Baraquement des Manticores (Manticores Only)

Au Nord, très au Nord. Là où la neige ne fond jamais, là où le froid règne en maître sur la Forêt d’Ostrelande. Là, les Manticores ont élu domicile depuis deux jours. Ce groupe de sorciers rebelles à l’Inquisition, très médiatisée pour ne compter en son sein que des femmes, venait de prendre ses quartiers dans les terres reculées du nord de l’Ecosse.

Ce baraquement n’était pas vraiment un lieu de vie, mais plutôt un lieu de passage. Elles venaient ici quelques jours avant une mission, pour se préparer et y restaient quelques jours après seulement. Ces missions qui ne connaissaient qu’un seul but, délivrer les sorciers retenus prisonniers par l’Inquisition.

Les Manticores, ainsi nommées en référence à la créature magique, n’avaient pas d’idéaux. Enfin si, elles en avaient mais ils étaient personnels et n’entraient pas dans la communauté. Un seul et unique but les unissait, la liberté. Peu importe l’orientation magique, peu importe la manière d’agir, elle cherchait à libérer les sorciers. Elles ne menaient pas une guerre, elles menaient un combat. Si bien qu’elles étaient totalement libres de leurs opinions et le groupe n’apportait aucune pensée directive.

Il n’y avait pas de chef, mais des personnes influentes. Il y avait des informatrices, des exécutrices, chacune avait sa spécialité. Chacune avait son identité au sein du groupe et une tout autre dans leur vie de tous les jours. Leur identité était bien sûr inconnue et elles faisaient preuve d’une finesse et d’une subtilité d’action que seules les femmes peuvent avoir.

Sur un lac gelé et entouré par l’épaisse forêt recouverte d’un tapis blanc, le campement était installé.

CRACK !

Un groupe venait de transplaner à l’orée de la forêt et s’avançait à présent sur le lac gelé et enchanté magiquement pour protéger le camp. Un groupe composé de sorcier et entouré de mystérieux personnages, les Manticores. Toutes de blanc vêtues, leurs bottes, leurs capes et capuchons, elles se confondaient dans la neige. De plus elles étaient particulièrement reconnaissables à leur masque qui cachait leur visage. Un masque blanc, deux fentes horizontales pour les yeux, un nez élégamment dessiné et une fente pour la bouche inexpressive qui rendait le tout mystérieux et envoutant.

- L’Inquisition les déplaçaient dans une prison pas loin de Cambridge. Et on a récupéré un soldat aussi, dit une des Manticores en pointant du doigt un moldu habillé en taillis, balafré et ensanglanté.
- On ne fait pas de prisonnier Melinda, répondit une Manticore chargée de la garde du camp.
- Peut être que l’on pourrait s’amuser un peu avec…
- Non. Amène-le à Izzie, elle décidera.

Tandis que les sorciers libérés allaient être traités selon le Code, le moldu fut traîné jusqu’à une tente au milieu du camp. Il semblait mal aussi bien physiquement que moralement. Son sort allait visiblement être scellé par une dénommée Izzie.

Elisabeth ‘Izzie’ Hathaway

Melinda emmena donc le soldat moldu à la tente d’Izzie. Il titubait, quelques plaies et beaucoup de sang, un taillis en lambeau. Il avait une corde autour du coup, une corde ensorcelée qui le traînait vigoureusement vers l’avant et dont le bout suivait Melinda. Cela ne faisait aucun doute qu’au moindre faux pas la corde se resserrerait vigoureusement et ça même en tant que moldu le soldat l’avait compris.

Melinda entrebâilla le pan de toile de la tente en question et y entra suivit par son prisonnier. La tente était spacieuse, plus en tout cas que ce qu’elle ne paressait de l’extérieur. Il y avait beaucoup de tissus, des tapis jonchaient le sol et se superposaient, des rideaux et voiles tombaient du plafond, les canapés étaient recouverts de plaids. L’atmosphère chaleureuse était rehaussée par les tons de rouges, oranges et noirs. Il y avait même une cheminée où le feu craquait.

- Bonjour Melinda, dit une jeune femme dont on pouvait voir la silhouette en ombre chinoise derrière un voile orangée.
- Salut Izzie, je t’amène quelqu’un. Un moldu de notre dernière mission. Il fait partie de l’Inquisition.
- Un prisonnier ?
- Je sais…
- Tu devrais prendre en pause Melinda, quitter le camp et rentrer à temps plein chez toi.
- Mais je…
- Ce n’est qu’un conseil.
- Je… Je vais voir, dit-elle sur un ton incertain derrière son masque blanc.

Izzie était toujours derrière le voile et l’on ne distinguait que sa silhouette gracieuse. Elle semblait se recoiffer, passant une brosse dans ses longs cheveux légèrement ondulés.

- En ce qui le concerne ? dit la Manticore en poussant le moldu en avant. Celui-ci perdit l’équilibre et tomba à genoux.
- Laisse-le.

Sans autres mots Melinda s’en alla et laissa le soldat et la sorcière seuls. Le silence s’installa puis un instrument de musique posé au-dessus de la cheminée se mit à jouer tout seul. Une sorte de gros coquillage qui émit une légère mélodie puis des voix chantant légèrement.

*dehors*

La brise se lève, agite les feuilles des arbres. Une singulière mlodie, faite de feuille, d'écorce, d'herbe et de poussière... Comme si un voile de théâtre se levait.

L'air se fait plus léger, d'une pureté sans égale, un air de cristal. Les sons se font plus clair, plus précis. La terre elle-même semble respirer, la chaleur de son humus piquant les narines.

Et au milieu de tout ses sons, le bruit d'un pied nu faisant connaissance avec la terre. Une femme, d'une trentaine d'année, aux yeux fauves et aux cheveux d'écorce fraîche. Vêtue d'une chemise immaculée et de jupes vertes remontées sur un côté afin de permettre une meilleure amplitude de mouvement.

Un bâton de chêne est à sa main, un grand bâton. Droit, solide et fier comme sa propriétaire.

Et la femme s'arrête, contemple tout se campement, les dégâts causés à sa chère forêt. Sa voix s'élève, chaude et autoritaire, s'exprimant en un anglais parfait.

Pourquoi souiller nos terres, Manticoriens?

Elle avise un jeune, tourne son regard doré sur lui, un regard qui semble en voir pas mal plus que le jeune visage.

Je veux voir ce qui vous sert de figure d'autorité.

Une vibration dans le ton, quelque chose qui oblige à obéir.

Maintenant.

Spoiler:

Quelqu’un arrive. Aussitôt plusieurs Manticores se rapprochent, prêtes.

- Pourquoi souiller nos terres, Manticoriens?

Les masques blancs restent de marbre, d’autres arrivent, toutes ont le visage couvert.

- Je veux voir ce qui vous sert de figure d'autorité.
- Nous n’obéissons à personne… dit une des Manticores encerclant l’inconnue. Une, mais laquelle ? Impossible à savoir derrière ses masques identiques.
- Maintenant.

Pendant un moment rien ne se passe. Le silence est d’or dans ce décor blanc de l’hiver. La tension est pourtant à son comble au dessus de ce lac gelé. Puis après un temps, une des Manticore du cercle formé s’en va dans le campement, aussitôt celles qui restent resserre le cercle puis ne bougent plus.

Quelques minutes plus tard deux Manticores reviennent, celle qui était partit il y a peu et une nouvelle, habillée de la même manière que les autres et affublée d’un masque blanc également. C’est Izzie, figure de proue des Manticores sans pour autant en être chef.

Elle rentre dans le cercle et s’arrête à trois mètres tout au plus de l’inconnue. Pendant un moment elle ne dit rien puis entreprend un dialogue des plus respectueux.

- Nous ne sommes que de passage. Nous ne souillons rien. Et après notre passage il ne restera aucune trace, il en va de notre volonté, comme de la votre.

Un bruissement réprobateur des feuilles. L'Archidruidesse pose un instant son front sur son bâton, ferme les yeux et semble écouter.

La Terre boit le sang d'un de ses enfants... Il n'en va pas de l'Equilibre ici. Il en vas du goût de vengance d'un humain, même s'il se fait appeler Manticore. Même les créatures magique obéissent aux lois naturelles. Vous non, par votre présence, vous souillez ces lieux saints.

Car je le répète, La terre boit le sang d'un de ses enfants, versé par la main d,un autre de ses enfants. L'ordre naturel est perturbé. Vous piétinez, maltraitez, tuez pour votre profit personnel et par ignorance. Nous, Druides, n'avons rien à faire dans les conflits des hommes. Partez où subissez en les conséquences.

Guenwhyvar hausse les sourcils, sans animosité.

Je ne suis pas venue parlementer, je suis venue vous donner un conseil.

- La Terre boit le sang d'un de ses enfants... Il n'en va pas de l'Equilibre ici. Il en va du goût de vengeance d'un humain, même s'il se fait appeler Manticore. Même les créatures magiques obéissent aux lois naturelles. Vous non, par votre présence, vous souillez ces lieux saints. Car je le répète, La terre boit le sang d'un de ses enfants, versé par la main d’un autre de ses enfants. L'ordre naturel est perturbé. Vous piétinez, maltraitez, tuez pour votre profit personnel et par ignorance. Nous, Druides, n'avons rien à faire dans les conflits des hommes. Partez où subissez en les conséquences.

Izzie sent l’agressivité des Manticores se manifester, elle le sent même derrière leur masque. Elle les regarde tour à tour comme pour appeler à de la diplomatie.

- Je ne suis pas venue parlementer, je suis venue vous donner un conseil.
- Et votre conseil est plus qu’entendu Druidesse, dit Izzie en inclinant légèrement la tête. Et voici le mien. Ce qui touche les uns affectera irrémédiablement les autres. Car nous sommes tous liés par la magie. Combien de temps resterez-vous cloitrer dans vos forêts à attendre ? Croyez-vous réellement que vous serez épargné ? Vous êtes acteurs de cette guerre, que vous le vouliez ou non. Les moldus ne s’arrêteront pas à exterminer les sorciers, mais bien tout ce qui est empreint de magie. Cette forêt n’échappera pas à l’extermination du monde magique si vous restez à rien faire.

Elle fait une pause avant de reprendre solennellement.

- Je me prénomme Izzie et je suis une Manticore. Et je vous fais le serment que tant que nous serons là, nous protégerons ces terres tout autant que vous. Il en va de notre sécurité, à tous.

Elle se rapproche de quelques pas de la Druidesse.

- Et je ne suis ignorante de rien. Et il n’y avait aucun profit personnel dans cet acte, dit-elle en aparté.

Comment peux tu juger de quelque chose dont tu ne comprends strictement rien à rien femme?

Dit la femme aux yeux dorés.

Qui te dis que nous restons inactifs? Tu laisse tes préjugés te guider. Protéger ces terres? Vous n'êtes là que parce qu'on l'a voulu.

Je me prénomme Izzie et je suis une Manticore. Et je vous fais le serment que tant que nous serons là, nous protégerons ces terres tout autant que vous. Il en va de notre sécurité, à tous.

Notre sécurité? On vous l'a étendue parce que vous en aviez de besoin. On vous a laissé entrer chez nous.

Elle se rapproche de quelques pas de la Druidesse.Une flèche surgie de nul par se plante entre la druidesse et celle qui se fait appeler Manticore. Une note, une simple note les avertissant que non, elle n'est pas seule.

- Et je ne suis ignorante de rien. Et il n’y avait aucun profit personnel dans cet acte.

Guenwhyvar reste immobile, sereine.

Tu n'A pas protégé ces lieux saints. Tu y a versé le sang, corrompu et compromnis tout le monde à des kilomètres à la ronde. A cause de vous, cette partie de la forêt est désormais vulnérable et on devra réparer vos outrages avec diligence.

Elle lève une main vers un faucon qui tournoie haut dans le ciel, presque invisible.

Mais tu a tué. Pas pour manger, ni pour te défendre... C'était un acte gratuit, La Terre l'a jugé ainsi. Aucun profit personnel? Tu a illusionné et tué. Chimériens, Manticores, vous prenez l'identité de nobles bêtes pour mieux les pervertir. Nous étions ici avant vous et nous survivrons encore longtemps après votre mort. L'Equilibre est ainsi.

- Vous vous croyez supérieur et apte à décider qui foulera ces terres. Vous êtes imbu de votre personne et votre foi en vous-même en bien trop grande tout autant que celle en vos pouvoirs. Il paraissait que vous étiez un grand peuple, vous n’appartenez qu’un passé. Temps révolu dans lequel vous vivez.

Elle s’incline et reste un moment courbé. Elle sourit derrière son masque.

- Nous ne dérangerons pas plus longtemps votre grandeur. Manticores, dit-elle en se redressant, nous partons en zone 666.

La moitié des Manticores qui formaient le cercle regagna le baraquement appelant au départ. Les autres allèrent se placer derrière Izzie. Les masques blancs ne bougèrent pas pendant quelques secondes.

- Nous sommes prêtes Izzie.
- Très bien. Nos chemins se séparent donc ici. Bonne chance à vous.

Aussitôt un flash blanc de source inconnu illumina la clairière et le baraquement avait disparu. Ces occupantes également. Au dessus du lac gelé il ne restait plus qu’un corps baignant dans son sang, celui de l’Inquisiteur. Pure provocation ?

La Manticore est un animal cruel. Il est capable de faire demi-tour protégé par son dard de scorpion, mais c’est aussi ce dard qui l’avertit à quel moment l’ennemi est le plus faible. Et a ce moment là, la Manticore se retourne et tue sans concession. Soit par le dard, soit par les griffes, soit par les dents, la mort est assurée.

Le Code des Manticores divisait l’Angleterre en zone. Elles étaient apparemment en route pour la 666.

Les druides n'ont nuls besoin de se faire dire la nature des choses. Et la Manticore est un animal cruel seulement parce que l'humain en a voulu ainsi. Doit on qualifier un dragon de féroce parce qu'il crache le feu alors que c'est simplement dans sa nature? Désigner et décrire les comportements est typiquement humain.

Une fois les gens partis, un homme arrive derrière Guenwhyvar, un jeune mais au regard aussi vieux que les arbres, d'une beauté stupéfiante et aux même yeux dorés que l'Archidruidessem des yeux de faucon. Il regarde le cadavre.

On devrait le renvoyer d'où il vient. Nous avons moyen de savoir.

On ne doit pas dilapider nos ressources inutilements. Et c'est pour nous tester... Voir si on est aussi fort qu'ils le pensent.

L'Archidruidesse regarde le ciel un moment.

Ils s'octroie un emblème et l'imitent sans chercher à le comprendre... Je compatis avec les manticores qui auront à souffrir les conséquences de leurs actes. Ca va leur nuire.

L'homme s'approche du cadavre, se penche et lui ferme les yeux.

Les hommes sont ainsi... Il en fut et restera encore longtemps. Il faut mettre Caer Myrrdin et Caer Melyn en alerte. Dire à Avalon et à Charis de prier pour les mortels...

Je devais faire mon pèlerinage annuel dans deux ans...

Prépare toi tout de suite... Mais pour le moment, faut refermer le voile... Ils auront beau alors nous chercher tant qu'ils veulent, mais les nôtres seront en sécurité.

Un bruissement de feuilles, et une branche se pose sur l'épaule de l'Emrys. Il regarde le gardien un moment.

Mettons nous au boulot alors...

Au soir, un bûcher consume le cadavre au complet, ne restant même plus les os. Trois jours plus tard, le voile est referé, Ostrrelande renferme encore son plus ancien et impénétrable secret.