London Trocadero

18 avril, après la fermeture du London Trocadero

Les mains collées dans la porte, elle sait que c'est fermé. On lui jette des regard bizarre parce qu'elle est vêtue d'une jaquette d'hôpital éclaboussée de sang. Ses cheveux noirs sont presque à leur longueur de jadis et ils sont soulevés par le vent. Elle fixe l'intérieur du centre d'achat. C'est fermé, elle le sait. Comme c'est dommage, elle aurait eu des emplettes à faire. Comme c'est dommage.

Les mains appuyées sur une vitre, celle-ci se fissure sous ses doigts, puis explose vers l'intérieur. Aussitôt, l'alarme retentit, mais elle s'en moque. Elle entre à l'intérieur du centre. Elle doit se changer. Elle sent l'appel. Mais elle ne se présentera pas devant Halewyn en jaquette d'hôpital. Et puis, c'est bien connu, elles se font toujours attendre.

Les agents de sécurité de la place s'approchent et l'interpellent. Elle leur jette un regard de mépris, puis poursuit sa route. Ils la somment de s'arrêter et d'attendre la police. Elle ricane et poursuit son chemin. Ils la menacent ?

Elle les propulsent tous les deux à travers le vitrine derrière eux. Le craquement des corps sont le sol est éloquent. Et elle pour suit son chemin et son shopping. Les vitrines ne lui résistent pas. Rien ne lui résiste en fait. Surtout qu'elle ressent un apport énergétique remarquable.

Elz avait raison. Trop de magie provoque un powertrip plus ou moins puissant, plus ou moins temporaire. Elle éventre les boutique, sur quelques étages, en ressort avec des morceaux choisis. La jaquette est rapidement abandonnée en plein milieu du mail.

En face d'un petit café qu'il connait bien, Halewyn transplane et prends le temps de s'immobiliser un peu. Histoire de bien analyser l'environnement.

Il y a une odeur de sang, entêtante, qui s'élève dans l'air, et un bruit de vitrine brisée. Elle aurait pu s'y prendre mieux que ca, les flics vont probablement rappliquer dans pas long. Connaissant les lieux, Hale sait qu'il n'y a pas de caméra de sécurité sur les étages, a part pour les escaliers, parce que les intrus doivent absolument passer par le rez de chaussé. Economie oblige.

Mais ca empêche pas qu'il doit se magner par contre. Dans un claquement de manteau, il se dirige vers le bruit. C'est plus vivant que le sang qui embaume l'air.

Xoramen.

Appelle t'il à intervalle régulier, d'une voix forte, qu'elle le reconnaisse avant de lui sauter dessus comme sur Miozan.

Il n'y a pas de caméra sur les étages, mais dans les boutiques par contre, il y en a. Question de prévenir le vol à l'étalage.

Xoramen ressemble maintenant à ce qu'elle ressemblait. Elle a retrouvé jupes et jupons, de grands colliers pour lui barrer le corps et qui cliquètent à chacun de ses pas et elle est déjà coiffée. Elle est au rayon cosmétique d'une boutique à grande surface et elle ourle de noir ses grands yeux.

- Xoramen

Elle sourit, appliquant une couche généreuse de rouge à lèvre d'un écarlate sanguin particulièrement réussit.

- Deux minutes, j'arrive !

Il ne s'aventure pas dans els boutiques, se contente de rester dans le corridor. Les boutiques c'est un territoire inconnu, truffé de rayons et de vêtements diposés selon un ordre plus ou moins régulier, avec en plus des caméras. Trop d'aléatoire pour l'aveugle qu'il est. Et, en plus c'est pas parce qu'ile st maintenant chef Inquisiteur qu'il a le droit de déambuler dans un centre d'achat fermé et en plein saccage.

Et, un de ses appels recoit la réponse tant espérée.

Deux minutes, j'arrive!

Il s'immobilise, relève le nez, narines évasées, cherchant la moindre parcelle de l'odeur tant aimée. C'est la terre et le ciel, le paradis et l'enfer entendre cette voix, sachant que c'est des poumons réels qui la propulsent. L'assassin vacille intérieurement sous le maelstrom d'émotions qui déferlent.

Les flics vont arriver dans 2 minutes.

Ou plutôt, ils era mort parce que le coeur n'aura pas supporté l'attente des deux minutes. Mais il se donne une baffe mentale. Il L'a attendue la majeure partie de sa vie , deux minutes de plus ou de moins. Il se doute qu'elle se fait belle, sinon elle n'aurais pas pris d'assaut un centre commercial.

Il a un sourire intérieur. Elle N'a jamais supporté de ne pas être à son avantage devant lui. Et il ne le verra pas.

- Les flics ? Et alors ? murmure-t-elle, tout près.

Elle n'a pas la même odeur. Normal. Elle a passé plusieurs années à ne pas avoir de corps. Son corps a brulé dans sa roulotte, il y a plus de cinq ans. Elle a une nouvelle odeur. indéfinissable.

Il se sent observer, scruté. Il entend les cliquetis de ses colliers. Ça, ça n'a pas changé.

- Oh... Halewyn.... qu'est-ce que tu t'es fait...

Il la sent, tout près. La chaleurs de sa peau est perceptible. Elle lui retire délicatement ses lunettes.

- Tu saignes...

Ses doigts glissent sur ses joues, doucement, envoutant. Puis elle l'embrasse. un délicat baiser, tout doucement.

Une jolie musique depuis trop longtemps mise en sourdine, froufroutement et cliquetis. Tournant la tête vers le son depuis bien avant qu'elle arrive à lui,. l'assassin la laisse venir.

Les flics ? Et alors ? murmure-t-elle, tout près.

Il inspire profondément, perturbé par le changement d'odeur. Et il se dit qu'of course, il aurait dû s'en douter, elle sort du corp de Nigel, a été prise 5 ans sans son parfum favori. Une Xoramen olfactivement au naturel, à mois qu'elle n'ait utilisé un peu de ce qui était sur la grande surface, elle est assez coquette pour l'avoir fait. Quand on n'a plus d'yeux, le moindre changement est déstabilisant.

Et pendant qu'il la hume et écoute la symphonie qu'elle crée, il sait qu'elle l'examine. Il porte encore son habit de l'assermentation de ce matin sous son lourd manteau rouge, un complet noir sans veste, taché par la swamp canadienne, exhalant une odeur d'humidité mal séchée et de sang en plus de son parfum habituel. Il se rend soudainement compte qu'il aurait pu au moins se lancer un recuro. Dans ses ténèbres, le chef inquisiteur est certain qu'il doit avoir l'air d'un clochard. C'est leur premier date depuis fort longtemps après tout.

- Oh... Halewyn.... qu'est-ce que tu t'es fait...

Il la sent, tout près. La chaleur de sa peau est perceptible, connue... Elle lui retire délicatement ses lunettes. Le timbre de la voix lui est fort connu aussi, quoique l'intonation, il ne saurait L'interpréter. En la voyant, sûrement en aurait il été capable. L'oeil mort fixe droit devant tandis qu'il baisse la tête vers elle.

- Tu saignes...

Heu, wais...

Il n'a pas le temps de dire que c'est à cause d'elle qu'il saigne. De toute facon c'est inutile, elle doit le savoir. De toute facon l'âme accopmpagnant ces douces lèvres, il la connait. La prenant dans ses bras de facon fort brutale, il la soulève aussi aisément que la plume qu'elle est, les lèvres de l'assassin massacrant sans vergogne le rouge à lèvre de Sa Dame. Et pendant qu'il l'embrasse fougueusement, son esprit à lui se tend vers son esprit à elle, recherchant avidement la chimie qui a toujours été entre eux. Ce qui fait qu'ils sont ce qu'ils sont.

Putain, ca fait 5 ans qu'il se retient... Croyez vous vraiment qu'il se contenterait d'un doux baiser? Et ce qui le retient de la posséder directement là sur le plancher du centre d'achat, c'est l'arrivée imminente des flics. Malgré sa passion, il a l'Oreille tendue, au moindre bruit, il les fait transplaner ailleur.

Et il rejoint son âme. C'est bien elle. Mais avec quelque chose de différent. Un quelque chose de terrifiant. Il sent la Source, tout près. Vraiment très près. Il ressent son silence assourdissant et son atmosphère feutré.

Elle n'a rien ressenti, physiquement, depuis beaucoup plus que cinq ans. Cinq années ici, c'est l'éternité entre deux mondes. Ne pouvait-elle espérer mieux que d'être touchée par Halewyn quelques heures à peine après s'être réincarnée ? Ne pouvait-elle espérée plus que Halewyn soit le deuxième qu'elle touche cette nuit ?

Elle répond à l'agressivité d'Halewyn par une fougue empruntée à de la magie qui ne lui appartient pas vraiment. Une magie qu'elle partage, mais qu'elle canalise à son avantage. Mais ça ne durera pas, puisque lorsqu'une vague déferle, il faut s'attendre à un retrait des eaux ensuite.

Oh, il en profite le salaud. Ses mains parcourent ce qu'il ne peut voir. La douce peau de son épouse. La part d'âme terrifiante le déstabilise un peu, mais pas outre mesure. C'est un piment de plus dans la sauce à spaghetti de la vie. En fait, ca l'attise comme elle peut le sentir sans ambiguité au niveau de la taille.

Dis Princesse, tu danse encore sous la pleine lune?

Lui murmure t'il avant d'enfouir le visage dans le cou pour lécher la jugulaire, histoire de voir si elle a un nouveau goût. Sa part rationnelle se manifestant sous Silence lui fait juste remarquer poliement que les flics vont vraiment débarquer. Trouver un endroit intime serait plus approprié.

- La Pleine Lune, c'était il y a deux nuit, murmure Xoramen.

Il n'y a pas de sirènes. Parce que ce qui arrive est plus armé que la police. La grosse cavalerie ? Très possible.

Avec peu de bruit, mais il y en a tout de même, ils s'éparpillent au rez-de-chaussée. Un frissons parcours Xoramen. Un frisson d'excitation, de fébrilité. Elle émet un gloussement de plaisir, puis elle s'évapore soudainement d'entre ses bras. Il avait beau la tenir serré, solidement, elle n'est plus là.

Personne ne verra ce qui s'est passé. Halewyn sera le seul témoin, mais il ne verra pas. Tout ce qu'il entendra, ce sera quelques phrases de langage inconnu chuchotés, puis les hurlements de terreur et de douleurs de ceux qui ne faisaient que leur boulot. Il sent les mouvements, qui passent près de lui, comme du vent, puis des gargouillis beaucoup plus haut que lui. Puis c'est le silence. Un silence parfait.

Halewyn reçoit une goutte sur le bout du nez. Il n'a même pas eu le temps de faire une analyse auditive de ce qui se passe que c'est déjà terminé. C'est une goutte tiède et poisseuse. Il l'odeur ferreuse ne laisse aucun doute sur son origine.

- Si tu voyais ça, Halewyn... c'est magnifique... murmure-t-elle d'une voix ténue. Elle est tout près. quelques mètres à peine. Peut-être juste hors de porté de main. Mais c'est terminé... se désole-t-elle.

Et la vague se retire, dans un effondrement de colliers et d'étoffe.

Il n'a peut être pas le temps d'analyser auditivement la situation, mais il a le temps d'apprécier la trop courte symphonie. Xoramen danse, mais une danse meurtrière... A moins qu'elle ne chante? C'est difficile à dire.

Rejetant instinctivement la tête par derrière, il a un grand sourire en appréciant la pluie rouge qui lui asperge le visage, quelques gouttelettes totu au plus. Ca faisait longtemps.

Si tu voyais ça, Halewyn... c'est magnifique... murmure-t-elle d'une voix ténue. Elle est tout près. quelques mètres à peine. Le changement de ton, la faiblesse le surprend, l'aveugle se met à avancer vers elle. Mais c'est terminé...

Xo...

Un effondrement de colliers et d'étoffe. Et l'effondrement de son coeur. Il heurte du bout du pied une montagne de pues et jupons, se penchant, l'assassin remonte le long du corp de Xoramen, palpant impitoyablement chair et vêtement, à la recherche d'une blessure. Il arrive au visage, qu'il prends entre ses deux mains... Elle est déjà loin. Son sang se refroidi par manque d'énergie, ou peu importe le terme approprié. Il sent instinctivement ce qui lui arrive.

Un éclair noir, et Meurtrière tranche encore ses plaies qui ont eues à peine le temps de coaguler. Il trace une série de symboles sur le visage de Xoramen, pour la foutre sur le générateur de secours en quelque sorte. Au moins un temps. Il sent son énergie partir de lui à elle, et donc, avant qu'il n'arrive au bout du rouleau Halewyn sonne le rassemblement général et transplane au nid avec son trésor.