’ai ramené de la visite… Elle désire parler à Pierre… Elthiriel, tu peux entrer…

Puis-je vous offrir un café, mademoiselle Sampiero? Quelles sont les nouvelles de la famille

Elle passe et répond au sourire pervers de Philippe par un léger sourire narquois, mi défi, mi encouragement. Tandis qu,elle monte, devant lui, il peut s'imaginer qu,elle se déhanche un peu plus. Mais c'est tellement subtil que c'est difficile d'être certain.

Mais, en elle même , si elle a quelque chose à craindre c'est la faculté d'observation et la sagacité d'oncle Paul. Aussi le petit bout de femme cache t'elle sa nervosité sous des abords trop calme. Se disant qu'elle a peut-être eu tort de révéler un peu de sa vraie nature aux gosses. Lui, il les écoute.

Mais bon, faudra le prouver.

Oui d'accord, merci pas de lait, pas de sucre. Des nouvelles, ca dépend depuis quand. La majorité c'est pas mal secret, mais je suis certaine que vous en savez pas mal plus que sensé, ONCLE Paul.

La facon de dire oncle peut laisser une fugace impression chez le vieux. Quelque chose d'indéfinissable. Mais ce n'est qu'Elthiriel derrière lui. Mais...

Mais je vais vous répondre quand même, par égard pour Halewyn. Le dénouement approche. La Source sera rebalancée bientôt.Halewyn a été blessé. Je ne suis plus avec Darrin, Il l'a retrouvée, et je voulais parler à Pierre, je ne pensais pas vous rencontrer ici et maintenant. C'est intéressant... Vous auriez peut-être le temps de répondre à quelque questions en attendant?

Réponse volontairement fragmentaire et décousue. Bref coup d'oeil à Philippe. Décidément, il lui plait.