Badger's Café

- Mio...

Quoi ? Il avait dit qu'il ferait son possible, non ? C'était pas assez ?

- Écoute...On peux rester ensemble mais tu n'as pas vraiment plus de temps pour moi que j'en ai pour toi, tu le sais ça hein?...

Oui, il se doutait bien qu'avec les tournages, les premières, etc...

- J'veux dire...On pourrait appeler ça une relation ouverte? J'suis sûre que tu serais plus à l'aise avec ça.

Relation ouverte ? Plus à l'aise avec une relation ouverte ? Quelle genre d'ouverture, hein !?

- Se voir de temps en temps, comme les couples normaux... Mais quand on est pas tous les deux, c'est comme si rien était ?

Normaux ? Jamais ça ne pourrait être normal. Comme si de rien n'était ? Rien quoi ? Bordel, qu'est-ce qu'elle voulait dire par là ? Faire comme si rien n'était ? En plus de 12 ans, il n'avait jamais été capable de faire comme si rien n'était ! Et là il devrait essayer ? ARGH !

- Ça t'arrangerais avec ta petite peste de Elz, avoue.

Miozan dévisage Dery, l'air sérieux. Visiblement, ça ne lui plaît pas. Il secoue la tête.

- Je vois pas ce que tu veux dire. Elz s'arrange très bien toute seule. C'était vrai. C'est lui qui s'arrangeait moins bien tout seul, ce qui ne voulait pas dire qu'il ne s'arrangeait pas tout seul au final. Écoutes, Dery... t'es bien, mais ça va être vraiment trop compliqué, tsé, le Grand Plan. Je sais que t'as ton métier et que t'auras en fait pas plus de temps que moi, mais... e fait qu'on vive de pas grand chose, mes soeurs et moi, toi, t'as ta vie de star, devant le monde entier, moi, faut que j'reste caché, le moins visible possible, tu comprends, Dery ? mais faire comme si rien n'était... ... j'suis pas certain d'être capable... Ok, moi j'décroche... j'abandonne, il est trop con... *claque la porte*

- Si tu le dis... Je disait ça pour que justement, on puisse vivre ça loin des caméras. Ça t'aurais évité les représailles.

Il lui sourit. Comme s'il pouvait avoir peur de quoique ce soit d'autres que d'Elz. Les seules représailles qu'il pouvait craindre, c'était celles d'Elz si elle voyait un quelconque inconvénient à voir réapparaître Dery dans le décor. Miozan pensait en couleurs et en images. Les colères d'Elz étaient toujours noires et blanches, noires comme l'orage, blanc comme les éclairs. Il se moquait bien de possibles représailles hors Elz.

- Je t'aime.

Il se fige. C'est presque imperceptible, visible seulement parce qu'il est d'une immobilité absolue. Même son regard délavé ne cille pas, il ne cligne pas des yeux, il fixe Dery. D'ailleurs, il n'entend pas non plus la suite. Il sait qu'elle parle, mais il n'entend pas. Il n'entend que le sifflement du vent dans ses oreilles. C'est le bruit de sa chute, qui s'éternise depuis quelque temps. Elz s'enfonce de plus en plus dans la noire magie et elle entraîne Akilah et Miozan avec elle. Miozan sait que rien ne le retiendra... enfin, que rien ne le retenait. Si sa chute ne s'arrête pas, il a soudainement l'impression qu'il vient de trouver quelques prise auxquelles se retenir. Dery...

Il cligne soudainement des yeux et regarde autour, comme s'il devait soudainement reprendre contact avec la réalité.

- Quoi ?

Il le dévisage comme si elle avait dit quelque chose de terrible. L'air grave, il semble chercher un moment.

- J'veux dire...

Il ne sait pas ce qu'il veut dire. Il ne sait même pas ce qu'il veut. Mais il sait une chose, maintenant... en fait, il le savait déjà, mais il ne le constate que maintenant. Quel gâchis...

Il soupire et secoue la tête. Tant pis.

Un mouvement sans délicatesse, sans être violent tout de même, il la saisit par une épaule et l'attire à lui. Une fois dans ses bras, il la dévisage une seconde ou deux avant de l'embrasser doucement. Vraiment doucement, comme s'il devait se remémorer le b.a.ba de la chose.

- ...Tu as toujours l'intention de disparaître pour encore une dizaine d'années...?

Il n'avait jamais eu l'intention de disparaître, il avait disparu, c'est tout, pour revenir quelque temps plus tard en disant presque rien... et il était reparti et revenu souvent, mais elle ne le savait pas.

Pour lui, il n'avait jamais vraiment disparu.

- Pour rater ça encore pour si longtemps...Je suis pas d'accord.

Il n'était pas d'accord lui non plus. Mais là, en ce moment, il ne pouvait rien promettre.

- Je ferai ce que je peux, je te l'ai dit.

Il pouvait dire quoi de plus ? Sauf " viens, j'ai très envie de rouler sur ton corps durant des heures et des heures ".

- Tu voudrais pas... Aller plus loin au fond du bois ?
- Où tu voudras, Dery.

Il lui sourit, sourire tout ce qu'il y a de plus sincère. Il avait fantasmé sur elle depuis des années. Il l'avait suivi, il l'avait espionné, voyeur protecteur qui aurait voulu en faire davantage. Il la suit en silence, délirant déjà sur la suite possible à cette balade en bois. Elz allait le tuer. Mais il était trop tard, Dery l'avait vu. Où il s'était peut-être laissé voir ? Non, il ne voulait pas vraiment se laissé voir... mais bon, d'un autre côté... oh, et puis, elle l'avait vu et à part l'oublietté, y'avait rien à faire... ou alors disparaître à nouveau...

Tiens...Ici c'est bien.

Elle le tire de ses pensées. Ils ont marché combien de temps ? Il ne sait pas trop... pas trop longtemps sans doute, mais ils avait assez avancé pour que la forêt soit plus épaisse, plus sombre, plus discrète. Ça plaisait à Mio, cette ambiance. Digne d'un chef-d'oeuvre.

Elle lui lâche la main, mais il ne l'entend pas vraiment de cette oreille. On pourrait croire qu'il n'attendait que ça, mais... mais c'était pas faux... pas tout à fait vrai non plus, mais plus vrai que faux... c'est un assaut de forêt en bonne et due forme. On pourrait dire sans vraiment se tromper qu'il lui a littéralement sauté dessus, qu'il l'a renversé sur le sol et fait main basse sur sa peau.

La question à se poser est : est-ce qu'une rencontre par hasard comme ça peut provoquer un tel empressement ?

Il récupère doucement, goûtant au plaisir d'un fantasme latent enfin assouvi. Dans le meilleur des mondes, ça aurait dû être un fantasme réalisé bon et voilà c'est terminé. Il le pense, même, durant un moment, mais lorsqu'elle bouge, qu'elle se redresse et qu'il sent le froid provoqué par son absence, il en déduit que ce sera pas aussi facile qu'il le croyait.

Il l'observe. Le bleu délavé glisse sur sa peau, avec l'intensité du voyeur, se retenant de la toucher.

Il faisait froid. Il ne s'en était pas rendu compte, parce que Dery le réchauffait et parce qu'il était à moitié recouvert par son manteau, mais il faisait froid. Encore plus quand Dery était loin. Alors c'est donc ça qu'il risque de ressentir si jamais il choisissait de ne plus la revoir. Le supporterait-il ?

À son plus grand plaisir, découvre-t-il avec un plaisir mêlé d'appréhension, elle revient se blottir contre lui. Il l'accueille à bras ouvert et la garde contre lui. Pour l'instant, tout allait bien.

- ...J'veux pas...

Mio ouvre un oeil bleu, oeil qu'il avait refermé une fois qu'elle s'était reblottie contre lui.

- Tu veux pas quoi, demande-t-il, la voix enrouée.

Ses doigts glissent sous l'élastique du soutien-gorge, très joli en passant, mais de loin plus plaisant à remarquer sur le sol que sur Dery.

- J'aimerais avoir une réponse claire...

Une réponse claire ? Merde, ça c'était toujours inquiétant quand une fille demandait une réponse claire... fallait s'attendre au pire. D'autant plus qu'elle se rapproche encore... ça devait être très sérieux...

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant...?
- Maintenant ? Euh...
- Si je dois en profiter le plus possible puisque c'est la dernière fois qu'on se voit ou...

Où ? La proposition était très intéressante... sans la fin... évidement.

- Si on en garde un peu pour une prochaine fois...

Elle ne lui laisse pas le temps de répondre qu'elle l'embrasse, avide. Ok, ok, toutes ses pensées et toutes ses bonnes intentions de ne pas ruiner la vie de Dery s'envolent en même temps sur ses doutes sur lui-même. Le bleu délavé rivé dans le bleu nuit du regard de Dery, il se convainc qu'il arrivera à convaincre Elz que Dery ne peut pas nuire au grand plan. Dery ne nuisait pas, jadis, à Poudlard, alors pourquoi elle gênerait maintenant ?

- Et si t'en profitais le plus possible maintenant, tout en cherchant un trou dans ton horaire pour la prochaine fois ? Il lui sourit, avant de reprendre ses lèvres, et d'ajouter ; Faudra un très grand trou dans ton horaire.

Il avait une putain envie d'en griller une... et d'un endroit plus chaud... si elle avait encore du temps pour en profiter, bien sûr.

- Là, maintenant, t'as encore du temps libre ?

Il faisait froid, mais Mio était loin de s'en soucier. Juste la présence de Dery arrivait à lui faire oublier tout le reste. Ou presque. Restait une parcelle de lucidité de survie qui lui hurlait que Elz allait être furieuse. Il l'ignore.

Tandis que Dery se r'habille, Mio fait de même. Ouais, fait froid... pas le temps d'être malade. De quoi donner la puce à l'oreille à Elz. Et en plus, mieux valait ne pas laisser de traces, dans les bois, comme ça. C'était quand même terrible de cacher Dery sous tant de tissus. Elle était... différente d'avant... mais c'était... comment dire... mieux ? Parfait ? Adulte ? Raaaagl !

Un sourire de Dery était électrisant. Cliché, mais c'était le cas. Il se lève et revient vers Dery, enflammé. Manière de parler, puisque ses mains son glaciales, mais il connait un endroit où les garder au chaud. Il prend Dery dans ses bras et insinue ses mains glacées sous son chandail. Merveilleux contraste entre la chaleur de son dos et ses mains. Pour parer toute représaille, il l'embrasse, la serrant contre lui.

CLAC

Une sorcière particulièrement ensanglantée se penche à la fenêtre… Le café va bientôt fermer, heures d’ouverture Moldus… Samuelle scrute la salle à la recherche de son rendez-vous. Vaut mieux tard que jamais…

STRITCH

Un éclat lumineux et ondoyant illumine la nuit un moment, puis s'éteint. Un point rouge incandescent se fait voir, puis diminue. Le son d'un souffle et l'odeur caractéristique d'une cigarette.

-Je commençais à désespérer que tu viennes, le café ferme. J'allais partir, ça fait 10 minutes que je tourne autour du bâtiment. T'es vraiment en retard... et dans un sale état. Qu'est-ce que t'as fait ? interroge-t-il, l'air passablement inquiet.

Samuelle détestait le voir fumer… Elle lui arrache sa cigarette et la jette par terre puis l’attrape par le revers de sa veste pour le secouer comme un prunier. « Où t’étais ce soir? Où sont les autres? Jure moi qu’Elz est pas en dessous de tout ça!?! »

Il se fait arracher sa cigarette et piétiner en plus.

- Heyargl ! s'exclame-t-il quand elle l'agrippe par le collet et le secoue.

Le regard délavé, presque aussi pâle que ses jeans sont agrandit par la crainte et la stupéfaction. Miozan n'est pas le type le plus courageux qui existe, loin de là.

- Argl ! Mais... mais de quoi tu parles, Samuelle ?! geint-il.

Il lui agrippe les poignets, à peine plus grand qu'elle, mais on voit aisément qui domine la situation.

Muelle s’effondra dans ses bras, poussant un gémissement de soulagement.

Ce n’est pas sa Sam habituelle qui est là. Ce soir, elle a affronté Halewyn, César, Halewyn, rompu avec César, encore Halewyn, qu’elle a d’ailleurs embrassé, puis la faucheuse. Une longue soirée… Outre le fait que son habituelle veste de cuir est encroutée de sang, l’une de ses mains porte des restes de pansement et elle a une vilaine entaille à la base du cou. Ce sang, c’est le sien? Même la façon dont elle le secoue manque de vigueur. Mais le pire n’est pas là. Sous son apparente faiblesse, les yeux d’or de la belle métisse brillent d’un éclat fiévreux.

« J’ai fait un rêve terrible, Mio… Un vrai cauchemar! On devait jaser des projets d’Elz et j’ai cru un instant que t’allais m’annoncer que vous alliez vous attaquer à la Chiméra! »


Puis sautant du coq à l'âne, elle annonça: « Je peux avoir le divan de la bicoque pour cette nuit? »

Il retient Samuelle, de justesse pour qu'elle ne s'effondre pas totalement. Il la soutient et la serre contre lui, se voulant réconfortant.

- Mais voyons... je suis désolé, dit-il en lui tapotant délicatement le dos. Elz, c'est l'Inquisition qui l'agace, pas la Chimera. Il met la main dans quelque chose de poisseux et làève la main pour savoir ce que c'est. La teinte vermeil ne laisse pas beaucoup de doute. Merde, Sam... qu'est-ce qui s'est passé ? Puis elle lui demande si elle peut squatter le divan de la bicoque. Oh, oui, bien sûr, lui répond-il, l'air grave. Il sort son cellulaire de sa poche et appelle Elz. Elz ? J'ramène Sam. Elle... non... elle est pleine de sang, dit-il d'un ton plus bas, en regardant autour. Oui, on arrive.

Il raccroche et entraine Samuelle plus loin. Mieux vaut pas transplanner à la vue de tous. Un peu plus loin, juste au détour d'une rue, il se retourne et attire Samuelle contre lui, rapidement.

CRAC

La prostituée investigue le quartier et y poste de ses filles en plus. Si Xo passe, elle le saura