Le Refuge de la Murène

C'est une réserve. Enfin, ça l'était. Petite pièce servant de débarras. Sans fenêtres et trois murs occupées par des tablettes, il y a deux rayonnage de métal. À l'origine, il y en avait une troisième, mais pour avoir un minimum de place, on les avait enlevé. Là ou se trouvait le rayonnage enlevé, on y trouve un lit. Enfin, lit c'est un bien grand mot. C'est un matelas à même le sol sur lequel sont jetés pêle-mêle des couvertures. Le troisième mur, à droite de la porte n'est pas te tablettes, mais de 6 armoires de métal.

Les tablettes sont couvertes du nécessaire à nécromancie. Sauf ce qui peut pourrir et devenir très désagréable. Des tas de vieux grimoires prennent aussi beaucoup de place. Morayeel a récupéré une bonne partie de la bibliothèque des Hadamson qui se trouvait dans les catacombes de Greenwood. Si la majorité des bouquins se trouvent maintenant dans la crypte de la Cathédrale St-Patrick, Morayeel a gardé ses préférés et ceux qu'il étudie près de lui.

Dans un coin de la pièce trône un perchoir d'argent ternit. Le cadavre actif d'Hiep s'y trouve souvent.

Comme éclairage, des sphères blanches diffusent une lumière bleuté.

De métal blanchâtre et de mélamine blanche, la pièce est froide, à l'image de son occupant.

Léandre n’aurait pas transplanné dans la grande salle, en haut, chez River, pour tout l’or au monde… D’abord elle n’est pas douée pour transplanner, ensuite la liche l’intimide… Bon, Morayeel aussi, mais c’est différent…

!

Déséquilibrée, ses yeux accommodant mal le changement de luminosité, la sorcière percute une lourde armoire de métal dont les panneaux, mal fermés, s’ouvrirent avec fracas… Reculant vivement, elle percuta une tablette, puis s’empêtra dans une couverture et s’affala par terre en entraînant la tablette et son contenu avec elle… « HUMPF! MEEERDE! LUMOS! »


Ok, au moins c’est la bonne pièce! Par contre, il n’est pas là… Léandre est-elle assez aventureuse pour se balader seule dans le GEB en pleine nuit pour retrouver son ami? C’est à peu près au moment où elle posait la main sur la poignée de porte qu’elle fut frappée par la première mort… Et presque au même moment, une deuxième…

L’air autour d’elle parut un instant saturé de luciole… Des éclats d’argents tourbillonnèrent dans ses yeux noirs, le chagrin s’y densifia jusqu’à ce que plus aucune lumière ne pu s’en échapper. Une ombre longue et noire enveloppa l’adolescente et un instant, la Mort paru chétive, on aurait pu la renverser d’une pichenette. Ses genoux se dérobèrent sous elle et Léandre retomba dans la pénombre du refuge.

Into a sea of stone…
Poum m m m m m m… Un registre de basse… comme une grosse bande élastique qui vibre…

Where all your hopes and dreams have faded out of reach…
Poum m m m m m m… Un flamboiement silencieux.

Remember that all the bad dreams are not far from reality…
Poum m m m m m m… Effrayée par la mort tout autant que la vie.

Have you forgotten just what you are?
Poum m m m m m m… Léandre tremble sur le sol, son esprit en pleine transformation.

And you awake and there you are, not far off from the line before…
Poum m m m m m m… Guidée par un astre glacial…

And just how long did it take for you to understand.
Poum m m m m m m… Désorientée, aveuglée, sans âme sœur à qui s’ancrer…

Where your feeling stopped and nightmare began...
Poum m m m m m m… Tabou dont on ne parle pas, dont on ne parle plus.

Convince yourself to take control, play to the hilt this unlikely role.
Poum m m m m m m… Comme l’ombre masque le désespoir profond…

And maybe the you’d see the light, and read the thruth that you had to write.
Poum m m m m m m… Quelque part très loin de tout, plus loin que son esprit n’est jamais allé…

Would you smile again for me? Would you smile again for me?
Poum m m m m m m… Une ancienne prophétie se réalise : La mort s’incarne.

Ses bouquins préférés ou plus utile, sont dans son refuge. Pas étonnant alors qu'il tente d'y entrer. Mais la porte offre une résistance. Moraye n'est pas du genre à pousser sur la porte de toute ses forces. Sans trop d'efforts, il préfère agir autrement.

CRAC
CRAC

Funeste à la main, il trouve rapidement ce qui offrait une résistance à la porte.

- Léandre...

Et il la rejoint, sur le sol. Mais qu'est-ce qu'elle fait ici ? N'était-elle pas avec Halewyn ? A-t-elle été touchée par le nuage ? Merde...

Elle est vivante. D'un autre côté, c'est évident, sinon, les morts auraient été mal en point. Il ne peut pas non plus la laisser là. Il traine Léandre jusqu'à son lit et l'y étend, avant de s'y étendre aussi. L'interrogation de Samuelle lui revient en tête. "A-t-elle encore une mort ou l’en a tu privé à jamais ?"

Il lui touche...

La première fois qu’il l’avait touché, il avait été balayé par un prodigieux black out. La douleur, immense, sans commune mesure avec la mort des autres… Puis il avait apprit graduellement à contrôler ses réactions, ne pas perdre le contrôle. Il l’avait touché à plusieurs reprises par après, toujours par extrême nécessité.

Et maintenant? Il est groundé à sa main, la cervelle lui dégouline littéralement par les oreilles. Ce n’est plus la petite fille qu’elle était, c’est une reine noire, la mort incarnée, celle qui guide les asservis.

Des cris indistincts, comme si une nuée de corneille pouvait crier. Comme si on pouvait frapper un rythme sourd directement sur le système nerveux. Poum m m m m m C’est une spirale dont elle est le centre. Lambeaux d’ombre qui l’enveloppe, une tempête dont elle est le cœur. Une vision. La mort et ses cavaliers de l’apocalypse. Sauvage, incontrôlable, un vent de chaos, de destruction et de mort. Serment de loyauté. Elle est la voix de l’autre monde, celle qu’ils suivront parce qu’ils ne peuvent faire autrement. Les cavaliers de l’apocalypse partagent les mêmes dangers

Comme un électrochoc et il n’y a personne pour lui venir en aide… Seul dans son refuge, blotti contre le corps doux et chaud de l’adolescente. Il va devoir surmonter seul cette épreuve.

Sa première réaction fut de lutter contre ce qui le submerge. Sa seconde réaction fut de capituler, question de voir ce qui se passe. Mourir en luttant, sans savoir, sans comprendre ce qui se passe, c'est stupide.

" Tu n’as pas fait ce que tu devais faire… Tu as choisi de la sauver et je veux savoir pourquoi? " lui avait dit Samuelle. Il avait répondu qu'il n'avait pas réfléchit, qu'il avait fait ce qu'il devait faire. Il sait pourquoi, maintenant. Morayeel est une malédiction et en sauvant Léandre, il avait condamné l'humanité.

Très peu de gens trouvent un sens à leur vie. Encore moins de gens trouvent un sens à leur mort. Morayeel, lui, vient de les trouver tous les deux. Et de son vivant.

Visionnaire, comme l'ont souvent été les Sorrenze, il a droit à un petit bout de la vision d'un futur dévasté. Il sait que c'est ainsi que ça se passera. Il ne lutte pas contre la Mort, parce qu'il ne veut pas y échapper. Il ne peut pas y échapper. Il a condamné l'humanité. Il accompagnera la Mort, jusqu'à la fin.

Et son âme se scinda en deux. Elthiriel put en ressentir la douleur impossible à contenir. Elle sut qu'il avait fait quelque chose de terrible. Mais impossible d'en savoir davantage, l'accès à davantage lui fut refusé.

À l'instar de son père, des décennies auparavant, il fut séduit par la Mort.

Léandre sent une présence dans son inconscience… Quelque chose de glacial lui enserre le poignet et le froid remonte le long de son bras jusqu’à son épine dorsale. Un long frisson la parcouru. Inconfortable et dérangeant.

Il est tard… Beaucoup plus tard.

Dans le noir parfait de la réserve, Léandre entrouvre les paupières puis referme les paupières. C’est la nuit, elle est épuisée, dans son lit et Halewyn se trouve près d’elle, présence rassurante et réconfortante, comme toujours. Du moins, c’est ce qu’elle pense. Dans un demi-sommeil, l’adolescente se retourne, dégageant son poignet pour se blottir contre Morayeel dans une sorte d’étreinte. Léandre est la petite fille d’un djinn, elle recherche inconsciemment la chaleur humaine. Son mouvement le libéra de son contact et il sentit la mort refluer en lui pour laisser place à ce qu’il lui reste de vie.

Léandre soupira dans son sommeil, son contact dissipant une étrange tiédeur… La flamme de sa vie a été soufflée, transformée en une forge brûlante, constante, dormante…

...Il est tard certes.

Le temps que ça lui prends pour retracer Morayeel quoi... Non mais quelle idée de l'abandonner aux griffes des Morts...? Et puis il a sans problèmes réussi à convaincre Gus... Parce que de toute façon, River pour l'instant ne faisait pas grand chose de passionnant... Et tant qu'à être un chat, autant trouver un endroit confortable pour dormir. Qu'il le veuille ou non, être avec celui qui l'avait enfoui dans ce corps de félin le rassurait... Et si jamais y'avait une fuite et qu'il tombait du chat ?

Y aurait toujours le petit nécromancien pour le remettre dedans ou lui sauver la peau. Ils ont tourné en rond un moment, sachant qu'il était toujours dans le bâtiment mais sans savoir exactement où... Enfin ils trouvèrent une porte... Qui ressemblait à un débarras mais qui flairait Morayeel... Le long du chemin, César n'a pas été très bavard... Une présence de plus dans l'air... Les chats sentent la Mort... Il sait qu'il y a quelque chose qui est là... Quelque chose d'autre que Morayeel... Mais il ne sait pas quoi au juste... Une patte contre la porte qui gratte à toutes griffes...

- Miaaaaaaaarf.

Fait-il longuement avec l'accord de Gus, évidement... Et comme un chat se doit de le faire, même quand il n'en est pas réellement un, étrangement César y trouve un malin plaisir... Il continue de gratter... et de roucouler et de geindre devant la porte... Aussi bruyamment que possible. Pour un gars qui déteste les chats, il le fait drôlement bien... Tout compte fait, c'est peut-être pas si moche... Enfin vu de l'intérieur en tout cas.

« C’est ridicule… C’est pas parce que t’es dans la peau d’un chat que tu dois agir comme un chat… Tu vois bien que la porte est close? » se récria l’adolescent avec impatience. « Et pis arrête merde! Y’a qqchose derrière cette porte! Tu vas finir par le réveiller! » Parce que les chats vivent avec une patte dans chaque monde. « Si le ptit gars vivant est là dedans, ben… y’a qqchose de mauvais, de vraiment mauvais avec lui. Ça dégouline, j’le sens, ça m’attire! » La mise en garde ne prend pas… « Tu m’écoutes quand je te parles?? Y’a qqchose de pas naturel qui se passe là dedans et moi mon rôle c’est dresser une chronique, pas jouer les héros! »

Le miaulement du chat le réveille. Il sent une douce chaleur contre lui. La chaleur le rend mal à l'aise normalement... celle-là... elle est différente... il est loin de vouloir s'en détacher.

Et puis, le chat, il n'ira pas le chercher... s'il ne se trompe pas et que c'est Cesar... il ne va pas le laisser rentrer ici. Non, il n'ira pas le chercher. Il n'a pas l'habitude d'être proche... si près de quelqu'un... du moins pas depuis les 15 dernières années.

Il se serre contre Léandre.

- C’est ridicule… C’est pas parce que t’es dans la peau d’un chat que tu dois agir comme un chat… Tu vois bien que la porte est close ?
- Les portes fermées m'ont jamais arrêté.

...Il sait fichtrement de quoi il parle... Il entends bouger à l'intérieur... À peine... Mais juste un mouvement dans l'air, un souffle changeant... S'agitant devant le panneau fermé, il roucoule...

- Et pis arrête merde ! Y’a qqchose derrière cette porte! Tu vas finir par le réveiller !

Il l'ignore totalement... Puis s'arrête pour écouter... Attends longuement... Cette présence avec lui...

- Si le p'tit gars vivant est là dedans, ben… Y’a quelque chose de mauvais, de vraiment mauvais avec lui. Ça dégouline, j’le sens, ça m’attire !

Il se couche devant la porte un instant...

- Tu m’écoutes quand je te parles ?? Y a quelque chose de pas naturel qui se passe là dedans et moi mon rôle c’est dresser une chronique, pas jouer les héros !
- Hé bien ça tombe mal. Tu cohabite avec un journaliste.

Lui dit-il sur un ton fataliste... Ah ouais, c'est comme ça hein ?...

- Ahem...

Fait César de l'intérieur...

- MRRRRAAAOOOOW.

Lance le félin avec une once de désespoir... Avant de se mettre a gratter des deux pattes avec acharnement... Il a un doute sur cette... "chose" qui se trouve là-dedans... Il la sent...

- Je tiens à savoir ce qui se trouve là-dedans... Il y a le p'tit... Mais il y a quelque chose d'autre... Et je crois savoir ce que c'est.

Explique t-il avant de pousser un autre miaulement déchirant...

Gus reste en retrait… Si ce vieux bouffon veux s’épuiser à gratter à la porte, soit, mais… « ARF! Mais c’est assourdissant!!! » s’exaspéra l’adolescent en se plaquant les mains sur les oreilles.




Au miaulement du chat, subitement beaucoup plus fort, Morayeel sent le corps de Léandre se contracter : l’éveil… Ses yeux papillonnèrent dans le noir comme si elle sortait d’un long et profond sommeil.

Ce n’est pas Halewyn, réalise-t-elle subitement. « HUMM?? »

Parce qu’elle sent son souffle sur sa joue… Parce que Morayeel l’enveloppe, se serrant contre elle, alors que son tuteur est habituellement aussi tendre qu’une barre de fer… Il est si près d’elle que le geste qu’elle pose est un pur réflexe : ses mains se portèrent aveuglément sur Morayeel. De sa taille, ses doigts délicat glissent sur ses épaules… Ce n’est pas la stature d’Halewyn ça… Vraiment pas.

Une inspiration subite. Elle amorçe un mouvement de recul instinctif lorsque ses mains effleurèrent les bras de Morayeel. Flash flood of pain. Mais un genre de douleur particulier : comme croquer dans un bonbon extrêmement sûr… Et pendant qu’elle le palpe, protégé seulement par un mince t-shirt, il se sent entraîné dans un tourbillon furieux qui l’hypnotise, l’étourdit, le plongeant dans une sorte d’oubli délicieux, de rêve impossible à décrire parvenu de son sommeil, de la noirceur de son cœur.

C’est alors qu’elle le reconnu. « MORAYEEL !?! » fit-elle alarmée, dans un murmure, retirant vivement ses mains. Un gel envahit instantanément les membres tremblant du nécromant.

Ce qui est pénible quand on a des visions par contact tactile... c'est que c'est par contact tactile. Le moindre frôlement de peau suscite des visions, ou des impressions... c'est terrifiant, surtout quand c'est la mort qu'on a l'habitude de voir. Par contre, il a voit habituellement comment les gens vont mourir. Il a vu des tas de morts différentes. Puis y'a aussi les exceptions.

Samuelle. Une eau noire.

Mais ce qu'il voit en ce moment, c'est bien pire. Voir la Mort ainsi, c'est bien différent de la mort des gens. C'est un peu comme voir un truc horrible, mais d'être parfaitement incapable de résister à son attrait. C'est comme être irrésistiblement attiré par quelque chose de dangereux. Comme sauter en bungee, aller nager avec les requins, descendre une falaise à vélo ou rouler à 170km/h sur l'autoroute. C'est dangereux. Mais en même temps, on croit avoir le contrôle, mais Morayeel est bien placé pour savoir qu'on a jamais vraiment le contrôle. Il lui est arrivé beaucoup trop d'impondérable pour ne pas en être conscient.

Ce n'est pas vraiment de la peur. La peur le pousserait sans doute à lutter, ou du moins à foncer, soit pour fuir, soit pour l'affronter. Mais ce n'est pas ainsi que ça se passera. Il ne fuira pas et ne l'affrontera pas. Il marchera avec elle. Il avait promit à Samuelle d'être là au bon moment. Et ce moment là ne serait pas le seul. Il y aurait d'autres moments, tout aussi tragique. Il l'avait déjà décidé. Il avait fait son choix et personne ne le ferait changer d'avis.

Durant un moment, il ne sent rien. Rien du tout. Ou peut-être quelque chose au-delà de ce qui peut être ressenti. C'est un raisonnement logique, puisque ne rien ressentir fait quand même ressentir l'absence de sens. Ou peut-être que c'est pas ça du tout. Comment savoir quelque chose que personne n'a ressenti avant lui ? Ce n'est pas tous les jours que quelqu'un peut se vanter d'être blotti contre la Mort. Mais il n'est pas que blotti contre la Mort... il l'est aussi contre Léandre...

- « MORAYEEL !?! »

Et le froid habituel qui l'habite revient. Mais il avait disparu depuis... depuis il ne sait trop combien de temps et son retour le saisit par toutes ses terminaisons nerveuses, comme des milliers d'aiguilles glacées qui le transpercent de part en part toutes en même temps et sans fin.

Un regard noir s'ouvre sur Léandre. Voir la Mort en face a un quelque chose de spécial. Puis le noir de sa pupille cède la place au cristal habituel. Il ne bouge pas, parce qu'il reprend contact avec son froid habituel.

- T'étais étendue sur le plancher quand j'suis arrivé... je savais pas que t'étais revenue...

Et quoi ensuite ? J'ai tué ton père, mais je crois que j'serai capable de le remettre dans son corps, parce que j'crois quNil squatte le chat qui gratte à la porte.

« JE M’EXCUSE!!!! » fit-elle d’une voix paniquée. « JE NE SAVAIS PAS QUE C’ÉTAIT TOI… » Elle roula sur le matelas jusqu’à tomber par terre, repoussant les couvertures avec ses pieds. « JE NE VOULAIS PAS TE TOUCHER, JE TE JURE QUE JE N’AI PAS FAIT EXPRÈS!! » poursuit-elle, certaine de se faire durement rabrouer. « JE SUIS SEULEMENT REVENUE TE DIRE QUE TOUT ÉTAIT OK AVEC HALEWYN ET QUE JE REVIENDRAIS DEMAIN MAIS… » fit-elle dans un souffle, essayant maladroitement d’expliquer qu’elle n’avait aucunement planifié son crime jusqu’à ce que…

« … »

Elle pointa un doigt caramel sur lui. « J’ÉTAIS PAR TERRE… OH! » hoqueta-t-elle misérablement, le rouge lui montant aux joues. Léandre se voila la figure de ses mains tremblantes, son rêve faisant surface. Il n’y a pas de mode d’emploi qui vient avec ce genre de transformation. La mort incarnée. Elle était devenue un monstre. Qu’est-ce qu’elle allait faire? Qu’est-ce qu’elle allait devenir? Pire!!! Qu’est-ce que Morayeel allait penser d’elle? Elle avait besoin d’un guide… « IL EST TARD, JE DOIS RENTRER À LA MAISON, HALE VA S’INQUIÉTER… » mentit-elle… Pure détresse... « EUH? QU’EST-CE QUE C’EST ÇA? » fit-elle en se retournant vers la porte close…

Féroce tentative d'attirer l'attention encore une fois, César entends des voix de l'autre côté et redouble d'effort... Il le sait... Il veut la voir... Veut... la serrer dans ses bras ? Il ne peut pas... Elle est la mort... et à la condition physique qu'il a, c'est chose impossible pour lui... Mais miauler, ça, il peut le faire...

- MIAAÔÔÔÔÔÔÔÔÔW...

Lance t-il dans une détresse féline étonnement réaliste malgré qu'il ai toujours balancé tout ce qui lui tombait sous la main quand un chat de ruelle avait le malheur de tenter la chose près de la fenêtre de son miteux appartement...

- JE M’EXCUSE!!!!
- De ?
- JE NE SAVAIS PAS QUE C’ÉTAIT TOI…
- Han ?
- JE NE VOULAIS PAS TE TOUCHER
- C'est pas grave...
- JE TE JURE QUE JE N’AI PAS FAIT EXPRÈS!!
- C'est pas grave...
- JE SUIS SEULEMENT REVENUE TE DIRE QUE TOUT ÉTAIT OK AVEC HALEWYN ET QUE JE REVIENDRAIS DEMAIN MAIS…
- C'est pas grave, Léandre... Faudra qu'il la secoue pour quelle arrête ?
- …
- C'est pas grave, j'ai dit...
- J’ÉTAIS PAR TERRE… OH!

Il la sent paniquée ou du moins sur le point de paniquer. Il se lève, peut-être pour la rassurer... ou peut-e^tre la garder.

- IL EST TARD, JE DOIS RENTRER À LA MAISON, HALE VA S’INQUIÉTER…
- Léandre...
- EUH? QU’EST-CE QUE C’EST ÇA?

Bon, d'accord, y a une longue histoire à raconter.

- Léandre, viens t'assoir. Halewyn, parce qu'il ne l'appelle presque jamais papa, attendra encore un moment. J'ai des trucs à te dire. Et c'est rien de réjouissant. ET laisse le chat dehors, pour le moment... Il lui fait une place sur le lit. T'as... t'as eu de la visite pendant que je croyais que t'étais avec Halewyn... ta mère et ton père ont visiblement pas apprécié que tu te retrouves ici... d'ailleurs ta mère m dit de t'envoyer à elle immédiatement, mais ça peut attendre aussi... bon, le plus pénible à raconter, maintenant. Bon... tu vois, pendant que ton père et ta mère étaient là... y'a la porte qui s'est ouverte... et y'a des morts qui sont entrés dans ce monde. Mais tu vois, pour reprendre corps, ils doivent prendre un corps... et euh... ben... ton père... il s'est retrouvé sur leur chemin... alors maintenant, ton père, il contient je sais pas trop combien de morts qui attendent de reprendre corps... en fait, d'après Byron, ça aurait du le déchiqueter, mais c'est pas comme ça que ça s'est passé... il a pas été déchiqueté. Mais, je crois que son âme a été éjectée... Pas obligé de préciser qu'il a poignardé Cesar comme il l'avait poignardé y a pas si longtemps. Et je suis pas certain, mais je crois que l'âme de ton père est dans le chat... dit-il en pointant la porte. Et rapidement, il ajouter, question de la rassurer, Mais je crois bien que je pourrai le remttre dnas son corps... mais il me faut un peu de temps...

« Non mais t’arrête de miauler? On entend rien de ce qu’ils disent! Bon maintenant ça suffit, rend-moi le chat! »

Devant l'insistance du jeune homme, Léandre se calme légèrement pour se faire attentive. Elle prend place près de lui sur le matelas, non pas ci près que ça… Il n’a jamais supporté qu’elle le touche. Et elle l’écoute sans jamais l’interrompre… Elle fit montre d’un manque surprenant de réaction et ses yeux noirs se portèrent finalement sur la porte…

Les grattements et miaulement s’étaient interrompu…

« CE N'EST PAS GRAVE… »fit-elle, ce citant sans qu’il soit possible de distinguer une interrogation, un sarcasme ou une affirmation. Elle se releva avec peu de geste et alla ouvrir la porte. « TU SAIS CE QUI EST LE PLUS ÉTONNANT? » dit-elle en baissant les yeux sur le chat.« C'EST QUE JE CROIS QUE ÇA NE ME SURPREND PAS DU TOUT DE LUI.» Elle rafla l'animal. « IL PEUT ME COMPRENDRE TU CROIS? PAPA?? JE POURRAI L'EMMENER AVEC MOI?»

Gus, aux commandes de la tête, fixait la petite vivante par œil interposé. La bouche entrouverte, totalement fasciné.

« JE CROIS QUE MÊME SI SON ÂME RESTAIT DANS LE CHAT CE NE SERAIT PAS SI GRAVE… IL Y A BIEN PIRE QUE ÇA. » Elle posa le chat sur son épaule, rompant le contact visuel. La figure de l’adolescent se froissa, prenant un air douloureux… « GARLAND S'EST TROMPÉ: DANS NOTRE MONDE, DE N'EST PAS UN HOMME MORT QUI GARDE LE PASSAGE EN POSANT DES QUESTIONS. C'EST MOI. »

- Non mais t’arrête de miauler ? On entend rien de ce qu’ils disent! Bon maintenant ça suffit, rend-moi le chat !
- Non, attends ! ...Oh et puis zut.

Fait-il en cédant la place à l'adolescent... Le silence du félin laisse filer les paroles de Morayeel et de Léandre sous la porte. César reste muet comme une tombe... Il ne réussit qu'a saisir les derniers mots du jeune Nécromancien.

- ...je pourrai le remettre dans son corps... mais il me faut un peu de temps...

...C'est de lui qu'on parle...?

- CE N'EST PAS GRAVE…

...Qu'est-ce qui n'est pas grave ? César est étonnamment silencieux.

- TU SAIS CE QUI EST LE PLUS ÉTONNANT ?

Fait-elle plus fort alors que la porte s'ouvre. L'ex-journaliste cherche à bouger mais Gus s'est bien ancré... Il ne peut pas faire grand chose pour l'instant que d'écouter.

- C'EST QUE JE CROIS QUE ÇA NE ME SURPREND PAS DU TOUT DE LUI.

Meuh qu'est-c'qu'elle en sait ? Ils ne se connaissent même pas... Enfin... Leur première et seule rencontre depuis 5 ans s'était plutôt mal passée... En se basant là-dessus, on peut facilement comprendre pourquoi ça ne l'étonne pas plus que ça. Il se sent soulevé... Jetant un coup d'oeil... Ben, ce qui peut ressembler à un oeil, spirituellement parlant, à Gus, il se renfrogne.

- IL PEUT ME COMPRENDRE TU CROIS ? PAPA ??
- Gus, miaule.

Fait-il en donnant un coup de euh... coude... à Gus... Bref en secouant un peu l'intérieur du chat pour lui faire reprendre ses esprits...Enfin... Vous avez compris.

- Gus ! Fait-il sur un ton sévère...
- JE CROIS QUE MÊME SI SON ÂME RESTAIT DANS LE CHAT CE NE SERAIT PAS SI GRAVE… IL Y A BIEN PIRE QUE ÇA.

Ah oui ? Il peut veiller sur sa fille, certes, mais il est séparé des jumeaux, il n'aura plus jamais de contact, peu importe dans quel sens, avec Samuelle mis à part peut-être se faire gratter le ventre, les oreilles et se faire caresser le dos... Il ne peut plus parler, ne peut plus ÉCRIRE ! Mais il doit bien y avoir pire en y repensant... Il suffirait d'y réfléchir un moment, il finirait bien par trouver quelque chose de plus moche.

- GARLAND S'EST TROMPÉ: DANS NOTRE MONDE, DE N'EST PAS UN HOMME MORT QUI GARDE LE PASSAGE EN POSANT DES QUESTIONS. C'EST MOI.
- Évidement...

Fait César comme si lui seul avait saisi de quoi elle parle.

- Gus... Je te présente ma fille.

Ajoute t-il, les pattes bien occupées à tenir l'équilibre sur l'épaule de Léandre.

- Et arrête de faire cette tête.

Dit-il en l'arrachant à son poste pour reprendre la place parce que de toute façon, il a l'air bien trop absent pour faire réagir un corps de manière raisonnable. Reprenant les commandes, César, enfin, le chat pousse un roucoulement doux et le museau rose et humide frôle l'oreille de Léandre, reniflant un peu, puis ils prends ses aises, bien que ce soit difficile, perché sur une épaule.

« Mi-ou? » fit Gus sans que le chat n’esquisse le moindre miaulement…

« Ta fille? C’est ta fille? Non c’est pas possible, cette fille là est certainement tombée du ciel… » murmura rêveusement l’adolescent… « Elle a quel âge? Non mais elle est métisse non? C’est quoi son nom? Léandre qu’il a dit? » s’intéressa-t-il en regardant par dessus l’épaule de César… « C'est elle que le ptit gars vivant a rapporté? Woua, j’crois que je suis amoureux… »

- Mi-ou ?

Un soupir exaspéré...

- Ta fille ? C’est ta fille ? Non c’est pas possible, cette fille là est certainement tombée du ciel…
- ...Tombée du ciel.

Répète t-il en reniflant.

- Elle a quel âge ?
- Elle a 16 ans.
- Non mais elle est métisse non ?
- ...Oui.
- C’est quoi son nom ? Léandre qu’il a dit ?
- Mmmwais...

Minaude t-il sans être trop certain qu'il doit approuver ça... Parce que c'est un Daee...

- C'est elle que le p'tit gars vivant a rapporté ? Woua, j’crois que je suis amoureux…

Un petit sourire.

- C'est ma fille et on partage un seul corps, je t'ai à l'oeil mon gars.

Fait-il en lui jetant un regard sérieux au dessus de son épaule qu'il aurait envoyé par dessus ses lunettes s'il en avait eu.

Léandre semble prendre les choses avec philosophie. Dans le genre "Ben ce qui est fait est fait" ou "ça aurait pu être pire". Mo s'en étonne d'ailleurs.

- IL PEUT ME COMPRENDRE TU CROIS? PAPA?? JE POURRAI L'EMMENER AVEC MOI?
- Je sais pas jusqu'à quel point il est conscient... mais si tu l'emportes, je ne pourrai pas le remettre dans son corps.

Pratico pratique, le chat doit rester avec lui pour remettre la bonne âme dans le bon corps.

- Mais... mais j'ai une chance de le remettre dans son corps... tu préfère pas ça ?

Mais Léandre est déjà plus ou moins sur un autre sujet.

- GARLAND S'EST TROMPÉ: DANS NOTRE MONDE, DE N'EST PAS UN HOMME MORT QUI GARDE LE PASSAGE EN POSANT DES QUESTIONS. C'EST MOI.
- Je... j'en sais rien... River dit que c'est Cerbère... ou la Grande Dévoreuse Égyptienne... faudrait poser la question à River, peut-être s'en souvient-il... Il semble hésiter. Tu... tu pars maintenant ?

Les bras de Léandre supportent le félin dans une étreinte possessive, revendiquant ce qu’elle n’a jamais eut... Elle gratte distraitement le cou de l’animal derrière les oreilles… « TU PEUX VRAIMENT FAIRE ÇA? » demande-t-elle avec curiosité et une pointe de défi. Dans le genre de : allez, épate-moi…

« aaaaaah j’adore ça quand elle fait ça… » nota une voix avec contentement.


La mort devrait être aléatoire, implacable, imprévisible… Mais Léandre, élevée à l’école de Paul Daee, avait toujours été raisonnable et facile… « S’IL RESTE UN CHAT, JE POURRAI L’EMPORTER, C’EST PRÉCISÉMENT CE QUI M’INTÉRESSE… ON POURRAIT LE GARDER EN CHAT POUR UN PETIT MOMENT? » Elle lui tendit la bête. « JE NE LE CONNAIS MÊME PAS… C’EST PLUS LE PAPA DES JUMEAUX QUE LE MIEN EN FAIT… PUIS IL NE VEUT PAS DE MOI, IL PRÉFÈRE ME LAISSER À HALEWYN… » remarqua-t-elle, espérant qu’il entende le reproche. Parce que la mort peut être cruelle aussi… « MAIS JE SUPPOSE QUE TU AS RAISON… » Toujours raisonnable, facile à infléchir.

Voilà, elle n'avait plus grand chose à faire auprès de lui... Même pas lui ramener le chat. Bientôt viendrait le moment de lui demander s'il avait trouvé une meilleure réponse à la question: Comment tu comptes t'y prendre pour que je reste avec toi... Mais Morayeel fit une proposition intéressant qui lui fournit un sursis : Elle mordit à l’hameçon à pleine bouche…

« JE REVIENDRAI DEMAIN DEMANDER À RIVER… J’AI PROMIT À HALE… » dit-elle familièrement, parce que si ce n'est pas son père, il est plus qu'un tuteur, « QUE JE NE RENTRERAI PAS TARD… » Quelque chose la fait hésiter elle aussi…

Son intention en revenant au GEB était simplement d’annoncer à Morayeel qu’elle avait la permission de revenir… Tout à son enthousiasme, elle n’avait pas vraiment réfléchit qu’elle aurait pu s’en dispenser… L’hésitation de Morayeel induit son hésitation : est-ce qu’elle n’oublie pas quelque chose? « EUH? » L'adolescente parut soudainement mal à l'aise... Morayeel avait toujours su capter son attention, jamais la retenir… « À DEMAIN! » Et elle amorça une vrille maladroite.

- Je sais pas jusqu'à quel point il est conscient... mais si tu l'emportes, je ne pourrai pas le remettre dans son corps.

Et alors ? Se dit César en se mettant inconsciemment à pétrir le t-shirt de Léandre avec ses pattes... Les griffes s'y coinçant et s'en défaisant tout aussi aisément...

- Mais... mais j'ai une chance de le remettre dans son corps... tu préfère pas ça ?
- TU PEUX VRAIMENT FAIRE ÇA ?
- Moi je m'en fiche... J'aurais bien pris autre chose qu'un chat mais si ça me permet de me rapprocher de ma fille...

Fait-il en sachant très bien qu'il n'y a que Gus qui puisse l'entendre... Les câlins le font ronronner... En fait il n'a aucune espèce d'idée comment il fait ça... Comme s'il n'avait pas vraiment de contrôle sur ce qui émet ce son là.

- Aaaaaah j’adore ça quand elle fait ça…
- Hm.

Il ne l'admettra pas parce que quelque part, il trouve ça un peu... perturbant de se faire grattouiller les oreilles par sa progéniture... D'aimer ça le trouble encore plus. Maudits soient les chats... et bénis soient-ils aussi... Juste un peu... Juste parce que Léandre les aime...

- S’IL RESTE UN CHAT, JE POURRAI L’EMPORTER, C’EST PRÉCISÉMENT CE QUI M’INTÉRESSE… ON POURRAIT LE GARDER EN CHAT POUR UN PETIT MOMENT ?

La tête se redresse, les oreilles aussi et il essaie de son mieux de communiquer l'envie de rester avec elle malgré le manque de mots... Ignorant royalement Gus qui se prélasse joyeusement sous les caresses, César veut agir...

- JE NE LE CONNAIS MÊME PAS… C’EST PLUS LE PAPA DES JUMEAUX QUE LE MIEN EN FAIT… PUIS IL NE VEUT PAS DE MOI, IL PRÉFÈRE ME LAISSER À HALEWYN…

Tendu à Morayeel, le matou grince, le regard paniqué. Non ! Non, pas ça ! Argl ! Vite ! Faut faire quelque chose où elle va partir toute seule !

- MAIS JE SUPPOSE QUE TU AS RAISON…

...Est-ce qu'elle a dit... Qu'il préférait la laisser à Halewyn ?... Elle n'avait jamais eu l'occasion de remarquer à quel point il en voulait à Samuelle d'avoir laissé sa fille à un assassin notoire. Il aurait voulu l'avoir... Il aurait voulu s'occuper d'elle... Être le père qu'il n'a pas pu être... Maintenant il est trop tard. Il est mort et son âme ne vit que par l'intermédiaire d'un matou et en plus, il doit le partager avec quelqu'un d'autre... Un autre grincement désespéré, il aurait tendu les bras s'il en avait eu, la seule chose de semblable qu'il trouve à faire est de se pendre dans les bras du Nécromant pour atterrir sur le plancher.

- Tu... tu pars maintenant ?
- JE REVIENDRAI DEMAIN DEMANDER À RIVER… J’AI PROMIT À HALE… QUE JE NE RENTRERAI PAS TARD…

Tournant en rond un instant en rouignant allègrement pendant que Léandre fait ses au revoirs, il se précipite dans la vrille, s'accrochant à toutes griffes dans le bas du jeans de l'adolescente... Sans rien demander à personne, il s'invite chez Coeurd'acier...

Il devait la laisser partir. Il ne devait pas la retenir. À la retenir, elle ne reviendrait pas. Enfin si, mais... il ne sait pas. Il doit la laisser partir. Elle a dit qu'elle reviendra, non ? Si elle arrive à dealer avec Halewyn, mieux vaut la laisser faire.

- Ok... bah... à bientôt alors...

Et tandis que Léandre se retourne, Morayeel voit le chat/papadeLéandre se jeter dans ses pieds. Il ne réfléchit pas vraiment au risque que ça implique, mais il se rue lui aussi dans la mêlée, parce que dans sa tête, il a seulement pensé que le chat doit rester ici pour remettre l'âme de Cesar dans son corps.

Depuis qu'il est revenu, il est fiévreux et en proie à des étourdissements nauséeux. Il sait pourquoi. Il sait que le compte à rebours est enclenché. Mais il ne sait pas combien de temps il est ce compte à rebours. Il sait aussi que tant qu'elle sera un reflet, il n'aura aucune chance, parce qu'il n'arrivera pas à l'atteindre. Le tout est de trouver comment l'atteindre. Et il doit trouver rapidement, avant d'être trop faible pour quoi que ce soit.

Un gros bouquin sur les genoux, il étudie les possibilités.