Manoir Ancestral Daee, Le hangar à bateau...

Il s'amuse à la secoué, pas trop, juste assez pour la faire paniquer, pour l'agacer, pour la pousser à faire un faux pas, et ça marche relativement bien. Et en plus, elle vient de le traiter d'imbécile. Rien pour améliorer son sort.

- HEY ! Il sautille pour lui saisir la patte qui vient de glisser dans son coin. TRICHEUR !!!! T’es pas sorcier que t’as dit ?
- J'le suis pas ! affirme-t-il en secouant davantage le lustre.

- Écoute… tu sais le jeu moldu, scrabble ? Il fronce les soucrils. Où elle veut en venir, là ? Ben moi je suis une petite case qui compte double : je ne peux pas me battre, vu ? Han ? Mais qu'est-ce qu'elle raconte celle-là ? Case double ? Oh... ±@£¢¤# /$% ?&* !! Ah ? Darrin était un p'tit salaud, un p'tit caïd, un bum, mais il avait une toute relative morale. Écoute, je suis désolée… Si t’étais pas si susceptible je ne me serais pas énervée… Qui avait provoqué, hein ? Il sent l'arnaque. Il fait juste balancer le lustre, dubitatif. Et puis merde pourquoi tu dis que t’es pas sorcier si tu l’es ?

Y a un silence.

- C'est pas parce qu'un sait changer l'huile et remplacer le carburateur qu'on est un mécanicien, tu vois ?

Darrin ne tente plus rien contre Samuelle. Mais il ne fait rien pour la sortir de là. Pas encore.

Nouvelle pluie d’éclat de plâtre… Samuelle se retourne pour regarder en bas… C’est haut… Vachement haut pour une femme enceinte… Elle accroche Darrin du regard. Vraiment balèze l’ado... Pas sans lui rappeler qqn. Les ado, c’est différent des adultes… c’est malléable… Il peut voir luire ses yeux d’or dans l’obscurité, surnaturels. « Tout ce dont tu as besoin est déjà en toi… Tu veux que je te montre ? »

C’était dit sur un ton particulièrement neutre.

Il fixe les point lumineux sur le lustre. Ça lui fait étrangement pensé à un chat. Il réfléchit. Lui apprendre ? Oncle Dario avait dit la même chose. Mais il n'avait jamais vraiment le temps.

Darrin connaissait des sorts de base. Il les maîtrisait tous pas très bien, mais il s'en servait toujours en cas de besoin, donc c'était assez contre des moldus.

- Si tu me montres deux jours pis que tu me montres rien pendant 6 mois ensuite, ça vaut pas la peine.

Il balance tranquillement le lustre, fait l'agace nerfs.

Samuelle se cramponne… il va finir par la rendre malade… c’est le premier trimestre hein… on vomit facilement le premier trimestre… « J’ai 7 mois à te consacrer, ça ira ? » elle omet de dire pourquoi… Elle omet de dire quelle était professeur de magie noire… « Et arrête de me balader comme ça par la lune l’ermite et les étoiles !! » Elle gigote encore un peu, se laissant pendre progressivement du lustre, considérant manifestement que toute menace est écartée. « Aide-moi à descendre… J’ai qu’une condition à ce que je te fasse l’école… »

Oui, ça lui allait. 7 mois, c'était pas mal mieux que Dario qui allait et venait une demi journée tous les 36 du mois. Et elle se met en frais de redescendre. Il attend qu'elle soit à portée, puis lui saisit une cheville.

- J’ai qu’une condition à ce que je te fasse l’école…

Il lui lâche la cheville aussitôt et la laisse pendre.

- Laquelle ?

On n'accepte jamais sans savoir les conditions. Surtout quand on sait qu'il y a des conditions.

« ARGL ! Mais aides-moi bordel !!! » Elle fouette l’air de ses jambes, complètement exposée, étirée à son maximum. Une case qui compte double… « J’veux pas que Titi le sache ! » Quelle est enceinte ou qu’elle lui montre à se servir de la magie ? Pas le temps de spécifier. Il y a d’abord un craquement sinistre, plus c’est la chute… Tout le lustre bascule alors que la chaîne se trouvant du côté sur lequel Samuelle se tord et lâche.

Que Titi ne sache pas ? D'accord, il ne dira rien, ça devrait être facile, ils ne s'étaient pas vraiment parlé depuis le début. Et pis il ne comptait pas vraiment lui faire la conversation. Il devait veiller à ce qu'il ne lui arrive rien, point.

L'énorme main se referme à nouveau sur le cheville de Samuelle et visiblement, c'est pas le poids de Samuelle qui change grand chose à la force de Darrin. De toute façon, ça s'est fait rapidement et si Samuelle ne touche pas le sol aussi doucement qu'une plume, c'est quand même mieux que si elle avait tout fait toute seule. Tout ce que Samuelle peut constater au final, c'est qu'après avoir poussé le lustre, il lui a attrapé le bras d'une main et l'autre bien accoté sur une fesse et la jambe de son jeans est pas mal remontée. En toute logique, il a dû la laissé glisser en ralentissant sa chute.

- J'accepte.

Le lustre roule comme une pièce de monnaie sur la fin de sa course, en beaucoup plus lent, parce que plus gros.

« C’est bien ! » Elle prend une profonde inspiration, calmant son cœur affolé puis lui tapote la joue de façon insultante de sa main libre. Brave bête. Elle agite un index devant sa figure : « Juste entre nous, ni Titi, ni son père, ni … Personne… » La question d’importance est réglée, passons à la seconde. Elle se tortille un peu. « Enlève ta main de mon postérieur, je suis trop vieille pour toi… »

Il bouge la tête, pour qu'elle arrête de lui tapoter la joue, comme ça. Ok, il va pas la tabasser, c'est pas une raison pour tant de familiarité.

- Ok, personne. Darrin respectait, la plupart du temsp, les conditions.

- Enlève ta main de mon postérieur, je suis trop vieille pour toi…
- Rien à foutre, réplique-t-il en raffermissant sa prise, sourire de requin.

Bah quoi, trop vieille, elle avait quand même pas 40 ans.

!

Il fait noir, très noir dans le hangar à bateau… Paul fit coulisser la porte pour faire entrer le crépuscule. Le père et l’oncle l’emmenait dans ce lieu pourtant maudit. Le refuge de Samuelle. Toujours son odeur à elle ; poussière, sapinage, sang et liberté. Celle de son oncle semblable à celle de la petite, et des effluves métalliques, un feu pur et profond. Paul porta une main à son front, soufrant visiblement.

Elle avait eut à peine le temps d’éviter le désartibulement en se plaquant contre sa hanche. Pourtant Léandre s’affaisse par terre, victime d’un malaise subit : « Oooooow ! » gémit-elle.

« Retenez-la, Halewyn, qu’elle entre en contact le moins possible avec ces lieux, le sol en particulier, les pierres dans l’eau sous ses pieds. Elle est sensible au pouvoir des pierres de ce lieu, elle est trop jeune pour pouvoir s’y soustraire. » expliqua le vieil homme avec sollicitude. « Aucun Daee ne supporte ce que racontent les pierres... »

« Au contraire, posez-la par terre Halewyn, qu’elle prenne la véritable mesure du monstre qu’est sa mère. » ordonna une autre voix dans le noir. Sur le seuil, à contre jour, se dressait George Jinx Daee. Nulle trace d’orage en ce lieu, seulement quelques nuages rapidement charriés devant la lune. « Elle le sait déjà de toute manière, elle a lu la pierre. » fit Jinx Daee en marchant vers les nouveaux venu. « Ne t’avais-je pas prévenu, Volesprit, que je reprendrais ce qui m’est du ? »

Par pur esprit de contradiction, l'assassin ramasse la gamine et la fait se lover contre son dos.

Il n'a qu'un mince sourire fendant. Amène ton cul djinn de merde... Jvais ptet crever dans le processus, mais jte saigne si t'ose approcher.

Meurtrière trouve instinctivement son chemin dans sa main droite. Jinx n'a jamais vu sa magie , mais il est chroniqueur, il doit bien s'en douter.

Un grondement bas, tandis qu'il fait instinctivement ce que Daee a exigé de lui. Depuis quand fait il ce que Muelle a ordonné? Mais la petite est La Mort... Et qui de mieux pour protéger la dite mort qu'un assassin?

Hale tourne la tête à gauche et à droite, humant l'air, à la recherche de variations indiquant la présence d'autres personnes.

Il y a deux choses à laquelle on ne touche pas avec Sampiero. Les morts et les gosses...

Personne d’autre, seulement lui et 3 Daee du sang le plus pur… Mais le Djin n’en a que pour son frère, étonnamment peu menaçant à vrai dire…

« Alors ce n’est pas seulement les pierres de garde que tu cherches… » réalisa Paul d’une voix triste. Une vieille dispute, un conflit entre deux membres d’une même famille, longuement ressassé. « Je ne te dois rien, je n’ai rien prit qui n’ai pas été offert. » contra le vieil homme sur la défensive. « Librement donné, librement accepté. »

« Non mais tu t’es servi de tes pouvoirs pour connaître sa nature profonde et me l’enlever. Tu lui as offert ce qu’elle désirait, comptant sur sa reconnaissance. Tu savais qu’elle nous rejetterait, qu’elle ne se tournerait plus jamais vers nous, vers son clan, sa famille. Tu as volé l’enfant ! » Colère contenue. « C’était la cadette, la plus précieuse ! »

« Je l’ai fait… » admit le vieil homme si doux.





Contre son cou, Halewyn sent Léandre haleter. Souffrance, faiblesse, l’absence de réconfort. Son cœur bat à coup redoublé contre son dos… Il a vu nombre de gens mourir et les signes ne trompent pas. La fille de Samuelle se meurt dans ses bras. Ce dernier coup semblait vouloir lui être fatal.

Elle souffrait comme seul un enfant peu souffrir d’apprendre que le monde n’est pas tel qu’il l’avait cru. Elle a peur. Une peur terrible. Une chape de plomb recouvre tranquillement son cœur, en éclipse la flamme. Elle se meurt, se griffant le cou en cherchant quelque chose, ses longs doigts caramel tirant sur une chaînette. Ses jambes glisses lentement alors qu'elle perd de la force, succombant à la magie des pierres... Ses bras aussi...





« C’est pourquoi je ne vous ai pas blâmé de l’avoir tué. » Poursuivit-il tranquillement. « Elle était pourtant ma fille. Nous sommes quittes. » trancha Paul.

« Tu l’avais déjà sacrifié en nous l’enlevant. C’était une enfant perdue. Elle ne pouvait plus suivre les rites de passage une fois que tu lui as donné ce pouvoir. Le sang et la poussière ne sont pas compatible. Ils ne font pas partie du même règne. » justifia Jinx. Il pointa l’assassin dans le dos du vieil homme : « Je prendrai celle-ci comme tu m’as pris sa mère, pour me dédommager de mes peines… »

« Léandre est beaucoup trop âgée… Samuelle avait 4ans lorsque je te l’ai volé… »Paul restait immobile, réfléchissant à la situation. Comme s’il allait effectivement laisser Jinx lui prendre Léandre, soupesant le pour et le contre. Il savait pour l’enfant à naître. Ils seraient bientôt deux. Mais Paul n’avait pas d’autre famille que ceux là et l’amour de Léandre lui était un trésor dont il ne laisserait personne le priver.

« Je ne crois pas, non. »

Paul, elle crève!

Dit il, d'un geste des reins, il la fait pivoter. Meurtrière retrouve prestement son fourreau tandis qu'il la prend comme la gamine qu'elle est. L'assassin note qu'elle pèse sensiblement plus qu'Elthiriel. Il va rejoindre ce que les mains griffent. En extirpent le médaillon.

Putain de Morayeel à marde. Il ne lui a même pas donné le choix. Une gamine de onzes ans pouvait elle accepter librement et en toute connaissance de cause un médaillon chimérien?

Sa pensée fait lever la tête à La phoenix, qui passe par le lien du sang pour avertir son frère. Elle le fait à contrecoeur, la trahison du chimérien bien présente à l'esprit.

Morayeel, rapplique, ta femelle se meurt...

Mais elle se garde bien d'intervenir autrement.

Aucune réaction, aucune sensation en réponse. Il est bien là, mais il n'y a rien. Qu'une impression de blanc. Le même blanc que l'on voit quand on ferme les yeux.

Il n'y a que Samuelle qui le sache. Il lui a promit à elle autant qu'à lui.

Dans l’immédiat, Paul a d’autres préoccupation. La manière téméraire dont chacun tenait sa baguette… Les deux vieillards se firent face, tout confit de vieille magie. Deux frères. On a souvent souligné que la vivacité de Paul ne concordait pas à son âge. Ce n’est pourtant pas pour ça que Jinx n’osait pas s’attaquer à lui. Volesprit avait été le premier des asservis, ancien membre de la garde d’honneur, un mage puissant sous ses dehors de doux vieillard. Parce que les plus dangereux des Daee sont ceux qui se tiennent dans l’ombre.

Une ombre bougea à la lisière du boisé. Une silhouette mince et longue s’en détacha et marcha vers le hangar à bateau. En l’apercevant Paul eut un soupir de profond abattement. Le Boiteux pivota et l’espace d’un instant, l’air paru crépiter entre les asservis. Le blanc, le noir, le gris, les nuances de la vérité.

Samuelle était une sorcière imprévisible et sans scrupules : Sa réputation solidement établie par les chroniques, fièrement endossé depuis plus de 40ans. Pourtant elle n’avait pas de penchant pour le mal. Elle s’y était graduellement engluée mais pour servir la plus élevé des causes. La fin et les moyens. Elle avait agit avec l’amoralité pragmatique d’une reine des enfers, tout cela pour préserver une gamine qui incarnerait la mort, sa fille. Cette enfant fragile et aimée qu’elle avait confié au pire des assassins. « Laisses-le… Tu n’es pas un assassin, Paul… » rabroua-t-elle son oncle favori… George Jinx Daee sourit alors à sa fille, croyant qu’elle se rendait à ses arguments. Parce qu’il subsiste toujours un lien entre les membres d’une famille. Au-delà des regrets, de la haine, de la rancœur, de l’amertume et même après l’impardonnable, même après l’inexcusable… Comme un ridicule espoir… « Moi, si… »

Samuelle ouvrit la bouche et poussa le hurlement le plus stupéfiant le plus affreux qu’Halewyn ait jamais entendu. Sa voix était un appel à l’abîme, à la sauvagerie, elle ne s’enroua même pas la voix. Des ombres se répandirent autour du Djin, se tortillant à ses pieds. La nuit s’obscurcit. La forêt toute entière sembla se lever de sa ligne d’horizon, se rapprocher d’elle, se tenant dans son dos, se penchant sur elle. Attentive à son cri, à son appel. La chair de poule, une impression qui glace la moelle épinière et fait grincer des dents. De riches miasmes sortaient de là, putréfaction de charogne, portée par le vent. Un vent de tempête, erratique.

Halewyn se senti pénétré du désespoir, des idées noires, du malheur et de la terreur et de tout un éventail d’émotion qu’il ne connaissait pas. La nuit s’obscurcit sensiblement, prenant de la consistance, les ténèbres, immenses, lui gelèrent le cœur dans la poitrine sur cet instant précis de désespoir tangible. « Mamaaaaan! » Un cri déchirant auquel il est impossible de rester insensible.

Paul repoussa la porte de leur abri. Il n’eut besoin que d’un geste pour endormir Léandre. L’assassin qui était étroitement en contact avec elle ressentit une soudaine langueur… « Prenez-la et partez d’ici! » Rapidement, il rajusta la prise d’halewyn, déplaçant ses mains sur le corps tout flasque de l’enfant, disposant commodément ses bras et ses jambes. « Vous verrai, elle est d’un commerce beaucoup plus facile que sa mère… » promit-il en couvrant les joues de la petite de baiser désespéré. « Partez d’ici! »

Chouette! Tout yeux, tout oreilles, l'assassin se planque dans un coin, sourire moqueur aux lèvres, son précieux chargement dans les bras. Son précieux chargement? Qu'est ce qu'il en a à foutre de la gosse de Daee? Une mioche de 11 ans...

Une promesse, une simple promesse tournée en faveur, promise devant un verre de whisky.

La promesse de l'aider. Halewyn promet peu, mais promet bien. Ce combat n'est pas le sien. Et contrairement à César qui ne saisit pas les implications d'un tel combat, Halewyn sait. Il a été élevé là dedans. Jadis, lors de sa vengeance contre els juges du Magenmagot, il n'aurait pas toléré que quiconque vienne foutre son nez là dedans.

Le reste des questions concernant la gamine viendra plus tard. L'instinct de survit prime. Il se dirige donc vers la porte, combattant le désespoir qui le submerge et le cri qui lui vrille els tympans. Met à mal son ouïe sensible.

C'est pas des manières d'élever un morveux. Vampiriser... pfft.

Dit Hale d'un ton tranchant. Il n'est pas suicidaire, Phoenix aurait été capable de rivaliser avec la magie de Muelle. Elthiriel aussi sera capable quand elle aura vieilli un peu. Mais pas lui, pas sans préparation.

La magie sauvage éveillée empêche tout transplanage. Il devra se pousser à pied, assez loin pour pouvoir la mettre en sûreté. Raffermissant sa prise, sans hésitation, il sort et disparait dans le boisé dense. Histoire de se trouver un spot sûr pour transplaner.