La Frontière

On lui a expliqué... Pour faire de lui un Veilleur, il a fallu lui dire où elle se trouvait. La Frontière... Cette célèbre frontière entre les mondes... Là où se cachait son cadeau pour Léandre... Son présent d'excuse... Là où sa fille elle-même était née. Il sait où elle se trouve, sait à quoi elle sert, sait où elle mène, sait comment y accéder. On lui en a trop dit... On le connaît bien mal. Non seulement César est-il d'une curiosité dangereuse pour sa propre personne mais est-il également complètement fou... Sous la pluie, dans un imperméable jaune canari, O'connor fouille les feuilles mortes, les branchages, cherche la stèle qu'il n'avait encore jamais vue. Les torrents de pluie du moment avaient fait tomber de la verdure sur la pierre et elle était encore mieux cachée que d'habitude...

C'était l'après-midi. Il faisait très clair, mais l'orage grondait, la pluie battait, c'était un temps à ne pas laisser un chien dehors. Les cheveux trempés, les bottes pleines d'eau, il finit par poser les doigts sur la surface dure sous la pourriture végétale. C'est gluant, mais il sent qu'il a enfin mis le doigt sur quelque chose. Arrachant ce qui reste de camouflage, il sourit, satisfait de sa trouvaille... Il examine, réfléchit... Trois grosses fissures dans la pierre... Samuelle a fait sortir Hemingway par là... et y a donné naissance à Léandre... Paul était allé également... On lui avait raconté tout ça. Les Veilleurs étaient là pour empêcher que ça soit fait... Mais César avait été un "employé" modèle depuis 5 ans... Il était temps de gaffer...

La logique des choses voulait qu'il la fissure à son tour pour y entrer... Il s'attèle à la tâche... Recherchant une pierre d'une taille respectable, il ratisse les lieux. Passe le sol terreux au peigne fin, autour des arbres, sous les racines... Il retourne la terre quelques fois, puis, près de la stèle elle-même, il déniche son joyau. Une pierre... une grosse pierre qu'il doit prendre à deux mains pour la soulever du sol... Elle brille, elle est mouillée, sale... Il prends un soin méticuleux à la nettoyer, retire la terre, l'herbe, les feuilles, le sable... Il pense. Il réfléchit. Il sait bien qu'il ne devrait pas faire ça, il est Veilleur... Il a été nommé ainsi par Paul et Garland. Il doit surveiller la frontière, cette Frontière ci, éviter que qui que ce soit y entre... Et c'est lui qui désobéira... Samuelle l'avait fait souvent... Deux fois... Paul aussi... et il s'en était bien sorti...

Cesar allait refaire pour la quatrième fois ce qui avait été fait déjà trois fois auparavant. Un sourire aux lèvres, il lève la pierre ronde au dessus de lui, regardant sur le sol la plaque de pierre qui gît, l'air tellement banale... Elle n'a l'air que d'une stèle écroulée, brisée... inutile... Il prends son souffle, rassemble ses forces... et fracasse avec toute la puissance qu'il possède, la pierre sur la Frontière... Un craquement minéral, un cliquetis de cailloux qui éclatent, la grosse roche rebondissant, atterrissant sur les chevilles de l'ex-journaliste, il pousse un juron à mi-voix... observe les alentours... Puis admire le résultat... Du vide... Une bouffée de chaleur en émane. Cesar fronce les sourcils. Tous ses principes prennent la porte, il bat des ailes doucement, s'attendant à avoir une chute à ralentir quand il y aura mis les pieds, il repousse un peu la pierre, l'ayant fracassée assez monumentalement, il regarde le ciel noir de nuages, les arbres... Il ne pense pas au retour...

Ne pense qu'à retrouver ce que sa fille avait perdu... Il se glisse dans la grande fissure, battant des ailes doucement pour ne pas tomber... Mais il est franchement désorienté une fois de l'autre côté... Remontant ses lunettes dans ses cheveux trempés, il se retrouve assis sur le sol, de l'autre côté, en imper jaunes, bottes d'eau noires à semelles oranges, les plumes de ses grandes ailes blanches trempées, il dégouline partout... Il fait chaud... Il a le coeur qui s'emballe en remarquant qu'il n'est pas dans le même sens qu'en descendant dans la fissure... On crève. Il fait une chaleur insupportable et l'air lui décape la gorge. Il y a du vent. Le vent est tout aussi bouillant que le reste. Il sent des yeux posés sur lui qui l'observent... Nerveux, il préfère éviter de leur porter attention. Il sait où il se trouve...

C'est l'Enfer... Ce n'est ni une expression, ni une manière de parler. C'est l'endroit précis où se nichent les démons, les sous-sols du monde réel. Rien à voir avec le monde des morts. C'est l'inverse du Paradis. Il fait sombre malgré le ciel clair, orangé, brillant... Le vent souffle avec une force incroyable et la cendre vole. Il se sent seul mais à la fois, il a l'impression d'être au milieu d'une foule... C'est ravagé, il y a toujours le bois, la forêt... Mais les arbres sont brûlés, noirs, ses cheveux sont en bataille, il met ses lunettes pour y voir quelque chose, distinguer malgré la poussière. L'odeur de chair, de sang, de corps calciné viens le prendre par les entrailles et lui tordre les boyaux...

Il a mal au coeur. Ne s'imaginait jamais à quel point ça pouvait être terrible... Et il y avait des créatures qui vivaient dans un endroit pareil ? Il avait l'impression d'être sur une autre planète... Jamais même dans ses psychoses les plus terrifiantes il n'avait même imaginé un endroit pareil... Mais Cesar avait un but, il ne pouvait pas retourner sur ses pas... C'est la raison pour laquelle il s'avance. À grands pas, il foule la terre sèche, la cendre du sol qui s'élève avec le vent... Dans les plumes de ses ailes se prends du sable et divers éléments. Il se sent tout sauf le bienvenu, ce n'est pas l'endroit pour des vacances de plaisance... N'entre pas qui veux en Enfer dit-on... Cesar l'a voulu, il y est entré... Mais n'a pas prévu de sortie... n'a planifié que de retrouver le chat... Enfin... Hemingway... Qui n'est pas réellement un chat... Il ne serait pas là s'il avait cru à une blague.

Les principes de Cesar ont brûlé à son entrée... Il avait la ferme intention de ne jamais se lier ni avec l'Enfer, et encore moins le Paradis... Mais ne dit-on pas qu'en tant que parent, on est capable des pires conneries pour notre progéniture ? O'connor en est présentement la preuve... Ce n'est pas un coup de tête, ni un accident. Il y pense depuis plusieurs jours... Se renseigne subtilement sur l'endroit exact où se trouvait la Frontière ainsi que de ce qui s'y trouvait. Pour la deuxième question, il n'a jamais obtenu de réponse claire... Maintenant il savait ce qu'il y avait de l'autre côté. En y repensant, il aurait peut-être préféré ne jamais savoir... Tant pis, au point où il en était, mieux valait avancer sans rien dire.

Au loin, il remarque quelque chose qui ressemble à une ville... Enfin, ça pourrait ressembler à une ville, mais c'est tellement tordu... déformé, comme si il regardait à travers le fond d'une bouteille. Il meurs de chaud... Sans s'en rendre compte, son imperméable jaune est délaissé alors qu'il continue de regarder le décor flou s'éclaircir, pas à pas, il sent sous ses pieds un vrombissement. L'angoisse de la solitude le tenaille... Il a l'habitude de se sentir observé malgré le fait qu'il n'y ai personne aux alentours... C'est un point de moins. Des gargouillis, des grognements et des hurlements inhumains le tiennent en alerte. Il marche rapidement, sans jamais s'arrêter pour regarder autour de lui. Il ne sait pas où il va et encore moins s'il en reviendra.

À force de réfléchir, Lawrence et Aurèle lui viennent à l'esprit... Quel égoïste il était. Et comment le temps passait-il de l'autre côté ? Il n'espérait à présent qu'une seule chose, que personne ne remarque la quatrième fissure... Il devait revenir avant le tour de garde de Paul... Soudain, il réalise que l'ambiance de solitude s'atténue... Il se sent prisonnier d'une immense foule... Mais il n'y a personne... personne de visible autour de lui. Il frisonne malgré la chaleur... Toujours ses bottes aux pieds, elles semblent s'être un peu amollies... Il ne sait pas depuis combien de temps il marche, mais la ville qui finalement, n'est pas une ville mais plutôt une grande quantité de très gros arbres qui entourent les restes d'un château se dresse autour de lui, des troncs noirs et noueux, poussiéreux, de la pierre effritée, du verre brisé... Les arbres se meuvent doucement, la poussière leur collant dessus...Cesar ne se rend pas vraiment compte que ça bouge...

Il est concentré... Il réfléchit. L'enfer est divisé par cercles... Par "niveaux"... Le plafond... Le ciel, ne semble pas l'endroit où se trouve la suite... Il s'arrête... Cesse tout mouvement et réfléchit, ouvrant du même coup sa chemise parce qu'il commence sérieusement à suffoquer. Repliant les manches au dessus de ses coudes, il retire aussi sa ceinture et la laisse tomber au sol, la boucle de métal qui chauffait de plus en plus lui brûlait le ventre... Passant un bras mouillé sur son front trempé, il passe le regard sur les ruines... Il ne sait pas de quoi il s'agit, ça ne peux pas être Poudlard... Les arbres autour lui rappellent la forêt où il se trouvait plus tôt... Peut-être est-ce le même endroit... mais une version "parallèle"...? S'aventurant dans les ruines, il pose enfin les yeux sur ce qui semble être un trou... Une fissure... Une longue fissure recouverte de plantes noires et de cendres... Chassant le tout du bout du pied, il ignore les gargouillis qui se sont rapprochés... Tente de son mieux de faire abstraction des grognements et des battements d'ailes, des bruits de claquement de mâchoires, de crocs baveux...

Il finit par chasser assez de poussière pour qu'on lui permette de passer... Un petit espace dégagé dans la longue fissure qui parcours toute la surface des ruines du château, il se glisse dans celui-ci, fermant les yeux pour ne pas voir ce qui le suivait... Il ne veut pas voir... ne veut pas savoir... Dans un battement d'ailes, il se défait de l'étreinte de diverses plantes qui le retenaient... Le sol de l'étage du dessus se trouve à être le ciel, le "plafond" du niveau inférieur... Pourquoi savait-il qu'il devait aller par là ? Il ne le savait pas... Avait simplement retenu, cette fois là... qu'Hemingway était un "Démon du troisième cercle des Enfers"... Troisième cercle, devait impliquer troisième étage... Et cela signifiait donc qu'il devait trouver le moyen de passer encore une fois dans une autre fissure, une autre crevasse...

Pour l'instant, Cesar plisse les yeux derrière ses lunettes... Observant les lieux avant de donner un grand battement d'ailes, il remarque qu'il y a un nombre incalculable de créatures coincées dans les "filets" d'où il viens de se déprendre... En fait, sont-elles réellement coincées ?... Il n'en sait rien et n'a pas envie de leur demander. Il entends des sons... Il sent plus de monde présents dans les environs... Pas seulement des présences fugitives... Il y a du monde... Un brouillard bouillant et épais flotte partout ici... L'ambiance est colorée... orangée, jaune, chaude. Il entends des bruits de geysers. Des jets d'eau bouillante qui sortent de terre dans un PSSSH... puissant. Ses ailes sont humides et c'est la première fois qu'il a à s'en servir... Cherchant le sol, il ne vole pas... Mais chute calmement, planant comme une feuille sur l'air, il a du mal avec toute cette humidité... Son dos le fait souffrir, la chaleur l'étouffe, respirant difficilement, il commence à remarquer la population du sol... C'est toujours aussi venteux...

La poussière mélangée à l'air rend l'ambiance lourde et sale. On dirait un peu une salle des bains... De monstrueuses créatures le dévisagent, l'évitent ou le cognent à coups d'épaules... Toutes sortes de monstres divers, passant de la limace visqueuse et déformée qui lui passe entre les jambes, jusqu'à l'immense troll aux ailes de cuir qui mange un peu tout ce qui passe sur son chemin... Cesar s'arrange pour ne pas faire partie de ceux là... Déviant sa route pour éviter le Troll, il marche sur quelque chose qui craque... et qui hurle... Relevant le pied brusquement, il reste purement silencieux, se fiant sur la vapeur épaisse pour camoufler son crime, il remarque qu'il viens d'écraser une sorte de cafard énorme qui doucement, reprends sa forme... et le dévisage longuement avec ses grands yeux de crapaud... Plusieurs créatures s'arrêtent, sans jamais s'adresser à lui... Ni lui porter d'autre attention que pour lui faire comprendre de se taire... et surtout, qu'il n'a rien à faire ici...

[...]

[...Suite...]



Sans savoir comment il arrivera à trouver la prochaine entrée vers le "troisième niveau", il marche... observant la faune locale... C'est angoissant de se rendre compte qu'on est le seul être "normal" dans cet endroit. Le coeur dans la gorge, il remarque également qu'il y a toujours des arbres, mais qu'ils sont courts, coupés ou brûlés. Des buissons, de l'herbe brûlée sur le sol, il n'a pas encore croisé d'étendue d'eau, ni de geyser... Il ne cherche pas à en trouver un d'ailleurs... Il a de plus en plus chaud, il a même l'impression de maigrir à vue d'oeil. Il a soif et à des bleus partout à force de percuter les créatures qu'il croise dans la vapeur sans vraiment les voir... Puis au bout d'il ne sait trop combien de temps, mais longtemps... trop longtemps, il finit par émerger... sortir du nuage de vapeur... Opaque et arrêté comme si un mur de verre empêchait la fumée d'aller plus loin, il se retrouve le bout des pieds dans le vide... À peine un mètre et il tombait dans un gouffre immense... Il a l'impression que ce trou n'a pas de fond... Cherchant un point de repère du regard, il lève la tête et observe longuement, l'esprit embué, il essaie de réfléchir...

Il a si chaud, il se sent si seul et tellement dépaysé qu'il a du mal à mettre ses idées en place. Le gouffre est profond, mais pas bien large... De l'autre côté de celui-ci, il voit au loin une sorte de village... flou, cette fois ça a vraiment l'air d'un village... Des flammes le lèchent... Mais ce qui l'intéresse réellement, c'est le gouffre... Un pas et il pourrait le franchir... mais il s'agenouille pour y jeter un oeil... La chaleur y est encore plus intense. Presque invivable. Mais elle est sèche... Tant pis... Jusqu'à maintenant, personne ne semble s'être trop soucié de lui alors il continue sa route... Sans se rendre compte de la quantité d'yeux qui sont fixés sur lui, il les ignore tout autant que les créatures de l'étage d'en haut qui se pourléchaient en le regardant... Se glissant doucement dans la fissure, il ignore quelle longueur elle peut avoir... Mais y entre quand même... Dans un battement d'aile humide, il sursaute... La gravité le ramène dans l'autre sens et il a l'impression que son coeur s'arrête... S'accrochant au bord de la fissure d'où il vient de sortir, il a la ferme impression qu'il est attiré vers celle-ci pour y retourner...

Les yeux ronds comme des assiettes, une bourrasque de vent puissante vient lui arracher ses lunettes qui glissent sur la pierre du sol où il est accroché... Tout est retourné... À l'envers. Le sol d'où il est sorti, est également le sol ici... Et comme il a glissé vers le bas précédemment, c'est comme s'il remontait du sol ici aussi, il doit donc se hisser sur le bord de la crevasse pour se stabiliser... Ce qu'il observait depuis "les bains", c'était le ciel de l'étage d'en dessous... Pris d'une nausée soudaine, l'ex journaliste se sent terriblement malade... Tous ces changements de direction, de sens... Il vomit... Deux fois avant de reprendre ses esprits... Il cherche ses lunettes un moment, mais le vent les a repoussées dans la fissure. Le vent est encore plus puissant que sur les étages précédents... Il arrive pourtant à garder les yeux ouverts. La poussière et la cendre sont noirs de jais. L'air est presque irrespirable, le ciel est blanc. Un blanc brûlant mélangé à des nuages... ou une trainée qui ressemble à du sang dans l'eau d'un rouge orangé aveuglant...

Le sol est noir également, des membres divers en émergeant, des bras, des doigts, des jambes, des pieds, des pattes... Il n'y a pas que des membres humains. Marchant parmi tout cela, il n'arrive pas à déterminer le paysage... Tout est flou et il ne sait pas si c'est parce qu'il ne porte pas ses lunettes. La chaleur n'est plus seulement bouillante, ni intense, elle est cuisante, tout simplement. Sa chemise ouverte, autrefois blanche, maintenant noire et mouillée, ses ailes noircies, sombres, sa peau tâchée, humide, son jeans et ses bottes presque fondues sur ses pieds, il détache le bouton brûlant de son jeans, laissant une cloque sur son ventre à l'endroit ou était collé le petit bouton de métal. Les yeux petits et plissés, il prends une profonde inspiration, se demandant comment il a pu se rendre jusque là par lui-même... Il a l'impression d'être là depuis des jours. Le temps est long... terriblement long. Mais comment vraiment savoir ? Le paysage est désert... blanc intense teinté de rouge et de noir. Le sol ressemble à un champ cultivé de membres humains. Parfois il voit des créatures, des ombres fugitives du coin de l'oeil... Des silhouettes d'arbres au loin, qui lui semblent inaccessibles tant elles sont loin... Il frissonne. Cherche du regard quelque chose... Ou quelqu'un à qui il pourrait s'adresser...

Des visages dans le sable noir du sol... Il évite de les regarder... Évite de poser les yeux sur ces regards vides, ces traits déformés par des horreurs qu'ils ont pu voir ou la détresse. Il ne se sent pas capable de les regarder... Puis se profile plus loin quelqu'un qui semble écrire. Compter... Cesar s'en approche doucement... Faisant sursauter du coup l'étrange être... Un démon sans doute... Un animal ? Il a l'air d'un chat... C'est un chat. Un chat qui agit et qui se promène comme le ferait un humain... Une espèce de... Bug Bunny... félin. Il lève les yeux du pad sur lequel il griffonnait pour poser les yeux sur Cesar, l'air étonné... O'connor quant à lui observe la créature mi homme mi chat avec une aversion visible...

- Qu'est-c'que vous faites là vous en un seul morceau ?
- ...Excusez moi ?
- Ici c'est le champ des âmes damnées. Vous êtes là pour ... C'est quoi ça ? Des ailes ?
- ...Euh, je, oui.
- Vous arrivez d'où comme ça ? Du deuxième ?
- Oui, et je cherche... quelqu'un.
- Écoutez-moi mon vieux, je suis désolé de vous décevoir mais vous allez devoir y retourner. Si vous n'êtes pas ici en mille morceaux, je ne peux pas vous aider. Retournez au deuxième si c'est de là que vous arrivez.
- Non, vous écoutez moi, lance O'connor en fronçant les sourcils, l'anthropomorphe ouvre de grands yeux jaunes, surpris de se faire répondre de la sorte, il serre ses doigts couverts de fourrures sur son pad noir en ce qui semble être du marbre noir..., je cherche Ernest Hemingway, il s'agit d'un démon du troisième cercle et je DOIS impérativement le voir. C'est compris ? Alors vous allez me dire où il est avant que je ne... Sans continuer sa phrase, il s'interrompt, désemparé. Manifestement, il est épuisé, nauséeux, effrayé, nerveux et il a tellement chaud qu'il pourrait en mourir... Silencieux, il ne finit pas ce qu'il disait, faisant très mal semblant de laisser cette créature infecte et féline déduire de la suite...
- Que vous ne quoi ?... Ne paniquez pas, tout d'abord, comment avez-vous fait pour vous rendre jusqu'ici ?
- ...J'ai passé la frontière...
- ...Passé la... Vous êtes un humain !?
- En effet oui...
- Et vous AUSSI vous voulez voir Hemingway ?! Ma parole c'est maladif ! À peine revenu il est déjà réclamé, vous êtes tous imbuvables... Damnés humains..., grogne le félin en se débarrassant d'une main fermement accrochée à sa cheville... Cesar chasse à son tour des ongles qui tentaient de s'accrocher à ses bottes quand le chat fait quelques pas dans la poussière, restez là. Je vais essayer de le trouver... Faites attention aux visages... Ils mordent et hurlent quand on leur marche dessus.

...Et il s'éloigne à grands pas, visiblement outré... On ne le demande jamais lui... Peut-être est-il jaloux. Autour, il remarque entre les silhouettes des arbres lointains, des villes, des villages, des bâtiments... Le tout très flou... Des créatures monstrueuses passent en planant au dessus d'eux, échappant dans les champs du sang, divers déchets et des corps complets qui sont dévorés en peu de temps... Cesar se sent à nouveau malade... Mais on lui a dit de ne pas bouger... debout, les ailes écartées pour éviter à ses pauvres plumes d'être maltraitées par les membres au sol, il attends... longtemps... très longtemps...

Le démon qui se présente devant lui n’a rien de félin, rien de reconnaissable. Ernest Hemingway n’a jamais été un chat. Le troisième cercle des enfers enclos moins d’espace mais plus de souffrance. C’est de là qu’est venu le démon compagnon. C’est là qu’il a été rejeté lorsque Jinx lui a arraché les pierres de sa médaille.

Les pierres personnelles d’un Daee sont les plus puissantes. Paul et Samuelle avaient tous deux dédié leur première pierre au démon. Une pierre percée en son centre, une pierre qui révèle et protège, un sauf conduit pour vivre parmi les hommes, sur terre.

« César-Le-Papa » salua le démon en un mot. Puis vint le reproche : « Tu as fracassé la pierre qui scelle la frontière. » Suivit d’un avertissement. Un avertissement sans doute trop tardif : « Il y a une différence entre connaître le chemin et arpenter le chemin, César-Le-Papa… »

- César-Le-Papa.

Dans un sursaut, il constate...

...Ce n'est définitivement pas un chat. Il savait qu'il avait bien fait d'y croire. En silence, il hoche la tête, détaillant le démon...

- Tu as fracassé la pierre qui scelle la frontière. Il y a une différence entre connaître le chemin et arpenter le chemin, César-Le-Papa…
- Je ne suis pas venu jusqu'ici pour me faire donner une leçon de morale.

Répond t-il d'un ton assez sec.

- Vous êtes Ernest Hemingway, c'est bien ça ?

Demande t-il sans attendre de réponse. Pour l'appeler Cesar-Le-Papa, il n'y avait pas d'erreur sur la personne.

- Si j'ai pris la peine de désobéir à ce point, de risquer mon logis et peut-être l'entière confiance de Paul et Garland pour moi, c'est pour Léandre.

Continue l'ex-journaliste sur un ton lourd, manifestement épuisé... On a l'impression qu'il fond sur place...

- Ma fille à besoin de vous. Je suis venu pour... Pour vous ramener...

...Ça sonne presque ridicule venant de sa bouche. Comment pourrait-il le ramener ?... Il savait que les premières pierres de Paul et Samuelle avaient été créées dans ce but... Il n'était pas un Daee. Il ne pouvait pas créer ce genre de chose. Mais il se devait d'essayer, il n'avait pas plongé au coeur de l'Enfer même et pris le risque de se glisser jusqu'au Troisième Cercle pour s'en retourner sans résultat. À bout de souffle, O'connor se fait vieux, et tout ça n'a rien d'une excursion de plaisance...

- Je sais, ça a l'air purement égoïste, mais croyez moi, ce n'est pas pour mal faire ou "l'acheter"... J'ai eu un étrange pressentiment dernièrement... Une sorte d'oppression, d'angoisse... De douleur profonde qui m'a fait penser qu'elle aurait présentement besoin de vous... Alors me voilà...

Ajoute t-il en cherchant à justifier sa venue... Cesar se justifiait tout le temps... Un peu comme un besoin rassurant... Comme s'il enveloppait ses demandes d'informations pour être certain qu'il ne manque rien ou qu'on le prenne au sérieux... Une habitude qu'on prends rapidement quand personne ne nous a jamais vraiment cru sur parole.

« J’ai été Ernest Hemingway. » fit le démon. « J’ai été le compagnon de Paul pendant 30ans, puis celui de Samuelle pendant 20ans, et finalement le protecteur de Léandre pendant 11ans. » Il énonçait les fait, comme un curriculum vitae. « Mais les démons ne sont pas supposés ressentir des émotions liées aux humains. J’ai fait plus que mon temps parmi vous… » Il n’était pas supposé… mais on ne passe pas 60ans parmi les hommes sans prendre certains de leur travers.

« Votre âme est innocente… Je déteste annoncer de mauvaise nouvelle aux innocents. » fit le démon. Qui eut cru un démon capable d’une telle nuance ? De la compassion ? « La mort s’est incarnée en Léandre. Elle est morte comme l’avait prédit la prophétie. Vous n’êtes pas libre de me ramener. »

- Mais les démons ne sont pas supposés ressentir des émotions liées aux humains. J’ai fait plus que mon temps parmi vous…
- Vous êtes un démon ! Vous en avez à revendre du temps ! Vous n'étiez pas heureux auprès des Daee ? Ne me faites pas croire que vous ne voudriez pas y retourner ! J'ai des enfants qui ...qui je suis certain, apprécieraient eux aussi votre présence..., explique t-il en croisant les bras, boudeur. Depuis quand O'connor prenait-il "non" pour une réponse ?
- Votre âme est innocente… Je déteste annoncer de mauvaise nouvelle aux innocents.

...C'était quoi ça ? Cesar se renfrogne. Il a beau être tout innocent et naïf, en ce moment il a une idée en tête et il faudra bien plus qu'un "non c'est assez." pour lui faire lâcher prise.

- La mort s’est incarnée en Léandre. Elle est morte comme l’avait prédit la prophétie. Vous n’êtes pas libre de me ramener.
- ...Morte !?

S'exclame t-il, la mâchoire soudainement toute molle... Incapable d'un mot de plus, il recule d'un pas, déséquilibré par la nouvelle, il réfléchit à toute vitesse... Mais tout est flou, sombre, mélangé. Il reste silencieux un long moment, essayant de gérer avec le terme... Était-elle comme sa mère au point d'elle aussi tricher sur ce point là ? Pour l'instant, il ne pense qu'a Léandre... et qu'elle est "morte"... Il n'y comprends rien... De quelle prophétie parle t-il ?

- Quelle prophétie ?! Comment ça ma fille est morte ??

Bafouille t-il, incapable de demander autre chose... Faire revenir Hemingway pour une défunte n'avait soudainement qu'un intérêt très secondaire...Samuelle était-elle au courant ? Aux dernières nouvelles, Paul lui, n'en savait rien... Il semblait impossible qu'il le lui cache si c'était vraiment le cas... confus, les yeux dans l'eau, et pas seulement les yeux à voir la transparence de sa chemise blanche, il est tremblant... et fait presque deux fois son âge tant il a l'air fragile mais ses yeux reflètent une naïveté enfantine... Une inquiétude juvénile qui espère qu'on lui a fait une mauvaise blague.

Le démon claqua des doigts et aussitôt César se trouva soulagé, l’atmosphère autour de lui tempérée. « La libre citoyenneté de Grolheim est accordée aux veilleurs de la garde d’honneur ».

« L’oracle l’avait prédit. La mort s’incarne parfois. La mort s’incarnera lorsqu’un membre de la garde d’honneur trahira son serment pour s’allier à un démon auquel il ouvrira les portes du monde. » Il n’y avait que 3 fissures sur la pierre de seuil. Paul était ce membre. Il s’est lié à Ernest Hemingway et lui a dédié une pierre pour le ramener chez les vivants, fracassant la pierre de seuil. « Un démon a un droit de séjour limité sur le monde. Paul Daee était mon chroniqueur. »

« Les archives Daee mentionnaient la prophétie. Ils savaient qu’elle prenait forme et ils ont cru qu’il s’agissait de Samuelle. Elle est une cadette, la plus précieuse, celle à qui ont a tout appris… Mais elle était hors de contrôle et Paul a volé son âme dès l’âge de 4ans en la liant à un tabou de la destruction : le Windigo. Ils ont voulu la freiner, l’empêcher de devenir une adulte, mais Pierre Daee en a fait la gardienne de leurs secrets. Et c’est ce qui a rendu son sacrifice inévitable. Mais ils se sont trompés. C’était Léandre. »

Léandre avait été sa maîtresse. Une enfant cajoleuse… Telle que Samuelle mais avec seulement ses bons côtés. Le démon avait prit plaisir à veiller sur elle nuit et jour. « Léandre aurait pu incarner la vie. Elle avait ce qu’il fallait. Mais quelqu’un a changé son destin… » Et Ernest Hemingway savait parfaitement qui.

- L’oracle l’avait prédit. La mort s’incarne parfois. La mort s’incarnera lorsqu’un membre de la garde d’honneur trahira son serment pour s’allier à un démon auquel il ouvrira les portes du monde.

...S'incarne ?... La mort s'incarne dans la mort ? C'est bien ça qu'il a compris ?... Silencieux, il écoute la suite. Samuelle aurait du être la Mort... Mais elle a triché... Comme d'habitude... Et c'est Léandre qui en écopait ?...

- Léandre aurait pu incarner la vie. Elle avait ce qu’il fallait. Mais quelqu’un a changé son destin…
- ...Mais si elle incarne la mort... Pourquoi... Pourquoi vous dites qu'elle est morte ...? Pour incarner quelque chose qui n'existe pas physiquement, il faut soit-même exister sur ce même point, si Léandre était morte, elle ne pourrait pas incarner sur le plan matériel quelque chose d'abstrait, non ?...

Cesar ne saisit pas... Ne comprends pas... Il ne sait pas ce que ça représente d'incarner la Mort... Que Léandre soit la Mort est un principe tellement insaisissable pour quelqu'un d'aussi innocent que lui...

- ...Alors elle... Est morte mais comme sa mère, elle y a survécu ? Elle a survécu à la mort pour la devenir ?...

Demande t-il en ne réalisant peut-être pas pleinement la situation... hasardant une théorie qu'il considère proche de l'impossible... Se disant qu'on ne peut pas incarner la mort sans avoir mis les pieds dedans... Avoir tué quelqu'un ou être mort soi-même... Il a complètement éliminé le fait que Léandre ai pu tuer quelqu'un... et encore plus loin de lui l'idée qu'elle ai fait les deux.,,

Celui-là… Si le démon avait encore été un chat, il aurait certainement étiré les moustaches… Fallait se mettre à son niveau : « Le souvenir qu’a gardé l’humanité de la dernière mort incarnée s’appelait la Grande Faucheuse… Robe noire, capuche violette et une faux… » C’était assez clair ? « Ce qu’était Léandre avant de mourir est terminé. Ce quelle est maintenant, la mort en fait partie… Ce qu’elle sera, l’avenir nous le dira… » Et le démon eut un maigre sourire… « Samuelle n’a pas survécus. »

L’autre démon s’immisça dans la conversation. « Elle a fait bien pire que ça… Et comme si ça ne suffisait pas, elle donné la vie… »

« Toute chose a son contraire : la destruction et la création, la mort et la vie. »

- Le souvenir qu’a gardé l’humanité de la dernière mort incarnée s’appelait la Grande Faucheuse… Robe noire, capuche violette et une faux…

...Il ne pouvait faire autrement que d'avoir l'impression d'être pris ou un imbécile.

- Ce qu’était Léandre avant de mourir est terminé. Ce quelle est maintenant, la mort en fait partie… Ce qu’elle sera, l’avenir nous le dira… Samuelle n’a pas survécu.
- Samuelle a triché, comme toujours, dit-il en haussant les épaules. Si ça ne triche pas, ce n'est pas Muelle.
- Elle a fait bien pire que ça… Et comme si ça ne suffisait pas, elle donné la vie…
- Toute chose a son contraire : la destruction et la création, la mort et la vie.
- ...En attendant, Léandre pourrait peut-être redevenir ce qu'elle était avant de devenir la Mort si vous vouliez bien revenir. Je ne suis pas venu jusqu'ici pour me faire dire non. Répond l'ex-journaliste en croisant les bras. Je n'ai pas eu l'occasion de prendre soin d'elle... Mais peut-être que ça me donnera l'occasion de le faire en vous faisant revenir... Vous avez un temps limité par personne qui vous ouvre la porte sinon vous n'auriez certainement pas pu venir pour Paul, puis ensuite pour Samuelle et rester pour Léandre. Si c'est moi qui vous fait remonter, peut-être que vous aurez un laps de temps renouvelé ?

Explique t-il en espérant... L'espoir fait vivre à ce qu'on dit... Et Cesar vit de ces espoirs enfantins depuis toujours... Il ne fait pas de cas des contraires de la Mort et de la Destruction... Parce qu'il ne s'imagine pas que tout ça puisse naître au coeur d'une même famille. Il garde les bras croisés, il a bien l'intention de ne pas repartir les mains vides.

« Léandre a déjà endossé son rôle… » Elle aurait pu simplement mourir, mais Morayeel en a décidé autrement.

Et il est impossible de savoir ce que le démon en pensait… En particulier parce que l’autre démon s’interpose. « Un démon a un droit de séjour limité sur le monde. C’est l’ordre des choses… Il arrivait déjà à son terme lorsque Paul Daee lui a donné le sauf conduit. Il avait retrouvé sa place lorsque Samuelle Daee est revenue le chercher. Ça suffit! » Et d’en arrière, le démon qui avait été un chat se permit un dernier commentaire : « Je ne suis pas libre de vous suivre… Il faut une pierre Daee… »

- Un démon a un droit de séjour limité sur le monde. C’est l’ordre des choses… Il arrivait déjà à son terme lorsque Paul Daee lui a donné le sauf conduit. Il avait retrouvé sa place lorsque Samuelle Daee est revenue le chercher. Ça suffit !
- Vous pourriez vous mêler de vos affaires ?

Lance Cesar sur un ton qui ne lui ressemble pas.

- L'ordre des choses n'a jamais été fait pour être respecté à la lettre. Il y a toujours des exceptions à la règle !
- Je ne suis pas libre de vous suivre… Il faut une pierre Daee…
- Il n'y a pas d'autre moyen ?

Demande t-il, sachant bien sûr qu'il ne peut pas en créer lui-même...

- Il doit bien y avoir une autre façon de vous ramener. Tous les humains qui ont fait monter un démon à la surface n'ont pas la possibilité de créer des pierres.

Continue t-il en posant les mains sur ses hanches...

Les démons ne sont pas réceptif aux émotions humaines… Pas celle-là, elle n’est pas de celle qui lui servent… Le démon rabroué réagit agressivement, allongeant ses griffes de façon alarmante, montrant les dents.

La libre citoyenneté est accordée aux membres de l’ordre, mais il ne faudrait pas exagérer, les chicanes de voisin existe également en enfer.

- Des démons mineurs… Du premier cercle… Je suis un démon du troisième cycle, je ne suis pas un arpenteur de monde…

Parce qu’il existe différente classe de démon aux différentes fonctions… Et parlant de fonction, le démon gardien brandit une pique ressemblant à un tisonnier, le faisant reculer, comme déterminé à le refouler jusqu’en haut comme le mauvais plaisantin qu’il est.

- Au revoir César-Le-Papa…

Il n’avait pas souhaité Adieu. Il pouvait y avoir 2 significations à cela : il comptait le revoir… Dans une situation ou une autre… Perspective peu rassurante… Il avait quand même fracassé la pierre de seuil…

...Un mouvement de recul. Cesar fait un pas en arrière. Il n'a pas vraiment peur, mais c'est plutôt angoissant comme vision... De savoir qu'un démon du troisième cercle en a après vous parce que vous avez été vulgaire avec lui est loin d'être rassurant.

- Des démons mineurs… Du premier cercle… Je suis un démon du troisième cycle, je ne suis pas un arpenteur de monde…
- Pourtant vous y êtes resté pendant 60 ans... Et vous y étiez déjà avant... Pendant plus de 60 ans également... Vous êtes resté 120 ans là-haut pour venir essayer de me faire croire que vous n'êtes pas un arpenteur de monde ? Tss...

Le tisonnier agité dans sa direction le fait reculer... Cesar est fou et impulsif mais il a compris qu'il ne vaut mieux pas continuer à chercher des noises aux démons du troisième sous-sol.

- Au revoir César-Le-Papa…

...L'autre démon n'a pas l'intention de laisser repartir Le-papa sans lui avoir laissé un mauvais souvenir de sa visite. Comme s'il voulait le dissuader de revenir, le félin s'avance, menaçant, laissant tomber l'arme parce que Cesar met du temps à trouver la crevasse...On se passe des détails, mais une fois que O'connor a finalement passé au deuxième, toujours aussi confus mais en plus, égratigné, blessé au visage, aux bras, les ailes un peu échevelées et noircies, les yeux ronds comme des assiettes, il remonte de la crevasse, reprenant ses esprits, échappant à une patte griffue qui tenait à faire de lui des confettis, il reprends un peu son souffle, réalisant que la chaleur se rabat à nouveau sur lui avec violence...

Il fait terriblement chaud. Une vraie fournaise. Il se demande même comment il arrive à survivre à ça. Le souffle court, il agite doucement ses ailes, les plumes humides, noires flottent dans l'air bouillant avec chaque battement... Pour la première fois, il quitte volontairement le sol... Des essais plutôt fructueux pendant ses rondes lui ont permis de comprendre le concept. Il ne sait pas encore se diriger parfaitement, mais il doit s'en aller vers la crevasse du plafond... Il se dépêche, de peur que le chat le suive, il réalise un peu trop tard que c'est déjà fait... Il est plus massif que les autres démons du deuxième cercle, il n'avait pas remarqué... Dans une grimace anxieuse, Cesar file entre les filets végétaux du plafond pour retourner, malgré le vent, sur le premier cycle... Il ne perds pas de temps et se rend à la fissure au vol...

Une vraie tornade de poussière... Il dégringole hors de la fissure et se retrouve, fumant, sous la pluie et l'orage qui ne semble pas s'être calmé depuis qu'il est entré... Il tousse, crache une quantité impressionnante de poussière et de cendres... Les poumons encrassés, il est noir de suie, épuisé et trempé... La pluie froide sur sa peau bouillante laisse échapper de la vapeur... Comme quand on met un poêlon brûlant sous l'eau du robinet... Ses blessures sont profondes... Des griffures de chat, minces mais terriblement douloureuses. De délicates ouvertures sur le visage, faites par les griffes d'un félin de taille surhumaine... Il ne réfléchit pas vraiment... Pense aux mots de Hemingway précédemment, simplement content de s'en être sorti vivant, il n'aurait pas cru se retrouver dans une si mauvaise posture... Il aurait cru que ça aurait été plus facile... Enfin, peut-être pas facile... disons plutôt, il aurait cru qu'Ernest aurait bien voulu remonter de son plein gré...

Fermant les yeux, laissant l'eau froide et sauvage nettoyer ses plaies, il ignore combien de temps il a été parti... Il ne pense pas à la réaction de Garland et Paul quand il rentrera... il pense plutôt au concept de la Destruction et de la Mort... Sa fille et Samuelle sont mortes... Elles sont mortes mais elles ont triché... l'une en est revenue, l'autre l'est devenue... Chacune à son contraire... La Vie et La Création...

Un flash...

...C'est peut-être fou... Mais Lawrence et Aurele... Après avoir été drainés de leur magie par Samuelle seraient-ils devenus les contraires dont Hemingway avait fait allusion ?... C'était difficile à croire... Peu plausible... Il devrait en parler à Paul à son retour... Après tout, peut-être n'étaient-ils pas les Cracmols que Cesar s'imaginait... Boitant péniblement dans la boue et la pluie, le tonnerre lui vrillant les oreilles, il reviens lentement vers le repaire... Après avoir partiellement refermé la fissure en remettant les morceaux de la stèle en place... C'est très sommaire, mais ça donne l'impression qu'il y a eu un effort... Il est trop épuisé pour paniquer ou réagir avec excitation ou tout autre action qui demande un effort...Il n'a pas fière allure Le Papa...

Quelques heures plus tard…

Paul se dirigea droit vers le pierre de seuil. De la vapeur s’échappait par les fissures, l’eau de pluie s’infiltrant… Le métisse déblaya les feuilles, l’humus et examina les morceaux de pierre. « Bon sang César, ce n’était pas nécessaire d’en faire des gravats! Une simple fracture suffisait! » geignit le vieux.

Il saisit deux pièces anguleuse et les emboîta. Posant la main sur la jonction, il sutura les pierres. Première manifestation de la magie de Paul sous les yeux de César. Ça, c’était très différent d’imprégner des souvenirs dans des cailloux… C’était changer la structure moléculaire d’un matériaux!

« Aidez-moi à refaire le puzzle! Nous devons arranger ça avant que Garland ne passe! »




« Magiiiiiie! » Et avec enthousiasme, Aurèle s'accroupit aux côtés de Paul pour l'aider...

...Le calme légendaire de Paul a été ébranlé par l'annonce de la Mort de Léandre... Évidement... Cesar suit le vieil homme, l'aide à habiller les enfants, se remet en état un minimum pour ne pas alerter Garland si jamais ils le croisent... Sur le chemin de la frontière, l'explication sur Léandre lui donne l'impression qu'elle... est peut-être elle aussi un Démon... Il y réfléchit jusqu'à ce qu'ils soient sur les lieux de la stèle... La vapeur s'élève des fissures... L'Enfer doit être un peu humide en ce moment...

- Bon sang César, ce n’était pas nécessaire d’en faire des gravats ! Une simple fracture suffisait !
- Désolé...

Souffle t-il en se mettant au travail avec Paul, essayant de son mieux d'aider, il remarque du coin de l'oeil le travail de soudure de Paul... C'était la première fois qu'il le voyait faire ça. Il essaie de ne pas y porter trop d'intérêt parce qu'ils sont pressés...

- Aidez-moi à refaire le puzzle ! Nous devons arranger ça avant que Garland ne passe !
- Magiiiiiie!



Lawrence imite sa sœur, se rangeant du côté de Cesar qui, le long du chemin pour se rendre à la frontière le tenait dans ses bras... Le petit garçon, pendant que son père tente désespérément de placer les morceaux au bon endroit comme on le ferait d'un casse-tête, remarque les gestes de Paul... Les petits doigts caramel se glissent sur la pierre, sur les fissures déjà réparées par son vieil oncle... Passant les doigts sur les chemins de pierre fondue, étirée pour cacher les trous, Lawrence continue vers les morceaux replacés par son père qui ne sont pas encore soudés en place...

À mesure que les doigts courent sur le vide entre les morceaux, les espaces se bouchent... Se bouchent sans s'étirer... Se remplissent comme s'il y faisait couler du ciment... Une pâle lueur, un flux, comme une petite rivière presque translucide s'étend entre les doigts de Lawrence et ceux d'Aurèle qui travaillent face à face, chacun de leur côté de la stèle...

- Magie !

Lance t-il en répétant les mots de sa jumelle, un large sourire en tranche de courge comme savent si bien le faire sa mère et sa grande soeur...

Paul suspendit ses gestes.

« César! » fit-il d’une voix sourde, les yeux braqués sur les jumeaux.

La magie des Daees à l’œuvre. Pas besoin de baguette… Seulement de la force d’âme…

Un brillant sourire profondément heureux s’élargit sur les lèvres du vieil homme. Le malheur qu’il avait craint ne serait pas. Les jumeaux possédaient une magie qui leur était propre, qui les liait. Visiblement, le pouvoir venait d’Aurèle et Laurence le modelait… « C’est bien, c’est très bien les enfants! »

Paul tendit la main et testa les sutures de Lawrence, trempant le bout d’un doigt dans la magie d’Aurèle. Vivement, il ramena sa main à lui comme s’il s’était brûlé. C’est frais, mouvant, et ça tache! Paul frotta ses doigts ensemble éprouvant la viscosité, étendant par mégarde la magie qui s’épreigne rapidement dans sa peau. Il sentit ses forces se régénérer. « N’y touchez pas César, je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée tout compte fait… »

Rapidement avec l’aide des enfants, le seuil de pierre est remplacé, scellé. Les mottes de mousse, les feuilles sont artistiquement étalées. Et Paul repousse tout le monde vers la tanière, loin du lieu du crime. « Si garland demande ce qui vous est arrivé… Vous n’aurez qu’a dire qu’une bête vous a attaqué… »

- César !

Le papa lève les yeux de son travail pour remarquer ce qui se passe... Ce qui se produit tient du miracle. Bien qu'il n'aurait pas été en colère que ses enfants ne soient pas capable d'utiliser une baguette, ni même déçu, il n'en est pas moins très heureux de voir le phénomène se produire au bout des doigts de ses enfants. Alors que Paul encourage les jumeaux et qu'il porte les doigts au mince ruisseau qui coule entre eux deux... Cesar le regarde faire, continuant, l'air absent, beaucoup plus concentré sur ce qui se passe qu'autre chose...

- N’y touchez pas César, je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée tout compte fait…
- Je n'en avait pas l'intention.

Dit -il avec un sourire contenté... Manifestement très très content de les voir faire... Le travail continue et Cesar, fier de ses petits sorciers, pose un baiser sur le front trempé de son fils et prends Aurèle dans ses bras, la soulevant de terre dans l'intention de la porter jusqu'au repaire, ce qu'il ne manque pas de faire quand Paul les pousse à y retourner.

- Si Garland demande ce qui vous est arrivé… Vous n’aurez qu’a dire qu’une bête vous a attaqué…
- Évidement.

Réponds le Papa avec un sourire. Lawrence qui regarde ses mains avec un intérêt profond, tourne la tête vers son vieil oncle.

- ...Oncle Paul ? Was it Magie ?

Demande t-il l'air profondément heureux... Ce qu'il espérait se réaliserait-il enfin ?

« Certainement my petit boy! » acquiesça-t-il avec un grand sourire. « But I’m pas certain what kind of magie c’était… » Paul tendit les bras pour prendre Lawrence… On peut dire que Paul Daee n’allait vraiment bien que lorsqu’il avait un enfant à porté de main. « This was’nt civilisée magie. You don’t need baguette. Comment it was? You use la magie of your soeur? »



« Qu’est-ce que vous faites ici? » Fit Garland avec étonnement en se détachant de la lisière des bois. « Avec les enfants? Il tombe des cordes… Et dans quel état il est lui? »

- Certainement my petit boy !
- Youppi !! Aurèle ! We can do Magie we aussi ! Lance t-il, claironnant.
- But I’m pas certain what kind of magie c’était…

Sans aucune résistance quelle qu'elle soit, le petit garçon est soulevé du sol et s'accroche aux épaules de son oncle avec le coeur en fête.

- This was’nt civilisée magie. You don’t need baguette. Comment it was ? You use la magie of your soeur ?
- Well j'ai juste wished to faire comme toi et-
- Qu’est-ce que vous faites ici ?

Lawrence tourne vivement la tête vers la silhouette du Faune qui se profile dans les bois... Cesar fait de même, faisant son possible pour ne pas laisser transparaître la peur qui viens de lui faire presque sauter le coeur...

- Avec les enfants ? Il tombe des cordes… Et dans quel état il est lui ?
- Oh, comme je n'arrivais pas, Paul a décidé de venir voir ce qui se passait avec les enfants. Je me suis fait attaquer par un chat sauvage.

Explique t-il en frottant d'un doigt absent une égratignure au niveau de son cou... Une grimace de douleur s'emparant de ses traits. En espérant que les enfants ne réclament pas la vérité... Lawrence, les sourcils froncés essaie de comprendre pourquoi papa viens de raconter quelque chose qui n'est pas arrivé...

- Mais j’vais pas faire ca, t’es cinglée !!
- Fais-le !
- J’sais pas comment !
- T’es un cadet !
- J’suis ni un cadet ni un aîné ! Je suis le puiné ! Notre cadet est mort ! C’est la seule raison pour laquelle je suis devenu cadet ! Ça ne fait même pas 1 ans que j’ai le pouvoir !

Elle inclina la tête légèrement, pensivement? La rivière de ses cheveux noir coula sur son épaule avec un bruissement soyeux.

- T’es bien certain que c’est l’attitude que tu veux adopter avec moi?
- Muelle, me fais pas ça!

La sorcière agrippa brutalement l’adolescent par les épaules…

- Ils perdront sa trace!
- Ils ne perdront pas que la sienne! J’vais me perdre avec elle!

Samuelle le projeta par terre sans relâcher sa prise…

- T’as juré de la protéger!
- Comment tu sais ça?
- Peu importe, ouvre la sente! Ouvre la sente sous ses pieds! Tu connais bien manhatan, use de tes connaissances et tout va bien se passer…
- Tout le monde va le voir! Le bureau des renseignements scrute sans arrêt les décombres de la ville…
- Tout ce qu’ils verront, c’est qu’une sente a été ouverte… Et Léandre pourrait très bien l’avoir ouverte elle-même… Personne ne saura que c’est toi… Fais-le!

Gus posa une main sur le sol… Les cadets ont le pouvoir d’ouvrir les sentes. Ils n’ont toutefois pas l’habileté de les créer… Gus empoigna l’herbe, enfonçant ses doigts dans l’humus de la forêt. Il avait été satisfait de son sort, ni un cadet ni un aîné, on attendait peu de sa part… Son statut avait changé lorsque Émile avait été assassiné. Il se concentra, faisant fléchir la réalité sous sa volonté. Adam n’était pas un mauvais aîné, mais Gus n’avait jamais voulu être exceptionnel… D’une torsion de poignet, il ouvrit la sente…

--> Ce genre de vertige n’a pas d’égal…



Léandre et ses proches surgirent de l’autre côté de la sente, à l’horizontal, l’impulsion de leur chute les faisant glisser sur l’herbe mouillée.

Il y eut un « ARGL!! » suivit d’un « MAMAN! GUS! » retentissant, puis d’un « QU’EST-CE QUI S’EST PASSÉ? C’ÉTAIT UNE SENTE, N’EST-CE PAS? » Samuelle cueillit le chat avant de répondre à sa fille. « Nous sommes sur la frontière… Tu auras besoin d’Hemingway… Et voici ton membre de l’ordre. » Léandre eut l’air ahurie… « LE CHAT? » Gus s’employa à relever tout le monde, prenant même la peine d’aider Edith à enlever toute l’herbe qui s’était emmêlée à ses cheveux. « Non… Ton père… César… Paul s’est assuré qu’il fasse partie de la vieille garde d’honneur… » « ET QUI VA FRACASSER LA PIERRE? »

Gus geignit et s’avança. « Je suppose que ça va être moi… Au point où j’en suis… »

Gus se rapprocha de la pierre de garde… Une pierre massive. « La taille ça n’a rien à voir… » rétorqua l’adolescent au grand black. « Faut connaître les faiblesses de la pierre… Et ça, c’est un sujet que je connais. Toi, non… » Gus ramassa une pierre grosse comme son poing et s’accroupit dans l’herbe humide. « Je ne le ferai pas parce que Samuelle le veut, Léandre. Mais je vais le faire pour toi… Tu dis quand. »

« Un instant Gus… » Samuelle serre le chat contre elle, lui grattant les oreilles avec application. Elle ne se contente pas de le porter, elle lui impose possessivement un rapport de force. L’instant d’avant elle lui avait sourit en réponse à son ronronnement. « Darrin… Qu’est-ce que tu fais à rôder autour de ma fille et ses amis? » Parce que s’il était là, c’est qu’il avait basculé dans la sente. « Et présente-moi donc une fois pour toute ta grande amie… » Ses yeux d’or étaient fixés sur la sœur de Morayeel. Samuelle incarnait la peur, elle savait reconnaître le danger… Il y avait bien assez de conte de fée qui relatait les conséquences des bénédictions. On sait ce qui est advenue de la belle au bois dormant.

« C’ÉTAIT UNE SENTE. UN CHEMIN PEU FRÉQUENTÉ. » Inutile d’expliquer pourquoi… C’était de la magie sauvage. Basique et pure. De la vieille vieille magie de Daee… Gus n’aurait pas du savoir les ouvrirs… Mais Gus n’avait pas toujours été un cadet. L'adolescent avait perdu son air maladroit et naif... « Et tu n'as pas besoin d'en savoir d'avantage, gros malin... » Pour Morayeel il avait également gagné en sérieux... Comme si tout les sous-entendus qu'il avait dit jadis à la blague prenait un tout nouveau poids... Gus était un Daee, lui aussi.

L’enfer est différent pour chacun de nous… L’enfer était la terre natale de Léandre… Parce qu’il existe 3 royaumes : l’un ici parmi les hommes, l’autre magique, et le dernier en enfer, ceinturé par le styx… Au troisième cercle, elle retrouverait Ernest Hemingway. Le problème était de lui transmettre un sauf conduit qui lui permettrait de remonter avec elle. Les personnelles d’un Daee sont les plus puissantes. Paul et Samuelle avaient tous deux dédié leur première pierre au démon. Une pierre percée en son centre, une pierre qui révèle et protège, un sauf conduit pour vivre parmi les hommes, sur terre. « C’EST LA FRONTIÈRE… AU-DELÀ, C’EST L’ENFER. ET LÀ BAS, IL Y A MON CHAT… »

C’est Gus qui répondit à Saturnin : « Ernest Hemingway est poète qui vécu du début du siècle jusqu’en 1961. C’était aussi un démon. Son oncle, Paul, qui était également un membre de la vieille garde d’honneur qui surveille la frontière, était son chroniqueur. Mais il a déchu en se dévoilant au démon qu’il admirait… Tout le monde admirait Hemingway… Et quand le démon lui a expliqué que son séjour parmi les humains tirait à sa fin, Paul lui a transmit une pierre de pouvoir qui lui a permit de rester dans notre montre sous la forme d’un chat… Elle aussi, d’ailleurs… » fit-il en désignant Samuelle de la main. « J’étais jeune et innocente… » expliqua la métisse sans la moindre crédibilité. « Pierre l’a renvoyé en enfer pour s’approprier sa médaille et la pierre pour pouvoir capturer et tuer Samuelle… » « Et ça n’a pas marché… » commenta la métisse.

Samuelle posa Curry par terre et lui attacha un collier autour du cou auquel était suspendu une pierre percée d’un trou en son centre. « Alors, on y va? »