Les champs de pierre

Jinx se tenait parmi les pierres accompagné de Philippe, son plus jeune fils.

- Elle n’est pas ici…
- Non, et elle n’est plus venue depuis longtemps…
- Depuis son sacrifice?
- Moins longtemps que ça… Il y a quelques années je reconnaissais encore les signes de son jardinage… Samuelle aimait l’ordre.
- Un fantôme peu déplacer les pierres?
- Ta sœur tenait bien plus de l’esprit frappeur que de l’esprit hanteur… Rien n’aura pu l’arrêter. Pas même la mort.

Jinx contemplait l’horizon.

- Tu dois la retrouver. La retrouver avant eux… Pas seulement pour partager le secret avec les jeunes générations, mais surtout pour mettre les pierres de garde à l’abri. Si les Moldus inquisiteurs mettaient la main sur les jardins de pierre, ils nous pilleront. Ce sont les archives des sorciers. Rien n’est plus précieux.
- Est-ce que protéger les archives des Inquisiteurs ce n’est pas prendre parti? Où en sommes-nous avec l’impartialité des chroniqueurs?
- Les Daee prennent toujours le parti des gagnants. Pour le moment, les sorciers résistent. J’en conclu donc qu’ils gagnent.

CLAC!

Depuis le coup du piège à ours, elle avait déplacé les pierres de garde. Ils l’avaient cherché.

Les sombres sentes ont ceci de particulier qu’on ne les distingue pas avant d’y avoir mit les pieds : Quand l’ombre se fait sur tes pas…

Samuelle la suivit sans difficulté. Quand on est mort une fois, on garde toujours un pied dans chaque monde; comme les chats.

***

La première pierre qu’elle transforma, c’était l’altercation entre César et Halewyn. Laborieusement, elle consigna ses expériences en autant de cailloux, reprenant périodiquement son souffle en dévorant les céréales. Une à une, elle entassa les pierres parmi les autres. Elle mit un soin tout particulier à imprégner son incursion dans l’esprit d’Halewyn. La seule chose qu’elle garda pour elle, ce fut l’aveu de Morayeel.

C’est seulement ensuite qu’elle commença ses recherches.

Une pierre répond à l'appel de Muelle. Le rapport avec sa recherche n'est, de prime abord, pas évident. C'est un récit fragmentaire d'un des vieux chroniqueurs.

Un petit homme, aux cheveux d'un noir d'encre et aux yeux de la même couleur écrit frénétiquement dans un bouquin, hilare. Un secrétaire triture négligeamment un presse papier en granit tout en consultant la dernière liste des traitres à la patrie. Liste qui s'imprègne dans le cerveau de la chroniqueuse. C'était le but premier de la pierre.

Adolf Hitler relève la tête , plisse les yeux en fixant la porte. Puis, sort de la pièce par sa porte privée. Le secrétaire continue son morne ouvrage.

Trois toc à la porte. Un officier étrange, un grand blond, tout ce qu'il y a de plus pur, avec des yeux d'un lavande bizarre s'avance d'un pas altier dans la pièce. Il regarde partout, fort mécontent, un gun à la main.


Un éclair fulgurant de douleur traverse Muelle... Manifestement, le chroniquer a été tué d'une balle dans la tête.

Samuelle laissa retomber la pierre en frissonnant.

Dans la poussière, sur le sol, elle nota quelques lettres qu’elle intégra. Elle partait de l’hypothèse que si l’univers et le temps sont une variété non parménidienne à courbure négative, ce qui est une évidence, on pouvait déduire sa topologie en observant les champs de pierre dans des directions différentes. Ce qui exigeait pas mal d’allée et venues.

Mais Samuelle savait compter…

une autre pierre répond à son appel. En fait, 10 vibrent à l'unisson....

Chacune d'entre elle reprend chacune des plaies d'Egypte. Facon neutre, parce que le lien avec Phoenix Noir est là, mais il a agit fort finement le salaud, profitant de la présence d'un certain Moîse. Dix cailloux fort commun des rives du Nil.

Les eaux du fleuve changées en sang : ... Le Nil fut nauséabond, et les Égyptiens ne purent boire des eaux depuis le fleuve...

Les grenouilles : ... les grenouilles montèrent et recouvrirent l’Égypte ...

Les moustiques :... toute la poussière du sol se changea en moustiques...

Les mouches : ... des taons en grand nombre entrèrent […] dans tout le pays d’Égypte ...

La mort des troupeaux :... tous les troupeaux des égyptiens moururent ...

Les ulcères :... gens et bêtes furent couverts d’ulcères bourgeonnant en pustules ...

La grêle :... La grêle tomba sur le pays d’Égypte ...

Les sauterelles : "... Elles couvrirent la surface de toute la terre et la terre fut dans l'obscurité ; elles dévorèrent toutes les plantes de la terre et tous les fruits des arbres, tout ce que la grêle avait laissé et il ne resta aucune verdure aux arbres ni aux plantes des champs dans tout le pays d'Égypte ...

Les ténèbres :... il y eut d’épaisses ténèbres ...

La mort du premier-né : ... tous les premiers-nés mourront dans le pays d’Égypte ...

Une pierre, plus intéressante, vibre. Une pierre ancienne, polie par l'âge et les intempéries. Faite d'un rocher noir... Provenant d'une montagne noire.

Tout est tranquille au camp. Le feu crépite doucement. Tout le monde dort. Sauf la sentinelle. Au loin, sur une montagne pentue, des braseros luisent comme la lumière d'un phare pour les voyageurs.

Soudainement, un casque en forme de faucon se dresse devant le voyageur, un casque en forme de faucon? Il est tellement noir qu'on ne peut pas voir les formes, juste la silhouette qui se découpe contre le velours étoilé de la nuit. Et du casque, deux prunelles rouges luisent sauvagement.

*********

Retour à la conscience, il est solidement attaché à un gibet, complètement ignoré. Les gens de la montagne noire sont rudes. Ils ont d'autres choses a faire que de s'occuper du prisonnier. Les chiens lui reniflent bien les semelles, mais se désintéressent complètement de l'homme quand un colosse arrive.

Un bon 6 pieds et 4 de guerrier. Pas un guerrier empêtré dans ses muscles, mais un guerrier touts en nerfs, bien découplé. Une démarche qui lui semble connue à Muelle. Et une armure exotique, tout en cuir avec de rares points de mailles pour la souplesse des articulations. Un casque en forme d'oiseau noir et maléfique. Et une dague noire, noire et longue, élégante, à la lame noire comme la nuit. Une dague qu'elle connait bien. Nulle cape au guerrier. Au prince plutôt, si elle juge bien sinon la richesse de son équipement, du moins l'excellente facture de celui ci.

Le guerrier enlève son casque. Deux yeux d'un acier rougeoyant se posent sans aménités sur le prisonnier.

Deux yeux d'un acier bien connu, avec un reflet bien connu, dans une figure bien connue. Des traits fins et fiers, altiers. Une opulente chevelure d'un auburn sombre. Une noblesse rude, brute. Une noblesse de coeur. Quelqu'un qui montre l'exemple.

Mais quelqu'un de corrompu. Et qui le sait. Ca se voit dans ce regard.

Prince Halewyn Redinem! Message pour vous!

Clame un messager venant porter une missive délicate, qui semble incongrue dans les immenses mains de l'homme. Il renifle la lettre et l'enfouit prestement dans son armure.

*dans un cachot*

Les cachots Redinem comportent une petite fenêtre. Trop petite pour qu'on s'y glisse, mais assez grande pour bien faire geler la nuit. En attente de son exécution, le chroniqueur y effectue un séjour avec pension complète. Pension qui inclue rats, cancrelats, air climatisé et flotte à volonté, si on lèche les murs suintants évidemment.

C'est la nuit. Et le prisonnier va assister à quelque chose.

Deux yeux rouges se profilent dans les ténèbres. Puis, une haute silhouette sort de sous les buissons. Halewyn qui vient de sortir. Silencieux, les bras croisés, il toise Xoramen, toute la jalousie du monde dans les yeux gris, avec une lueur sanglante de victoire.

Je peux vous ramener à votre suite prêtresse?

Vous m'espionnez, Prince Halewyn ?

Elle sourit, dans l'ombre de son sari, et pousse l'audace à s'incliner respectueusement.

Vous avez su par les ragots qui se répandent plus rapidement que l'odeur du poissons pas frais j'présume? Passez devant, je ne sais pas ou se trouve les quartiers de votre suite.

Il se tasse un peu, pour laisser la prêtresse passer à ses côtés sans lui toucher. Les prunelles grises sont accusatrices et plus féroces que l'expression de roc de son visage. Il est horriblement jaloux ca se voit comme le nez au milieu de sa figure.

Ragots ? Non, pas du tout. Quels ragots ?

Xoramen rigole et fait quelques pas, puis elle se retourne d'un bloc, réduisant considérablement l'espace entre lui et elle. Elle lève la tête vers Halewyn, trop petite pour lui faire face autrement.

- Aucun ragot, mais ton frère te cherche depuis quelques jours et il harcèle toute la noblesse. Mais maintenant qu'il t'as trouvé lui aussi, ça devrait cesser, murmure-t-elle, le ton aussi doux que son sari de satin

baisse la tête pour la regarder dans les yeux. De fort mauvaise humeur. Il exhale le danger encore plus que l'autre nuit. C'est... Intimidant.

Tu t'en plains pas... Tu as l'air d'aimer ca te faire harceler. Jouer l'innocente prêtresse. Fais moi rire. A en juger, l'innocence tu ne l'a jamais eu. Tu le veux lui aussi? T'en a fallu combien? T'en faudra combien d'autre?

Xoramen soutient son regard, le graphite pétille. Il est jaloux. Horriblement jaloux. Provocante, elle s'approche d'avantage.

- Personne ne harcèle une prêtresse, même pas lui. C'était la première conversation que j'avais avec lui.

Elle découvre sa tête, laissant glisser le satin contre le satin. Elle le fixe, sourire à peine dessiné sur les lèvres, sourire qui laisse place à une moue boudeuse.

- Je l'étais, avant que tu viennes ramper dans mon marécage. Tu m'as apprit beaucoup trop de choses pour que je restes innocente bien longtemps.

Non, Xoramen n'a rien d'innocent. Elle baisse les yeux pour la première fois, pas longtemps, juste le temps d'aplanir un faux plis sur la chemise d'Halewyn, avant de le regarder à nouveau

Il prends la main, doucement. Mais elle sent la poigne du Phoenix sous jacente. Menace... Il fait jour et ils ne sont relativement pas seuls. Et il n'est pas prêt à se dévoiler.

Bon, ma faute encore... Ca va être quoi le prochain truc? La destruction du monde? J'suis pas dans ton sari, assume tes actes. J't'ai appris à chasser, pas à baiser.

Il fronce dangereusement les sourcils.

Qui a mis ses sales pattes sur toi?

Personne n'a mis ses sales pattes sur moi. Sauf lui, dit-elle en le pointant.

Quand elle le pointe, il tourne la tête derrière lui. Manifestement, il ne se souvient pas de la rencontre Xo Phoenix.

Ahahah... J'ai failli rire.

Il la prend par le bras, se penche vers elle.

Tu es toute à moi ou pas du tout. Je n'accepte pas le partage.

Moment de flottement... Ou la lueur rouge envahi toute les prunelles. Elle peut sentir la tension dans le corp de Hale. Il lutte encore une fois. Il la relâche sec. Il devient glacial, désespéré et glacial, c'est possible?

Ta pas réalisé encore ce que ca représente j'crois. Je vais te ramener dans tes quartiers. On devrait se dépêcher avant qu'ils ne s'inquiète.

Ils ne s'inquièteront pas, Akilah saura les faire patienter, murmure-t-elle. Et je n'ai pas l'intention de me partager encore.

Un mince sourire éclaire la sale gueule de l'assassin. Il ferme les yeux à demi. Ecoute attentivement un moment.

La prenant et la soulevant comme un fétu de paille, il la traine dans les buissons, l'adosse contre un vénérable eucalyptus. S'empare de ses lèvres avec insistance. Les mains effleurent son cou, ses cheveux.

Ne me trahis jamais Xorramen. Jamais...

Dit il entre deux baisers. Dans sa tête, une tornade, il ne pense plus, seulement attiré par sa parcelle d'humanité qui a une forme de liane.

Sa prise sur Halewyn se fait plus acharnée. Pourquoi elle le trahirait ? Elle n'agira toujours que pour lui. Elle l'avait décidé depuis longtemps.

- Alors ne laisse rien, ni personne, ni quoique ce soit prendre ta place, Halewyn, souffle-t-elle en trouvant finalement une parcelle de peau dénudée.

[size=12]Dans les buissons... relativement à l'abrit des regards indiscrets. Les gestes de l'homme ne sont pas délicats ni hésitants ce coup ci. Ils sont plus brusques, limite violent. Comme s'il voulait s'assurer qu'elle est bien là, que rien ne fut que rêve. Impatience, urgence.

Si quelqu'un les prenait sur le fait, il y aurait un scandale. Mais il s'en fiche. Il a tout du prédateur qui fond sur sa proie. La crainte de la première fois est envolée, il ne lui a pas fait de mal.

Un bruit de tissus malmené, puis le sari tombe par terre. il mange alors le repas qui est offert, mais d'une tout autre facon. Irraisonnable c'est sûr, mais en ce moment précis, il se fout de tout ce qui est extérieur.

Quand il a assouvi leur passion à tout deux, il coince la prêtresse entre l'écorce odorante et lui, il marque une pause, le temps qu'ils reprennent leur souffle. Puis doucement, à regret, l'urgence de la situation étant passée, il se retire et remballe son attirail.

Se penchant, il ramasse le sari et l'ouvre pour qu'elle puisse s'y draper.

Et le prisonnier a tout vu... MAis qui s'occupe du témoignage d'un condamné à mort?

Samuelle ricana de bon coeur, ses yeux d'or étincelant de gaieté.

Un prince? Oulala, si ça se savait...

Elle fit un effort pour ne pas oublier ça... « Oui prince… Prince? Évidemment prince… À vot’service, p-r-i-n-c-e… » Samuelle rompit le charme, détaillant du bout des doigts la pierre inerte. Ça avait donc vraiment été sa destiné de tomber dans les pattes d'une Xoramen... Pas étonnant, ils étaient si bien assortis...

La sorcière posa la pierre, en prit une autre...

Une caverne ancienne. Couverts de symboles étranges gravées dans la pierre brute. En tant que chroniqueuse, Muelle y trouve une foule d'information. Ah! Enfin quelque chose de plus consistant à se mettre sous la dent.

Des informations perdues dans les méandres du temps et une histoire personnelle de Phoenix Noir.

Selon ce qui y est écrit, les cycles de Phoenixs se font tout les 500 ans. des flammes de l'ancien nait un nouveau, avec sa personnalité propre, ses compétences propres et la mémoire de tout ceux qui l'ont précédés. Parfois noirs, parfois d'un blanc pur, parfois de pures flammes étincelantes.

Les cycles sont vitaux pour les Phoenixs. Ca leur permet de ne pas perdre leur objectifs de vue, de rester stable dans leurs fonctions.

Protecteurs d'une cité au nom effacé, Le phoenix finit par disjoncter. Selon els écrits, c'est un jeune mortel ambitieux qui trahis sa confiance. Le mortel s'appropria le savoir et mouru.

Phoenix Disjoncta. Au cycle suivant, il refusa de laisser aller les choses, mangea le Phoenix du cycle suivant. Ce cannibalisme lui conféra sa couleur noire.

Il fit sombrer dans les flots déchaînés de l'océan la cité que son espèce avauit juré de protéger. Ca lui donna un immense pouvoir et conforta sa soif de chaos. La liste des atrocité qu'il a commises est écrite avec patience et minutie. Jusqu'à la date où la pierre a été prise, bien avant l'Egypte...

Il fut maitrisé et emprisonné dans cette caverne grâce ;a un rituel particulier. Mais il n'est pas décrit. Ou il l'a été, masi le mur s'est effrité, ne laissant comme bas relief que deux ailes et une lance stylisée.

Un souvenir lui revient en mémoire... Une scène qu'elle a vu par une des premières portes. Une scène si intense que la signification lui a échappée, pourtant, le souvenir s'est dévoilé en plein milieu du corridor. Théodore et Xoramen l'ont vu.

Un paysage Tout ce qu'il y a de plus corse, maquis, pâturages escarpé où paissent queleques vaches. Un petit garcon trop sérieux pour son âge, aux plaies et bosses nombreuses. Dont l'hématome violacé qui lui rehausse l'oeil. Un oeil d'un saphir vengeur.

Derrière lui, la maison familiale séculaire. Devant lui, les quelques maigres vaches. Un ou deux chevaux aussi, mais les chevaux sont occupés à labourer les champs.

Sa mère se profile derrière lui. Un beau visage, sérieux et sombre comme seule les femmes corses ont. Un visage fier. Un corp sec et endurcit.

Placidu!

Appelle t'elle, lui fourrant sans douceur et sans brusquerie non plus, un quignon de pain et une gourde dans les mains.

Va mener les moutons au pré sud.

Les grands yeux bleus rencontrent le noir de sa mère.

Et, s'il te plait, pas de bêtise surtout. Ton... père ne le permettra pas.

Pourquoi Muelle peut elle avoir l'impression que le père en question n'est pas le vrai père? La réponse viendra plus tard. Voilà donc un petit garcon venant dans un camaïeux de bleus et de jaunes, qui descend au pré, avec un chien de berger de race indéterminée et une vingtaine de moutons.

Sur son passage, les autres éloignent leur bêtes et font le signe du mauvais oeil.
Levant le menton fièrement, le gosse fait mine de ne rien voir. Ruminant sa rancoeur, il monte sa garde vigilante.

Mais un truc imprévu se passe... C'est d'abord un mouton de Chipolata qui tombe, suivit d'une bête de carlito. En 5 minutes, sous les yeux effarés et effrayés des autres bergers. Le petit garcon aussi est effrayé . Du haut de ses 5 ans, il ne comprends pas d'autre chose qu'il va manger une sacré rince quand il va rentrer. Il s'arc boute contre une brebie morte et essaie de la relever, quand une pierre le heurte durement à l'épaule.

Une véritable petite foule se masse, le traite de démon. puis commence à le lapider. Mais, avec toute l'agilité de ses 5 ans, il fuit. Fuit vers le seul endroit où, malgré
tout, il se sent en sécurité. Sa mère le protègera.

******

Halewyn Placidu!...

Clame sa mère, en faisant le signe du mauvais oeil, repoussant son gamin. Incompréhension et déception totale. Il n'a rien fait. Il el jure. Mais il faut avouer que même au berceau, des trucs étranges se passent avec ce gamin. Et les Sampiero sont des gens pieux. Pensant que Halewyn était possédé, ils l'ont fait baptiser, bénir une fois semaine, exorciser... Mais la perte de tout les moutons du village en une seule traite... C'est trop.

Et la madre, effrayée par un petit bout sombre à la peau talée de bleux, de violet et de jaunes, fait la seule chose sensée qui lui vient à l'esprit. Prends une lourde poêle en fonte et en menace l'enfant.

Halewyn en ressent une tristesse extrême. Il s'approche d'elle, les bras ouvert.

Maman j'ai rien fait.

De derrière lui, la porte de la maison, une maison en pierre et au toit de chaume, avec l'étable juste à côté. S'ouvre sur un colosse. Un paysan immense aux cheveux Noirs comme la nuit et aux prunelles encore plus noires encore. Du point de vue du gosse, celui qui vient d'arriver est encore plus grand et baraqué que Dario.

Note pour Muelle. Est ce que deux personnes aux yeux et aux cheveux noirs peuvent engendrer un gosse auburn aux yeux bleus?

Quoi qu'il en soit, il tient une faucille à la main et contemple le rejeton d'un oeil noir. Vengeur. Manifestement, la nouvelle lui est parvenue assez vite.

Hors de ma maison sale démon! Je vais t'en chasser moi. PAR LE DIEU TOUT PUISSANT, TU SERA PURIFIÉ PAR LES FLAMMES!

Halewyn n'a que le temps de se jeter sous la table, ramper à toute vitesse, gagner du temps, le temps que le padre prend pour se remettre d'une chaise dans l'abdomen. Il est paysan lui, pas guerrier. Pour s'éclipser. Le maquis se referme sur lui.

******

Combien de temps à t'il fuit? Il ne le sait pas, un lever et un coucher de soleil sans aucun doute, sûrement plus. Un garcon sale, émacié, aux vêtements en lambeaux. Un garcon aux prunelles désespérées. Il a faim, il a soif, il a froid et il a peur. Et fatigué.

Mais pourtant, il s'enfuit. Comme si on pouvait fuir sur l'ile Corse.

Une dénivellation du terrain caché par la végétation lui fait perdre pied. Dans un entrelac de branches cassées, de cailloux sadiques et de terre huileuse, il tombe, déboule jusqu'à un trou, une cuvette naturelle.

Une autre pierre se trouve la, mais le temps et un glissement de terrain l'a faite rouler un peu plus loin. On peut y voir un oiseau noir à moitié effacé dessus. Mais ce n,est qu'un souvenir, la pierre ne parle pas à Muelle... Faudrait lui demander de vive voix.

Bref... En roulant, la pierre a libéré un cadavre. Ca fait manifestement un bail qu'il est là. Les vers et autres insectes s'en donnent à coeur joie, finissant de nettoyer les os. Et Halewyn arrive face à face avec le crâne. Loin de crier et de s'enfuir comme n'importe qui d'autre l'aurait fait, il contemple les orbites vides avec curiosité.

Bonjour, comment t'appelle tu?

Demande mentalement le squelette d'une voix abyssale.

Pla... Halewyn.

Répond le gosse d'une voix prudente.

Ca na pas l'air d'aller mon grand, tu me raconte?

Avec la candeur propre des enfants, celui ci s'exécute. Moment de silence du squelette.

T'a besoin d'aide je crois.

...

Laisse moi t'aider jeune homme. Seul, tu t'en sortira aps. Je connais des trucs.

Tu va vouloir me tuer aussi?

Non, jamais...

Le gosse prend une lame noire, une fine lame élégante à l'acier noir. Puis, il commence à farfouiller dans le squelette.

Que fais tu?

Demande Phoenix, vaguement inquiet.

Je sais pas, j'essaie de te sortir de là. Sinon tu ne serait pas cloué au sol dans la forêt non? Je crois que j'ai trouvé.

Il sort ce qui fut le bout d'une lance... Retrouvant instantanément sa liberté, Phoenix fonce sur le garcon, profitant de l'ouverture et de la malléabilité de cet esprit encore jeune.

Le saphir vire au gris.

Nous sommes un.

En route jeune homme. Plein nord.

Samuelle couru d’un bout à l’autre des champs de pierre, revenant à son point d’origine. Elle ramassa une pierre et y introduit ses souvenirs fragmentaires. C’est seulement une fois sa tâche exécutée qu’elle se permit une réaction. La métisse s’effondra par terre en riant, à bout de souffle : « Un berger, Placidu? Par les juges!!! » Si Samuelle avait été d’une nature un peu plus perfide, elle se serait moquée.

Elle fit pensivement sauter la pierre dans sa main…

Il ne manquait qu’une pierre à l’édifice… Elle chercha encore.

Le poing de la métisse se referma sur la pierre.

Alors? InnerZar… C’était… Un ange déchus?

Ses jointures blanchirent et ses muscles tremblèrent. Au-delà de tout ce qui répugnait Samuelle, il y avait les avatars. Parasites sous-jacents. Caché derrière, en background, volant le plein contrôle, la vie de leur colocataire. Comme si un mensonge prenait chair… Et pour quelqu’un qui tenait tant à la vie, même chez cette talentueuse menteuse, ça, c’était trop.

Elle avait haie phœnix de toute son âme. Elle avait haie InnerZar également, sans vraiment comprendre sa répulsion. Ce n’était pas sa faute, il était malade. Elle se maudit de n’avoir rien soupçonné.

Dans un rare excès de colère, Samuelle fracassa la pierre sur le sol. Avec la seule force de son bras? Oh oui, elle en était capable. N’était-elle pas capable de tout?

Un parc public… un genre de jardin japonais touristique. Jardin botanique de Mtl. C’est achalandé mais on ne se marche pas sur les pieds. Samuelle attire Elthiriel sous une arche de pierre. Elle pose la main d’un côté et décrit un large demi-cercle sur tout son pourtour. « Les trucs les plus évidents sont les mieux cachés. » La sombre sente s’ouvre et mène tout droit aux jardins de pierre.

Des milliers de cailloux d’un horizon à l’autre, partout… « Bienvenu dans la salle des archives Daee… » Samuelle s’accroupie et trace de savant calcul dans le sable devant ses pieds. « Ça se jardine et se calcule… Je crois qu’on cherche une archive antropomorphique… » Elle releva la tête, pointa une direction. « Je sais ce qu’on cherche, mais j’ignore quel nom ça porte… Quand on saura le nom, j’irai trouver quelqu’un qui peut intercéder en notre faveur… »

Et de longue heure passe dans le silence des jardins de pierre, Samuelle soulevant une à une les pierres pour les lires. Cherchant dans la collection l’information qu’il lui manque… « Si j’avais su plus tôt, on aurait pu deviner quelle pierre a été déplacé… Ça aurait été plus facile… » Systématiquement la métisse progresse dans l’amoncellement… « Si ses intentions était mauvaise… Et on sait qu’elles le sont… Il aura caché ce que je cherche tout au centre du tas et à la base… Mais comme il sait que je sais, il peut tout aussi bien avoir posé la pierre en périphérie pour que je la néglige en allant au cœur… Le plus sur est… » Elle s’interrompit, faisant sauter une pierre dans sa main. « La voilà… » fit-elle en lui tendant la pierre.

Posée dans la paume d’Elthiriel, Samuelle l’effleure d’un doigt caramel, lui livrant son témoignage…

Les mangecoeurs naissent un jour de l’infini tristesse d’un être abandonné. Dans le cœur de l’infortuné se développe la larve de la plus belle et la plus funeste de toutes les fées. La larve se transforme inlassablement et à l’issue de sa mortelle mutation, elle cherchera, juste avant l’aube, à prendre son essor. Alors la victime souffrira et mourra. La source de ce mal est bien au-delà de ce monde. La seule façon de secourir le condamné est de savoir traverser les frontières du royaume fabuleux et d’y quérir une autre fée. Ces fées sont sensibles et très jalouses des couleurs de leur semblables. Alors si la larve sent la présence d’une adulte de sa race, plus mûre, elle n’osera pas éclore. Elle s’étiolera…


« Quand ton père a-t-il été terrassé? Combien de temps reste-t-il? »

Elle suit, humant de tout son nez, goûtant l'air avec sa langue, notant tout de tout ses yeux.

Un jardin de pierres. Ecoute avidement tout ce que Muelle dit. N'ayant qu'un unique commentaire.

Je comprend maintenant pourquoi tu as été si furax qu'il classe tes livres par ordre.

Elle assimile ce que la chroniqueuse dit. Ca sera intéressant pour Les Phoenixs futurs.


Les mangecoeurs naissent un jour de l’infini tristesse d’un être abandonné. Dans le cœur de l’infortuné se développe la larve de la plus belle et la plus funeste de toutes les fées. La larve se transforme inlassablement et à l’issue de sa mortelle mutation, elle cherchera, juste avant l’aube, à prendre son essor. Alors la victime souffrira et mourra. La source de ce mal est bien au-delà de ce monde. La seule façon de secourir le condamné est de savoir traverser les frontières du royaume fabuleux et d’y quérir une autre fée. Ces fées sont sensibles et très jalouses des couleurs de leur semblables. Alors si la larve sent la présence d’une adulte de sa race, plus mûre, elle n’osera pas éclore. Elle s’étiolera…

Elle comprend.

L'utilité de la Lance et du foulard... Non mais quelle conne j'ai été!

Et laisse tomber subitement la pierre au sol. Umbre, derrière un rideau, à des milliers de kilomètres de là, l'informe de l'heure. Elle se sent atrocement coupable. Si elle n'avait pas fricoté avec Darrin, ca n'aurait jamais marché. Si elle avait laissé sortir Xoramen, Halewyn ne serait jamais tombé malade... Tout se met en place.

Se le permettre, elle en pleurerait. Se contente de la regarder, l'écarlate dilaté dans l'or fondu.

Quand ton père a-t-il été terrassé? Combien de temps reste-t-il?

Vers minuit. Il est 4 heures à Londres. On fait quoi?

« On bouge! » Elle la saisi par le bras et l’entraine vers la sortie. « J’vais pas laisser quelqu’un d’autre tuer ton père! Ça m’est réservé! »

!