Le Refuge de la Murène

Depuis le départ de Léandre, Morayeel dort presque tout le temps. En fait, il ne sait pas exactement si c'est lié à son départ ou si c'est parce qui s'est passé avec Nigel/Xoramen. Il a reconnu Xoramen. C'était elle. Quelque chose le ronge. Il est une malédiction, il sent ces choses là. Il se sent se désagréger petit à petit, comme une fuite magique quelque part en lui. Le temps presse. Il doit éliminer Xoramen au plus vite. Mais comment y arriver si elle est intangible ?

Un poids affaisse son matelas et il se roule plus serré dans ses couvertures.

- Tu dors, Morayeel ?
- Oui.
- Oh... en tout cas, Shaw, il passe tout son temps à l'inquisition. Hiep l'a toujours en visuel. À ce qui parait, il a pas aimé ton message.

Morayeel sourit.

- Bien. Excellent. Silence. Laisse-moi dormir.

Son matelas reprend sa position initiale et il n'entend plus rien.

CRAC!!

« MAIS MERDE!!! » fit une voix d’un ton excédé. Léandre sorti de la pièce où elle se trouvait… Pas celle qu’elle avait visé… Elle était incapable de transplanner avec précision… Une question de concentration? La mort est trop émotive.

Quelques étage plus haut, Belen sent la présence de la mort…

Léandre chercha un plan d’évacuation avec son VOUS ÊTES ICI et examina sa position. Heureusement elle savait lire une carte… Et rageusement, elle poussa la porte de l’escalier pour monter au refuge de Morayeel… Peut-être qu’il serait ailleurs mais c’était un bon endroit pour commencer à chercher…

Belen senti la mort se rapprocher, rôdant dans l’édifice…

Morayeel n’avait toujours pas trouvé une bonne réponse à la question : Comment tu vas t’y prendre pour que je reste avec toi… Aussi Léandre avait-elle souvent visité New York mais sans jamais s’attarder. Elle prétextait habituellement avoir une information à demander à River… Mentorat pour Mort à l’entraînement. Ou alors une visite de fille à Sab, pourquoi pas…

Tout en gravissant l’escalier, elle se chercha une excuse autre que J’étais inquiète de toi, et elle la trouva sans peine.

La mort incarnée, une reine noire, entrebâilla la porte. La lumière baissa soudainement d’intensité tandis que Léandre jetait un coup d’œil dans la pièce. Elle n’était pas venue depuis un long moment. Ils ne s’étaient pas vu depuis que Sir Rocstone avait sa garde: Léandre s’était encore assombrit.

« COUCOU! » salua La Mort en entrant. Elle vient se planter devant lui, en surplomb. Grande et noire, moulée dans ses jeans et la laine de son kangourou, l’ombre se faisait sur ses pas. Elle était chaudement vêtue et passablement ébouriffée… Être au bon endroit au bon moment, c’est du sport. Sa présence rendait tout plus lumineux autour d’elle. Elle examina son teint cireux et s’informa : « T’ES TOUT PÂLE, ÇA VA? » Et parce qu’elle savait parfaitement qu’il n’allait pas mourir, elle prit la peine de s’asseoir devant lui pour poursuivre la conversation. « J’AIMAIS BEAUCOUP NIGEL. » commença-t-elle. « C’ÉTAIT UN GRAND AMI DE MAMAN! UN ONCLE EN QUELQUE SORTE. » Parce que la petite métisse vivait un deuil. « IL VA VRAIMENT ME MANQUER TU SAIS, » renifla-t-elle, se torchant les joues avec sa manche. « MAIS CE N'EST PAS LA PIRE NOUVELLE QUE J'AI APPRISE CETTE NUIT. TU VEUX SAVOIR CE QUE C'EST? »

L'entrée de la Mort eut un effet euphorique sur lui. Il n'y a que les gens en phase terminale dont la vie de souffrances fait plus peur que la mort qui peuvent être euphorique en la voyant. Quoique Morayeel n'avait jamais vraiment souffert. Pas plus qu'un autre. Et puis, la mort apparait rarement aussi vivante aux gens en phase terminale. Enfin, certain ont probablement fait le saut ces derniers mois.

- Léandre, dit-il en esquissant un de ses rare sourire ravi.

Bon, à côté de n'importe qui, ça doit avoir l'air d'un sourire timide, mais chez Morayeel, c'est pas ça du tout. Profondément cerné, les joues creuses, le teint cireux et oscillant entre le grisâtre et le verdâtre, il n'a pas l'air plus vivant que les zombies qu'il fait lever. Au détail près qu'il respire et que la fièvre constante, qui le tenaille depuis que Xoramen a commencé à prendre possession de Nigel, fait briller des perles de sueur su sa peau.

Il trouve dommage d'avoir du tuer Nigel. Il n'a pas eu le choix.

- Je suis désolé...

Il est sincère. Il trouve dommage d'avoir du tuer Nigel. Il n'a pas eu le choix. Délicatement, il lui prend la main. Un frisson l'agite et il cligne des yeux, à quelques reprises. Toujours ce même effet, mais il le contrôle mieux maintenant. Il sait ce que ça lui fait. C'est particulièrement enivrant.

- MAIS CE N'EST PAS LA PIRE NOUVELLE QUE J'AI APPRISE CETTE NUIT. TU VEUX SAVOIR CE QUE C'EST?
- Qu'est-ce que c'est ?

Le repos éternel, l’acceptation, le réconfort de la mort… Un silence paisible… Ça et la chaleur émotive de la petite fille d’un djin. Léandre a les mains douces et chaudes, le caramel de sa peau tranchant avec tout le noir. Parce qu’il a été si près d’elle qu’il a froid près des autres.

Soudainement, elle lui arrache sa main. Les interdits étaient profondément ancrés en elle. Il avait dit qu’elle lui faisait plus de mal que quiconque : « T'AS SUFFISAMMENT UNE SALE GUEULE COMME ÇA SANS QUE JE TE FASSE DU MAL EN TE TOUCHANT... »

Ce serait plus simple si Belen et Sab n’était pas là… Léandre rougit et fourra ses mains dans ses poches. Elle lâcha finalement l’avertissement. « MAMAN N'EST PAS DE TON CÔTÉ ACTUELLEMENT. » Sa marraine, sa mère à elle. Elle pointa Sab et Belen du menton… « SINON ELLE AURAIT EMPÊCHÉ ÇA. T'AS UNE PETITE IDÉE POURQUOI? »

- Parce que ça aurait été facile pour elle d'empêcher les Folayann de me tirer dessus ?

Léandre fronça les sourcils, serra ses coudes contre ses flancs, sur la défensive.

« MAMAN RESTE TOUJOURS AU PLUS PRÈS DE CE QU’ELLE CRAINT LE PLUS… POUR GARDER LE CONTRÔLE DESSUS… ALORS OUI, CERTAINEMENT… »

Calme. Aussi calme que celui qui s'est résout à l'inévitable.

- Léandre, Xoramen est en train de me tuer. Tu m'a vu ? Elle me tue à petit feu. L'inévitable, pour Morayeel, est de ne pas mourir. Nigel est le dernier qui sera mort à sa place.

La mort est juste parce que rien n’est plus injuste que la vie. Mourir à la place d’un autre c’est tricher avec la destiné. Mais on ne s’appèle pas Daee sans avoir une certaine flexibilité morale. La mort est incapable de condamner Xoramen, malgré ce qu’elle inflige à Morayeel, parce que son crime n’est pas bien lourd quand on se remémore ceux de sa propre mère. Et pourtant il s’agit de Morayeel…

Il plaide pour la légitimité de ses actes et elle a horreur de ça.

« JE NE SUIS PAS VENUE T’AVERTIR QUE T’AVAIS PROBABLEMENT PERDU UN ALLIÉ POUR QUE TU TE JUSTIFIE D’AVOIR BUTÉ NIGEL OU DE T’EN PRENDRE À TA MÈRE! » Comme si elle allait lui reprocher de chercher à survivre! Et pourtant elle sait à quel point Xoramen compte pour Halewyn. Elle est en conflit d’intérêt. Salement. Mais Blaise l’avait comprit un quart de seconde avant tout le monde. Elle, elle préférait Morayeel. Des larmes retenues font briller ses yeux noirs comme des pierres précieuses. Des larmes de rage et de frustration. « JE VOULAIS JUSTE T’AVERTIR POUR QUE TU SOIS PRUDENT, MOI! » Comme si elle était assez aveugle ou insensible pour ne pas voir. Mais la mort est une adolescente de 16ans. Certainement pas endurcie face à l’agonie. « JE LE VOIS BIEN CE QU’ELLE TE FAIT! » La colère s’enfla en elle comme une vague de fond qui atteint les côtes, gagnant en puissance.« AH ET PUIS FAIT DONC COMME TU VEUX, IDIOT, JE SAURAI BIEN QUAND TU MOURRAS! » Et elle fit mine de se lever parce qu'il n'avait toujours pas trouvé les mots pour la retenir.

Il laisse la Mort parler. Parce que sur le coup, il ne sait pas quoi répliquer. Mais il a le temps d'y réfléchir.

- Mais Léand...
- Ça va piquer !

Morayeel sursaute.

- Aoooow ! Bord... de... hum... arg...

Son corps amaigri se tord de douleur tandis que Sab termine sa besogne sanglante en se léchant les doigts, visiblement satisfaite.

- Il ne reste plus qu'à appliquer le bandage ! lance joyeusement le vampire. Viens voir, Léandre, j'ai fait un flocon de neige en point de suture !
- Bon sang...

Et parce que les petites vengeances mesquines sont les meilleures, Léandre effleura la blessure de l’index. « OH, COMME C’EST MIGNON! C’EST DE L’ART SAB! ET ÇA LE REPRÉSENTE PARFAITEMENT EN PLUS! » Et parce qu’on n’est pas non plus une Daee sans être particulièrement charitable, la jeune sorcière prit le pansement stérile dont la vampire s’apprêtait à recouvrir la blessure et l’appliqua elle-même avec toute la douceur que lui inspirait ses émotions : Sans avertissement elle ajusta le pansement et le maintient en place d’une pression ferme avec toute la paume de sa main. « T’AS DU RUBAN ADHÉSIF SAB? » fit-elle d’un ton très détaché. « OH, PARDONNE-MOI! JE TE FAIS MAL PEUT-ÊTRE? »

- Bordel, j'suis pas un medium pour les artistes, grogne le nécromancien, snas tout de même bouger. Mieux vaut pas provoquer. Il les surveille tout de même du coin de l'oeil. Surtout, il ne bouge parce que Léandre vient de prendre la place de soigneuse à la place de Sab. Il se fige quand elle appuie sur sa plaie. Il émet un grognement étouffé, mais ne dit rien d'autre.

- OH, PARDONNE-MOI! JE TE FAIS MAL PEUT-ÊTRE?
- Non, pas vraiment, dit-il d'un ton neutre. Pour me faire mal, t'as qu'à partir, dit-il sur un ton des plus informatif, comme si c'était une évidence.

Il y a un instant de silence, où le temps reste suspendu. Puis Sab est la première à réagir. Elle pousse une petite exclamation courroucée.

- Bon, c'est pas comme si j'avais pas des trucs plus intéressant à faire que de soigner des plaies de vivants. Si Léandre préfère le faire... humpf !

D'un claquement de talons elle se dirige à par marqués vers la sortie et s'éclipse, fermant soigneusement la porte.

Le cœur de la mort fit une formidable embardée. Douloureuse.

« … »

Léandre rougit jusqu’à la racine des cheveux. Elle fixa ses yeux noirs sur la nuque de Morayeel, la bouche entrouverte, comme si elle pouvait passer au travers et scruter son âme.

« … »

Morayeel peut sentir la pression se relâcher sur son épaule… Se faire délicate…

« … »

Toute sa colère est tombée, laissant place à un profond malaise… C’est comme rafler le jackpot au monopoly : tomber sur le free parking alors qu’on visait les rouges… Ce n’était pas son but… C’était horriblement franc. C’était beaucoup plus que ce qu’elle avait voulu. Et elle n’était pas du tout préparée à ça.

D’une main elle fouilla dans la boite de secourisme, près de ses genoux, et lui passa le ruban adhésif et les ciseaux par-dessus l’épaule… Le silence de la mort était éloquent… Elle a très bien compris mais elle en restait sans voix.

Léandre sait répondre aux questions et elle sait lesquelles poser. Calcul et stratégie. Mais ça, ce n’est pas du tout dans ses calculs… Un gros temps de flottement.

La petite métisse fini de coller le pansement aux 4 coins, saisissant les bouts de ruban que Morayeel lui tend. Elle veille à ne pas le toucher, s’appliquant pour que ses doigts ne débordent pas du ruban et du pansement. « VOILÀ… » fit-elle d’un timbre informatif.

« … »

La mort restait dans son dos, pas encore prête à lui faire face. « JE NE VEUX PAS TE FAIRE DE MAL MORAYEEL MAIS JE NE PEUX PAS RESTER AVEC TOI… » Raisonnable. Léandre a toujours été une enfant raisonnable… Paul s’en était assuré. « C’EST WALTER ROCSTONE QUI A MA GARDE… »

Derrière lui, Morayeel entend un crépitement d’électricité statique… L’odeur de Léandre se fait plus forte juste un instant avant qu’elle ne lui passe son kangourou par dessus la tête. « T’AS LA CHAIR DE POULE… » Le lainage grossier et pelucheux avait gardé toute la chaleur surnaturelle de Léandre. Et sans lui laisser le temps de passer les bras dans les manches, elle le lui rabattit jusqu’aux hanches avant de se blottir dans son dos, le ceinturant de ses bras caramel.

Et pourtant la chaleur vive de l’héritière du phœnix n’est en rien comparable à la tiédeur de l’héritière du Djin.

« FATALEMENT, OUI… »

L’étreinte de la mort est subversive, lui faisant abdiquer toute résistance. À sa moelle épinière est directement transmit l’incapacité de fuir, l’inutilité de la lutte, un sentiment d’impuissance, la certitude de l’oubli, la persuasion de se trouver sans défense et désarmé. Une aubaine pour Xoramen…

Se retrouver si démuni aurait pu être effrayant. Mais étrangement, c'est pour Morayeel une impression de sérénité absolue. Pour un gamin qui a passé sa vie à dissimuler, à comploter, à estimer, à se dissimuler, à éviter, ce total laisser aller est une pure béatitude.

- Bien... très bien...

Un agonisant ne pourrait être plus abandonné à la Mort que Morayeel à ce moment là.

Les bras caramel qui le supporte se fond plus câlins, moins tendus. Parce que Morayeel ne cherche pas du tout à la repousser et qu’au contraire il semble consentir à son étreinte… Il aurait presque assez d’espace pour enfiler les manches. Léandre s’appuie contre son dos dans la même mesure qu’il se laisse aller contre elle. Sa joue d’abord appuyée contre son omoplate, elle vient poser son menton sur son épaule, la bonne.

« QUAND TOUT ÇA SERA FINI… TU POURRAIS DEMANDER À SIR ROCSTONE SI TU PEUX SQUATTER SON MANOIR… »

Il sourit, délicieusement engourdi.

- Peut-être, quand ce sera finit... murmure-t-il. Un ange passe dans un silence feutré, puis Morayeel semble se réanimer un peu. Quand j'irai mieux, Léandre, je t'inviterai, toi et tes amis, à venir séjourner à Manhattan, dit-il d'un ton engourdi. J'ai des projets pour le monde, Léandre, dit-il, la voix animée d'une énergie ténue. Des projets grandioses, qui vont marquer l'humanité. Et j'aurai besoin de ton aide et celle de tes amis.

« MORAYEEL, T'ES LE FILLEUL DE MAMAN, N'EST-CE PAS... ET T'ES UN DES CHIMÉRIEN DONT ONCLE PAUL ME PARLAIT QUAND J'ÉTAIS PETITE... T'ES AU COURANT DES RÈGLES DE RÉGULATION DE LA MAGIE SAUVAGE... TU SAIS CE QUE MAMAN EST, DANS LE FOND... » Elle essayait de lui dire quelque chose, l’emprisonnant toujours de ses bras. C’était compliqué et ça faisait peur… C’était important… Important comme une peur de petite fille… Grave comme la peur dans le noir… « ET TU SAIS QUE MAMAN EST MORTE AVANT QUE JE NAISSE. ASSASSINÉE. SACRIFIÉE PAR MON GRAND-PÈRE... MAIS TU SAIS POURQUOI ELLE A ÉTÉ SACRIFIÉE? QU'EST-CE QUE TU SAIS, AU FOND? T'AS DÉJÀ ENTENDU PARLER DE LA PROPHÉTIE DES DAEE? »

- MORAYEEL, T'ES LE FILLEUL DE MAMAN, N'EST-CE PAS...
- Oui...
- ET T'ES UN DES CHIMÉRIEN DONT ONCLE PAUL ME PARLAIT QUAND J'ÉTAIS PETITE...
- J'étais chimérien, oui...
- T'ES AU COURANT DES RÈGLES DE RÉGULATION DE LA MAGIE SAUVAGE...
- Oui.
- TU SAIS CE QUE MAMAN EST, DANS LE FOND...
- Je ne suis pas certain... mais j'ai vu...

Il essaie sans conviction de bouger, question de la regarder. Il entend bien que son ton de voix est effrayé ou inquiet... mais il n'arrive pas vraiment à lui faire face. Mais il répond aux question. De toute façon, qui pourrait mentir pour ne pas répondre à la Mort ?

- ET TU SAIS QUE MAMAN EST MORTE AVANT QUE JE NAISSE. ASSASSINÉE. SACRIFIÉE PAR MON GRAND-PÈRE... MAIS TU SAIS POURQUOI ELLE A ÉTÉ SACRIFIÉE?
- Un secret. Je crois...
- QU'EST-CE QUE TU SAIS, AU FOND? T'AS DÉJÀ ENTENDU PARLER DE LA PROPHÉTIE DES DAEE?
- Je sais un peu tout et un peu rien... surtout un peu rien... mais la Malédiction de Cora possède une connaissance innée des prophéties et des visions d'avenir. Et je suis cette Malédiction. Je ne connais pas la prophétie des Daee. Mais si t'en parle maintenant, c'est que tu la sais, peut-être seulement en partie et que tu as deviné que c'est en lien avec mon projet pour l'Humanité.

« PAR LA FAUTE DE MA FAMILLE, LA MORT VA S’INCARNER ET RAVAGER LE MONDE. MON GRAND-PÈRE A PENSÉ QUE C’ÉTAIT MAMAN. IL S’EST TROMPÉ MAIS IL PENSAIT VRAIMENT QUE C’ÉTAIT ELLE. IL A CRU QUE C’ÉTAIT ONCLE PAUL ET… ENFIN, IL A TUÉ MAMAN POUR ÉVITER ÇA. » Les Chimériens savait cette partie là de l’histoire. Jali avait sacrifié Samuelle. Léandre se calla plus confortablement contre lui. « TOUT EST ALLÉ DE TRAVERS. ALORS IL A VOULU GAGNER UN AVANTAGE SUR LA PROPHÉTIE, CONTROLER MAMAN, CONTROLER LA MORT… MAMAN EST UNE CADETTE. »Tout un pan d’histoire résumé en quelques mots. « EN FAIT, C’EST LA FAUTE DE GRAND-PÈRE SI LA MORT S’EST INCARNÉE… »

La mort n’est pas malfaisante au même titre que la dague d’assassin ou une falaise à pic. La malfaisance implique un choix. La main qui agit est malfaisante. Difficile, quand on sait de qui la mort est la fille, de savoir auquel des choix elle appartient.

« JE CROIS QUE LA PROPHÉTIE PARLE DE NOUS… LA MALÉDICTION, LA MORT, L’APOCALYPSE… ET JE SUIS PAS TROP CERTAINE TU VOIS… »

Silencieux, il écoute ses affirmations et son hypothèse. Elle le sent hocher la tête, doucement.

- Maintenant, tu peux l'être... Il inspire profondément. C'est la faute de l'orgueil et l'envie de Cora que la Malédiction s'est incarnée. Lentement, il émerge lentement de son état d'inertie. Ravager le monde... c'est une bien grande responsabilité...

Il soupire. C'est bien la première fois qu'il se laisse si innocemment contre quelqu'un. Et il constate avec étonnement que ça lui plait. Mais vraiment beaucoup.

Ça fait combien de temps quelle le garde emprisonné contre elle? Languide. Son corps, moulé contre le sien, lui transmet une douce tiédeur… Un appel à l’indolence. Ses cheveux plumeux lui frôlent la joue et l’oreille, l’odeur suave de sa peau caramel caresse son odorat. Léandre inspira profondément, un soupir de contentement.

Dans un recoin de la place, deux yeux rouges se profilent brièvement entre deux lames de grillage. Examinant la pièce.

Dans son conduit, Elthiriel se tortille un peu pour sortir son matériel. Un genre de tourne vis inversé et quatres petits aimants. Silencieuse et avec une célérité consommée, elle se met au travail.

Une vis se desserre apparamment toute seule, avant d'être aimantée pour ne pas tomber. Ses soeurs suivent bientôt, passant inapercues dans le bruit doux de leur deux respirations. Il y a un moment d'éternité infinie avant que, violemment,

BACLANG!

La grille ne soit expulsée de l'autre côté de la pièce, faisant diversion tandis qu'Elthiriel sort du conduit avec souplesse.

Morayeel. Je t'ai manqué?

Demande la voix féminine, grave dans son ironicité. C'est sûr qu'elle ne lui a pas manqué voyons. Si Elthiriel lui avait manqué il aurait donné des nouvelles. Les prunelles rouges passent sur Léandre, si elles pouvaient incendier, ca serait fait.