Fuite.

"Prudence avec elle. Ça voulait dire quoi ? La prudence était-elle de mise pour lui ou pour elle ? Peu importe. Il peut pas la tuer vraiment... sinon, il n'aura pas son fric.

Mais bon, pour l'instant, il était coincé avec elle et vu que le paternel se pointait pas souvent, ils risquaient d'être coincés là pour un moment. Suffisait de se trouver quelque chose à faire.

- Écoute, j'sais que t'en encore une gamine, mais tsé, la situation est très adulte. Alors faudrait arrêter de faire la conne, tu saisis ?

Faire la conne?

Un terrible flamboiement traverse les iris écarlates. Petite et droite, fière et sauvage, elle fait face au colosse... Tant de paradoxes dans un si petit corp. Mais c,est anormalement calme qu,elle lui balance le sarcasme en plein visage.

Oh, on le sait, c'est juste le fric qui t'intéresse. C'est très adulte comme situation. J'ai des préoccupations plus immédiates. Tu sais, style ma vie et ma survie sans oublier mon éducation. C'est vrai que c'est très enfantin...

Elle toise le black... Se demandant franchement pourquoi son père lui a collé un tel connard. Lui, en plus de rien comprendre, s'intéresse qu'au fric. Rengainant, elle passe à côté de lui, intrépide comme une louve.

- J't'le dis, le fric, c'est tout ce qui préoccupe les adultes, crois-moi. Et fais pas chier, ta survie, c'est mon boulot pour le moment, ta vie, t'es trop jeune pour en avoir une et pour ton éducation, c'est à ça que ça sert les parents, non ? Et j'les vois pas. Faque t'as que moi dans le décors et j'vais pas jouer les éducatrices et t'apprendre comment c'est la vie d'ados, c'est clair ?

Et qui t'a appris ce que tu sais? Ta pute de mère entre deux clients? Ton père de sa tombe? Viens pas me faire la morale quand tu sais qu'on apprends toujours sur le tas... Ta morale à deux balles Darrin, elle vaut rien dans une situation comme celle ci. Il faut s'adapter pour survivre et j'ai bien l'intention de le faire.

Elle rit. Un rire inquiétant. Un rire qui ne se reflète pas dans les prunelles sanglantes. Et lui fait front, fière et chiante chimérienne. Parce que même s'il n'y a plus de chimera, le sang des Sorrenze, comme celui des Sampiero, coule et se mélange à son essence. Ultime insulte pour la chimère.

Comment aurait elle su? Elle ne le sait pas encore, une bonne partie des connaissances et des pouvoirs des Phoenixs passés et à venir encore endormis... Elle est comme le reset, la remise à zéro des Phoenixs. Une chance, un nouveau cycle.

Et malgré tout, Elthiriel se cherche encore. Ne s'est t'elle pas toujours cherchée?

Et encore une fois, il agrippe Elthiriel, cette fois par les épaules, s'arrange pour qu'elle ne puisse pas lui secouer les puces et serre très fort.

- T'as aucune idée de ce que ma pute de mère pouvait faire entre deux clients.

Allez, oser ajouter quelque chose et t'auras pus de bras.

Avec un calme désarmant elle lui siffle en pleine figure, ironique à l'os.

C'est ca, fais moi mal. C'est pas mal plus facile que de me donner les connaissances pour survivre. C'est pour ca que je veux m'en aller. C'est pour ca que je DOIS m'en aller. Je n'appartiens pas à ici.

Moment de silence.

Et viens pas me dire que tu ne t'emmerde pas ici autant sinon plus que moi. Tu n'as pas le goùt de voir le monde?

Termine t,elle, son médaillon chimérien luisant doucement dans la pénombre.

Oui, il s'emmerde. Mais au moins, il se fait un max de cash sans rien faire ou presque.

- Ton papa a dit qu'on restait ici, alors on reste ici.

Elle a un mince sourire, baveux au cube

P'pa nous a pas cantonné ici que je sache... T'a la trouille?

Il lui sourit à son tour. Un sourire mielleux, loin d'être rassurant.

- Écoute, petit colibri, ton papa, il t'as caché ici et moi, je restes ici pour m'assurer qu'il t'arrive rien. Et tu vois, même ici, j'ai failli te buter. Alors t'imagine le boulot que j'vais avoir si en plus tu te balades librement ? Pas question que j'me casse la tête à te suivre comme un chien de poche. Ici, au moins, tu peux aller nul part.

Avec une force qui n'a envier à Dario que la maturité, il lui tapote le dessus de la tête.

- Et pis, j'ai aucune confiance en ton papa. Pas plus que j'en ai envers ton frère. Que je fasse n'importe quoi, ils vont être réticent à me payer. Alors mieux vaut ne pas me fatiguer. J'aurai besoin de force pour me faire payer. Sourire tout plein de dents. En attendant, essaie de pas faire tout flamber, Daee serait furieuse.

Tu nous connais mal, Darrin... Tu nous connais très mal. Contrairement à certains, nous, les Sampiero on tiens nos promesses. Au fait...

Elle le toise de sa petite taille. Les prunelles écarlates dans le noir. Le fils d,Inigo peut constater qu'elle a du cran la petite.

Moi, je crois plutôt que tu crève de trouille.

Pour appuyer ses dire, la jeune femme renifle délicatement.

Oui... T'a peur... De pas être à la hauteur?

- Sorrenze, Sampiero, le genre de trucs qui faut pas faire confiance. Regarde où ça mené ton frère.

Peur ? Lui ? Non. Pas du tout. D'ailleurs, Elthiriel sent bien qu'il ne sent pas la peur. Il veut s'assurer d'être payé. Mais techniquement, c'est lui qui a la main sur la gamine. Si papa paie pas... hé hé !

- Être à la hauteur de quoi ? De t'écrabouiller si j'en ai envie ? Ok. Si tu veux aller faire un tour, on va aller faire un tour.

Sans prévenir, il lui agrippe le poignet. Et presque tout l'avant bras d'Elthiriel disparaît dans la main de Darrin. Il la tire plus loin, à travers la maison, sans relâcher sa prise douloureuse.

- Tu veux aller où y a des gens ? Et ben tu vas être servi.

Et il met la main sur le portoloin que Morayeel avait fait pour lui, pour qu'il puisse retourner chez lui.