Jour 6 - Rome.

Il n'aime pas naviguer... Il a vécu toute sa vie sur l'île et n'en est jamais sorti. Il y avait une raison à ça et c'était la mer... La mer et le fait qu'il n'avait jamais senti l'appel de l'aventure. Il n'avait jamais eu envie de s'en aller. Tout avait toujours été parfait sur l'île. Pourquoi en serait-il parti ? Il y avait sa famille, sa vie, à manger, à boire, un toit, plusieurs toits même, un avenir et... et sa soeur. C'était tout ce qui lui restait, sa soeur. Et c'est pourquoi il se tenait encore droit et fier. Il voulait qu'elle n'ai pas peur. Qu'elle se sente en sécurité à ses côtés... Mais il était si déstabilisé. Tellement retourné par les évènements... Et non seulement était-il complètement bouleversé, mais Andromède n'arrangeait en rien les choses avec son abattement.

Il aurait voulu rester lui aussi. Mais il avait rapidement compris qu'en restant, ils auraient été pourchassés jusqu'à être retrouvés et tués... Et tous les leurs auraient été torturés et leurs familles éliminées jusqu'à ce qu'ils leurs disent où ils se trouvaient. Maintenant, ils étaient loin de tout ça. Non seulement étaient-ils loin, mais ils étaient également un peu perdus... Orion ne connaissait rien au monde moderne... Il n'avait jamais voulu apprendre ce qui s'y trouvait. Il connaissait quelques bases, quelques villages... Ça pouvait aller. Le décor était différent de leur île mais c'était supportable. Un peu plus de monde, mais pas insupportable. Il avait entendu des rumeurs disant que les grandes villes, c'était comme des fourmilières... Des ruches. Pleines d'humains qui allaient d'un côté et de l'autre... TROP d'humains... Étouffant.

Orion conduisait l'embarcation avec le peu de connaissances qu'il avait et quand Andromède pointa un espace libre au quai... Il obéit et ils s'approchèrent pour accoster... La manoeuvre était complexe et le jeune lycan eut beaucoup de mal à faire avancer le voilier entre les autres bateaux... On les regardait un peu de travers. Ils étaient jeunes et seuls... Le bateau n'était pas impeccable et Orion se débrouillait comme il pouvait pour le faire entrer dans le petit espace entre deux yacht immenses...

- Ici, on débarque. Nous pourrons savoir ou nous sommes.

Il se contente de hocher la tête... Bien qu'il ne soit pas entièrement d'accord. Tous ces bateaux... Tous ces gens sur le quai... Inspirant doucement, il manoeuvre l'embarcation jusqu'à ce qu'elle soit en place... Il y a des sacs à dos dans les trucs que leurs ont laissé Irieis... Mais Orion ne considère pas l'option de continuer leur route par la terre. Ils ne savent pas où ils sont de toute façon... Ils reprendront sans doute le bateau. Il descends donc sur le quai... Pieds nus, comme il a toujours fait. Une camisole verte, un pantalon trois-quarts dont le bas est élimé, très usé et rien d'autre... Il s'avance de quelques pas, attachant la corde pour que le bateau ne parte pas à la dérive et il attend Andromède... Elle peut sentir, juste à le regarder, toute sa tension... Il n'est pas à l'aise. Pas du tout...

Il est tout aussi désorienté qu'elle... Et ces odeurs le tuent. Pas celle du poisson comme celle de la friture. Il a le tournis et l'estomac tordu. Grimaçant alors qu'il observe le tout nouveau paysage, le vide des hommes, leur grandes constructions sans âme, en l'honneur de rien d'autre que le commerce et le tourisme. Il hoche la tête doucement, exaspéré devant la connerie des humains. Tellement gros pour rien... Ça gâche le paysage, ça abîme la nature... L'eau est sale, ça se voit. Elle n'a pas une odeur d'algue et cette senteur saline de l'océan. Seulement une forte odeur chimique qui donne des reflets arc-en-ciel à l'eau. Le jeune lycan ferme les yeux puis se tourne vers sa soeur... Cette dernière lui prends la main et il soupire doucement.

Du réconfort. Il n'est pas seul. Heureusement sinon... Il ne sait pas ce qu'il aurait fait...

- S'adapter et survivre... Irieis disait ca souvent. J'espère qu'il va bien. Tu sais... Oncle... Venec, Perceval, Karadoc et Gauvain, ils ont tout perdu pour nous.
- Je sais...

Fit Orion. Ils avaient perdu les plus jeunes, les femelles, la paix de la Meute... Et tout ça pourquoi ? Parce qu'il était le futur Alpha... Et Oman avait décidé de s'en prendre à lui. Le jeune lycan se reprit, essayant de rester calme, de ne plus pleurer. Il ne pouvait pas être un soutient pour Andromède s'il ne pouvait pas se soutenir lui-même. Se redressant, il écouta autour de lui, cherchant des bribes de langue, pour demander où ils se trouvaient...

- On fait quoi ?
-On cherche quelqu'un qui parle notre langue. Une fois qu'on saura où on est et qu'on aura réussi à trouver sur une carte cet emplacement, on repartira. C'est en Angleterre qu'on doit aller et c'est certainement pas ici.

...Certainement pas parce que tout le monde parlait une langue bizarre mais pas l'anglais... Et il n'y avait rien qui ressemblait un tant soit peu à M. Phantassos ou au Domestiqué. Rien du snobisme britannique. Il faisait gris et plusieurs endroits étaient couverts d'une mousse verdâtre étrange... Elle n'était pas là quand ils étaient partis de l'île... C'était ça, la pollution moderne ? C'était dégueulasse... Ça sentait la moisissure et la terre... C'était dégueulasse. Ils commencèrent donc à avancer sur le port, évitant les plaques de mousse dans laquelle ils ne voulaient absolument pas marcher, cherchant vaguement à l'oreille les intonations de l'anglais...

Le sifflement attire son attention. Orion se redresse et toise les gens autour de lui, aussi menaçant que possible envers le premier con qui osera manquer de respect à Andromède. Cette dernière se faufile derrière lui. Le jeune Alpha se raidit...

- Je ne veux pas te contredire, mais on pourrait commencer par s'habiller couleur locale ? Juste un short et une camisole me plairait.

Orion observe alors les alentours... Il vaudrait mieux qu'ils sachent d'abord où ils sont avant de magasiner pour avoir l'air... "Normaux"... Ils sont probablement en Europe puisqu'ils naviguent depuis six jours. La direction qu'ils ont prise devrait les avoir menés quelques part au dessus de l'Afrique... Mais ils ne reconnaissaient rien... Ils n'avaient jamais vu de quoi avaient l'air les autres endroits que l'île où ils avaient grandi. Orion ne savait pas faire la différence entre les États-Unis, l'Europe, la Chine, l'Afrique... Tout ça pour lui était très confus. Suivant du regard les quelques passants, il continua de chercher des bribes d'Anglais...

- S'il te plait ?
- ...Faut d'abord trouver où on est...

Fit Orion, hochant la tête.

-Si on est encore trop loin de l'Angleterre, on aura besoin de tout l'argent qu'on a pour s'y rendre. On peut pas dépenser dans n'importe quoi. On en a besoin pour la nourriture, pour réparer le bateau si jamais il arrive un truc...

Puis il regarde sa soeur... Un moment. Fronçant les sourcils... Elle était presque nue... Ils n'avaient jamais été prudes sur l'île. Pas besoin de l'être. Tout le monde était toujours au grand air. Personne n'avait jamais eu besoin de se couvrir. Il ne faisait jamais froid... Mais ici... Il semblait que de se balader avec si peu de vêtements rendait les gens abrutis. Quelques hommes du port passaient et continuaient de dévisager sa soeur comme des prédateurs... Orion plisse les yeux...

- C'est bon... On va trouver un endroit pour t'acheter des vêtements.

Fit-il en retournant au voilier, ayant dans l'idée de trimballer sur eux leurs sacs à dos finalement... Au cas ou. Il en tendit un à sa soeur et prit l'autre pour lui, mettant un peu de nourriture dedans et tout l'argent qu'ils avaient, histoire de ne pas se faire voler quoi que ce soit sur le voilier... Et ils se mirent en route. Sans savoir où ils allaient. Ils finiraient bien par tomber sur quelqu'un qui parlait leur langue.

Finalement, ça s'était avéré plutôt facile... Il avait sagement suivi sa soeur... La pierre du sol lui faisait mal aux pieds mais il refusait qu'on lui fasse porter ces stupides machins... Des chaussures. Comme M. Phantassos portait... Comme parfois certains visiteurs de l'île et même parfois quelques habitants portaient. Il avait toujours refusé d'en mettre et refuserait aussi longtemps que possible. Il écouta Andromède raconter ses bobards et ne dit pas un mot pour l'interrompre ou la contredire. Laissant aller les choses, il fut surpris de voir les choses tourner ainsi à son avantage, prenant la dame par les sentiments... Visiblement cette histoire de bagages volés la touchait...

Il observa sa soeur un moment, attendant qu'elle termine ses achats... Puis la dame leur offrit quelques trucs qui pourraient s'avérer utiles...

- Vous lui direz que c'est Gabriella Marconne qui vous envoit. Il fait des pastas du tonnerre !

Des quoi...?

- Allez bella... Sèche tes larmes, tu verra, tout ira mieux ! On est à Rome ici, la cité de Dieu et de ses miracles ! Ait la Foi !

À Rome... Ils étaient à Rome. La carte dans son sac à dos... Une fois qu'ils furent sortis, Orion ne revint pas sur ce qui venait de se passer, bien que quelque part, le manque d'honnêteté d'Andromède le perturbait profondément. Elle avait menti et joué avec les sentiments de cette dame pour arriver à ses fins. Il n'allait pas s'en plaindre mais il n'aurait jamais cru sa soeur capable de faire ça. Ce serait pratique, évidemment, mais... Orion était plutôt faible du côté conscience. Cette dernière le travaillait énormément et toute cette histoire le mettait un peu de travers. Il sortit donc la carte et se mit à chercher Rome... Rome... Capitale de l'Italie. Ils n'étaient pas TROP loin de l'Angleterre. C'était faisable. Ils pourraient s'y rendre sans trop de problèmes...

- On va aller manger un bout. Ça nous fera économiser les rations qui restent sur le bateau. On y retournera ensuite et on partira vers le nord. Y a des fleuves sur la carte qui montent à travers le continent. On aura pas à faire le tour par l'océan.

Expliqua vaguement Orion alors qu'il se battait avec la carte pour la replier.

Une fois attablés au restaurant, il laissa une fois encore Andromède parler pour eux. Il n'aurait pas su quoi dire. Il n'avait pas son tact, sa diplomatie. Il était l'Alpha... Elle était la Chamane. C'était comme ça et il n'y avait pas grand chose d'autre à dire... Il entendit donc au cours de la conversation une histoire de vaisselle en échange d'une bonne bouffe. Le jeune lycan ne discuta pas et ils furent rapidement servis... Des machins tout pâles qui baignaient dans une sauce aux tomates... C'était pas infecte. Mais c'était pas génial non plus... Orion était un omnivore à tendance carnivore. Il avait tendance à exécrer les repas qui n'en contenaient pas et celui-là... N'en contenait pas du tout. Enfin... Fallait bien bouffer.

- Je n'ai aucun regret Orion, nous avons un but, j'exploite les ressources pour nous.
- Je sais..., souffla t-il en suivant du regard un spaghetti qui pendait de sa fourchette mollement... C'était pas très séduisant comme repas n'empêche.
- Tu dis que nous pourrons passer ? Les profondeurs des fleuves et rivières sont suffisante ?
- J'en sais rien Andro'... Je-

Il s'interrompit quand une voix retentit près d'eux... Le mouvement d'Andromède passa inaperçu aux yeux du jeune lycan qui s'était tût immédiatement en entendant ces mots qui sortaient des lèvres de cet homme comme un aboiement. Il reconnaîtrait ce ton n'importe où. Seuls les lycans savaient hurler leur présence de cette façon. Ce ton dur et sec... Le jeune homme avala son repas rapidement, ignorant le goût qu'il n'aimait pas particulièrement et se leva aussi discrètement que possible... Ils avaient la vaisselle à faire et s'ils pouvaient échapper au regard de la sentinelle en se réfugiant dans les cuisines, ce serait idéal... Une fois qu'ils eurent avalé tout ce qu'ils pouvaient dans leurs assiettes, Orion attrapa sa soeur par le poignet et ils entrèrent dans les cuisines, quittant la salle à manger pour aller rembourser leur du... Au moins, ils n'étaient plus en vue de la sentinelle et si jamais il se pointait en cuisine, Orion fit bien attention de remarquer où se trouvait la porte de sortie la plus près... Cependant... Il ignorait pour l'instant s'ils avaient été vus.

- ...Tu crois qu'il nous a vus ?

Demande t-il à mi-voix, jetant un coup d'oeil nerveux à la camisole orange de sa soeur. C'était plutôt difficile d'être subtil avec de telles couleurs...

Il est bien content qu'elle ai compris sans même qu'il ai à ouvrir la bouche. Mais à chuchoter comme ça, ils vont finir par attirer de l'attention non désirée. Le cuisinier va finir par se douter qu'ils fuient quelque chose.

- Je ne sais pas. On dirait que les esprits n'ont pas droit de cité ici...
- ...Tu veux dire que... Tu vois rien ?

Persée ne les avait certainement pas suivis alors... Si les esprits ne pouvaient pas s'accrocher ici, ils allaient être mal... Eux qui se fiaient tellement aux esprits...

- Nous le saurons assez vite, la sieste est dans une heure et à ce que j'ai compris c'est sacré. S'il ne bouge pas alors, c'est qu'il nous surveille. C'est risqué, j'ai peur Orion... Le voilier est très reconnaissable.

Un silence flotta. Le jeune lycan réfléchissait... Ils ne pouvaient pas rester là... Et... en fait, ils ne pouvaient pas retourner au voilier non plus... S'il était dans cette pièce, c'est qu'il les avait déjà repérés et qu'il savait par où ils allaient repartir... Orion pinça les lèvres puis soupira...

- ...On retournera pas au voilier.

Fit-il, prenant cette lourde décision en fermant les yeux.

- On fiche le camp par la porte qui est là et on s'éloigne le plus possible... C'est pas avec 500$ qu'on va prendre un autre moyen de transport pour changer de ville... On va devoir trouver un autre moyen pour foutre le camp... Mais on reste pas ici. Le moins longtemps possible...

Expliqua t-il, se demandant s'ils devaient rester faire ce qu'ils avaient dit ou pas... C'est risqué. Ils prendraient une avance considérable s'ils partaient maintenant. Mais ce serait du vol... Ça ne se faisait pas... Hésitant, il jeta un coup d'oeil autour d'eux... Puis entraîna Andromède vers la porte en la prenant par la main. Ils ne pouvaient pas se permettre de bosser pendant une heure. Ça laisserait trop de temps à la sentinelle de les voir... Ils se glissèrent par la porte sous les cris du cuisinier, hurlant en Italien de belles insultes coulantes comme des notes de musique qui leur glissait sur le dos comme sur celui d'un canard... Après tout, ils n'y comprenaient rien...

- On aurait dû payer au moins. Ça nous aurait permis de quitter plus discrètement.
- Si, on aurait du. Mais comme on retourne pas au voilier, on a besoin de tout l'argent possible...

Fit Orion dont la conscience le flagellait violemment. Il se sentait mal... Terriblement mal. Ils avaient carrément volé. Ça ne se faisais pas... Il secoua la tête essayant de se sortir ça de l'esprit avant d'être tiré vers une ruelle par Andromède... Sont estomac non plus ne supportait pas très bien le repas, mais ça pourrait quand même aller... C'était désagréable, ça brûlait, un peu douloureux et surtout très pesant. Il la suivit sans broncher, curieux de savoir ce qu'elle voulait.

- Orion ? Tu as encore la carte ?
- Si, bien sûr. Je l'ai remise dans mon sac quand on est sortis de chez la Dame qui t'as vendu tes vêtements.

Fit le jeune Alpha avant de hausser un sourcil.

- Pourquoi ?

Demanda t-il en entreprenant de la sortir d'une poche de son sac... S'imaginant qu'Andromède devait avoir une idée si elle lui demandait ça.

- Parce que je veux sortir d'ici. Ça sent que le moisi et les hommes.

Alors qu'elle déplie la carte par terre, Orion lève la tête, regardant autour d'eux... Jusqu'à maintenant, tout va bien... Il guette... Renifle l'air et surveille leurs arrières. Le fond de la ruelle mène vers une autre rue passante où on peut entendre des voitures et des scooters ainsi que des voix fortes qui parlent en Italien. Il est nerveux... très nerveux. Il baisse ensuite les yeux vers la carte.

- Je veux savoir combien de temps ca nous prendra à pieds ou si nous serons obligés de prendre des voitures.

Prendre des voitures ? Comment pourraient-ils faire ça ? Les voitures ça appartient aux gens, non ? Ils ne savent pas conduire, n'ont pas un sous pour en acheter une... Il voit difficilement comment faire... À moins de jouer les passagers clandestins dans la voiture de quelqu'un d'autre... Sans argent, on ne va nul part. C'est bien connu. Même pour eux.

- Si nous piquons en ligne droite, à pied, à environs 25 kilomètres par jour, nous n'arriverons pas avant l'automne c'est certain. Mais nous pourrons chasser. En contrepartie, si nous prenons une voiture, ca sera plus rapide... en théorie... Mais nous serons plus retracable.

Orion lève les yeux... Quelqu'un vient d'entrer dans la ruelle... Par l'extrémité d'où ils sont entrés... La direction du restaurant.

- Le plus rapide ca serait ca, mais Oman doit s'y attendre. Surtout si nous avons été repéré.
- On a été repérés.

Fit Orion tout bas tandis que la silhouette se rapprochait... Attrapant la carte ainsi que le bras d'Andromède, le jeune lycan démarra au quart de tour, rejoignant l'autre extrémité de la ruelle. Tournant le coin brusquement, ils se retrouvent dans une rue très passante... Se faufilant entre les voitures, les gens et les stands qui bordent la rue, Orion a bien fait attention de circuler en suivant le vent. Une brise leur soufflant dans le dos, sur la nuque tandis qu'ils évitent aussi les plaques de mousse au sol... C'est dégueulasse ce truc là. C'est ça la ville ? C'est plein de mousse moisie ? Le jeune lycan finit par s'arrêter au bout de plusieurs minutes de marche rapide et de course... Ils ont probablement été suivis mais il n'espère qu'une chose, que la sentinelle ait perdu leur trace...

- Il sait qu'on est là. Faut qu'on bouge... Qu'on change de ville et surtout, qu'on passe pas par des routes communes... ou qu'on fasse le chemin le plus vite possible.

Souffla t-il en essayant de calmer sa respiration... Cette odeur de moisissure qui le prenait à la gorge... Il n'avait pas l'habitude et ça jouait sur ses poumons. Orion ferma les yeux alors qu'ils avaient trouvé un coin entre deux rues très achalandées pour s'arrêter. Jetant un coup d'oeil dans la direction d'où ils arrivaient, il chercha un moment... Mais celui qui les avait suivis dans la ruelle ne semblait pas là. Il ne le voyait nul part et son odeur n'était pas là non plus... Enfin, il espérait. Parce qu'avec tous ces parfums horribles, difficile d'en analyser un en particulier. Il déplia la carte qui commençait franchement a être usée...

- On...

Fit Orion, visiblement... Il ne savait pas plus qu'elle où aller... Ni quoi faire.

- On va chercher un transport. On s'ra plus faciles à retracer mais le plus vite on s'ra en Angleterre, le mieux ce s'ra.

Termina le jeune lycan en se renfrognant.

- Faut s'rendre en France...

Fit-il en repliant sommairement la carte pour la remettre dans son sac...

On lui tape sur l'épaule... Le jeune lycan se retourne pour voir un grand bus rouge... Probablement pour les touristes. Le mot était en Italien mais facile à reconnaître... Et entre le bus et eux, deux acolytes d'Oman... Faciles à reconnaître. Deux grands hommes maigre aux membres noueux et aux traits brutes. Plusieurs tatouages, des piercings et malgré leurs vêtements urbains, ils avaient quelque chose de très... chamanique. Probablement les bijoux ornés de plumes et d'os.

- Rien de moins.

Il tourne les yeux vers sa soeur qui se glisse dans son dos, collant son sac à dos contre le sien, il voit le sentinelle qui les avait suivi ainsi qu'un autre acolyte...

- Quatre contre deux ? C'est tout sauf fairplay.

Commente Orion alors que son regard brille d'une lueur étrange. Les tuer en pleine ville ne serait pas la plus brillante chose à faire... Mais il faut les paralyser, les empêcher de les suivre alors qu'ils prendront la fuite... Et ce, avant l'intervention des forces de l'ordre. Ne pas risquer plus de vies qu'il n'est nécessaire. Déjà, l'endroit n'est pas bon pour se battre... Il y a trop de monde... Et contre quatre, à eux deux, ils n'ont pas grand chance... Orion retire donc une bretelle de son sac à dos, très discrètement...Et s'élance soudainement vers l'un des deux Acolytes qui se trouve près du bus, lui envoyant valser un sac à dos plein de rations, en pleine tête avec autant de force que possible, assez pour déchirer la bretelle par laquelle il le tenait. La manoeuvre lui donnant assez de temps pour se retourner vers le second qui s'élançait vers lui en courant et lui assener un violent coup de point sur la tempe, un endroit sensible de la tête, comme lui avait montré Irieis. Lycan ou pas, ça sonne... Se retournant un instant pour vérifier l'état d'Andromède, il n'a le temps que de voir du coin de l'oeil le second Acolyte, celui qui s'était pris le sac à dos, revenir à la charge...

Orion lui envoya en plein buste un coup de pied solide, le faisant reculer contre le bus... Après tout, ils étaient des Chamans, pas de féroces guerriers...

L'éclair vert frappe le sac à dos d'Andromède et le jeune homme n'a le temps que de voir sa soeur propulsée au sol. Se précipitant vers elle, il pose alors un regard paniqué vers le sentinelle qui l'agrippe par les cheveux et la menace d'une baguette sous la gorge. Le jeune lycan attrape donc le précieux sac qu'elle vient de lâcher sur le sol après s'être rappé les coudes et les jambes sur la pierre...

- ORION !

Se glissant derrière la sentinelle dont un autre sortilège vert s'est perdu dans les cieux, il voit le choc qui se propage en lui alors que sa soeur lui flanque un coup de talon et ne se gêne pas pour lui donner un bon coup de coude dans la nuque, l'assommant d'un même mouvement... Ils sont tous par terre, celui qui s'était cogné contre l'autobus se remettant du coup, Orion arrache la baguette de la sentinelle, la donnant à sa soeur puis enfilant la dernière bretelle valide de son sac.

- On y va !

S'exclame t-il en ne sachant pas le moins du monde où ils se retrouveront en courant dans la direction qu'il emprunte mais ne souhaitant qu'une chose, mettre autant de distance que possible entre eux et les Acolytes. La plante des pieds douloureuse sur la pierre du sol, les bâtiments du centre ville diminuant tandis qu'ils se perdent dans les rues sinueuses, ils courent... Courent et courent encore... Courent jusqu'à ce qu'ils n'arrivent plus à trouver leur souffle. Courent jusqu'à trouver une grande route passante... Ils ne s'arrêtent qu'une fois que l'ambiance de la ville est devenue orangée... Que le soleil commence à se coucher et que la lune commence à poindre loin dans le ciel. Ils sont à découvert mais il y a énormément de voitures qui passent... Suivant du regard les automobiles, il s'immobilise finalement sur la chaussée... Essoufflé comme il ne l'a jamais été...

- Faut qu'on trouve une voiture... Qu'on se rende dans une prochaine ville. Qu'on trouve quelqu'un qui va en France... Et vite...

Souffla Orion en se laissant tomber dans l'herbe sèche. Essayant de rattraper son air, ne se rendant visiblement pas compte qu'il était non seulement assis dans un peu d'herbe toute moche et jaune mais dans une flaque de mousse moisie... Sursautant alors qu'il mit ses mains dedans, il se releva en grimaçant, secouant furieusement les mains pour chasser ce truc dégueulasse...

Ils firent un long voyage dans la boîte du pick-up. deux journées de six heures de route. Le propriétaire de l'automobile leur offrant l'intérieur du véhicule pour une nuit, ils y dormirent inconfortablement pendant quelques heures seulement avant de reprendre la route sous une fine pluie. Ils atteignirent Milan sous les nuages rouges d'une fin de journée très grise qui se terminait par quelques agréables percées de soleil. Ils remercièrent leur chauffeur et débarquèrent au nord de l'Italie... Une ville très industrialisée, immense, une des plus grandes capitales de la mode et du design... Bref, un endroit pas très recommandé pour deux loupiots en cavale qui n'y connaissent rien en monde moderne.

Abandonnés près d'une sortie d'autoroute, ils se retrouvèrent donc seuls...Ils avaient toujours quelques dollars sur eux... Mais très peu pour le chemin qu'il leur restait à faire. Et ils n'étaient pas encore sortis d'Italie. Enfin, au moins ils savaient où ils étaient... Descendant un moment le long de la route, Orion réfléchissait... Et maintenant ? Où est-ce qu'ils en étaient...?

- Si au moins on pouvait contacter M. Phantassos...

Soupira le jeune lycan, ne sachant plus trop où se diriger à ce point là, marchant lourdement alors qu'au loin se dessinait une ville immense. Quelques heures de marche seulement pour l'atteindre mais... En avait-il réellement envie ? C'était encore plus lumineux que Rome... Encore plus grand et plus moderne. Il avait l'impression juste à s'imaginer à l'intérieur de cette ville qu'il n'en sortirait pas vivant. Si seulement ils avaient de quoi prendre un avion... Leur chauffeur, parlant vaguement anglais, leur avait demandé pourquoi ils ne prenaient pas l'avion... Tout ce qu'ils avaient su répondre, c'était qu'ils n'avaient pas d'argent pour ça...

- Faut trouver un autre chauffeur qui acceptera de nous mener le plus loin possible...

Fit Orion après avoir gardé le silence pendant quelques minutes, réfléchissant...

- Je n'entre pas là dedans.

Le jeune lycan se tourne vers sa soeur, sévère.

- Faisons le tour.

Le tour ? Il hausse les sourcils. Qu'est-c'que c'est que ces caprices ?

- S'il te plait Orion...

Il hésite un instant en se retournant vers la ville au loin. C'est immense... Ça sent la pollution, l'essence, la friture, toute sortes de trucs chimiques à des miles à la ronde... Soupirant doucement alors qu'il suit la ligne d'horizon, essayant de voir jusqu'où s'étend cette immense cité... Mais elle ne semble pas finir... Et ils doivent se dépêcher. En s'informant à l'intérieur, ils peuvent trouver une carte qui les mènera en ligne droite à travers la ville... Jusque l'autre côté puis trouver un moyen d'atteindre la France...

- On peut pas s'permettre de perdre autant de temps.

Fit-il, hochant la tête. Il n'avait pas envie d'entrer là-dedans lui non plus. Vraiment pas. Mais ils n'avaient pas réellement le choix.

- Faut couper par la ville et passer au travers, faire le tour, je sais pas combien d'temps ça nous prendrait mais ce s'rait trop long et ce s'rait trop facile pour eux de nous pister.

Termina le jeune lycan en évitant de peu de foutre son pied dans une plaque de mousse grise. Leur piste allait se mélanger en passant parmi les gens et on ne laisse pas de traces sur le sol quand on marche sur le béton des villes. Il se mit donc en marche, laissant à Andromède la décision de le suivre... Si elle ne le faisais pas, il irait la chercher mais pour l'instant, elle était libre.