Le Nouveau-Monde

Mais les lianes, aussi solides soient-elles, sous la force de Darrin, soit elle se brisent, soit elles se détachent. Heureusement, Elthiriel se détache. Il la pose sur le sol, sans brusquerie, mais sans délicatesse non plus.

- Ah, t'es là. 2 minutes de plus et j'partais sans toi.

Il l'attrape par le poignet et la sort à l'extérieur. Luis leur emboîte le pas. Darrin va ouvrir la porte arrière d'un 4x4 de l'année précédente et y fait grimper Elthiriel par la poste passager arrière, tandis que Luis se dirige du côté conducteur.

- Hey, Luis, rêve pas, tu veux ?

Luis peste mais obéit tout de même. Il change de côté en marmonnant des insanité. Darrin esquisse un sourire en coin et va prendre la place du conducteur.

Un démarrage et il s'engage dans la circulation. Darrin est un mauvais conducteur. Du moins mauvais conducteur si on parle de respect de la loi et autres trucs du genre. Mais côté rallye en pleine ville, il bat des records. Leur parcours est escorté de klaxons furieux, de crissements de pneus terrifiés et d'injures qu'ils n'entendent pas.

Luis ne dit rien, mais Darrin met le son au fond. Luis aurait été du genre Gangsta rap, mais Darrin est plus Trash Metal. Et il s'en donne à coeur joie. Il n'a rien entendu d'intéressant durant ses vacances zen en pleine nature. Sauf le montant qu'il aura quand le papa reviendra.

Après une demi heure de route, ils se stationne devant un truc lugubre, délabré. Il en descend, Luis le suit, puis Darrin va chercher Elthiriel, l'attrape par le poignet.... enfin, L,avant bras, puis la sort de la voiture. Il lance les clés à Luis.

- Va la garer plus loin, ordonne-t-il.

Et comme d'habitude, il entraîne Elthiriel dans son sillage. Il passe sur le côté du bâtiment, pour trouver une porte dans une ruelle et s'y engouffre avec Elthiriel. C'est un endroit sombre, sec et à l'odeur étrange d'outre tombe. Bon, y a que ceux qui savent ce que sent l'outre-tombe qui peuvent le savoir. Puis ils se retrouvent devant un guichetier qui fait une patience.

- Bonjour Darrin.
- Yo Pat.
- Qui c'est, elle ?
- Un paquet de fric.
- Je vois. Il va être furieux. 
- Rien à foutre. Bonne journée.

Darrin pousse la porte du placard à balais. Du moins c'est ce qui est écrit sur la porte. C'est une taverne. Avec des tas de gens plus ou moins encapuchonnés assis à boire. Pas un rayon de lumière ne passe. Et la lumière est gardée à son minimum. Pas de musique, que les grincements des tables et des chaises, le tintement cristallin des verres et les murmures des gens. Darrin se dirige vers une table et assoit Elthiriel sur une chaise.

- Assis. Quelques têtes se retournent. Ils ont tous quelque chose d'étrange. Tu veux de quoi boire ? Y'a rien à manger de toute façon. Sauf si on aime ça encore frémissant de vie.

Darrin préférait passer pour un nécrophage.

Elle est nerveuse, très nerveuse. Qui ne la connait pas jurerais avoir un chat ou un chien qui fait toute les fenêtres pour surveiller dehors... Au cas où qu'il arriverait. De savoir qui est le Il est une autre paire de manches.

Quand Darrin vient la chercher, elle le suit sans protester. Au contraire, elle lui colle aux basques. Il n'a même pas besoin de la tenir.

Quand ils passent la porte, des prunelles incandescentes percent l'obscurité. D'un coup, elle se calme. L'odeur d'outre tombe lui chatouille les narines, calme sa panique. Les ombres lui offrent leur couvert protecteur, il n'y a que des silhouettes ici et ca lui plait. Elle n'est qu'ombres, ténèbres et sang.

Et justement, une fugace odeur de viande crue lui rappelle qu'elle n'a pas mangé depuis ce qui lui semble des lustres. Elle regarde un amas d'ombres grouillant dans un angle qui l'oblige à ne pas regarder Darrin.

Assis.

Quelques têtes se retournent. Ils ont tous quelque chose d'étrange. Elle ne s'en fait pas, étant une anomalie de nature... Ici, dans les ombres, personne ne peut rien contre elle.

Tu veux de quoi boire ? Y'a rien à manger de toute façon. Sauf si on aime ça encore frémissant de vie.

Il y a un moment de silence.

Je mangerais bien si ca ne te dérange pas... J'ai faim.

Dit elle d'un ton plus grave, légèrement sensuel et mystérieux. Les prunelles incandescentes se tournent vers son compagnon. Elle est inhabituellement tranquille.

- Je mangerais bien si ca ne te dérange pas... J'ai faim.
- Comme tu veux, dit-il en haussant les épaules.
- J'te conseille la cuisse. C'est le meilleur, chuchote une voix tout près de l'oreille d'Elthiriel, derrière Elthiriel.
- Bill, arrête ça.
- Arrêter quoi ? interroge la voix, maintenant derrière Darrin.

C'est même pas une présence, c'est une impression de présence. Le genre qui fait poser la question funeste "Qui est là ?"

- De ne pas prévenir quand t'arrive. Ça terrifie les nouveaux.
- C'est une nouvelle ? Elle m'a l'air vivante. Comme toi, d'ailleurs. Mais c'est vrai qu'elle a un air étrange.
- Abrège, tu veux ?
- Il t'attends. Et il est furieux.
- Rien à foutre. Arrange-toi pour lui dOnner ce qu'elle veut.
- Oui, Darrin. Tout de suite, Darrin... Puis Elthiriel l'entend à nouveau tout près de son épaule, juste derrière elle. Alors, j'te fais venir quoi fillette ?

Darrin se lève et s'éclipse par une porte pas loin.

Elle ne marque aucune surprise, aucune crainte. Son père le lui a appris aiunsi. Si on montre qu'on a peur, alors on est cuit. La survie est une question d'attitude.

Relevant le nez, elle hume doucement.

Oui, Darrin. Tout de suite, Darrin... Puis Elthiriel l'entend à nouveau tout près de son épaule, juste derrière elle. Alors, j'te fais venir quoi fillette ?

Le coeur, palpitant si possible. Sinon un tricep. C'est toujours tendre chez l'humain moyen.

Lui répond elle en se tournant directement vers la provenance de la voix. Un sourire sauvage et suave transfigurant ses traits, se reflétant dans les prunelles infernales. Elle penche la tête de côté, à la facon des oiseaux de proies.

Tu m'accompagne?

Pendant ce temps, quelque part en ville...

:hurleur: :semetempete:

L’enquête est moldue mais des irrégularités ont nécessité la présence de sorcier. Non, en Amérique on ne parle pas d’inquisiteur… Service civil.

C’est un règlement de compte… Un bien méchant quartier. Des junkies… En lettre de sang sur le mur : Ceux qui doivent se souvenir… C’était pas des Junkies… On dénombrait 5 cadavres sous les draps blanc immaculés qui les recouvraient. L’un d’eux avait un poignard planté en plein cœur. Il baignait dans son sang. Un sorcier tendit lentement la main vers le poignard, comme fasciné.

Au moment où il toucha l’objet, il fut saisit d’un grand frisson, comme électrisé. L’espace d’un instant il avait partagé les tourments de son agonie. L’espace d’une seconde il avait ressenti sa détresse, sa peur, sa douleur.

- Monsieur? Monsieur!?!

En un instant Hurleur fut près de lui… Hurleur jouit d’un talent, d’une énergie et d’une forte personnalité qui font frémir des hommes plus dangereux que lui quand ils se trouvent en sa présence froide et sinistre. Le moldu s’écarta.

- Qu’est-ce que tu fous?
- J’ai été imprudent…
- C’est un rituel d’asservissement mageur.
- Je croyais que le secret de ce genre de chose était perdu…
- Les secrets de cette nature ne se perdent jamais tout à fait.
- C’est une âme vengeresse?
- Je le crois… Il faudra l’aider…
- Pour la chronique? C’est contraire aux usages, on ne prend pas parti.
- On ne peut pas se permettre de l’ignorer. Une ombre est passée, elle peut nous permettre de retrouver les pouvoirs volés par Rôdlanuit lorsqu’elle a fracassé la pierre de seuil qui scelle la tombe.
- Volesprit l’avait fait avant elle. C’est lui qui a le cœur aussi noir que la nuit de l’enfer.

Les deux hommes s’affrontèrent du regard.

- Tu as encore de l’espoir… Espérons qu’elle ne décevra pas tes espérances. Entre temps, trouve l’âme vengeresse…

Même si elle se retourne, elle ne voit rien. Elle sourit... au vide.

- Tu t'y connais en chair, toi, fait la voix, dans son autre oreille. Je vais te chercher ça.

Un tintement de vaisselle, puis une exclamation courroucé d'un être présent qui passe tout près et qui s'agite.

- Biiiiill, arrêêêête d'meee suiiivreeeee.
- J'te suis parce que tu vas dans la même direction que moi. NA ! dit-il en provenance de l'épaule opposé de l'être dégageant une forte odeur de pas frais.

Plus loin, dans le fond de la salle, plusieurs formes encapuchonnées. Beaucoup trop, même, pour les 4 chaises autour de la table. Les tables autour sont libre. Personne ne s'en approche. Personne, vivants comme morts ne s'approchent pas des Détraqueurs.

Un petit groupe, près de la porte de sortie... ou d'entrée, jouent aux cartes... avec un tarot de Marseille. Les doigts osseux sont soigneusement enroulés de bandelettes défraîchies et leur visage caché sous un capuchon. Sa vue lui est couché par un groupe qui passe, donnant l'impression de flotter plus que de marcher.

- Et voilà, Ingrid va venir te porter ça bientôt. Bref silence. Parfait silence, même pas une respiration à son oreille. Juste l'impression qu'il est encore là. Alors, tu lui trouve quoi au gamin Adams ?

Tu t'y connais en chair, toi

Normal, je suis carnivore.

Répond elle sans se démonter.

Je vais te chercher ça.

Un tintement de vaisselle, puis une exclamation courroucé d'un être présent qui passe tout près et qui s'agite. Ca la fait sourire.

- Biiiiill, arrêêêête d'meee suiiivreeeee.
- J'te suis parce que tu vas dans la même direction que moi. NA ! dit-il en provenance de l'épaule opposé de l'être dégageant une forte odeur de pas frais.

Seule à sa table, elle contemple l'échantillonnage de la place. Des détraqueurs, des morts selon le premier examen. Des fantômes... Du moins présume t'elle. Elle ne connait pas la faune New-Yorkaise, peut avoir des trucs exotiques.

Et au milieu de tout cela, seule à sa table, une petite créature entourée de ténèbres liquides, aux yeux incandescents.

- Et voilà, Ingrid va venir te porter ça bientôt. Bref silence. Parfait silence, même pas une respiration à son oreille. Juste l'impression qu'il est encore là. Une impression? Non, une certitude.

Alors, tu lui trouve quoi au gamin Adams ?

Il a beaucoup à m'apprendre.

Répond elle, immobile, les yeux mi-clos, localisant l'individu ou le truc quand il parle.

Mais on m'a dit de ne pas parler aux étrangers. A qui ai-je l'honneur?
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- Alors, tu lui trouve quoi au gamin Adams ?
- Il a beaucoup à m'apprendre.
- Le gamin Adams ? Ah ouais ?

Il reste sagement tout près de son oreille gauche.

- Mais on m'a dit de ne pas parler aux étrangers. A qui ai-je l'honneur?
- Je suis pas un étranger, le gamin Adams, il m'appelle Bill. On n'appelle pas les étrangers par leurs prénoms. Je suis Bill.

Elle lève une main au dessus de son épaule, une main de ténèbres dans la pénombre. Autant pour toucher le truc que pour l'offrir à une poignée de main.

Je suis Elthiriel. Et tu pensais sûrement que j'allais dire qu'il a une belle gueule et de belles fesses?

Une odeur de sang lui titille els narines, se tournant vers sa provenance, Bill peut entendre un gargouillement sourd de l'estomac qui proteste contre le jeûne forcé. Mais elle a un self control surprenant.

Ce qui, en soi, est pas faux, mais c'est pour autre chose que sa gueule qu'il m'intéresse.

Si Bill est invisible, il serait bien en peine de pouvoir voir les traits de son interlocutrice. Seul les yeux incandescents dévorent cette ombre. Elle ira certainement pas lui dire que c'est son père qui le lui a foutu dans les pattes. Et, franchement elle n'a pas menti non plus.

- Je suis Elthiriel. Et tu pensais sûrement que j'allais dire qu'il a une belle gueule et de belles fesses?

Le silence répond à Elthiriel. Un silence parfait. Mais toujours cette présence inconfortable.

- Ce qui, en soi, est pas faux, mais c'est pour autre chose que sa gueule qu'il m'intéresse.
- C'est rarement pour sa gueule qu'on s'intéresse aux Adams.
- Fout lui la paix, Bill.

Tiens, il vient d'apparaître, celui-là. Il fait tourner la chaise près de lui et s'installe dessus, à l'envers. Une serveuse passe près de lui et il lui pique une bière. Elle se contente de sourire et poursuit son chemin. Une autre chaise est tirée et une masse imposante vient s'y installer. La chaise ne grince même pas, malgré l'imposant monsieur qui s'assoit. Car c'est un monsieur, à ne pas douter. Beaucoup plus sombre que Dario, un peu moins massif, mais sans âge. Père, oncle, cousin, beau-frère, impossible à dire. Mais il a un air de famille.

- Elle ressemble à sa mère.
- C'est sa fille.

Un regard sombre, sans lumière, terne, un noir mat, profond, presque velouté, aussi profond qu'un abysse.

- Elthiriel, prononce-t-il, sec, comme du vieux parchemin, qu'est-ce que les Sorrenze font de leurs morts ?

Fout lui la paix, Bill.

L'incandescent, le magma rencontre les abysses alors qu'elle lève subitement le nez histoire de renifler l'odeur du nouveau joueur. Un oeil à Darrin qui se tire une buche et une bière... Et elle reprend l'analyse de la bébête volumineuse qui maitrise l'art de ne pas faire craquer les chaises. Les ombres s'agitent un peu autour d'Elthiriel, inquiète. Il lui veut quoi lui?

Elle ressemble à sa mère.
- C'est sa fille.

Les prunelles rougeoyantes se plissent de méfiance. Un mouvement d'ombres tandis que le menton se lève fièrement, effrontément. Oui, Elthiriel est fière de son ascendance.

Elthiriel, prononce-t-il, sec, comme du vieux parchemin, qu'est-ce que les Sorrenze font de leurs morts ?

Nous les brûlons Répond la voix féminine. POur les derniers morts, ce n'est pas possible, ils pourrissent à Scotland.

Termine elle d'un ton limite hargneux envers Scotland.

- Hum... elles les brûlent tous ?

Darrin renifle, jette un coup d'oeil à Elthiriel, puis à son aïeul et hausse les épaules.

- Et si le corps brûle pas ?

C'était impensable.

Si le corp ne brûle pas, c'est qu'il y a un enchantement dessus.

Dit Elthiriel, qui ne montre pas sa confusion. Confusion égale faiblesse. Ne jamais montrer ses faiblesses. Elle parait étonnamment sûre d'elle face à ce colosse dont elle ne sait même pas le nom. Et Bill qui est pas trop loin d'entre ses deux omoplates en plus. Oui, il y a de quoi être nerveuse, mais elle le cache admirablement bien.

Elle est ombre et ténèbres. Elle est sang. Phoenix de son état. Les mortels ne lui font pas peur. Mais il y a des réflexes d'humains qui ont la vie dure. Etre éternel ne met pas à l'abrit de la douleur.

Qui n'a pas cramé? Depuis le temps, le corp pourri au moins?

& cie

- Oui, il pourrit... c'est même souhaitable... qu'il ne reste que les os... c'est plus contraignant si elles les brûlent. Il soupire. Un soupir orageux. Comme une chute d'eau dans les profondeurs d'une caverne. Mais ce type là n'a rien de l'eau, rien de mouillé. C'est vrai que le p'tit gars s'en est sorti ?
- Bien sûr, c'est lui qui a tout organisé. Avec la vieille Morales.
- Trouve-le, et ramène-le.

Darrin inspire, tandis que l'énorme truc silencieux se lève, silencieusement, puis hausse les épaules.

- Mort ou vivant ?
- Ça n'a que peu d'importance, j'arriverai à en tirer ce que je veux.
- Ok, dit-il en se grattant le cou, sans aucune émotion apparente. Tsé, c'est sa soeur, elle. L'homme énorme dévisage Darrin, sans expression apparente. Ça se fait pas de me demander ça devant elle. Elle pourrait me tuer, ironise-t-il.

Et l'homme énorme tousse. En fait, on croit tout d'abord à une toux sèche, mais on se rend compte qu'il rigole ouvertement. Il balance une claque dans le dos de Darrin qui, contre toute attente, sursaute et tousse, parce que le coup lui a donné l'impression de se faire décrocher les poumons.

- T'as qu'à le ramener vivant.
- C'est une idée, toussote Darrin.

Le colosse s'éclipse silencieusement... et aussi lentement qu'une éclipse.

- Il est de bonne humeur.
- Ouaip.

La jeune femme est étrangement silencieuse, regarde Darrin de ses prunelles incandescentes qui flottent au milieu de la mer de ténèbres qui dissimulent son frêle corp.

Une question formulée par les prunelles aussi clairement que si elle l'était à haute voix. Une question qui lui demande clairement, hors du facteur fric, s'Il est son allié ou son ennemi.

Il y a des ondes dans l'air de la place. Des ondes malsaines et inquiètes qui se répandent comme du poison. Elle ne bouge pas, non pas comme une biche effrayé, mais comme un fauve acculé et en colère.

D'un autre côté, ceux qui sont présent n'ont, pour la plupart, plus peur de mourir ou pire depuis belle lurette.

Indéchiffrable, il dévisage Elthiriel.

- Mange, sinon, il va mourir. dit-il quand la serveuse lui dépose son morceau de viande devant elle.

La jeune femme se jette sur la nourriture. De un, parce qu'elle est affamée, de deux, parce que Darrin va tuer Morayeel si elle ne mange pas.

Un silence parfait, on ne l'entend même pas manger... Décidément, elle tient autant du père que de la mère. 10 minutes plus tard, au gros max, elle reporte son attention anxieuse sur Darrin.

Qu'il ose seulement toucher Morayeel et il ne croira pas le désastre qui va tomber sur sa tête. Mais , d'un autre sens, le gros qui est parti, ne lui revient pas du tout. Trop de variable.... Elle est Phoenix, pas omnisciente.

Un éclair rouge tandis qu'elle range sanglante, déterminée à ne pas s'en laisser imposer.

Il la laisse manger, sans rien dire en fait. Il la regarde à peine. Il sirote sa bière, même si on est encore pas mal tôt.

10 minutes plus tard, elle a terminé.

- Bon, t'as finit ? On s'en va, dit-il en se relevant d'un coup, comme s'il avait attendu une éternité. J'ai pas que ça à faire attendre après toi. Et il s'éloigne de son pas pesant habituel.

Elle lui emboite le pas, légèrement et agilement Le contourne et se plante devant lui, les poings sur les hanches, les ténèbres dansant à ses pieds.

Pourquoi tu m'a amenée alors? Juste pour menacer ma famille?

Elle penche soudainement la tête de côté, tendant l'oreille. Change subitement de sujet.

Mon père veut savoir où je suis. Il a à te payer ta merveilleuse semaine.

Le sarcasme dans la phrase est à couper au couteau.

Je suis parfaitement capable de m'occuper de moi même. Je n'ai pas besoin de toi, Darrin.

Surtout pas si tu veux tuer Morayeel mon gros.

Elle fait le tour de lui et de plante devant. Il ne ralentis même pas le pas.

- Pourquoi tu m'a amenée alors? Juste pour menacer ma famille?
- J'ai rien menacé. J'me renseignais sur les possibilités offertes. Et c'est lui qui voulait te voir.

Il ne s'arrête pas et ne bifurque pas. Il repousse Elthiriel, doucement, mais avec la fermeté d'un éléphant. Il sort de la place et enfile dans le couloir, vers la sortie.

- Mon père veut savoir où je suis. Il a à te payer ta merveilleuse semaine.
- T'es pas séquestrée. Tant que tu restes avec moi. Salut Pat, dit-il en poussant la porte extérieur.
- Je suis parfaitement capable de m'occuper de moi même. Je n'ai pas besoin de toi, Darrin.
- Oh, sans doute, mais c'est pas ce que pense ton frère et ton père.
- C'est pas que je crois pas qu'elle soit incapable de s'occuper d'elle-même. C'est des autres que j'me méfie, précise Morayeel en sortant de l'ombre.




Il aurait du être facile à voir, il est habillé en blanc. Enfin, presque. Un jeans délavé, très délavé, bleu très pâle... presque blanc et un coton ouaté blanc. Tellement blanc qu'il en devient invisible.

- Yo, Mo, salut Darrin en attrapant Elthiriel par l'épaule et en la tirant en arrière. Et il ne la lâche pas. T'as grandit depuis la dernière fois ?
- J'avais 9 ans la dernière fois...

Il ne fait aucun geste vers Elthiriel. Il aurait pu tout aussi bien ne pas la voir. Mais la prise de Darrin est ferme et implacable. Si Morayeel se méfie de toute le monde, il est flagrant que Darrin se méfie par-dessus tout de Morayeel.

- Hé hé hé. Tu viens me payer ?
- C'est fait. Ton compte personnel. Comme promis.
- J'irai voir.
- J'en doute pas.
- Comment t'es venu ici ? Je savais pas tu transplannait.
- J'ai eu un lift.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- Médaillon.
- Ah, ouais, c'est vrai.

Il vient pour lâcher Elthiriel, mais change d'avis. Il use de son autre main pour tirer sur la chaîne, puis lance le médaillon vers Morayeel qui l'attrape avec une aisance surnaturelle. Morayeel le glisse dans sa poche et en sort un autre avant de le lancer à Darrin.

- Pour le service rendu.
- Ce fut un réel plaisir. Ta soeur est un monstre.
- C'est de famille, répond distraitement Mo en passant son médaillon dans son cou.

Il relève la tête et jette un regard par en-dessous à Elthiriel. Il ne lui a pas adressé la parole. Sans rien ajouter, il tourne les talons et s'éloigne. Darrin ne fait rien pour le retenir.

- Oh... c'est vrai. Quelqu'un veut te voir.

Morayeel s'arrête, puis se retourne, interrogateur. Darrin reste de marbre.

- Pas le temps.
- Tu m'f'ras signe, faut j'te ramène à lui.

L'ex chimérien, plisse ses yeux de cristal, puis hausse les épaules et leur tourne le dos.

:Elthi:



Mo!

Son cri d'allégresse est brusquement stoppé par la poigne de Darrin. La jeune femme en est d'abors étourdie, abasourdie, puis horrifiée.

Elle n'en croit pas ses yeux. Ni ses oreilles, ni son coeur. Elle fut humaine avant. C'est là sa plus grande force et sa plus grande faiblesse. Bordel de putain de merde.

Elle ne se débat pas sous la poigne de Darrin. Son corp devient chaud, très chaud un peu comme s'il tenait une bouillotte brûlante dans sa main.

Cette facon de se tenir à l'écart, de parler à Darrin comme si elle n'était pas là, une tarée. Débile mentale profonde.

Elle ferme les yeux, inspire profondément.

Morayeel.

Appelle t'elle doucement.

Laisse moi venir avec toi s'il te plait.

Il la connait tellement sa soeur qu'il peut entendre en surimpression la supplique

Ne m'abandonne pas... Pas toi!

L'ex chimérien ne se retourne même pas, même s'il a ressenti plus qu'entendu l'appel d'Elthiriel. Pas maintenant. Il marche avance sur le trottoir, sans se retourner, puis une femme lui emboîte le pas. Une femme que Elthiriel connaît.

Akilah Folayann.




Lui, il ne connaît pas Akilah. Par contre, il connaît bien le genre de truc qui s'éternisent (c'est le cas de le dire) dans la taverne d'où ils sortent. C'est d'ailleurs ça qui raffermit sa prise sur Elthiriel. Morayeel est flou... il a beaucoup trop de spectres autour de lui. C'est pour ça qu'il en est presque invisible.

- C'est pour ça que Byron le veut... les spectres des chimériens... je savais pas que ta famille faisait dans la nécromancie... je croyais qu'ils frayaient plutôt dans l'avant et l'instant funeste.

Ce n'est que lorsque Darrin ne voit plus Morayeel qu'il relâche Elthiriel et se secoue la main.

Abandonnée... Il s'en va...

Elle n'entend rien de ce que Darrin dit. Elle n'a qu'un grondement sauvage avant de bondir pour s'enfuir.

Elle n'est plus phoenix, elle n,est plus une mortelle. Elle n'est qu'une soeur qui vient de se faire abandonner par la dernière personne qu'il fallait. Halewyn l'a toujours dit. Ensemble, ils sont forts...

Elle se sent infiniment seule, même avec les 7 qui sont à portée de pensées. Elle est seule de sa race et tout le monde s'en fiche.

Darrin a une longue portée. Son immense main se referme sur l'épaule d'Elthiriel, étonnamment rapide. Il la tire par derrière et la ramène à lui.

- De un, il ne doit plus être là. De deux, ton frère m'a payé, mais pas ton père. Ton père m'a dit de te mettre à l'abri et c'est pas près de ton frère que tu seras à l'abri, tu peux me croire.

On ne peut pas vraiment faire confiance à Darrin. Mais on ne peut pas vraiment ne pas lui faire confiance. Il aurait pu attraper Morayeel. Il aurait pu le ramener au colosse qu'ils venaient de quitter. Mais il ne l'a pas fait. Il l'a même prévenu.

Il y a des moments dans la vie où l'on a beau, avec toute la meilleure volontée du monde, vouloir faire face, assurer, être fort, mais on n'y arrive tout simplement pas.

Le visage fin, fier et sauvage d'Elthiriel est inondé de larmes, ses prunelles roiuges sont ternes voilées. Elle a beau se retenir, son menton tremble sous l'effort de ne pas pleurer.

Lui aussi, quand son père l'aura payé, s'en ira et l'abandonnera. Son père ne l'abandonnera pas, mais l'incite à se débrouiller toute seule. Il ne sera là que si sa vie est menacée. Mais en attendant, elle fera quoi, hein?

Silencieusement, elle ne se débat même pas. Résignée. Mais elle pleure à fendre l'âme et silencieusement. Qu'est ce que ca peut bien lui foutre à Darrin hein?